🎤1. Célébrité🎤

Lewis

Les feux des projecteurs m'illuminent. Et je chante, je danse, je me donne à fond.

Heureux d'être là, heureux d'être devant notre public, sur scène. Plongé à fond dans notre univers. Dans l'univers de mon groupe, Epsilon.

Les musiques s'enchainent les unes après les autres. Je chante, puis je me saisis d'une guitare sur un certain morceau. Et de nouveau, je pars en vadrouille, tendant la main aux gens de la fosse. Faisant bouger les fans avec moi. Et le temps passe ainsi, dans l'extase flou commun à tous nos concerts.

Et la foule m'acclame, encore. Mais dans une dernière ovation, un dernier salut, je quitte ma place et gagne le couvert des coulisses. Épuisé par ma performance et la gorge désormais en feu.

J'ouvre la porte de la pièce qui m'est dédiée et me débarrasse rapidement de ma tenue de scène avant de m'écrouler sur mon canapé.

Et là, je savoure. Je savoure le presque silence qui règne, troublé seulement par le bruit des fans excités quittant le stade. Laissant petit à petit l'adrénaline quitter mon corps, laissant place aux premières courbatures et à une fatigue incommensurable.

Durant quelques minutes, je ne bouge plus, me reposant. Récupérant quelques faibles forces.

Puis je prends mon téléphone et me rend sur Facebook. Plus précisément : sur une des nombreuses pages dédiées à mon groupe et au concert d'aujourd'hui.

Espionner les petits groupes sur les réseaux sociaux est une de mes passions secrètes. Et d'aussi loin qu'Epsilon existe, je me suis toujours servi d'un double compte pour aller zieuter nos fans, même tout en bas de l'échelle.

Je vois donc défiler sous mes yeux de nombreuses photos de Maxime, d'Harley et de moi. La majorité des clichés étant de qualité assez médiocre, flous et mal éclairés, certain prit depuis la fosse dans un angle de vue incertain, d'autres depuis les gradins et excessivement pixelisés à cause d'un zoom abusif.

Oui, le plaisir qu'ont certains fans à prendre eux-mêmes leurs photos-souvenirs sur leurs téléphones portables est, si on y réfléchit logique et illogique à la fois.

Car des photos, il en existe de meilleures trouvables aisément sur Google Images ou même sur Internet en général. Mais le plaisir de prendre soi-même ses souvenirs et de les partager avec d'autres fans doit l'emporter. Je suppose du moins.

Ainsi, je continue mon exploration jusqu'à me stopper net sur une photo. Une photo particulièrement bien prise qui se démarque réellement des autres grâce à son cadrage et sa netteté.

Publiée par : Rick42 sur le groupe fermé Epsilon Supremacy.

Super concert ! Vivement le prochain ! C'était mon premier et ce ne sera pas mon dernier ! J'ai pris beaucoup de photos, si des personnes sont intéressées, je les partage en MP quand je les aurai triées !! Et vous, qu'avez-vous pensé du concert ?! Je suis à l'arrière du stade pour les voir sortir j'espère pouvoir reprendre quelques images ! 😁🔥

#Epsilon #EpsilonNancy #EpsilonConcert #Alpha #Bêta #Gamma

Piqué à vif et persuadé que ce fameux Rick est un photographe, je clique sur son profil.

Dans un premier temps, je me fais la remarque que ce garçon est loin d'être laid (simple réflexe). Sur sa photo de profil, son visage souriant est encadré par une chevelure blonde ondulée qui met en valeur ses deux perles bleu océan. Bien sûr, l'image comporte probablement un filtre qui aide à faire ressortir ses couleurs, mais elle n'en reste pas moins magnifique. Tout comme son sujet.

Vaguement, sa tête me dit quelque chose. Mais je vois tellement de visage à la minute dans ma vie que tout est vite flou dans ma tête, et il m'arrive souvent de penser connaître quelqu'un alors que non. Et de plus, il a précisé sur le groupe que c'était son premier concert. Ah, maudite fatigue.

