Chapitre 7



- Qu'est-ce que tu risques hein ? Murmura June en arrivant devant la porte sombre.

D'une respiration bruyante elle frappa quelques coups à la porte.

- Entrez bellissima...

Sa voix...teintée d'un accent chaud l'empêcha de franchir le seuil de cette porte interdite. Pourtant, sa curiosité la poussa à tourner la poignée. Lorsqu'elle pénétra dans l'antre du mafieux elle ne fut pas surprise de découvrir un bureau vaste aux mobiliers sombre mais moderne. Installé dans son fauteuil en cuir noir, il croisa les jambes en la fixant derrière son regard impénétrable.

- Bienvenue moy angel, déclara-t-il en la gratifiant d'un large sourire énigmatique.

Le cœur battant à la chamade elle s'approcha du bureau en tapotant légèrement ses paumes de mains pour tromper l'angoisse.

- Alors ? Que suis-je censé faire ?

Il demeura longuement silencieux, posant son regard pénétrant sur ses mains. Enfin il se leva pour faire le tour de son bureau.

- Êtes-vous sûre de vouloir nettoyer mes armes ?

- Bien sûr ! Si je peux me rendre utile.

Il plissa des yeux perplexe sans savoir que sa façon de la regarder lui donner des bouffées de chaleur à peine contrôlable.

- Suivez-moi alors...

Il se retourna pour embrasser l'espace avec une démarche autoritaire puis s'arrêta en face d'une bibliothèque. Il composa un code sur un écran dissimulé derrière des livres puis l'immense étagère s'écarta automatiquement...révélant une pièce digne d'un chasseur impitoyable.

Dire qu'il s'agissait juste de quelques armes était un doux euphémisme. Il y avait de quoi braquer plus d'une banque.

- Ce sont...des armes de guerre, nota-t-elle sans lui cacher sa surprise.

- Oui, en effet ça l'est, et j'en suis plutôt fier.

June s'approcha des longs fusils d'assaut posés sur les étagères noires la gorge serrée.

- Vous avez tout à votre disposition sur la table, rassurez-vous elles ne sont pas chargé.

June se racla la gorge en réprimant une grimace.

- Attendez une minute !

June se retourna en découvrant qu'il se tenait à quelques centimètres d'elle.

- Oui mademoiselle Farell, je vous écoute.

June déglutit.

- Je suis peut-être blonde mais je ne suis pas stupide monsieur Lazzari.

- Je l'ai compris à l'instant précis où j'ai posé mon regard sur vous cara, murmura-t-il avec un léger sourire.

- Vous voulez que je nettoie vos armes pour m'occuper ou pour que mes empreintes se retrouvent dessus ?

Sa réponse fut accueillie par un sombre rire.

- Votre imagination débordante vous joue des tours mademoiselle Farell.

June soutint son regard rieur.

- Jusqu'ici mon imagination a eu raison.

- Si vous le dites...

Sans un mot de plus ni même un regard il s'éloigna pour quitter la pièce secrète. Les yeux posés sur lui, June se mordit la lèvre, consciente qu'elle le scrutait avec insistance. Elle détourna les yeux quand il reprit place dans son fauteuil en cuir. Alors c'est en silence qu'elle se plaça autour de la table pourvue d'armes. Quand elle saisit la première, c'est maladroitement qu'elle se mit à la nettoyer avec un produit spécial.

- Mon dieu, chuchota-t-elle en secouant imperceptiblement de la tête au bout de la sixième arme.

- Mon dieu quoi trésor ? S'enquit le mafieux le nez plongé dans ses papiers.

- J'ai l'impression d'être la complice d'un meurtre pas encore commis.

- Comme celui de votre frère par exemple, dit-il sans même la détourner de l'horrible vérité.

June frissonna en reposant l'arme de poing.

- Je ne tue pas pour le plaisir de tuer moy angel, vous ignorez le monde dans lequel vous venez d'atterrir.

June n'avait pas envie de le savoir mais imaginait très bien les victimes du mafieux en train de le supplier d'avoir la vie sauve. Il en imposait et ses tatouages marquaient les esprits. Curieusement, elle avait été surprise de ne pas en trouver d'autre sur le reste de son corps.

- Selon la légende de la mafia, je n'ai pas le souvenir qu'ils travaillent comme un patron d'une société.

Il sourit en basculant sur son siège et tournant la tête vers elle.

- J'ai une société, je suis un homme d'affaire en plus d'être le patron d'une mafia, est-ce que c'est un problème ?

- Non, répondit June en haussant des épaules. J'espère juste que ça marche pour vous. Je suppose que les gens ont peur de travailler avec vous.

- Je gagne cinquante mille dollars chaque fois que vous ouvrez la bouche moy angel, je vous laisse faire le calcul à la fin de la journée, répondit-il d'une voix suave.

June faillit lâcher l'arme en manquant de s'étrangler.

- Cin...cinquante mille ? Bafouilla-t-elle en battant des cils. C'est...c'est beaucoup d'argent.

- En effet c'est beaucoup d'argent.

