CHAPITRE 12 (1)

CHAPITRE 12-Partie 1

Hypnotisé_

D'après ses dires, Lewis rêve depuis tout petit de devenir danseur professionnel. À peine a-t-il su se tenir sur ses jambes que le rythme et les basses raisonnaient déjà dans son corps. Comme une marionnette endiablée, c'est baigné dans la mélodie qu'il se sent revivre. J'appelle ça un passionné, les professeurs disent qu'il est un génie.

Contre lui fait face un jeune homme discret aux sentiments contradictoires. Andréas ne s'est jamais fait remarquer de ce que j'ai pu comprendre et il ne fait partie que de l'option danse.

Un génie contre un travailleur d'arrache-pied.

Andréas n'a aucune chance.

De ce que j'ai appris, la danse est l'une des disciplines les plus égoïstes qui soient. Qu'elle se déroule en groupe ou en solitaire, il faut se démarquer des autres à n'importe quel prix. Un danseur se doit de briller. Chaque regard sans exception doit être ancré sur lui.

Lewis est le profil excessivement parfait du danseur.

Son corps s'étire, se projette, se plie et tourne sous nos yeux abasourdis. Il nous offre des sourires aguicheurs, fait des clins d'œil à la gente féminine et sa joie remonte jusque dans ses yeux. Son regard nous appelle. « Venez danser avec moi. »

Sa grâce époustouflante dans ses impulsions parfaitement maitrisées me cloue sur place. Il prend son temps, pose chacun de ses pas pour les étendre dans chaque parcelle de son corps. Les techniques de base sont exécutées à la perfection et retournées à son avantage. Ainsi, il étincelle. Il s'abandonne à la musique, sans hésitation.

Les notes ralentissent finalement, le son s'amoindrit de lui-même et Lewis termine sa danse en beauté en retirant son T-shirt. Il nous dévoile donc son torse musclé digne des stars d'Hollywood et sa peau de porcelaine. Lewis, que fais-tu encore à l'école ?

La mélodie se termine pour de bon et les hurlements immédiats venus de toute part m'ébranlent violemment. Mon meilleur ami, si je peux toujours l'appeler comme ça, bouscule Andréas d'un coup d'épaule provocateur et s'écarte pour lui laisser la place tout en remettant son T-shirt.

Dans la foule, je ne suis pas la seule à avoir compris que Lewis a déjà gagné haut la main. Pourtant, je ne peux empêcher mon cœur de virevolter. Inconsciemment, je croise les doigts.

Un pétale de rose égaré, contre un champ de fleurs royal.

De nouveau, les basses raisonnent dans le sol. Andréas se place au milieu du cercle et attend quelques secondes, la tête baissée. Tout à coup, comme un énorme feu d'artifice, il se met à voler. Je veux dire, à danser.

Personne ne parle. Ne bouge. Ne respire. Tout le monde, même moi, s'en est aperçu dès les premières secondes : Il est totalement hors tempo.

Ses mouvements sont précis mais rapides. Beaucoup trop rapides. Alors, je me mets à compter les temps. 5...6...7...8. Mon cœur accélère et je me fige. En même temps que les autres, je comprends. Il n'est pas hors tempo. Il a accéléré la cadence de sa danse par deux.

C'est-à-dire que là où un danseur poserait un temps, un pas, il en met deux. Je croyais cela humainement impossible.

Premièrement, parce qu'il est extrêmement difficile de ne pas se tromper dans son enchaînement à une vitesse pareille.

Deuxièmement, car il faut être doublement plus endurant et tenir le rythme jusqu'au bout.

Pourtant, il le fait comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

Je suis clouée au sol quand il s'élance dans un magnifique salto arrière suivi de près par de nombreuses figures improbables. Je n'arrive pas à détacher mon regard. Il danse comme si c'était la dernière fois de toute sa vie. Comme si demain n'existera jamais. C'est un adieu.

Ce n'est pas lui qui danse au gré de la musique comme Lewis, mais bien la musique qui danse sur lui.

Les minutes fusent sans que je m'en aperçoive et très vite, la fin de la chanson arrive. C'est alors que personne ne s'y attend qu'il se met à chanter quelques paroles sans pour autant s'arrêter dans ses gestes, nous dévoilant une voix puissante et merveilleuse alors qu'il devrait être totalement essoufflé.

Pareillement à un rêve qui prend fin, la musique se termine. Les secondes passent, lentement. Elles freinent, crissent, s'écoulent et s'échappent avec comme seul ami le plus profond des silences.

Après tout, que dire à la suite d'une pareille prestation ?

Si cette dance battle avait été sujette à une évaluation, Lewis aurait eu la meilleure note. Il aurait gagné tous les trophées pour avoir parfaitement reproduit les pas qu'on lui aurait demandés. Sa chorégraphie était parfaite...pour un univers académique.

Il a dansé comme un professionnel.

Andréas au contraire, aurait eu une annotation pathétique s'il avait été noté sur les mêmes critères. En effet, il a jeté à la poubelle les mouvements de bases pour en créer de nouveaux qui lui correspondent et ainsi se les approprier un maximum.

Il a dansé comme un artiste.

L'un a achevé sa prestation le sourire aux lèvres, à peine essoufflé. L'autre termine en s'appuyant à un mur, le dos courbé et la tête basse afin de reprendre son souffle. Paradoxal n'est-ce pas ?

Soudain, la léthargie commune s'efface et une puissante vocifération collective me fait violemment sursauter. Les lycéens se jettent alors sur...Andréas. Ça ne fait plus aucun doute, il a gagné.