Je parcours un peu son mur Facebook. Des dizaines d'autres clichés tous aussi bien pris y figurent. Vraiment, je me fais la réflexion que ce jeune doit être photographe professionnel. Mais la fatigue et l'obstination me font poursuivre mon enquête stupidement inutile.

Je tombe ainsi sur une photo du jeune blond et de ses amis. Un cliché en soit banal si on omet leurs costumes de personnages d'animés et le fait qu'ils mentionnent la Japan Expo. Ainsi, je crois reconnaître que le fameux Rick porte l'uniforme du lycée de My Hero Academia. Une jeune femme sur sa droite arbore une perruque rose et les habits de Sakura, de Naruto. Et le dernier, un garçon rouquin aux allures maigrichonnes, porte simplement la veste du bataillon d'exploration de Shingeki No Kyojin. Un trio bien assortit en sommes.

Ayant de fortes racines japonaises, je me suis toujours intéressé à la culture du Pays du Soleil-Levant, et donc par extension, aux mangas et aux animés. Raison pour laquelle (et je n'en suis pas peu fier) je les connais presque tous.

Toujours pris dans ma curiosité mal placée, je continue mon observation. Et je tombe donc sur une photo de lui torse nu en train de bâiller, une serviette négligemment posée sur ses épaules.

Décidément, il est très bien fait. Tout à fait le genre d'hommes que j'invite dans mon lit.

Des coups contre ma porte interrompent alors mon furetage.

- Ouais !

- Votre voiture est arrivée monsieur !

- J'arrive.

Je range mon portable à contrecur dans ma poche en réajustant mon déguisement de scène : soit une perruque de cheveux argentés dépassant d'une casquette noire ainsi que quelques bandelettes blanches attachées autour de mon crâne afin de barrer mon visage, avec également des lentilles turquoise cachant la couleur naturelle de mes prunelles.

Soit le parfait petit kit du chanteur anonyme.

Me levant, je décide de me changer. Troquant ainsi ma chemise noire à manches retroussées et mon jean strict pour un simple t-shirt gris ACDC couverte par un gilet sombre et un jogging plutôt ample.

Ainsi libéré, je rejoins mes deux amis et collègues, Harley Zech (alias Bêta) et Maxime Zimmermann (alias Gamma), dans un des couloirs privés du Zénith de Nancy dans lequel nous venions de nous produire.

Les deux sont déguisés de la même manière que moi, bandelettes, perruques et lentilles. Un système simple nous permettant (pour l'instant) de vivre sans être poursuivis par notre popularité dans notre vie privée.

- J'suis crevé bordel, je soupire en arrivant à leur niveau.

- Moi aussi, soupire Max. Je suis sûr que je vais avoir des ampoules, se plaint le batteur de mon groupe. Mais ça en valait le coup, c'était hard.

- Bandes de petits joueurs, s'amuse Harley en nous montrant ses mains, où plus précisément l'extrémité de ses doigts, rougis par les cordes de sa guitare.

- Aie, je commente juste. Il faudra mettre de la crème vous deux. Pas avoir de vacheries aux mains avant le prochain concert.

Les deux opinent, puis d'un commun accord, nous avançons dans le couloir en direction de la sortie.

- On t'a attendu mille ans, tu foutais quoi encore ? me demande Harley.

- C'est mignon vous avez peur ? Vous m'attendiez pour que je vous défende en cas de pépins avec un fan ? j'ironise.

- Bah, il n'y a que toi qui fasse assez peur pour réussir à fendre la foule, note Max.

- Je ne fais pas peur, je réponds.

Mes deux amis échangent un regard, l'air de me contredire. Je soupire et lève les yeux au ciel, abandonnant pour cette fois, puis nous passons la porte de la "sortie des artistes".

