Chapitre 35




- Enzo c'est magnifique ! S'exclama June lorsqu'elle pénétra dans la villa.

Moderne, spacieuse et lumineuse, cette villa ne correspondait en rien avec le propriétaire et pourtant...

- Je suis ravi qu'elle te plaise, répondit ce dernier en retirant ses lunettes de soleil.

Émerveillée, June s'avança vers le long corridor qui menait vers plusieurs passages dont un qui menait vers l'extérieur. Il s'agissait d'un magnifique jardin qui s'étendait sur plusieurs mètres. De splendides plantes exotiques sillonnait les murs ainsi que les escaliers. Pour un mois d'octobre, le temps paraissait doux et la chaleur du soleil caressait son visage jusqu'à le rendre brûlant. June contemplait la grande piscine quand deux mains se posèrent sur sa taille.

- C'est vraiment la première fois que tu viens ici ?

- La deuxième si on compte le jour où je l'ai brièvement visitée.

Il écarta ses cheveux pour déposer un baiser au creux de son cou.

- C'est vraiment splendide Enzo.

- Je suis content qu'elle te plaise autant.

June garda les lèvre scellées car au tréfonds de son être si cette villa lui plaisait autant c'est parce quelle dégageait un côté familiale. June se surprit même à se projeter dans l'avenir en imaginant son enfant courir dans cette immense verdure.

- Buongiorno !

June sursauta en pivotant sur elle-même.

Une femme au teint bronzé émergea du corridor les bras écartés, un sourire radieux aux lèvres.

- June, je te présente Maria.

- Quel plaisir de vous voir enfin ! S'exclama celle-ci en la serrant contre elle amicalement.

- De vous voir enfin ? Répéta-t-elle en jetant un œil curieux vers Enzo.

- Disons que tu as fait grand bruit ici, à cause de Vadim qui n'a pas manqué de faire savoir qu'une jeune femme...

- Qu'une jeune femme avait eu enfin l'audace de quitter ce bel étalon ! Le coupa-t-elle en frappant dans ses mains. Je connais Enzo depuis qu'il est tout petit. Je sais qu'il peut se montrer dur et implacable mais dans le fond c'est un homme bien.

Un peu désorientée June les regarda tour à tour en embauchant un léger sourire.

- Je sais, répondit June d'une voix douce.

- Comment vous, vous êtes rencontré ? Demanda-t-elle d'une voix curieuse.

June ouvrit la bouche sans savoir par où commencer.

- Eh bien disons qu'elle s'est jetée dans la gueule du loup et qu'il l'a dévoré, répondit Enzo en plissant des yeux.

June émit un rire nerveux alors que Maria lançait des regards suspicieux en direction de l'intéressé qui venait de passer un bras autour de sa taille pour la ramener contre lui.

- Dio ! Mon enfant par pitié dites-moi qu'il ne vous a pas enlevé ? S'enquit Maria d'une voix à la note désespérée.

- Non, bien sûr que non, il...

- Elle s'est évanouie en me voyant, il faut dire que je la comprends, la coupa-t-il sur un ton faussement arrogant.

June leva les yeux au ciel.

- Tu es bien le frère Izario, nota Maria en secouant doucement de la tête.

- Je ne suis pas son frère Maria, rétorqua-t-il l'air rembrunit en relâchant sa taille.

- C'est tout comme, répliqua celle-ci en se tournant vers elle. Si vous avez l'occasion de voir Izario vous verrez qu'ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

June sentit Enzo se tendre violemment à ses côtés. Elle tenta de faire bonne figure en souriant chaleureusement tandis que Maria semblait ignorer délibérément Enzo. June n'avait pas besoin davantage pour comprendre que Maria poussait Enzo à lui livrer d'autres morceaux de son passé.

- Je dois partir, mais je reste à votre disposition autant qu'il vous plaira, déclara-t-elle avant de s'éclipser en la laissant seule avec l'orageuse humeur du mafieux.

- C'est une femme très agréable, lança-t-elle en lui suivant alors qui rebrousser chemin vers la villa.

- Très, mais elle ferait mieux de...

- Elle n'a rien dit de mal Enzo, le coupa-t-elle.

Il se gratta l'arrière de la tête en se dirigeant vers le bar.

- Chaque année je rends visite à mon cousin dans l'espoir qu'il me fasse payer l'enfance désastreuse qu'a été la sienne, et tout le monde tente désespérément de me faire croire que nous sommes des frères d'armes.

- Parce que peut-être que c'est le cas, répondit June d'une voix tendue à l'idée d'entamer ce sujet si délicat maintenant alors qu'ils venaient à peine d'arriver.

Il lui lança l'un de ses regards très mauvais en tournant son verre dans sa main.