Plus qu'elle n'en verrait dans une vie, songea-t-elle en baissant les yeux.

- Alors ce n'est pas l'argent qui vous pousse à punir mon frère.

- Non, répondit le mafieux d'une voix grave. C'est un voleur, un maître chanteur pitoyable qui frappe sa petite-soeur pour qu'elle vienne m'affronter parce qu'il n'a rien dans le pantalon pour le faire lui-même.

June nota un changement dans sa voix qui la rendit nerveuse et sur ses gardes. Elle était sévère et glaciale.

- Pardonnez-moi, je vous ennuie avec toutes mes questions.

- Au contraire cela suffit à me divertir un peu trésor, contrat-il en se passant une main dans ses cheveux.

- Vous avez de la famille ? S'enquit alors June pressée de connaître la réponse.

- Un cousin que je considère comme mon frère, répondit-il d'une voix légèrement agacé.

- Vous le voyez souvent ?

Elle baissa ses yeux sur l'arme qu'elle nettoyait en réalisant qu'elle avait fait peut-être une erreur qui pourrait lui coûter car un froid silence accueillit sa question.

- J'ai un marché à vous proposer mademoiselle Farell, dit-il au bout d'un long silence.

Il se leva pour la rejoindre, les mains dans les poches.

- Ah oui ? Lequel ?

- Le jour où vous serez assez audacieuse pour me confier l'un de vos secrets je m'engage à vous confier l'un des mieux.

- Je n'ai pas de secret monsieur, répondit June d'une voix qui trahissait la conviction avec laquelle elle venait de s'exprimer.

- Vous en êtes...persuadée ? Demanda-t-il en posant ses mains sur la table pour se pencher.

Elle en avait un...un seul et elle avait bien l'intention de le garder secret.

- Certaine, mentit-elle en reportant son attention sur l'arme de poing.

- Humm...j'ai l'impression que vous me mentez bella.

- Et si c'était le cas ? Qu'est-ce que ça change ?

- Rien, seulement vous n'aurez pas vos réponses qui je suis sûr brûlent vos lèvres de les connaître.

- Vous êtes mystérieux, vous êtes comme un livre aux pages vierges, je brûle en effet de coucher votre histoire sur le papier...enfin c'est juste une image.

Le mafieux se rembrunit, les mâchoires serrées. Avait-elle touché un point sensible ?

- Si vous voulez tant combler ce livre, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

June inspira profondément en plongeant son regard dans le sien.

- C'est à vous de voir, ajouta-t-il en se redressant lentement.

Lui livrer son secret très personnel était pour June un suicide volontaire. C'était comme se jeter d'une falaise sans réfléchir aux conséquences. Elle avait assez subi d'humiliations comme ça.

- Avez-vous des nouvelles de votre frère ?

- Juste un coup de téléphone mais je n'ai pas répondu puisque je suis censé être morte.

- Parfait, vous êtes parfaite, murmura-t-il en contournant la table.

June reposa l'arme sur la table, envahie par cette bouffée chaleur incontrôlable. Les vibrations qui entouraient le mafieux étaient si intenses qu'elle avait l'impression de les ressentir.

- Et ce bon vieux Anderson ?

- Un message dans lequel il m'invitait à repenser sa proposition.

Enzo abaissa son regard sur la jeune femme dos tourné à lui. Sa nuque gracile était dégagée, laissant entrevoir sa peau satiné. Son parfum sucrée était insupportable à respirer sans avoir envie de l'humer au cœur de la source.

- Je n'ai pas répondu comme vous pouvez l'imaginer, ajouta-t-elle d'une voix qui avait perdu sa lueur de confiance.

Incapable de résister Enzo posa sa main sur son fin poignet qu'il encercla.

- Vous pouvez arrêter, ça suffit comme ça, ordonna-t-il d'une voix impérieuse.

Elle lâcha l'arme qu'elle venait de saisir. Il relâcha son poignet pour la laisser se lever.

- Je vous laisse travailler, bredouilla-t-elle sans lui accorder un regard.

Enzo attendit qu'elle soit suffisamment engagée vers la sortie pour mieux la stopper.

- Ce soir nous sortons bellissima.

Comme prévu elle s'arrêta puis pivota les talons, sourcils froncés.

- Où ça ?

- Dans mon club privé, la tenue coquine est de rigueur, lui dit-il d'une voix rauque.

Elle écarquilla les yeux, anxieuse, les joues enflammées.

- Je plaisante cara.

Elle porta sa main sur sa poitrine en exhalant un long soupir.

- Je dois tout de même vous avertir que ce club n'est pas comme les autres, poursuivit-il en s'approchant.

- C'est-à-dire ? Demanda-t-elle perplexe.

- Tout ce que je vous demanderai c'est de ne pas me quitter...sous aucun prétexte, est-ce clair ?

La belle jeune femme acquiesça sans réfléchir et c'était mieux ainsi. Néanmoins Enzo ignorait s'il prenait la bonne décision de l'embarquer dans un monde dans lequel il pourrait céder aux pulsions dangereuse qu'elle réveillait en lui...

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