Des agents de sécurité tentent tant bien que mal de contenir la foule derrière les barrières de velours rouges qui forment une allée jusqu'à nos trois voitures respectives. Toutefois, les employés n'ont pas d'autre résultat que le chaos général.

Et évidemment, cela s'accentue encore aussitôt que nous mettons le pied sur le tapis. Nos fans redoublant d'efforts et de cris à notre vue, provoquant dès lors une cohue indescriptible.

Ensemble, Harley, Max et moi, marchons droit devant nous, signant quelques autographes et prenant quelques photos au passage, cela le plus rapidement possible. Et je me surprends à tenter d'apercevoir le garçon de Facebook dans la foule compacte d'individus et de médias. Un espoir vain et inexplicable, et pourtant. Alors que j'étais presque à ma voiture, la lumière d'un flash tardif me fait tourner le regard droit sur ledit garçon.

Aucun doute possible, c'est bien lui. Et tandis qu'il s'aperçoit que je le regarde, il baisse son appareil photo, tout sourire.

Sans trop saisir mon acte, je m'approche de lui, lui arrachant un air scotché lorsqu'il comprend que je viens le voir lui précisément.

- Passe ton portable, je lui dis simplement.

Les étoiles dans les yeux, il s'exécute. Mettant son téléphone sur appareil photo et passant un bras autour de ses épaules agréablement fermes, je prends un selfie avec lui. Et cela a beau être quelque chose d'assez basique, je sens le blond jubiler comme un enfant suite à mon acte.

Je m'écarte alors de lui, puis me rends dans les notes de son portable afin d'y écrire rapidement un de mes numéros de téléphones officieux ainsi qu'un petit mot.

"J'ai vu ta photo sur Facebook, j'aimerais bien avoir le reste"

Et comme si de rien était, je lui rends son cellulaire et me remets en marche, me délectant au passage de la rougeur de ses joues.

Encore un à qui je fais de l'effet, et ceci n'est pas pour me déplaire, bien au contraire. Oui, Rick42 est encore plus beau en chair et en os qu'en photo, et bien que ce soit délicat, ses formes me laissent envieux, et j'aime jouer avec le feu.

Mettant de côté ces pensées-là pour l'instant, je reprends mon chemin jusqu'à ma voiture où l'un de mes gardes du corps, Fred, m'ouvre la portière, me permettant de prendre place dans le véhicule. Ce faisant, je salue Harley et Max de la main et porte deux doigts à mes lèvres, lançant un baiser à la foule et faisant crier nos fans.

La portière se referme alors sur moi, m'ôtant aux regards des autres. Et Fred prend place à l'avant côté passager tandis qu'Evan, mon chauffeur, est déjà à son poste, pied sur l'embrayage.

- Je vous emmène où, Monsieur Alpha ? me demande-t-il froidement.

- À l'hôtel charger mes bagages, je veux rentrer sur Paris ce soir, j'ignore.

- Ok, patron.

Evan est moi ne nous entendons plus très bien depuis un incident remontant à l'été dernier. Et bien que je sache que j'ai toutes les raisons de le virer, je sais qu'il compte sur sa paye (bien généreuse) pour avoir un droit de visite pour sa fillette de six ans à peine. Et j'ai beau être un idiot de première, je respecte ça. Alors, je ne le renvoie pas.

Habitué à notre mésentente routinière, Fred, soupire en se frottant les yeux de ses gros doigts, l'air désespéré. Mais l'épais garde du corps n'étant pas bavard, il se garde de tous commentaires.

En silence, Evan se contente donc passer la première vitesse tandis que je m'affale contre la portière à vitre teintée. Regardant le Zénith de Nancy s'éloigner, ses lumières perçant la nuit.

J'ai une vie de rêve oui, à peine vingt-cinq ans et déjà mondialement connu, mais comme tout le monde, j'ai mes hauts et mes bas ainsi que ma fatigue.

Alors, observant les lampadaires qui défilent sur le bord de la chaussée, je me laisse doucement bercer.

Puis basculer dans les bras de Morphée.

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