Chapitre 3

Alana tenait Anakin par le bras, contemplant tous les deux une inscription gravée sur une plaque, à mi-hauteur sur un petit muret en brique. Ils n'avaient plus dit un mot depuis qu'ils étaient sortis de la résidence surveillée de Leia, le trajet s'étant déroulé dans le silence le plus total. L'agent Jerre connaissait l'emplacement et la route pour se rendre jusqu'à ce parc. La tension palpable ainsi que le silence affiché par les passagers d'ordinaire bavards étaient des choses suffisamment évidentes pour ôter toute envie de conversation. Leia se tenait à quelques pas en retrait des deux jeunes Jedi, respectant le silence affiché par son fils et sa nièce. Ses dernières paroles avaient été pour son mari, avant de quitter la résidence surveillée, lorsqu'elle l'avait appelé pour lui demander de les rejoindre au parc. « Tu lui a enfin dit » et « je pars tout de suite » avaient été les seules paroles que les deux jeunes Jedi l'avaient entendu prononcer. Entendre de nouveau la voix de son père avait bien moins affecté Anakin que prévu, compte tenu du choc de l'annonce qui avait précédé.

Situé au cœur de la ville, le parc était un lieu à ciel ouvert pourtant étrangement calme. Malgré l'agitation ambiante au sein de New City, l'endroit était interdit de survol. Les sons et autres nuisances de la ville ne produisaient qu'un léger fond sonore, presque apaisant. Ou bien c'était dû à l'atmosphère du parc. Un mélange de technologie et de sobriété, de verdure et de permabéton, donnait à l'ensemble une subtile aura de paix. L'impression d'être transporté ailleurs, loin de tout, comme un dépaysement salutaire. Des haies de buissons accompagnaient des petites constructions se tenant à mi-hauteur, des emplacements réservés à certains privilégiés.

Ce fut Anakin qui brisa finalement le silence. Le récit que lui avait fait sa mère avant qu'ils ne partent avait déjà fortement ébranlé les deux jeune Jedi. Ils avaient traversé des émotions puissantes, et les larmes avaient déjà bien coulé, en particulier sur certains pans du passé. Anakin avait moins exprimé ses émotions qu'à son habitude. Il était en réalité en train de processer toutes ces informations, son canal d'interprétation étant pour le moins surchargé, ne parvenant pleinement à faire le tri de tout ceci. Son passé n'était pas celui qu'il croyait être. Il avait grandi, s'était développé et construit avec une grande partie de l'équation lui faisant défaut. Reliant les différents points, les fils de la passion se réactivant peu à peu, pour donner naissance à un nouveau tableau d'ensemble, dont il prenait la mesure avec âpreté.

— Ben Solo..., finit-il par dire avant de marquer une courte pause. Tu avais raison, cousine, cette dernière le regardant sans répondre. J'ai bien eu un petit frère, à un moment ou un autre.

Ses dernières paroles eurent un effet particulier. Celui auquel tous ne semblaient pas avoir prit pleinement conscience jusqu'alors. Un sentiment de retour à la réalité. Celle dont on connait déjà la teneur, car Leia n'avait omit aucun détail, aussi tragiques et cruels étaient-ils, mais dont on vient de ressentir les conséquences. La subtile différence entre avoir connaissance d'une chose et de la ressentir pleinement.

Les larmes commençaient de nouveau à perler aux yeux d'Alana, et coulaient déjà sur celui d'Anakin. Le choc de la nouvelle avait déjà bien ébranlé le jeune Jedi la première fois lorsqu'il l'apprit, juste avant de quitter la résidence surveillée. Ne sachant par où commencer, Leia lui avait d'abord annoncé la confirmation du pressentiment d'Alana, avant de faire une chronologie des évènements.

Tout avait commencé lorsque Luke était revenu de son isolement, pèlerinage qu'il avait entreprit suite à la perte de sa femme, lors de la naissance compliquée d'Alana. Il avait d'énormes difficultés à gérer son deuil, en ayant en plus la charge d'un nouveau-né. Il avait entreprit de prendre du recul, de faire le point pour se recentrer. Pendant ce temps, il avait confié sa fille à sa sœur. Une fois revenu, il semblait s'être véritablement retrouvé, animé d'un nouveau but et accompagné d'une petite créature étrange, nommée Grogu. Voulant reprendre la garde de sa fille, et concrétiser sa vision nouvellement acquise : fonder un nouvel Ordre Jedi, avec sa propre vision. Lorsqu'il les retrouva, il vit également son jeune neveu, et sentit la puissance de son potentiel dans la Force. Luke avait donc émit la requête de l'emmener également avec lui. D'abord indécise, Leia, qui était enceinte pour la seconde fois, s'était fait convaincre que c'était la meilleure option possible. Voire la seule, plutôt que de laisser un enfant avec un tel potentiel grandir sans soutien approprié. Mais c'était l'accord du père d'Anakin qui était loin d'être acquis...


