Chapitre 34




Un voyage en Italie inoubliable ?

June ignorait si elle devait s'en réjouir maintenant. L'Italie était le pays de son enfance...une enfance plus ou moins chaotique. Soudain elle se mit à craindre que ce voyage lui soit insupportable et qu'il devienne pire qu'il ne l'était déjà. Elle jeta un coup d'oeil vers le hublot en inspirant profondément. Enzo passait coup de fil sur coup de fil comme un véritable homme d'affaire, son costume sur-mesure lui faisait presque oublier qu'il était le patron de la mafia.

La mafia.

June ne put s'empêcher de se demander si elle allait faire la rencontre de son cousin le célèbre Izario Lazzari.

- Tout est en ordre, annonça-t-il en l'arrachant de ses pensées.

Il croisa les jambes en s'enfonçant dans le siège et plongea son regard dans le sien.

- En ordre ? Répéta-t-elle bêtement.

- Notre voyage risque de durer plusieurs jours, il fallait que je règle deux ou trois détails, expliqua-t-il en prenant son verre de whisky qui venait de lui être servi par l'hôtesse.

- Il vous faut autre chose monsieur Lazzari ? Demanda-t-elle tout sourire alors qu'elle minaudait en se penchant en avant lui exposant sa superbe poitrine généreuse.

Prise de jalousie, June esquissa une moue qui ne manqua pas de faire réagir le mafieux qui congédia celle-ci d'un revers de main.

- Puis-je savoir ce qu'exprime cette petite moue ?

- Ne fait pas semblant de ne pas savoir, répondit June avec humeur.

- Tu es jalouse humm, je dois dire que ça me plaît.

Elle le fusilla du regard sans grand succès. Lentement mais sûrement, Enzo Lazzari retrouvait toutes les palettes de sa personnalité indéchiffrable. Depuis qu'ils s'étaient retrouvé il devenait de plus en plus machiavélique et enjoué.

- Comment ne pas l'être alors qu'elle essaye clairement de te faire passer un message comme si je n'étais pas là ?

Il fit tourner son verre dans sa main, sans la quitter des yeux en prenant un air mystérieux.

- Tu n'étais pas là lorsque j'ai décollé de la Russie pour te retrouver et ce n'est pas pour autant qu'il s'est passé quelque chose June puisque comme tu le sais déjà, il n'y a que toi qui m'obsède.

Bien que ces paroles étaient rassurantes elle voyait les intentions de l'hôtesse comme malveillantes à son égard.

- Détends-toi cara, concentre-toi sur moi et sur notre voyage.

- Tu as raison, finit-elle par dire en se raclant la gorge.

Il but une gorgée de whisky puis pointa du doigt son assiette encore sous cloche.

- Dois-je rejouer le papa gâteau ou tu te débrouilles toute seule ? S'enquit-il en la défiant du regard.

June décida de le défier à son tour mais ce petit jeu avait perdu de sa saveur puisqu'elle se sentait observer par l'hôtesse.

- Je vais me débrouiller merci.

- Dommage, je me faisais déjà une joie de te faire manger à la petite cuillère, dit-il d'une voix rauque.

Elle ne put s'empêcher de sourire et attaqua le plat avec entrain.

- Une fois que nous serons en Italie qu'allons-nous faire ? Tu as réservé une chambre d'hôtel ?

Avec toutes ces questions, June espérait savoir si oui ou non il allait se rendre chez son cousin.

- Nous irons dans ma demeure, en Sicile, répondit-il en débouclant sa ceinture pour s'installer à ses côtés.

- Tu as une demeure ? Demanda-t-elle en mordant dans une frite.

- Oui, un héritage mais je ne m'y suis jamais installé, dit-il sans s'étendre sur le sujet.

June décida une nouvelle fois de ne pas insister, du moins pour l'instant.

- Et ton cousin ? Vais-je le rencontrer ?

Il haussa des épaules le regard absent.

- Nous verrons ça une fois sur place, répondit-il brièvement.

Il esquissa un léger sourire en baladant son regard sur son épaule nue. Il glissa sa main sur cette dernière, exerçant un légère pression puis vint l'embrasser avec une douceur divine. Chaque fois qu'il l'embrassait June mesurait la chance qu'elle avait.

- Monsieur Lazzari, nous allons atterrir, annonça l'hôtesse.

June s'écarta pour rompre leur baiser en posant ses doigts sur sa bouche. Était-ce un acte délibéré ? June lança un regard dans sa direction. Elle souriait, beaucoup trop pour que cela paraisse sincère.

- Ne bouge pas je reviens.

Il se leva pour s'éloigner vers la cabine de pilotage.

- Vous avez l'air de vous amuser, nota June en crispant un sourire.

L'hôtesse se retourna pour lui lancer un regard dédaigneux.

- Vous n'êtes pas la première à monter dans cet avion et vous ne serez pas la dernière. Je connais monsieur Lazzari depuis un moment déjà et je peux vous affirmer que vous êtes qu'un bref passage dans sa vie de milliardaire.

June serra les accoudoirs du siège en se mordant l'intérieur de la joue.

- Il paraît que c'est un dieu vivant au lit, reprit-elle sans masquer son excitation.

June dévia son regard vers Enzo qui échangeait avec le pilote. Il dégageait une telle démonstration de force.

- En effet c'est un dieu du sexe, répondit June en crispant un sourire.

