Chapitre 4
Enzo pénétra dans son bureau avec humeur. Son corps était tendu, ses mâchoires crispées. Le visage de la jeune femme revenait sans cesse envahir son esprit depuis qu'il avait quitté son appartement en la laissant seule à l'intérieur. Il savait pertinemment qu'il prenait des risques en la laissant là-bas sans garde du corps. À tout moment elle pouvait s'enfuir, mais très vite un sourire entama ses lèvres. La jeune femme ne partirait pas, il en avait la certitude. Au lieu d'en être affecté Enzo en était plutôt ravi. C'était pour ainsi dire la première fois qu'il supportait la présence d'une femme dans son appartement aussi longtemps et cela suffisait à le dérouter. Se passant une main dans les cheveux, il traversa la vaste pièce pour prendre place dans son fauteuil. Il balaya d'un revers de main les dossiers en attente pour se concentrer uniquement sur Tom Farell. Ce petit voyou se trouvait encore à New-York et d'après les hommes qui étaient en charge de le suivre il poursuivait sa descente aux enfers en compagnie de Viktor Anderson. La maison de la jeune femme avait été le théâtre de nombreuses soirées organisés en secret pour détourner l'attention sur les agissements de Viktor Anderson.
- Alors ? Comment se porte la petite Farell ? Lança Vadim depuis la porte en la refermant derrière lui.
Enzo poussa un long soupir en se calant contre le dossier de son fauteuil.
- Comme un charme, répondit-il avec un léger sourire.
- As-tu enfin découvert la raison pour laquelle elle est ici seule ?
- Un ami de son frère l'a fait chanter, dit-il en lui tendant le dossier. Si je tue son frère elle est condamnée à être la victime de cet homme et si je ne le fais pas elle n'aura aucun recours hormis ce même homme assez vieux pour être son père.
- Un peu d'argent contre du sexe, éluda Vadim en secouant pensivement de la tête. Je suis navré pour elle mais il faut dire qu'elle est extrêmement attirante. Comment résister à une telle tentation ? Cela ne m'étonne pas que ce vieux pervers ait voulu la faire chanter.
Enzo se massa la barbe pensivement.
- Tu dis vrai mon ami, mais la faible lueur d'humanité qu'il me reste me dit que je ne peux pas la laisser dans une telle situation humiliante.
- Serais-tu prêt à renoncer à te venger ? Ça serait une première !
Enzo demeura longtemps impassible puis esquissa un sourire diabolique.
- Je n'ai pas l'intention de changer mes plans, je vais juste les rectifier et tester Tom Farell.
Vadim émit un rire sombre.
- Et où se trouve sa petite sœur maintenant ? Tu l'as renvoyé dans son hôtel ?
- Elle est dans mon appartement, répondit-il sans s'étendre sur le sujet.
Hélas c'était mal connaître Vadim qui leva un sourcil étonné.
- Dans ton appartement ? Toi qui refuse qu'une femme reste plus d'une nuit chez-toi ?
Enzo se leva en faisant rouler ses épaules pour détendre sa nuque.
- Je n'ai pas l'intention de la laisser livrée à elle-même dans un pays qu'elle ne connaît pas. Elle a pris assez de risque comme ça en venant jusqu'à moi.
- Tu as raison mais ce n'est pas dans tes habitudes, ça m'a surpris.
Enzo étouffa un rire.
- Crois-moi sur parole moi aussi j'ai été surpris de ma propre décision.
- Pauvre petite brebis égarée, soupira Vadim en se levant.
- Elle ne risque plus rien maintenant, le grand méchant loup l'a trouvé, dit-il en esquissant un large sourire.
Un délicieux frisson le parcourut alors qu'il ouvrait sa mallette noire où reposait ses armes. Aujourd'hui il était sur le point de tuer et bizarrement il n'en tirait pas autant de plaisir que ce matin lorsqu'il avait eu le plaisir de découvrir la jeune femme dans sa chemise.
Les mâchoires tendues, Enzo chargea son arme de poing russe, un makarov qu'il ne quittait jamais et c'était avec cette arme qu'il avait prévu de tuer Tom Farell.
Agacé, il respira profondément en braquant son regard sur les dossiers que Vadim consultait.
- C'est quoi ce bordel ? Le questionna-t-il en observant les clichés.
- Une maison transformée en bordel.
- La maison de la petite Farell ? S'enquit Vadim en brandissant la photo.
- Sì mon ami, répondit Enzo avec un soupir las.
- Mon dieu ce type et encore plus cinglé que je le croyais.
Vadim éclata de rire en reposant le dossier sur son bureau.
- Pourquoi ne pas lui dire de venir faire un petit tour au club ? Ajouta-t-il avec un sourire narquois.
Enzo lui rendit son sourire puis le regarda quitter son bureau avant de saisir son téléphone.
~
June était installée sur le grand canapé depuis des heures sans savoir quoi faire. Elle était toujours prisonnière dans la chemise du mafieux, les jambes à moitié nues. Partir ou rester ? Cette question hantait son esprit depuis de longues heures. Soudain, une sonnerie combla l'immense vide autour d'elle. Elle se redressa en avisant le téléphone fixe situé près du hall.
June se leva brusquement mais demeura interdite. Lorsque le répondeur se déclencha, elle eut le sentiment qu'il s'agissait de lui. La bouche sèche elle sursauta quand cette fois-ci ce fut au tour de son téléphone portable.
- Johanne je suis en vie, déclara-t-elle en grimaçant. Enfin du moins je le suis toujours.
- J'ai eu si peur ! Tu n'as répondu à aucun de mes messages hier !