*****


— Pas question que t'emmènes mon fils ! lança Han, passablement agacé. Et que je ne le revois plus jamais ! J'étais déjà contre ton choix d'enseigner à Leia à l'époque. Heureusement qu'elle est tombée enceinte, sans quoi j'aurai plus eu de femme. Les Jedi, la Force, tout ça c'est ton truc, et je respecte ça. Seulement, ne mêle plus ma famille à tout ça.

Malgré ses croyances et ses ambitions, Luke parvenait à comprendre son meilleur ami. Ils en avaient déjà discuté, à l'époque où le maître Jedi avait tenté de le convaincre d'initier sa femme aux voies des Jedi. Han avait été pour le moins clair, même s'il s'était finalement incliné face à Leia. Il avait enfin acquis ce que jamais il n'avait un jour pensé à avoir. Une famille. L'occasion de bâtir quelque chose, de transmettre un héritage. Que même un type comme lui, un orphelin, un vaurien, avait une chance de s'élever. D'offrir cette opportunité à son tour à ses enfants.

— Je suis moi aussi de ta famille Han, répondit Luke. Je ne suis pas un inconnu à qui tu vas abandonner ton enfant. Je vais simplement l'aider à accomplir son potentiel et sa destinée, affirma-t-il, poursuivant ensuite avant que Han ne puisse répliquer. Leia a-t-elle mentionné que ma vision est différente des anciens Jedi ? Tu seras en mesure de le voir tous les ans, et j-

— Bien sûr qu'elle m'a dit tout ça, coupa-t-il. Ca ne change rien. Mon fils n'a pas besoin suivre votre voie Jedi. Il sera un enfant normal, et aura sa chance de devenir ce qu'il a envie.

— Il pourra s'accomplir comme il le souhaite, une fois que je lui aurais enseigné ce dont il a besoin. Car il aura besoin d'aide pour maîtriser un tel potentiel, Han. Il restera ton fils.

Luke était bien gentil, mais il oubliait une part importante de l'équation. Son fils avait le droit de décider de lui-même ce qu'il voulait faire de sa vie. Lui-même n'avait pas vécu une existence aussi âpre pour ne pas offrir un vrai choix à son fils.

— Ce dont il a besoin, c'est d'être élevé par son père et sa mère, Luke ! Je tolère tes trucs de Jedi, mais je te le répète. Laisse mon fils en dehors de ça.

— Han, mon ami...

— La discussion est terminée Luke.

Han pensa qu'il avait enfin réussi à mettre fin au débat. Cela ne l'enchantait pas de tenir tête à son meilleur ami. Mettant un terme au conflit qui les avait fait se rapprocher, l'ancien contrebandier avait longtemps espéré pouvoir profiter du temps passé avec Luke. Profiter de la vie civile avec ses proches. Han avait abordé cet échange avec une volonté de modération, compte tenu de ce que son ami avait vécu. Mais un fond de rancœur persistait. De ce qu'il comptait faire à sa famille, et le fait qu'il ait abandonné sa fille pendant qu'il était parti faire dieu savait quoi. Han aurait voulu une chance de l'aider. Mais Luke avait repoussé toutes les aides possibles à la mort de sa femme. Une véritable tragédie, certes. Mais Han devait penser à sa famille, avant tout. Il s'agissait de son fils, et ce n'était pas à Luke de décider bon sang ! Cette façon de faire des Jedi l'avait toujours dérangé. Cela avait occasionné nombres de disputes dans son couple, quand Leia avait accepté d'être formée par son frère. Mais cette fois, son propre choix comptait tout autant. Il n'était pas question d'abandonner sa famille encore une fois. Sauf que Luke avait encore un dernier argument à faire valoir.

— Tu n'es pas seul à décider, Han. Leia sera de mon côté.

Il lâcha cette phrase avec un ton qu'il ne se connaissait pas. Avec un léger grain de défi, qu'il regrettait déjà en partie. Mais il était convaincu de faire ce qui était nécessaire, pour le bien de tous.