Comme il ne disait rien, June poursuivit :

- Tu n'es pas responsable des actions affreuses de ton père, quand vas-tu enfin le comprendre Enzo. Tu n'étais qu'un enfant tout comme lui.

Il poussa un rire amer.

- Le problème c'est que quand je me regarde dans le miroir c'est son reflet que je vois et ne le supporte pas ! Siffla-t-il entre ses dents.

- Tu te trompes encore Enzo. J'ai pu voir une photo de ton père après des recherches sur internet et tu n'as absolument rien à voir avec cet homme.

June se plaça en face de lui et poursuivit :

- Crane rasé, le visage buriné, la seule chose que tu détiens de lui c'est son nom.

Il planta son regard dans le sien sans lui répondre.

- Tu as peut-être raison mais ça n'efface pas ce qu'il a fait, dit-il enfin tout en s'éloignant vers la grande fenêtre qui donnait sur le splendide jardin.

- Non, mais tu n'es pas responsable, en fait j'ai l'impression que tu te raccroches à cette excuse pour éviter le vrai problème.

June retint sa respiration alors qu'il avait déjà fait volte-face pour la confronter, mâchoires serrées.

- Et quel est le vrai problème d'après-toi ? S'enquit-il en la toisant avec un regard noir.

- Tu as peur d'être heureux, tu as peur de ressentir le bonheur qui ne t'a pas été donné quand tu étais enfant, répondit June sans ciller alors que son regard devenait menaçant. Tu essayes de fuir les sentiments que tu as pour moi en te cachant derrière les mauvaises actions de ton père.

- Ça suffit June !

- Il semblerait que j'ai touché une corde sensible, dit-elle tristement en agrippant la poignée de sa valise. Je vais défaire mes bagages.

June prit la fuite sans réellement savoir où elle allait. En fait elle fuyait sa réaction et eut raison car quelques secondes plus tard un bruit d'éclat de verre retentit dans la villa. June grimpa les escaliers et se réfugia dans l'une des chambres sans savoir si c'était la bonne. Soulagée d'avoir pu enfin lui dire ce qu'elle pensait elle n'en demeurait pas moins déçue que leur voyage commence aussi mal. La vérité n'était pas toujours bonne à dire.

Elle déposa sa valise au pied du grand lit immaculé et s'installa sur celui-ci en inspirant profondément. Combien de temps allait-elle devoir attendre avant qu'il revienne à elle ? Avait-elle été trop loin ?

June se laissa tomber en arrière et fixa le plafond les mains sur le ventre. L'amour était terrifiant et douloureux et elle en faisait la dure expérience. Cela n'avait rien d'un conte de fées et pourtant...June avait l'impression d'en vivre un, sauf que le narrateur était Satan en personne.

Soudain elle ouvrit lentement les yeux en écoutant des pas lourds et lents qui se rapprochaient du lit. Instantanément son codeur se mit à battre dans sa poitrine.

Une grande main bronzée se glissa sur son visage l'obligeant à confronter l'homme qui se tenait à côté du lit.

- Tu t'es trompé de chambre, lui dit-il en plissant son front d'une expression douloureuse.

June posa ses deux mains sur son poignet sans répondre.

- Je suis désolé June, poursuivit-il en lui caressant la joue. Je ne voulais pas m'emporter et surtout pas contre toi.

- Tu admets alors que j'ai raison ?

- Tu as en partie raison, mais ce n'est pas à toi de régler le problème c'est à moi seul.

Il s'installa au bord du lit, les coudes sur les genoux.

June se redressa un glissant sa main dans son dos.

- Je veux seulement t'aider.

- Et je veux que tu arrêtes parce que tu me donnes suffisamment et moi pas assez, rétorqua-t-il d'une voix implacable.

Il se redressa pour prendre son visage en coupe.

- Je dois régler ça seul, tu comprends ? Insista-t-il en pressant ses pouces sur ses pommettes.

June acquiesça avec l'espoir qu'il dise vrai. Hélas ni l'un ni l'autre eurent le temps de répondre à des questions silencieuses qui fusaient dans leurs esprits. Un bruit attira l'attention d'Enzo qui se leva aussitôt.

June le suivit les sourcils froncés.

- Quel plaisir de te revoir et en si bonne compagnie, lança l'homme depuis le salon alors qu'ils descendaient l'escalier.

- Francesco en personne ! Moi qui te croyais mort depuis des années, lança Enzo en retour.

- Et rater l'occasion unique de rencontrer le bel oiseau qui se cache derrière toi ? S'enquit-il en dardant son regard sur elle.

June sentit sa main prendre son poignet pour l'attirer à lui.

- June voici Francesco Milenni, lui dit-il sans lâcher du regard l'inconnu aux cheveux grisonnants.

