Chapitre 22
Enzo se gara en face du club, l'esprit en ébullition. Jamais il ne s'était senti si bien, si apaisé. Des myriades de pensées s'entrechoquaient dans sa tête. Il quitta sa Ferrari en appréciant le soleil chaud sur son visage, lui rappelant son pays natal. L'Italie. Parfois il songeait à quitter la Russie pour Palerme ou Venise. Hélas chaque fois qu'il y pensait, des souvenirs lugubres l'en empêchaient. Enzo chassa la noirceur de ses pensées en balayant le trottoir par-dessus ses lunettes de soleil. Une voiture attira son attention.
- Je n'y crois pas, elle est de retour, dit-il avec un sourire en coin.
Il se dirigea vers les portes du club et pénétra à l'intérieur. Un profond silence s'installa lorsqu'il émergea depuis les escaliers. Il salua le personnels puis poussa les portes battantes en écoutant d'une oreille distraite la musique de fond.
- Mon ami ! Comment vas-tu ce matin ? Lança Vadim depuis l'une des banquettes.
En très bonne compagnie, son ami semblait avoir passé la nuit ici.
Les deux femmes à ses côtés se tournèrent vers lui, mordant leurs lèvres l'air soudainement affamées.
- Je vais très bien et toi je suppose que oui ? S'enquit Enzo en retirant ses lunettes de soleil pour les mettre dans la poche intérieure de sa veste.
- Oh que oui ! Affirma Vadim en glissant ses bras autour des deux jeunes femmes. J'ai passé une nuit incroyable et à voir ta tête toi aussi.
Incroyable n'était pas un mot assez suffisant pour décrire la nuit dernière.
- Où est notre petite June adoré ? S'enquit Vadim en fronçant les sourcils l'air curieux. Moi qui me faisait une joie de la revoir.
- Elle est chez moi, avec Haïssa, tu la verras ce soir.
- Tant mieux, parce que je me languis de rencontrer la femme qui est parvenue à te troubler, lança une voix qu'il reconnut immédiatement.
Enzo se retourna, pour dévisager son amie, Nikki qui s'avançait vers lui en tirant sur une cigarette. Deux mois qu'elle était partie et elle n'avait pas changé. Sa peau chocolat était sillonnée d'un nouveau tatouage sur le bras, quant à sa tenue noire, elle lui donnait toujours ce côté fatal. Une femme de caractère qui était peut-être la seule à avoir le droit de lui imposer son avis sans qu'il ait envie de la tuer.
- Bordel tu m'as manqué, lui dit-elle en venant l'enlacer amicalement.
- Toi aussi Nikki.
Elle s'écarta pour le regarder de la tête au pied et vint glisser une main sur ses fesses pour les tâter.
- Humm, un étalon toujours aussi ferme, ronronna Nikki en faisant courir ses doigts sur son torse. Tu sais que tu es le seul homme capable de remettre en question mon orientation sexuelle.
- Pas même moi ? Lança Vadim en faisant mine d'être vexé.
- Oh chéri regarde-moi tout cette testostérone, c'est impossible de ne pas craquer, répondit Nikki en souriant.
- Tu n'as pas changé à ce que je vois, nota Enzo en levant un sourcil.
- Toi visiblement si ? Rétorqua-t-elle d'une voix emplie de curiosité. On m'a rapporté qu'une belle blonde te faisait tourner la tête est-ce que c'est vrai ?
- Pitié ne me dites pas que vous avez passé la nuit à parler de moi, marmonna Enzo en se dirigeant vers le bar.
- Eh bien si, affirma Nikki en le suivant. Alors ? Tu vas me dire ce qu'il se passe ? Qui est cette jeune femme ? Qu'a-t-elle de si spécial pour avoir le droit d'être dans ton appartement ?
- Elle est différente et elle est sous ma protection, dit-il sans s'étendre plus longtemps.
- Et tu crois que je vais me contenter de ça trésor ? Moi qui pensais que tu me connaissais mieux que ça, fit-elle en esquissant une moue. Je suis partie deux mois et quand je reviens j'apprends que ma petite Lydia s'est enfuie et que Vladimir est probablement parti la kidnapper. Puis j'apprends également que mon très cher Enzo Lazzari...le tout puissant est littéralement obsédé par une jeune femme beaucoup plus jeune que lui et qui ressemble à...comment tu dis déjà Vadim ?