Les questions fusent et raisonnent sans lui laisser le temps de répondre alors que je n'ai toujours pas bougé de ma position.

« D'où viens-tu ? », « Tu veux devenir danseur ou chanteur pro ? », « Pourquoi es-tu aussi discret alors que tu as un si grand potentiel ? ... »

Je prends une profonde inspiration et mes épaules s'affaissent. À ma droite se trouve Andréas entouré de tout le monde, mais qui me fixe silencieusement. À ma gauche, Lewis, le visage décomposé, la mâchoire serrée, les yeux humides, seul.

Ma respiration accélère ; j'ai bien conscience que le choix que je vais faire en rejoignant l'un des deux me suivra toute ma vie. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Mais mon cœur a déjà choisi. Depuis longtemps. Je sais ce que je veux. Qui je veux. Qui je pourrais avoir. Depuis le début.

Alors, sous la figure dépitée de l'un, je me rue à la poursuite de Lewis qui est déjà parti. Car j'ai compris que même si je ne suis pas réellement amoureuse de lui comme je croyais l'être, lui au moins restera toujours à mes côtés. Lui au moins, il veut bien de moi.

J'essaye tant bien que mal de le suivre dans les couloirs déserts mais il marche tellement vite que je dois courir pour le rattraper. Arrivée à sa hauteur, je lui attrape le poignet pour qu'il s'arrête et ai un mouvement de recul en voyant son visage trempé de larmes. Il n'avait jamais perdu.

-Lewis tu...

-Quoi ? éclate-t-il sans me laisser le temps de continuer. Tu trouves que ça fait tapette se lamenter pour si peu pas vrai ? Moi je trouve ça injuste qu'il n'y ait que les filles qui aient le droit de pleurer.

Il renifle et essuie son visage d'un revers de manche.

-Laisse-moi tranquille Heaven. J'ai besoin d'être...seul.

Je secoue la tête et fais un pas vers lui.

-Je ne partirais pas. Je...tu es amoureux d'Emily, je crois, mais elle sort déjà avec Andréas. Et moi je suis...je suis amoureuse d'Andréas mais il sort déjà avec Emily. Alors aucun de nous deux ne pourra avoir celui qu'il aime. Je sais ce que tu ressens.

Ma gorge se serre, il détourne le regard sans rien dire alors je poursuis.

-Lewis, sors avec moi.

Il écarquille les yeux et fronce les sourcils.

-Pourq...

-Laisse-moi finir, je le coupe et me racle la gorge. On pourra peut-être oublier notre amour impossible si on...

Mais il m'interrompt.

-Je ne pourrais jamais te rendre heureuse comme lui, s'exclame-t-il en secouant la tête. Je t'aime bien, Heaven. Tu comptes beaucoup pour moi. Mais j'ai bien vu comment vous vous regardez. Comme il te regarde. Ce n'est pas avec moi que tu apprendras à aimer.

-Qu'est-ce que tu en sais ?! J'étais amoureuse de toi avant de rencontrer Andréas ! je crie.

Je sursaute toute seule et plaque mes mains sur ma bouche en m'empourprant violemment. J'en ai beaucoup trop dit. Mais il se contente de sourire tristement.

-Heaven, tu n'as jamais été amoureuse de moi.

Mon cœur accélère et la colère me picote les joues.

-Tu ne me crois pas !?

-Je te connais depuis presque deux ans. Et en ce laps de temps, je ne t'ai jamais vu aussi vivante qu'avec Andréas en seulement moins d'un ou deux mois.

Mon cœur bat à tout rompre, mes yeux s'humidifient une nouvelle fois. Je deviens une vraie pleurnicharde.

-Lewis je...

Il m'interrompt de nouveau en me serrant dans ses bras.

-Bats-toi pour lui. Apprends de tes erreurs, relèves-toi après tes échecs. Et cours le rejoindre. C'est avec lui que tu trouveras ta place.

Il pose un baiser sur mon front avec une douceur infime et je frémis.

-Vas, Heaven. Dépêche-toi avant que je ne change d'avis.

Je m'écarte doucement et prends le temps de l'observer. Les racines brunes de ses cheveux blancs commencent à se voir et quelques mèches lui tombent sur le front. Les prunelles de ses yeux un peu rougis par les larmes semblent foncer vers le gris. J'y vois le plus intense des ciels d'orage. À l'évidence, il se bat pour ne pas craquer devant moi.

-Merci Lewis. Merci pour tout.

Sur ces mots qui sonnent comme un au revoir pour celui que je croyais être mon premier amour, je me remets à courir.

En ce jour de fin de novembre, je me suis emmêlée dans les fils de mes sentiments. Mon cerveau et mon corps ont été en désaccord et je me suis perdue. Mais j'ai compris certaines choses et ai vécu des évènements que je n'oublierai jamais. Je sais désormais où doit se rendre mon cœur.

A suivre dans la partie 2...


Heyy!! Voici un chapitre que je n'aime pas vraiment: j'ai décris la danse d'Andréas d'une façon irréaliste alors que c'est une histoire plutôt vraisemblable. En plus, je n'ai jamais fait de danse donc je n'y connais rien du tout!!
Bref, s'il y a des danseurs parmis vous, faites le savoir en commentaires!!
Et surtout, j'aurais vraiment besoin de votre avis sur ce chapitre pour savoir si je devrais le réécrire ou pas.

On se retrouve le wee-end prochain pour la suite!!
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7DreamUniverse

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