June réprima une grimace douloureuse alors qu'il lui broyait littéralement la main.

- June, répéta Francesco en sortant un cigare de sa poche. Quel délicieux prénom.

- Comment es-tu rentré ? Demanda Enzo en lui faisant signe de remonter à l'étage.

- Allons mon fils, tu ne croyais pas sincèrement que j'allais manquer une occasion de te revoir. Allons bella ! Restez donc avec nous !

June s'arrêta dans sa lancée, très vite rattrapée par la main d'Enzo.

- Le voyage a été rude, elle est fatiguée et je ne suis pas ton fils.

- Je suis sûre qu'elle peut rester éveiller encore quelques minutes, répondit-il en allumant son cigare.

June sentait que cet homme n'était pas le bienvenu. Enzo le regardait avec des envies de meurtre.

- On m'a rapporté que tu étais devenu un expert dans tous les domaines qu'exerce un patron de la mafia. Tu n'imagines pas comme je suis fière de toi.

- Tuer en prenant mon temps est la catégorie que je maîtrise le mieux, répondit Enzo avec un sourire diabolique. J'adore couper membre après membre en fait j'adore jouer au docteur.

June frissonna jusqu'à l'échine car Enzo devenait de plus en plus diabolique dans ses paroles et son sourire ne présageait rien de bon.

Francesco lui, se mit à rire le visage marqué par une légère appréhension.

- Je suppose que tu n'es pas venu jusqu'ici pour être mon nouveau patient, poursuivit-il en se servant un autre verre. Moi qui aime tant jouer au docteur.

- Je suis venu voir comment se portait mon filleul.

- Comme tu peux le constater je vais très bien ! Affirma-t-il en écartant les bras avant de grimacer en le pointant du doigt. Toi en revanche, tu as l'air mal en point, comment vont tes artères ?

- J'avais oublié à quel point tu savais te montrer drôle et sarcastique.

- Et encore tu n'as rien vu, répondit Enzo avec un sourire menaçant. La dernière fois que l'on s'est vu j'avais vingt-quatre ans.

Francesco se leva lentement et June recula instinctivement vers le piano immaculé. Si d'apparence il avait l'air âgé, il n'en demeurait pas moins un ancien membre de la mafia.

- Depuis tout ce temps, tu as changé davantage, tu es devenu encore plus solide qu'à l'époque c'est pour ça que je suis venu réitérer mon offre.

Son offre ?

June avisa la réaction d'Enzo qui avait une apparence plus ou moins comique.

- Quel choix extrêmement difficile ! Dit-il en feignant de réfléchir durement. Être le patron ou devenir le sbire du patron aïe ! C'est dure de te donner une réponse maintenant.

Francesco tourna brièvement son regard vers elle alors qu'un épais nuage de fumée l'entourait.

- Les choses ont changés depuis, Alonzo n'a plus l'étoffe d'un guerrier c'est toi que je veux aux commandes. Tu seras le patron c'est un homme comme toi qu'il me faut.

Le visage impénétrable, Enzo but une gorgée de whisky alors qu'il le dominait du haut de ses un mètres quatre-vingt-dix.

- Je suis au regret de vous annoncer que je refuse cette proposition. Tu vois en moi l'enfoiré qui me servait de père mais je ne deviendrais jamais comme lui.

Enzo s'éloigna vers June en sentant la colère monter.

- Je suis déjà le patron de ma propre mafia Francesco, reprit-il en s'installant dans le fauteuil. Je suis milliardaire, je suis obéi de tous et j'ai mes propres règles, que demander de plus ?

- Tu as raison fiston, tu n'es pas comme ton père, dit-il en le dévisageant déçu et frustré. Tu as l'air plus fort, plus intelligent et surtout...en possession d'un trésor inestimable.

June sursauta en poussant un cri alors qu'il l'avait déjà saisi à la gorge arme creusé contre sa joue.

- Enzo ! Cria-t-elle alors qu'il venait de le coller contre le mur.

- Tu vas quand même pas tirer devant elle, si ?

- J'ai déjà explosé deux cervelles devant elle, ça ne me pose aucun problème de retenter l'expérience avec toi mon cher Francesco, murmura Enzo d'une voix basse et menaçante. Dégage avant d'être le prochain sur ma longue liste de cadavres.

Enzo le traîna jusqu'à la sortie en le serrant à la gorge.

- La prochaine fois, je serais beaucoup moins clément, articula-t-il alors qu'il toussait en se massant la gorge.

Enzo referma les portes puis rangea son arme.

- Bon sang mais qui c'était ? S'écria-t-elle quand il la rejoignit.

Enzo braqua son regard sur les portes fermés avant de lui répondre :

- Un ami de mon père...

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