Chapitre 36
- Un ami de ton père ? Répéta June en se fondant dans ses bras encore sous le choc.
Il caressa son dos en exécutant des cercles apaisants.
- Oui, un très vieil ami, répondit-il en s'écartant pour prendre son téléphone.
June l'observa sans un mot alors qu'il pianotait rapidement sur son écran tactile.
Il posa son téléphone sur la table basse puis alla reprendre son verre pour le siroter tranquillement. Il ne semblait pas inquiété par cette visite plus où moins étrange.
- Francesco est l'homme qui a formé mon père, commença-t-il en se postant devant la fenêtre dos tourné à elle. Lorsque mon père à quitté mon oncle il s'est tourné vers lui. Francesco est en partie responsable de ce qu'il s'est passé avec mon oncle. Mon père voulait être le patron, il était jaloux et c'est cet homme qui lui a conseillé d'affronter mon père.
Il marque une pause et se retourna pour lui lancer un regard étrangement serein.
- Francesco a toujours voulu être au commande de la mafia sicilienne. Hélas il ne s'attendait pas à la riposte de mon oncle. Il a bêtement pensé qu'il serait anéanti par la mort de sa femme et qu'il quitterait de lui-même ce poste tant désiré.
June le rejoignit.
- Mais ton oncle a tué ton père et ça a compromis les plans de Francesco, comprit-elle en étirant une grimace amère.
- Mon père était tellement jaloux de son frère qu'il n'a pas réfléchi une seule seconde. Il ne s'est jamais douté que Francesco le manipulait subtilement.
- Mais il aurait pu tuer ton cousin, dit-elle en fronçant des sourcils.
- Il aurait pu mais la loyauté des membres de la mafia a été si puissante que Francesco n'a jamais tenté quoique ce soit sur Izario. Quand mon cousin est devenu le patron, Francesco ne se doutait pas un seul instant qu'il aurait affaire à un homme aussi impitoyable que l'est Izario. Il a su immédiatement qu'il n'arriverait pas à la manipuler.
- Donc il a tenté de te manipuler toi, conclut June en s'entourant de ses bras.
Il hocha de la tête en guise de réponse puis leva son regard au-dessus d'elle pour fixer un point imaginaire. Il paraissait pensif et en colère. Cette visite semblait raviver de très lointain souvenir.
- Il est venu me voir quand j'avais ton âge, bon sang cette époque me paraît si loin et pourtant...
Il termina son verre puis vint glisser ses mains autour de sa taille.
- Il m'a proposé de travailler pour lui, il m'a parlé de mon père en tentant de m'endormir avec de beaux discours mais j'ai refusé et je suis parti en Russie.
June esquissa un sourire en coin.
- Et tu es devenu ton propre patron.
- En effet cara, murmura-t-il en effleurant ses lèvres avec les siennes.
Son visage prit un air soucieux puis ses traits ciselés se creusèrent.
- Il va falloir que je redouble de vigilance, Francesco ne reculerait devant rien pour que j'accepte sa proposition.
June sentit un frisson lui glacer la nuque.
- Tu penses qu'il pourrait s'en prendre à moi pour t'atteindre ?
Ses mâchoires tressaillirent tandis que ses yeux devenaient noirs.
- Je ne l'espère pas car si jamais c'est le cas je n'hésiterais pas à le tuer, répondit-il d'une voix implacable.
June exhala un soupir imperceptible en posant ses mains sur ses avant-bras.
- Nous venons tout juste d'arriver et j'ai l'impression que rien ne va comme je l'avais imaginé, lui confia-t-elle tristement.
Il fronça des sourcils, l'expression douloureuse et désolée.
- Dis-moi ce que tu avais imaginé tesoro, murmura-t-il en caressant ses lèvres avec son pouce.
- Toi et moi, seuls dans ce petit coin de paradis, je m'imagine aussi visiter la ville, avec le meilleur guide de tout les temps.
Un sourire amusée couvrit ses lèvres dures.
- Moi je m'étais imaginé autre chose.
- Ah oui ? Comme quoi ?
Il se pencha en plongeant son regard mystérieux dans le sien.
- Vous le saurez bien assez tôt mademoiselle Farell, chuchota-t-il d'une voix rauque.
Une chaleur agréable naquit dans son dos alors qu'il semblait prendre plaisir à garder le mystère. Il se détacha lentement d'elle et s'éloigna vers la table basse pour consulter son téléphone.
- J'ai déjà des hommes qui sont en charge de surveiller Francesco, lui dit-il en sortant son arme de poing pour vérifier le chargeur.
- Formidable ! S'exclama-t-elle en feignant d'être rassurée.
- Je sais que ce n'est pas ce à quoi tu t'attendais et je te promet que je vais me rattraper. En attendant je te propose d'aller te rafraichir un peu et ensuite nous sortirons.
- Où ça ?
- Tu verras trésor.
Sans attendre June monta les marches en vitesse.
- June ?
- Oui ? S'enquit-elle en se penchant vers la balustrade en verre.
- Notre chambre est au fond du couloir, précisa-t-il avec un sourire délicieux aux lèvres.
June lui sourit en retour et s'empressa de prendre sa valise dans l'autre chambre. Lorsqu'elle ouvrit la porte de cette fameuse chambre au fond du couloir June en resta bouche bée. Elle était incroyablement grande avec une vue saisissante depuis le balcon. Quant au lit...encore une fois il était à l'image du maître de maison.
