Chapitre 37




Abasourdie, June les regarda tour à tour tandis que le célèbre Izario Lazzari s'avançait vers eux en arborant un flamboyant sourire.

- Je ne suis pas venu me confesser en effet, confirma Enzo en comblant l'espace qui le séparait de son cousin. Je suis venu affronter mes vieux fantômes.

Izario posa une main sur son cœur en faisant mine d'être blessé.

- Serais-tu en train d'insinuer que je fais parti de tes vieux fantômes ?

Enzo émit un petit rire en secouant de la tête.

- Non, mais je voulais te parler et surtout, te présenter June Farell.

June sentit la main d'Enzo se glisser dans son dos pour l'attirer contre lui.

- June Farell, répéta Izario en la scrutant de la tête aux pieds. Quelle agréable surprise. Vous êtes délicieusement belle et c'est un plaisir de vous connaître.

Il lui serra la main sans se départir de son sourire en coin.

- Puis-je savoir comment vous, vous êtes rencontré ? Connaissant mon cousin je doute fort qu'il puisse s'agir d'une rencontre au cinéma.

- Eh bien je...

- Elle est venue jusqu'à moi pour que j'efface la dette de son frère et boom ! Coup de foudre, expliqua Enzo en esquissant un léger sourire.

Izario abaissa ses lunettes de soleil pour montrer ses yeux plissés.

- Pas de kidnapping ? Pas d'enlèvement ?

- Un enlèvement mais je n'étais pas l'auteur.

June sentit un frisson courir dans sa nuque en se rappelant de se terrible épisode.

- Humm je vois, tu étais le héros, dit-il en les invitant à le suivre.

June se mordit la lèvre timidement toujours sous choc devant cette ressemblance très frappante.

- Je n'en reviens pas, tu lui ressemble tant, chuchota-t-elle.

- Et après avoir vu la tête de son père vous, vous demandez comment c'est possible n'est-ce pas ? S'enquit Izario en tirant une chaise de jardin pour s'installer autour d'une belle table tout près d'une immense piscine.

- Un peu oui, avoua-t-elle en s'installant aux côtés d'Enzo.

- C'est très simple, Enzo a tout pris de notre grand-père et de mon côté je ressemble à mon père qui ressemblait à son père. N'est-ce pas merveilleux d'avoir de si beaux gènes ? Expliqua-t-il allumant une cigarette.

- Où sont-elles ? S'enquit Enzo en fronçant des sourcils.

- À l'intérieur, dans le salon.

June leva les yeux vers l'immense villa en cherchant des yeux la fameuse Arya qui était parvenue à saisir le cœur du mafieux.

- Je pensais qu'elle devait reprendre le travail le mois dernier, s'étonna Enzo en se carrant contre le dossier de la chaise.

Izario esquissa un diabolique sourire accompagné d'une posture impérieuse et fière.

- Six heures et vingt-sept minutes de dures négociations pour gagner six mois supplémentaire.

Il marqua une pause pour tirer sur sa cigarette.

- Au lit, bien entendu, ajouta-t-il fièrement. Je suis doué pour négocier mais Arya est coriace quand elle le veut et sans le savoir, elle me rend fou de désir lorsqu'elle essaye de me tenir tête.

Izario les regarda tour à tour.

- Mais revenons au sujet principal, reprit-il d'une voix curieuse. June vous semblez avoir eu un impact sur mon cousin et je suis impatient de savoir lequel.

- June est différente comme l'est Arya pour toi et c'est pour elle que je suis ici, devant toi, répondit Enzo en jetant un furtif regard vers la jeune femme.

- Comment c'est intéressant, nota son cousin en lui souriant. June, si vous désirez vous sustenter je vous propose de gravir ces marches, Arya sera ravie de vous rencontrer.

- Excellente idée, dit-elle en se levant pour s'éloigner timidement.

Enzo n'était pas dupe, il savait pertinemment qu'il voulait éloigner June pour lui parler seul à seul.

Il observa June partir et son cœur se serra douloureusement.

- Regarde-toi, commença Izario sur un ton admiratif. J'ai l'impression de voir mon reflet quand Arya s'éloignait de moi. Dio mio ! Si tu savais comme je suis heureux pour toi.

- Je ne parviens pas à me libérer de ce passé qui me ronge et je suis en train de lui faire du mal.

- Il va vraiment falloir que tu arrêtes de te rendre coupable d'un acte que tu n'as pas commis parce que je vais vraiment te mettre une balle dans la tête Enzo.

- Comment tu fais ? Comment tu as fait pour dépasser tout ça ?

- C'est très simple, je suis devenu un monstre impitoyable envers ceux qui ne respecte pas les règles. Mon chagrin a été ma force et il est temps que tu fasses de même.

Guilia apparut, tout sourire en portant un plateau qu'elle déposa sur la table.

- Signore ! C'est un plaisir de vous voir.

- Moi aussi Guilia, répondit Enzo en lui souriant avant de dissimuler à son tour son regard derrière ses lunettes noires.

- Pourquoi j'ai l'impression que ma femme et ma fille ont disparus ? Je n'entends plus les gazouillis d'Alezia, lança Izario en levant sa main pour imposer le silence.

- Oui Signore, elles ont disparus dans la cuisine, répondit Guilia en levant les yeux au ciel.

- C'est une information cruciale pour moi Guilia, répondit Izario en la pointant du doigt un sourire traînant aux lèvres.

- Moi qui pensais être le plus fou de nous deux, commenta Enzo en saisissant le verre rempli d'un liquide ambré.