- Une douce brebis égarée, lança-t-il depuis la banquette.
- Une douce brebis égarée, répéta Nikki en crachant sa fumée vers lui.
- Et ? Que désires-tu savoir ? Demanda Enzo agacé.
- Je veux savoir si mon adoré patron sadique est bien sûr de ce qu'il fait.
- Pourquoi ? Tu as peur que je la brise ?
- As-tu l'intention de le faire ? Parce que tu as brisé pas mal de cœur depuis que je te connais.
- Oh pitié Nikki ces femmes aspiraient à vider mon compte en banque.
- Seulement ça ? Tu en es sûr beau brun ? N'importe quelle femme tuerait père et mère pour avoir ne serait-ce qu'un baiser de toi. Mais tu as raison, beaucoup de ces femmes étaient avides de fric. Cela m'amène donc à une question primordiale.
Enzo se pencha au-dessus du comptoir pour confronter Nikki.
- Tu veux savoir si ce n'est pas la même chose pour elle ?
- Exactement, confirma Nikki avec un sourire. Qu'est-ce qui te fait croire qu'elle n'en a pas après ton fric.
- Parce que je sens que Vadim ne t'a pas raconter toute l'histoire, répondit Enzo en fusillant Vadim du regard. Je me trompe ?
La chemise ouverte l'intéressé écarta les bras en haussant des épaules alors que les deux femmes parcouraient son corps de baisers.
- On va dire que j'ai passé l'essentiel pour passer directement au plus croustillant.
Nikki lui jeta un regard incrédule.
- Son frère me doit de l'argent, elle est venue jusqu'à moi pour plaider sa cause parce que l'ami de son frère un vieux pervers que je vais probablement tué lui a proposé de l'aider en échange d'une nuit avec elle. June Farell était tellement terrifiée que je n'ai pas eu le cœur à l'expédier chez elle. Deux jours plus tard elle se faisait enlever par deux malfrat payé par ce fameux Viktor Anderson pour qu'ils s'amusent un peu avec elle avant de la jeter dans un avion pour qu'elle parvienne jusqu'à lui. Je leur ai explosé le crâne à tout les deux. Ensuite, envahi par un désir incontrôlable j'ai fini par craquer et j'ai happé l'âme et le cœur si pur de cette douce brebis égarée...
Sans voix, Nikki cligna des yeux rapidement comme si elle peinait à rassembler toutes les informations.
- Oh bah merde alors, dit-elle enfin.
- Comme tu dis, en effet, murmura Enzo en se servant un verre.
- Maintenant que je connais toute l'histoire ça me paraît plus clair cependant ça ne me dit toujours pas ce qu'elle a de spéciale pour...
- Elle sait que je suis un monstre et ne cherche pas à le fuir elle ne cherche rien d'autre que d'être avec moi tout en sachant que je ne peux pas lui donner ce qu'elle veut et crois-moi je suis tout aussi perturbé que tu sembles l'être ma chère Nikki.
Enzo cherchait à tout prix à éviter le sujet mais avec Nikki, ça lui était impossible. Il but son verre pour tromper l'agacement visible sur son visage.
- Ça c'est très intéressant, je dois dire que je ne m'y attendait pas. J'ai très envie de faire sa connaissance, lui dit-elle d'une voix chaude et impatiente.
- Ah oui ? Et pour faire quoi ?
- Pour apprendre à connaître celle qui fait battre ton cœur mort, murmura-t-elle d'une voix diabolique.
Enzo se pencha à nouveau en étirant un sourire machiavélique.
- Alors j'espère que tu es bien accrochée Nikki car elle est loin de toutes celles que j'ai connu...
~
- Mademoiselle Farell, monsieur Lazzari vous attends à l'intérieur.
June avisa la façade du club avec appréhension. Elle n'avait pas revu Enzo depuis le matin même et au téléphone il avait semblé si mystérieux. D'une main nerveuse, elle lissa la robe noir qu'elle portait puis passa les portes en inspirant profondément. Les néons assombrissaient volontairement le couloir qui menait à ces deux fameuses portes. June jeta un coup d'œil derrière son épaule pour constater qu'elle était suivie par deux hommes en charge de l'escorter.
