Des néons tressautent. Ils virent tous au fluo : bleu, rose, vert, rouge. C'est l'effervescence à l'intérieur du bunker-disco. Les corps suant se frottent les uns contre les autres (à croire que la transpiration est contagieuse). Certains sautent, d'autres se risquent à de dangereux déhanchés, titubant sous l'influence de leur dernier Bloody Mary.

Et au fond de la pièce, derrière la foule alcoolisée, il vit de ce qui lui reste. Des bouteilles s'échangent ; il fronce les sourcils, passe un bras autour d'une paire d'épaules dénudées inconnues. C'est l'exaltation à l'intérieur de son esprit hétéroclite. Encore une bouteille. Des billes multicolores sont étalées sur la ridicule table basse.

Une main aux ongles bordeaux s'agite alors devant son être affalé sur le divan de cuir noir. Elle fait glisser les billes dans son autre main, et d'un prompt coup, fourre un bleuté sur le palais du blond.

Le blond en question ne se débat pas. Ses paupières se ferment toutes seules, salées et sèches, pendant que sa bouche peine à trouver la salive nécessaire pour réussir à avaler ce qui lui obstrue la bouche. Tête au milieu d'une tempête, pieds rattachés à des boulets de plomb, la main revient aussitôt et lui colle un verre de Tecate sous la lippe.

Le liquide froid s'invente doucement un chemin jusqu'à sa gorge, quand ... gloups ! La main fait levier sur le verre, le blond avale le tout au risque de s'étouffer, le cachet bleu avec. Il tousse, cligne, gémit, mais la main est déjà partie. Il cherche de son bras gauche l'appui de la paire d'épaule nue, en vain. La salle est remplie mais il a pourtant l'impression d'être seul au monde. Il renifle, cligne, s'enfonce.

C'est le début de la descente.