- Tu le seras bien assez tôt mon cher cousin. Tu le deviendras si ce n'est pas déjà fait. Alezia a déjà onze mois, elle grandit trop vite, beaucoup trop vite à mon goût.

Enzo tourna la tête vers la villa en songeant à June et à ce qu'elle pourrait lui offrir.

- Francesco est venu me rendre visite ce matin.

L'étonnement s'exprima sur le visage de son cousin.

- Je pensais qu'il était en maison de retraite depuis tout ce temps, je suppose qu'il voulait te faire une proposition.

Ni lui ni Izario savait quelle expression ils arboraient à cause des lunettes de soleil qu'ils portaient.

- Il veut nous opposer, mais il n'y arrivera pas, répondit Enzo d'une voix implacable. Je n'ai pas le désir de devenir un membre de la mafia italienne.

- Et pourquoi pas ? Qui t'empêche de devenir le patron ? Francesco dirige mal cette Mafia, celui qui est au commande ne sait pas la gérer.

Enzo éclata de rire.

- Tu plaisantes n'est-ce pas ?

- Oh que non, répondit Izario en ébauchant un sourire diabolique.

- Tu as conscience que tu me demandes de faire équipe avec l'homme qui a manipulé mon père pour qu'il tue ta mère ?

- Il suffit de le tuer Enzo, de toute façon il lui reste combien de temps à vivre ? Cinq ans grand max ? Répondit-il sans se départir de son sourire machiavélique.

Enzo but une gorgée de bourbon en secouant de la tête.

- Il a subtilement menacé June je me trompe ?

Enzo releva la tête en serrant les mâchoires.

- Et ça devrait être une raison suffisante pour en finir, conclut Izario d'une voix plus sérieuse. Tu dois éliminer la menace avant de devenir sa proie Enzo. Quand j'ai rencontré Arya j'ai su rapidement que je ne pouvais plus penser à moi mais à elle et à sa sécurité. Il était hors de question qu'il puisse lui arriver quelque chose et pourtant...j'ai perdu un enfant et elle a été blessée.

Enzo sentit sa gorge se serrer en fixant son cousin du regard qui avait perdu toute trace d'humour.

- Quand je me suis retrouvé devant son violeur de père, je n'ai pas attendu d'être la proie de cette menace je l'ai chassé Enzo. J'ai ouvert sa cage thoracique pour lui arracher les entrailles.

Au même instant, des éclats de rire attirèrent son attention. Les deux hommes se tournèrent vers les deux jeunes femmes et Alezia qui riait dans les bras de sa mère.

Il posa son regard sur June et comprit enfin ce qu'il voulait lui faire comprendre.

- J'ai éliminé chaque menace qui pesait sur Arya et je continuerais chaque fois qu'il y en aura. Tu voulais savoir comment je suis parvenu à faire fi du passé et il se trouve devant toi Enzo.

- Tu as raison, murmura-t-il en fixant June qui souriait radieusement.

- Tu vas la perdre si tu n'agis pas avant, devient encore plus impitoyable que tu ne l'es déjà. Sert-toi des sentiments que tu éprouves pour elle et tu ressentiras exactement la même chose que moi.

Enzo déglutit péniblement en déviant son regard vers lui.

- Pourquoi tu ne veux pas reprendre cette Mafia ?

- Parce que j'en possède déjà suffisamment en Italie et ailleurs. Te savoir à la tête de celle-ci me rendrait très heureux crois-moi. D'ailleurs je ne suis pas le seul à le désirer. Ton arrivée a fait grand bruit assez pour évoquer le désir des nombreux sbires de Francesco.

- Je suis déjà le patron de la mafia russe, je ne pourrais pas gérer les deux surtout avec June. Je commence à éprouver des envies de bâtir des projets avec elle.

- Oohhh, un projet bébé secret ? Demanda-t-il en chuchotant.

- Non Izario, pas de projet bébé pour le moment c'est trop tôt.

Son cousin esquissa une moue de déception.

- Tu n'as pas envie d'avoir un mini Enzo ? Quel dommage, je suis déçu. Pourtant c'est si jouissif d'être père ou encore de voir le ventre sa femme grossir mois après mois.

Izario soupira paresseusement et ajouta avec un large sourire :

- Le meilleur reste la conception.

Enzo secoua de la tête en souriant.

- En tout cas, je suis sérieux quand je dis que je veux que tu sois le nouveau patron de mafia Italienne. Tu pourrais réorganiser tes plans. Six mois ici, six mois en Russie. Tu es doué Enzo, je n'ai jamais douté de tes compétences.

Il inclina sa tête en guise de réponse et se leva pour accueillir les deux jeunes femmes.

Quand Izario prit sa fille dans ses bras, Enzo remarqua que son sourire n'avait plus rien de machiavélique. Il s'agissait d'un sourire heureux. Il serrait la taille de sa femme d'un bras puissant en lui esquissant le portrait d'une famille heureuse.

Il s'était battu pour ça, il s'était battu pour Arya.

Enzo tourna la tête vers June et ne put s'empêcher de caresser son visage en constatant qu'elle rayonnait de bonheur pour son cousin tout en laissant entrevoir les bribes d'un chagrin évident.

Les paroles d'Izario se mirent à résonner dans sa tête et il sut alors qu'il n'avait plus le droit à l'erreur et qu'il était temps de chasser les menaces qui pesaient autour d'elle avant qu'il en devienne la proie...

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