- Je prends relais merci, déclara une voix rauque.
Il émergea de l'ombre, tel Lucifer en personne. Il embrassa sa tenue du regard avec une lueur chaude au fond des yeux. June portait une robe bustier, révélant ses épaules nues, soulignant sa poitrine qu'il fixait d'un regard sombre.
- C'est une tenue qui pourrait me rendre nerveux trésor tu le sais n'est-ce pas ? Déclara-t-il en s'approchant tel un chasseur se fondant sur sa proie.
- C'est ta punition pour m'avoir laissé seule toute la journée, lui dit-elle en affrontant son regard mécontent.
- Crois-moi bébé j'aurais voulu être avec toi au lieu d'être ici.
Il leva sa main pour caresser sa joue.
- Dio tu es si belle, murmura-t-il avant de se jeter sur ses lèvres pour les embrasser.
Enzo appuya ses pouces sur ses pommettes pour approfondir son baiser. Dire qu'elle lui avait manqué résumerait à dire que Nikki avait raison au sujet de son cœur mort et pourtant...
Toute la journée il avait bombardé Haïssa de messages pour savoir ce qu'elle faisait ou elle se trouvait jusqu'à ce qu'il réalise qu'il devenait fou. Ses lèvres douces étaient comme gouter au fruit de la tentation. Il s'écarta doucement pour plonger son regard dans le sien.
- Tu m'as affreusement manqué, murmura-t-il contre ses lèvres.
Pire encore, la voir dans cette robe noire qui moulait sa silhouette le rendait fou.
- Donc, cette robe est destinée à me punir hum ? Demanda-t-il d'une voix rauque.
- Peut-être, murmura-t-elle les yeux étincelants. Après-tout ce matin tu es parti en me laissant complètement frustrée c'est à mon tour maintenant.
Enzo lui sourit en glissant sa main dans son cou et l'embrassa à nouveau avant de lui prendre la main.
- Viens, j'ai quelqu'un à te présenter.
June abaissa les yeux sur leurs mains liées, le cœur battant. Plus elle avançait sur ce chemin méconnu plus elle avait peur de chuter. Elle avait beau chercher un moyen de ne pas y penser, June craignait au tréfonds de son être la fin de cette histoire.
- Qui ça ? Demanda-t-elle en fronçant des sourcils lorsqu'ils rentrèrent dans la salle.
Il pointa sur doigt une silhouette au loin. Il s'agissait d'une femme métisse, tatouée, au regard capable de transpercer une assemblée. Enzo l'entraina avec lui jusqu'à elle.
- Nikki je te présente June, déclara-t-il d'une voix étrange, comme s'il savourait le début de cette rencontre.
L'intéressée pivota vers eux sourire aux lèvres avant que ce dernier disparaisse lorsqu'elle posa son regard sur elle.
- Putain de...
June s'écarta légèrement décontenancée par le choc qui se lisait sur son visage. En jetant un rapide coup d'œil dans la direction d'Enzo elle remarqua qu'il arborait un sourire victorieux.
- Pardon pour cette grossièreté mais je pensais qu'Enzo avait exagéré sur votre beauté, ça m'a fait un choc.
- Oh...je.. ça ne fait rien.
June n'avait pas pour habitude d'être regardé ainsi par une femme. Elle l'a dévoré littéralement des yeux, créant presque un léger malaise.
- Mon ange n'ai aucune crainte Nikki est lesbienne c'est sa façon à elle de te dire que tu es à son goût.
June ouvrit la bouche en 《 o 》 sans savoir quoi dire.
- À mon goût est un faible mot Enzo, répliqua Nikki en penchant la tête sur le côté sans cesser de l'étudier.
- Ça suffit Nikki je pense que nous avons tous compris, intervint-il d'une voix impérieuse.
Nikki lui jeta un regard insolent sans cesser de lui sourire.
- Ça t'ennui si je te la vole le temps d'une discussion entre filles ? J'ai des tas de questions à lui poser.
Enzo n'eut pas le temps de répondre qu'elle s'enfuyait déjà avec elle en la prenant par le bras. La silhouette de June disparut au loin, créant un vide autour de lui...laissant l'impression qu'un gouffre immense venait de s'ouvrir lentement sous ses pieds...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top