Chapitre 31
June but une gorgée de café en grimaçant. Le goût était fort, si fort qu'elle se retourna discrètement pour le cracher dans l'évier. Enzo lui, déblatérait un chant diaboliquement russe à son interlocuteur les traits sévèrement marqués. Elle n'en revenait pas qu'il soit ici, dans son modeste appartement en train de déambuler dans son salon comme un lion en cage. June lui avait offert une chance, une seule et unique chance de lui prouver qu'elle n'avait pas fait une erreur en la lui donnant. À ce moment-là June réalisa qu'il lui avait terriblement manqué. Elle n'avait qu'un rêve c'est qu'il l'enlace très fort et qu'il pose ses lèvres exigeantes sur les siennes. Elle se mordit la lèvre en réprimant ce désir car elle lui avait peut-être donné une chance rien n'était acquis pour l'instant. Elle n'avait pas oublié le mal qu'elle avait ressenti en son absence ni même toutes les fois où elle avait fixé son téléphone avec l'espoir de l'entendre sonner. La douleur était profonde et contre toute attente lui aussi semblait avoir souffert de son absence. Devait-elle s'en réjouir ? La réponse était non.
- June ? Tu m'entends ?
Quittant sa torpeur, June releva son regard vers lui en remettant une mèche derrière son oreille.
- Oui, je t'entends, répondit-elle en forçant un sourire.
- Ton frère a été transporté à l'hôpital, il était dans un état pitoyable, expliqua-t-il en rangeant son téléphone portable dans sa poche intérieure.
- Que va-t-il se passer pour lui ?
- Un psychologue viendra le voir dans sa chambre et il aura le choix de se soigner ou pas.
June hocha de la tête lentement puis posa ses mains sur son front.
- Et Viktor ? Où est-il ? Demanda-t-elle d'une voix laissant entendre qu'elle redoutait de le savoir.
Le regard du mafieux se rembrunit légèrement tandis qu'il s'approchait avec une démarche beaucoup trop lente et silencieusement menaçante.
- Il attend sagement là où j'ai décidé qu'il soit jusqu'à ce que je vienne à lui pour lui trancher la gorge, lâcha-t-il froidement et sans sourciller.
June inspira profondément.
- Est-ce nécessaire d'en arriver là Enzo ?
- Oh que oui, articula-t-il d'une voix glaciale. Je pensais avoir été limpide à Las Vegas, hélas il semblerait que cet homme soit plus résistant que je le pensais. Il est absolument hors de question que je le laisse partir sans avoir obtenu ce que je veux de lui.
June déglutit péniblement.
- C'est-à-dire ? S'enquit June d'une voix hésitante.
- L'obéissance, et si je ne l'obtiens pas je le tuerais !
June réprima un sursaut, en sachant pertinemment qu'il était inutile d'insister.
- Je suis désolé cara, je ne voulais pas te faire peur, murmura-t-il en venant saisir ses épaules pour les caresser.
June secoua de la tête en lui souriant.
- Je commence à avoir l'habitude.
- Combien de verre tu as bu ce soir ? La questionna-t-il sur un ton très sérieux.
June leva les yeux au ciel avant de répondre.
- Deux, seulement deux Enzo, je ne suis pas ivre.
- Non, c'est vrai en revanche tu es maigre, tu as maigri, je n'aime pas ça.
June plongea son regard dans le sien et put y lire de l'inquiétude...une vive inquiétude qui la toucha.
- Je n'avais pas très faim ces jours-ci, se justifia-t-elle sans entrer dans les détails.
- Par ma faute, dit-il en allant se saisir de son manteau. Je vais t'emmener manger quelque part, il n'est pas si tard que ça.
June se laissa faire lorsqu'il l'aida à enfiler son manteau qui heureusement cachait son collant filé. Un détail heurta June lorsqu'il l'entraîna avec lui dans l'escalier de son immeuble. Elle s'arrêta dans les marches l'obligeant à s'arrêter à son tour.
- Que se passe-t-il ? S'enquit-il d'une voix impatiente.
Ce qu'il se passait était pourtant évident...du moins à ses yeux. Depuis leur retrouvaille pas une seule fois il avait tenté de l'embrasser. Fort déçue et bien qu'elle essayait de rien montrer, June décida de briser la glace tout de suite.
- Tu ne veux pas m'embrasser ? Depuis que tu es ici tu te comportes étrangement Enzo.
Mâchoires serrées, ses yeux prirent les lueurs d'un homme assoiffé. Il remonta les quatre marches qui les séparaient et prit son visage en coupe.
- Je brûle de t'embrasser mais le problème c'est que si je le fais j'ai peur de ne plus pouvoir m'arrêter.
June se mordit la lèvre en fixant ses mâchoires volontaires. Trente jours qu'elle était privée de sexe, par sa faute. Elle se sentait frustrée, en proie à l'envie furieuse de lui offrir chaque centimètre de sa peau pour qu'il la parcours avec ses mains. Rien que d'y penser June sentit son corps s'enflammer.
- Embrasse-moi s'il te plaît, murmura-t-elle d'une voix qu'elle ne reconnaissant plus.
Il se pencha pour déposer ses lèvres dures sur les siennes. June sentit son cœur s'accélérer et répondit à son assaut en éprouvant le besoin de se libérer...enfin.
À son plus grand regret il s'écarta, les yeux baignant dans un brasier irrépressible.
- Allons-y moy angel.