L'hôtesse se redressa en lui jetant un regard glacial.

- C'est à peine si je suis la cadence, ajouta June en soupirant. C'est tellement dommage que vous n'ayez pas cette...incroyable chance.

Elle s'éloigna dans la direction d'Enzo, le visage rouge de colère. June la suivit des yeux, envahie par une sourde colère. Elle se rapprocha de lui pour lui toucher le bras en minaudant comme une lionne en chaleur.

Le ténébreux regard du mafieux se posa sur elle, et son cœur fit un bond. Il contourna l'hôtesse pour s'avancer vers elle.

- Je suis impatient de connaître la teneur de votre échange trésor.

- Disons que je ne suis pas déçue, répondit June d'une voix raide comme un fil de fer. Elle m'a fait comprendre qu'elle était impatiente d'être la prochaine à découvrir ton lit. Tu as la belle réputation d'être un dieu du sexe.

L'intéressé esquissa un large sourire, flatté dans son égo de mâle tout puissant.

- En effet, je suis un dieu du sexe, j'aime t'entendre gémir à l'autre bout de mon appartement. J'aime me nourrir de tes cris. Si je m'écoutais je ferais ça toute la journée.

Une chaleur irradiait ses yeux bleus.

- C'est là toute la différence entre toi et elle tesoro. Elle peut continuer à fantasmer moi je préfère connaître les tiens, chuchota-t-il en lui prenant la main.

Comblée elle lui sourit timidement en fixant sa paire d'yeux bleus.

- J'ai des tonnes de fantasmes et toi ?

Il fit mine de réfléchir.

- Tu les connaîtra en temps et en heures, chuchota-t-il l'air mystérieux.

L'avion entama sa descente, la laissant un peu nerveuse. Bientôt elle allait sortir de cet avion sans savoir où ce voyage la mènerait.

- Tu es prête ? Demanda-t-il en enfilant une paire de lunettes de soleil noire.

June eut l'impression de se liquéfier. Il était si sexy.

- Ou..oui je suis prête, balbutia-t-elle en se levant.

Il rajusta sa veste noire, les lèvres étirées d'un sourire diabolique. Il avait tout simplement l'air heureux d'être retour chez lui...dans le berceau de la mafia sicilienne...réputée pour être la pire de toute. June avisa son arme en se pinçant les lèvres et le suivit jusqu'à la sortie.

Le soleil transperçait l'habitacle et lorsqu'il s'approcha des marches, une ombre masqua les rayons du soleil. Et cette ombre c'était lui.

- Bienvenu chez moi mon ange, déclara-t-il en lui prenant la main.

D'abord éblouie par la lumière vive, June plissa des yeux descendant les marches puis leva le regard en réprimant un hoquet.

Une dizaine d'hommes les attendait, masqués par des lunettes noires, immobiles à côté de leurs voitures luxueuses.

- Voici mes hommes.

- De la Russie ? S'enquit June en le suivant à travers ce ballet de voiture.

- Non, ce sont les hommes d'ici, en Italie.

Enzo craqua sa nuque douloureuse et rejeta la tête en arrière les yeux fermés. Il ressentait de l'excitation d'être de retour, accueillit par ses hommes armés et cruellement impassible. Sa petite June pressa ses doigts contre les siens et il comprit qu'elle était anxieuse.

Il l'invita à monter dans la voiture et dès qu'ils furent à l'intérieur tout son être se mit à palpiter de nouvelles sensations.

Ici tout était différent, il pouvait le sentir dans ses entrailles.

- La mafia sicilienne est différente de celle que je détiens, il y a des règles, des règles qui sont appliquées pour chaque membre.

- Tu veux dire que tes règles ne sont rien à côté ?

- Disons que mes règles ne nécessite pas de mourir tout de suite si quelqu'un les enfreint. L'Omerta en revanche c'est différent.

La voiture quitta l'aéroport et Enzo monta la vitre qui les séparait du chauffeur.

- J'en ai déjà entendu parler.

Enzo lui caressa la joue pour la mettre en confiance car la dernière chose qu'il voulait c'est qu'elle ait peur de lui.

- Elles ne s'appliquent pas à toi, murmura-t-il d'une voix apaisante.

- Tant mieux parce que tes règles me suffisent largement.

Enzo ne put s'empêcher de sourire puis captura sa bouche. Il savoura la douceur de ses deux pétales de roses sauvages en réprimant un grondement sourd. Savoir qu'elle était avec lui ravivait des sensations qu'il avait tenté de réprimer. Il voulait l'aimer avec sa bouche parce qu'il avait comprit trop tard que c'était derrière leur étreinte érotique qu'il parvenait à lui décrire ce qu'il ressentait pour elle.

Enzo plongea son visage dans son cou en inspirant profondément. La souffrance d'être en Italie disparaissait à mesure qu'il sentait son corps brûler d'appétit pour June.

Il s'arrêta à temps et prit son visage en coupe quand la voiture se gara devant un grand portail noir.

Pour la première fois de sa vie il allait pénétrer à l'intérieur de sa demeure avec cette jeune femme au regard étincelant.

Lui qui s'était juré de ne jamais y aller.

Enzo espérait qu'en franchissant le portail, une nouvelle page sombre et lumineuse de son histoire commencerait.

Pour pire et surtout, pour le meilleur.

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