Avec empressement, June se passa de l'eau sur le visage puis se coiffa en optant pour un chignon désordonnée. Elle ignorait précisément où il comptait l'emmener alors elle enfila un haut rayé de bandes bleus et blanches à manche longue ainsi qu'une jupe longue de couleur blanche.
- Tu es prête ? Lança-t-il depuis la porte.
June retint un sursaut en confrontant le reflet de son regard dans le grand miroir. Enveloppé dans une chemise noire et d'une veste noire, Enzo Lazzari était la tentation incarnée.
- Je n'en reviens pas d'avoir autant de chance, s'entendit-elle murmurer en baissant les yeux.
- Tu parles de la villa ou de moi ? S'enquit l'italien aux yeux bleus alors qu'il s'avançait vers elle.
- Je parle de toi, répondit-elle en le suivant des yeux dans le reflet du miroir. Ton argent ne m'intéresse pas Enzo, même si ce que tu me fais découvrir est exceptionnel.
Enzo posa la paume de sa main sur sa nuque dégagée en se rendant compte à son tour de la chance qu'il avait. Derrière le masque qu'il dressait sur son visage, Enzo redoutait qu'il lui arrive quelque chose de grave. L'idée qu'il puisse la perdre l'empêchait presque de respirer.
- Et c'est pour cette raison qu'à mes yeux, vous êtes exceptionnelle mademoiselle Farell.
Il déposa un baiser sur sa nuque puis l'entraîna hors de la villa hautement sécurisée. Il avait donné l'ordre de ne plus laisser Francesco Mineli pénétrer à l'intérieur de ces murs. Il le connaissait suffisamment pour savoir qu'il ne céderait pas tout de suite et poursuivrait sa mission. Lui ? Patron de la mafia italienne opposée à celle de son cousin. Soudain tout lui parut clair et limpide.
Francesco avait pour but de les opposer lui et Izario afin de tenir le scénario parfait.
- Où sommes-nous ? Demanda-t-elle lorsqu'ils furent arrivés près du port.
- Cet endroit appartient à Izario, j'espère le trouver ici.
Elle pâlit soudain, visiblement peu préparée à une éventuelle rencontre aussi rapidement.
- Ne t'en fait pas, Izario ne te fera pas de mal, ce n'est pas son genre.
Enzo quitta la voiture et lui ouvrit la portière. Ses doigts prirent possessions des siens. Main dans la main ils traversèrent la grande place avant de pénétrer dans le club très privé de son cousin. Enzo espérait cette fois-ci passer inaperçu hélas, le plus fidèle ami d'Izario le reconnut aussitôt.
- Dio mio ! S'exclama Marco en riant de bon cœur, Enzo Lazzari ici ! En personne et qui plus est accompagné d'une belle créature.
- Bonjour Marco.
Ils s'enlacèrent amicalement et étrangement, Enzo se sentit accueilli comme un véritable membre de la famille.
- Marco, je te présente June Farell.
- Je suis ravi de vous rencontrer Bella, pour moi c'est comme voir un miracle.
- Que voulez-vous dire ? Demanda-t-elle en acceptant son baise main.
- Eh bien Enzo ne nous a pas habitué à ça, voilà des années que je le connais et c'est pour ainsi dire la première fois qu'il se présente en compagnie d'une femme.
Marco lui lança un regard amusé.
- Décidément les Lazzari sont surprenant, nota-t-il en dressant un sourcil étonné.
- En parlant des Lazzari, où se trouve Izario, je dois le voir de toute urgence.
- Il n'est pas ici, tu le trouveras chez lui.
Ce fut à son tour d'être étonné.
- Chez lui ? Ce n'est pas dans ses habitudes d'être chez lui. D'habitude il est en train de négocier des contrats ou bien il est en pleine séance de torture.
- Il a révisé certaines de ses priorités, dont l'une s'appelle Arya Lazzari et l'autre Alezia Lazzari.
Enzo sentit sa gorge se serrer d'un sentiment qu'il n'avait pas éprouvé depuis longtemps envers Izario. De la jalousie. Lui avait réussi là où personne ne l'attendait. Il était parvenu à se construire une famille alors que lui ne parvenait pas à exprimer les sentiments qu'il éprouvaient pour June.
- Merci Marco, murmura-t-il avant de quitter le club privé pour se rendre chez son cousin.
En arrivant devant les hautes grilles Enzo sut qu'il lui serait impossible de faire demi-tour maintenant. Alors il se contenta d'avancer vers la propriété, les doigts entremêlés à ceux de June qui jusqu'à présent était très silencieuse jusqu'à ce que...
- Attend une minute c'est...
June secoua de la tête et cligna des yeux en observant l'homme qui s'avançait vers eux. Il portait des lunettes noires, dissimulant son regard. Grand, musclé, cheveux noirs, mains tatouées June attendait le dernier détail qui confirmerait déjà la ressemblance frappante avec Enzo.
L'italien s'arrêta en esquissant un sourire diabolique...aussi diabolique que l'était celui d'Enzo.
- À en juger la belle jeune femme suspendue à ton bras, je suppose que tu n'es pas venu te confesser ? Déclara L'Italien en les observant par-dessus ses lunettes, dévoilant des yeux d'une profonde noirceur mais qui pourtant, brillaient d'une lueur identique à celle d'Enzo...
Celle du diable.
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