- C'est-à-dire que...je me suis évanouie et je...
- Où es-tu ? S'enquit son amie alarmée.
- Chez lui...
Un silence accueillit sa réponse.
- Tu plaisantes ?
- J'aimerais bien mais ce n'est pas le cas.
- Est-ce qu'il est dangereux ? Est-ce qu'il t'a menacé ? Touché ?
June posa une main sur son front en secouant de la tête comme si elle pouvait la voir.
- Il est très dangereux et pour tout te dire, je pensais devoir confronter un homme beaucoup plus âgé mais en réalité il s'agit d'un homme d'une trentaine d'années et non il ne m'a pas fait de mal. Il veut m'aider Johanne. Je lui ai expliqué toute l'histoire et il a dit...
- Sans rien en échange ? Demanda-t-elle suspicieuse.
June se mordit la lèvre peu sûre de pouvoir répondre à cette question encore vague.
- No..non je ne pense pas, enfin j'espère, murmura-t-elle d'une voix incertaine.
- J'espère que tu sais ce que tu fais June parce que je suis très inquiète pour toi. S'il est très dangereux fais attention. Mon dieu ! Je n'en reviens pas que tu sois dans la maison d'un mafieux armé jusqu'aux dents !
- C'est toujours mieux que d'être dans le lit d'un vieux pervers, répondit June en montant l'escalier. Tout ce que je veux c'est retrouver ma liberté et ma maison.
- Et s'il désirait te garder prisonnière ?
June frémit en ouvrant la porte de la chambre.
- Pourquoi cherches-tu toujours à me faire peur Johanne ? S'énerva-t-elle en se mordant les lèvres à sang.
- Parce que je suis ton amie ! Et que j'ai l'impression que tu viens d'être propulsée dans un film où à la fin le personnage principal finit par mourir.
June s'installa sur le lit sans répondre jusqu'à ce Johanne reprenne ses esprits.
- Comment est-il ? Demanda innocemment Johanne en révélant sa gourmande curiosité.
June sentit ses joues s'enflammer.
- Il est d'un beauté mystérieuse et froide, ses mains sont couvertes de tatouages et il est...bien bâti...e...en fait je crois que c'est l'homme le plus...viril et le plus beau que je connaisse jusqu'ici.
June venait bafouiller comme une adolescente au plus grand plaisir de son amie.
- Quelle délicate description, répondit Johanne d'une voix enjouée. Méfie-toi June, c'est un homme dangereusement...sexy.
- Arrête ! Tu divagues là ! Enfin il a plus de trente ans ! Tu crois sincèrement qu'il s'intéresserait à une pauvre fille qui fuit dans la mauvaise direction. Non il veut juste se venger mais je suis un obstacle qu'il rêverait d'éliminer s'il n'avait pas une once d'humanité.
- On ne sait jamais...Méfie-toi June, c'est un homme...je veux dire un vrai homme.
- Je peux savoir ce que tu veux dire par-là ? Je peine à te comprendre. Tu as bu au cours de notre conversation ?
- Non, je suis juste en train de te mettre en garde contre une armée de possibilités auxquelles la douce petite June est loin d'être préparée. Je dois partir rejoindre Nathan, fais attention à toi !
- Mais...
Trop tard elle avait raccroché au moment le plus horrible, car elle crut entendre du bruit qui provenait du couloir.
Instinctivement June s'allongea pour faire mine de dormir tout en prenant le soin de rabattre les draps.
Lorsque les pas lourds se rapprochèrent June sentit les précipices de son cœur redoubler de vitesse.
Elle ferma les yeux, tenta de ralentir son rythme cardiaque alors qu'elle sentait sa présence juste derrière elle.
- Si vous voulez paraître crédible il va falloir commencer par ralentir vos respirations haletantes mademoiselle Farell.
June ouvrit les yeux sans se retourner.
- C'est bien ce que je pensais, ajouta-t-il en s'installant au bord du lit.
June se retourna en prenant soin de tirer sur le drap blanc alors qu'elle entendait des bruits et des voix d'hommes au rez-de-chaussée.
- Ce sont mes hommes, rassurez-vous ils vont partir d'ici cinq minutes.
- Pourquoi sont-ils ici ?
- Pourquoi tant de curiosité ma douce humm ? Rétorqua le mafieux en fixant sa bouche.
- Vous avez raison, je préfère ne rien savoir du tout, lui dit-elle en essayant de réprimer les battements de son cœur.
- C'est plus prudent en effet, chuchota-t-il en dardant ses yeux bleus sur elle.
- Vous avez...reçu un appel.
- C'était moi, je voulais savoir si vous seriez assez stupide pour répondre et vous m'avez prouver que vous ne l'étiez pas.
- Vais-je passer d'autres tests ? S'enquit June avec humeur.
Il émit un faible rire sombre et viril qui la fit frémir.
- Vous désirez en passer d'autres ?
- Non mais j'ai comme l'impression que...
Il s'approcha vers le lit pour enfoncer ses poings dans le matelas.
- Je ne veux pas que vous soyez au cœur de mes affaires. Ce n'est pas votre place vous comprenez ?
- Oui je comprends...
Il prit son menton entre ses doigts.
- Veillez à suivre les règles établies, sinon je serais dans l'obligation de prendre une décision radicale moy angel.
Le coeur affolé June le regarda s'éloigner en proie au doute.
- Quelle décision ? S'enquit-elle d'une voix qu'elle aurait voulu moins inquiétée.
- Celle ne plus jamais...vous laisser repartir bella...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top