Le son de sa voix était rauque, signe qu'il était en proie à la même frustration qu'elle ressentait sinon pire.
Lorsqu'ils furent installé dans le restaurant non loin de l'endroit où elle habitait, June n'avait qu'une envie. Repartir au plus vite.
- Je pouvais commander tu sais.
Il arqua un sourcil l'air mécontent.
- Une salade composée ne te sera guère utile trésor, tu as vraiment besoin de manger.
- Et toi ? Tu n'as rien commandé, seulement un café.
- J'ai mangé dans l'avion, ça me suffit, dit-il brièvement avant que le serveur revienne avec son plat composé d'un steak et des frites.
- Comment...enfin qui t'a dit où je me trouvais ce soir et qu'est-ce qui t'a poussé à revenir jusqu'à moi ?
- Vadim m'a ouvert les yeux, j'avais besoin d'un électrochoc et il se trouve qu'il a piqué là où ça fait mal. Quand il m'a dit que tu faisais la tournée des boîtes de nuit et que Viktor t'avait rendu visite je suis devenu fou.
Il but une gorgée de café tout en lui faisant signe de manger.
- Depuis le jour de ton départ, dès lors que tu as posé les pieds sur le sol Américain je t'ai fait suivre nuit et jour par deux hommes. Ils ont d'ailleurs de la chance d'être encore en vie maintenant que je sais qu'ils ont été d'une médiocrité inqualifiable.
- Tu m'as fait suivre ? Répéta June qui n'osait pas y croire.
Il parut nerveux, tournant sa tasse de café sur la table.
- Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te laisser partir sans mettre à disposition ta protection si ? Je pensais que mes mots sévères et flippants à ce sujet avaient été assimilés June.
June cligna plusieurs fois des yeux mal à l'aise. Depuis tout ce temps et alors qu'elle pensait qu'il l'avait rayé de sa vie en réalité Enzo en connaissait chaque détail..
- Je t'ai dit que tu étais à moi, je ne plaisante jamais avec ce que je dis. Je suis un homme très jaloux et de surcroît possessif. Il était hors de question qu'un autre homme s'approche de toi.
- Et si ça avait été le cas ? Qu'aurais-tu fait ? S'enquit June en le dévisageant.
- Je t'ai déjà donné la réponse ce soir mon ange. J'ai compris que c'est ma jalousie qui me conduisait à toi. Je n'ai pas cessé de penser à toi depuis que tu m'as quitté.
- Je cherchais simplement...
- Je sais, la coupa-t-il d'une voix plus amène. Arrête de te justifier tu n'y es pour rien c'est moi qui est fautif. J'aurais dû voir que ça n'allait pas. J'aurais dû voir que tu étais tombée en amour pour moi. Je me suis comporté en égoïste comme je l'ai toujours fait.
- Et toi Enzo ? Qu'est-ce que tu ressentais avec moi ?
- Je ressentais des sentiment contradictoires et je n'ai pas su les gérer alors j'ai tenté de les étouffer. Cela m'a coûté ton départ.
June sentit les larmes monter et dut se ressaisir car il lui avait pris la main sans la quitter des yeux.
- Je suis un homme différent June, je ne serais jamais l'homme parfait. Je demeurerais à jamais un monstre et j'aime ça mais...
- Là n'est pas le problème Enzo, ce qui me pose problème c'est la punition que tu t'inflige et qui te mène à repousser chaque fragment de bonheur que j'ai essayé de t'apporter.
Il se passa une main sur le visage.
- Je sais, et c'est pour cette raison que j'ai pris la décision de faire les choses différemment à présent. Fais-moi confiance June.
Lui faire confiance était chose aisée. Ce qui la terrifiait c'est de souffrir encore une fois. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il pouvait se montrer imprévisible.
- Je ne veux pas souffrir Enzo, c'est tout ce que je demande sinon ça sera fini entre nous.
Il se pencha en avant, les yeux ancré dans les siens.
- Je t'en fait la promesse, murmura-t-il d'une voix rauque en glissant sa main dans ses cheveux.
Enzo savoura la douceur de son visage sous sa paume rêche et se mit à se haïr d'avoir pu songer à faire sa vie sans elle. Son être brûlait, sa gorge était en train de se serrer car il mourrait de désir pour elle. Il glissa son pouce sur ses lèvres alors que l'homme disparaissait remplacé par le diable. Un diable prêt à tout pour récupérer cet ange au regard étincelant. D'un geste impérieux il lui fit lever le menton pour la couvrir d'un regard cruellement possessif. Oui, il voulait qu'elle sache à quel point elle était l'épicentre de son univers et ferait n'importe quoi pour elle. Bon sang elle lui avait tant manqué qu'il avait peur de l'embrasser par crainte de ne plus pouvoir contrôler les pensées sauvages qui le traversait sans cesse et la jalousie qu'il avait éprouvé ces trente derniers jours n'arrangeait rien à son état.
Enzo inspira bruyamment sans pouvoir mettre un terme au cours de ses pensées.
- Je crois, qu'il est temps de rentrer, lui dit-elle avec une douceur innocente alors que ses yeux la trahissaient.
Enzo lâcha son menton sans la quitter des yeux tout en faisant signe au serveur de s'approcher.
- Oui mon ange, je crois qu'il est grand temps de rentrer, confirma-t-il d'une voix rauque qui ne laissait plus de doute quant à la suite de ce qui les attendait.
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