Chapitre 3




Cela faisait plus de trente minutes qu'il était parti et pourtant, June refusait de bouger. Elle avait l'impression d'être aspirée dans un piège orchestré par Enzo Lazzari d'une main de maître. Avait-elle fait une erreur en venant Jusqu'ici ? June commençait à le croire. Le ventre noué, elle se leva enfin du lit, glissant ses mains sur la chemise qu'elle portait. Un frisson la parcourut alors qu'elle s'engageait vers la porte qu'il avait emprunté plus tôt. Nerveusement, elle tira sur sa chemise puis ouvrit la porte. Un long et grand couloir l'accueillit, sombre, chargé d'étranges ondes inquiétantes. Poussée par un élan de curiosité June quitta le couloir pour emprunter l'escalier. L'appartement était si vaste si luxueux qu'elle en demeura sans voix de longues secondes avant d'être accueillie par l'homme en bas de l'escalier.

Il portait une chemise blanche, un pantalon noir, ses mains reposaient dans les poches de celui-ci.

- J'ai crû ne jamais vous revoir mademoiselle Farell.

- J'avais besoin de temps pour accuser le choc, répondit-elle en s'arrêtant à la dernière marche.

- Croyez-moi sur parole, il y en aura d'autres, lui dit-il avec un sourire en coin.

June se pinça les lèvres, réalisant avec difficulté qu'elle se trouvait devant cet homme, vêtu d'une simple chemise, jambes nues. D'ailleurs le mafieux ne lui cacha pas l'épais regard qu'il glissa sur elle avant de pivoter les talons.

- Venez, suivez-moi...

Le suivre ? June avait plutôt envie de fuir !

- J'aimerais récupérer ma robe s'il vous plaît.

- Elle n'est pas encore lavée, je regrette mais vous allez devoir encore supporter ma chemise.

June se mordit l'intérieur de la joue en le suivant à travers l'appartement.

- Installez-vous, dit-il en désignant l'un des tabourets.

June remarqua dans sa voix une forte autorité ne lui laissant guère le choix que de s'exécuter.

- Depuis combien de temps ce petit corps n'a pas été nourri ? Questionna-t-il en la scrutant lentement.

- La dernière fois c'était avant hier, répondit-elle honnêtement.

- Vous étiez trop nerveuse pour avaler quoi que ce soit ?

June haussa des épaules.

- J'avais peur de mourir, ça m'a coupé l'appétit.

Il lui sourit, un sourire qui valait mille mots. Il se nourrissait de sa peur.

- Rassurez-vous je ne vais pas vous tuer, conclut-il en poussant une assiette vers elle.

June observa celle-ci quelques secondes avant de bredouiller un " merci " à peine audible. Il dégageait une impression de force assez déstabilisante. Sa carrure solidement dessinée derrière ses vêtements laissait entrevoir un corps sculpté. June avait l'impression d'avoir basculé dans un monde totalement méconnu.

- Ma gouvernante est en congé maternité, alors veuillez m'excuser si c'est infecte, déclara-t-il en se servant un café.

June nota un goût un peu trop salé dans ses œufs brouillés mais ne le releva pas. Inutile de la contrarier, songea-t-elle en fixant son dos large.

- C'est très bon.

- Vilaine menteuse.

June s'empourpra affreusement gênée par ces crises de rougeurs qu'elle ne parvenait pas à maîtriser. Son regard bleu prit possession de ses yeux puis de ses lèvres. Soudain, il serra ses mâchoires volontaires en reposant sa tasse de café.

- Vous me regardez avec les yeux d'une biche blessée qui découvre le monde sous un autre angle cara, commenta-t-il en passant derrière le comptoir pour la rejoindre.

Difficilement, June avala sa dernière bouchée en retenant son souffle lorsqu'une forte odeur d'after-shave prit d'assaut ses narines.

- Parce que c'est le cas.

- Comment est-ce possible que vous soyez la sœur de ce pauvre garçon. Vous ne semblez rien avoir en commun et pourtant...

June sentit son index se poser délicatement sur son menton. Il l'obligea à relever les yeux en inclinant sa tête en arrière. Le cœur battant à la chamade, June confronta le mafieux qui cette fois-ci, l'observait avec gravité.

- Vous êtes si délicatement belle, d'une grande naïveté mais nourrie de compassion, chuchota-t-il en la dévisageant.

- Ma grand-mère m'a appris à être bienveillante.

- Sage conseil mais ne le soyez pas avec moi, je suis un homme dangereux et impitoyable.

June frémit sans le quitter des yeux...mais avait-elle le choix ?

- Viktor Anderson est un faible joueur à côté de moi.

- Je n'en doute pas un seul instant, dit-elle en abaissant les yeux sur l'arme qu'il portait à la taille.

Il relâcha son menton pour se diriger vers une grande table en verre.

- C'est un banquier assez connu à New-York mais il a beaucoup d'ennemis, expliqua-t-il en saisissant un dossier au vol. Sa fortune personnelle s'estime à deux millions dollars autrement dit une misère dans le monde des affaires mais suffisant pour vous faire chanter.

Il posa le dossier en face d'elle et June s'empressa de le consulter.

- Il n'en est pas à son premier coup d'essais, il fait souvent appel à des escortes girls.

- Pas seulement des escortes girls, murmura June avec dégoût.

- Quelques prostituées en effet, dit-il avec un accent russe qui la fit frissonner tout le long de la colonne vertébrale.

June referma le dossier puis rassembla ses mains moites contre son ventre.

- Il a besoin de sexe il me semble très frustré, pauvre homme, conclut-il en poussant un soupir las.

Il braqua son regard dans le sien.

- Vous n'avez pas idée de ce qu'un homme est prêt à faire pour avoir ce qu'il veut.

June le dévisagea en essayant de lire dans ses yeux.

- Vous allez m'aider ? Demanda-t-elle en tortillant ses doigts.

- J'ai dit que j'allais réfléchir à une autre stratégie, répondit-il sur un ton impérieux.

- Est-ce que je fais partie de cette...stratégie ?

- Pas encore moy angel, seulement si vous le désirez.

- Non ! Surtout pas ! S'écria-t-elle en descendant du tabouret.

À présent elle était si petite qu'elle vacilla légèrement.

- Que désirez-vous alors June ? Demanda-t-il d'un chuchotement diabolique.

Paralysée de toutes volontés, June sentit un vent chaud se répandre en elle alors qu'il s'était subtilement penché en avant.

- Je désires rentrer chez-moi sans courir le moindre danger.

Il ébaucha un lent sourire mystérieuse puis prit son coude pour qu'elle le suive.

- Je vais vous faire un rapide tour du propriétaire. Sachez que je ne tolère pas qu'on me désobéisse. Soyez d'une extrême prudence.

- Qu'est-ce que je dois savoir sur vous ? Demanda-t-elle alors qu'il l'entraînait dans l'escalier.

- Je suis le patron d'une mafia Russe et italienne. J'ai tué plus d'hommes que vous pourrez en voir dans toute votre vie. Je suis un maniaque du contrôle, je suis autoritaire et lorsque quelqu'un me trahi il ne le fait qu'une fois.

Il la plaqua contre le mur, la gardant prisonnière en apposant ses mains de chaque côté de sa tête. June sentit sa bouche devenir sèche alors qu'il se penchait de toute sa hauteur pour atteindre son visage.

- Est-ce que cette description vous convient mademoiselle Farell ou je dois continuer.

Enzo dut lutter contre lui-même alors que le parfum de la jeune femme envahissait son espace privé. Il brûlait de l'embrasser et de parcourir son corps avec ses mains.

Si Viktor Anderson avait besoin de sexe pour comblé sa frustration pour lui c'était tout le contraire. Enzo lui, n'était pas loin d'en être assoiffé. Et la jeune femme en face de lui était une tentation diabolique...un fruit défendu qu'il brûlait d'explorer. Le pire c'est que ses beaux yeux verts cherchaient à découvrir le monde cruel dans lequel elle venait d'être aspirée.

Habituée aux femmes audacieuses en quête de gloire, Enzo sentait le trouble s'emparer de lui devant cette Américaine insouciante du danger qu'elle avait en face de lui.

- Elle me convient, répondit-elle sans savoir un seul instant de l'effet infernal qu'elle provoquait en lui.

Il se redressa, ajustant les manches de sa chemise pour chasser l'envie de l'embrasser.

- Bien, reprenons cette visite, dit-il d'une voix légèrement altérée.

Elle acquiesça en remettant une mèche derrière son oreille. June se racla la gorge en le suivant dans un couloir différent de celui qu'elle avait emprunté plus tôt.

- Voici la bibliothèque, vous pouvez y aller à n'importe quel moment de la journée, l'informa-t-il en ouvrant brièvement la porte.

June jeta un furtif coup d'œil à l'intérieur puis le suivit d'un pas craintif.

- Ma chambre...si le cœur vous en dit, lança-t-il en tapotant une porte en bois massif.

June réprima une violente rougeur alors qu'il poursuivrait son chemin en pivotant légèrement la tête sur sa droite où elle put voir son sourire diabolique.

- Mon bureau, reprit-il en pointant une autre porte. Interdiction d'entrer sans permission sinon c'est la fessée.

Même si le ton semblait légèrement ironique June était persuadée qu'il en serait capable.

- Pourquoi j'ai l'impression que cette invitation à rester ressemble à une séquestration déguisée ? Demanda-t-elle en s'arrêtant à hauteur d'un autre escalier.

Il se retourna pour lui dévoiler une lueur sauvagement éclairée.

- Vous n'avez qu'à appuyé sur le bouton de l'ascenseur mademoiselle Farell et vous verrez que je ne vous retiens pas.

Il s'approcha lentement d'elle, l'obligeant à reculer.

- Mais vous ne le ferez pas parce que malgré la peur que je nourri en vous, je suis le seul à pouvoir mettre un terme au cauchemar dans lequel vous êtes tombée.

- Et vous aimez ça n'est-ce pas ? S'enquit June en osant le défier.

Il rit brièvement sans lui masquer qu'elle n'avait pas tort.

- Oui j'aime ça, j'aime quand j'ai le contrôle mais avant toute chose...

June retint son souffle quand il prit son menton entre ses doigts.

- Vous ne méritez pas d'être la victime des actions de votre frère.

Il relâcha son menton, laissant derrière lui le contact de ses doigts chauds.

- Je dois partir, je reviendrais au plus tard à midi, tâchez ne rien faire qui puisse me fâcher, chuchota-t-il en s'éloignant.

June eut l'impression que son cœur allez sortir de sa poitrine alors que ses joues étaient le théâtre d'un incendie incontrôlable.

- Faites attention de ne pas vous tromper de chambre bellissima...

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