— Qu'est ce que tu racontes ?

— Leia est d'accord avec moi, elle ne prendra pas ton parti.

— Tu vas trop loin Luke, envoya Han en abandonnant le peu de bienveillance qu'il s'efforçait à manifester, arborant désormais un ton plus ferme. Je t'aime bien, mais si tu ne laisses pas ma femme en dehors de ça, j-

— Tu feras quoi ? l'interrompit Leia en entrant dans la pièce.

Elle avait la mine fatiguée, tirée par une grossesse difficile et plus éprouvante que sa première. Elle était apparue sans qu'ils ne la remarquent, trop occupés qu'ils étaient à se chamailler.

— Chérie, tu devrais te reposer dans ton état, laisse-moi régl-

— Je pense que si elle est là, c'est qu'elle en est capable, non ? coupa Luke.

— Au lieu d'essayer de réveiller Anakin, peut-être que vous pourriez m'écouter surtout ?

Le silence régna d'un coup dans le salon du domaine Organa sur Coruscant. Les dernières paroles de Leia avaient calmé les ardeurs des deux hommes. Du moins pour quelques instants, le temps de pouvoir dire ce qu'elle avait à dire. Il s'agissait d'une de ses qualités, elle savait toujours se faire entendre quand elle en ressentait le besoin. Le genre de qualité qui allait beaucoup l'aider à l'avenir. Mais qui malgré tout, ne lui permettait pas de résoudre tous les problèmes.

— J'aimerais parler en mon nom, poursuivit-elle. De toute façon, pas moyen de dormir avec le bruit que vous faites.

Han prit rapidement l'initiative, ne voulant pas laisser le loisir à Luke d'endoctriner sa femme. Il avait suffisamment dépassé les bornes comme ça.

— Luke vient de me dire qu'il veut emmener Anakin avec lui, pour en faire un Jedi. Et qu'en plus, tu serais d'accord avec lui.

Leia soupira avant de marquer un temps. Han sentit qu'il n'allait pas apprécier la suite. Son visage le reflétait clairement.

—C'est vrai Han...

— Quoi ?! s'indigna-t-il.

— Il m'en a déjà parlé, et j'étais d'accord avec lui. Il n'a pas eu besoin de me convaincre.

Elle avait jeté un regard furtif vers Luke, pour lui signifier qu'il n'était pas nécessaire d'informer Han de son scepticisme, au moment où son frère lui avait exposé son souhait d'emmener son fils. Han se sentait trahit, abandonné. Il n'y avait plus rien à faire. Mais il ne pouvait s'empêcher de sentir sa colère monter. Il n'arrivait pas à la réprimer. Et il n'en avait aucune envie, de toute manière...

— Et il ne m'a pas embrouillé l'esprit non plus, si c'est ce que tu crois, précisa Leia en sentant les craintes de son mari.

— Parfait ! Mon beau-frère et ma femme conspirent dans mon dos.

— Han, reprit Luke, nous n'avons pas conspiré. Je ne veux que du bien à ton fils.

Han hésitait s'il devait contenir sa colère, ou la déverser sur son beau-frère. Il avait l'impression que Luke n'attendait que ça.

— Toi... Sors de chez moi, tu n'es plus le bienvenu !

— Han, tu vas trop loin ! lança Leia.

Pourquoi ne le soutenait-elle pas ? Elle préférait prendre le parti de son frère... Si les choses en étaient là...

— Ah oui ? Excusez-moi, princesse ! Si c'est moi qui dérange, alors je m'en vais !

Luke tenta de l'interpeller, une fois qu'Han s'était retourné.

— Han, attends...

— Laisse-le Luke. Ca vaut mieux pour l'instant. Je lui parlerai, il reviendra à la raison.

— Très bien, fit-il avant de marquer un temps d'hésitation, avec tact, mais surtout pour ne pas paraître trop insistant. Je compte partir demain. Je repasserai à l'aube pour venir le chercher, en espérant que tout se passe bien.

— Je l'espère aussi...

Luke prit sa sœur dans les bras, et ils se quittèrent jusqu'au lendemain. Luke savait pertinemment ce qu'il demandait à sa sœur. Même animé d'idéaux plus justes et concrets que ses prédécesseurs Jedi, il n'en demeurait pas moins qu'il répétait les mêmes actions. Arracher un enfant à son foyer, à sa famille. Il ne voulait pas forcer sa sœur et son beau-frère de cette manière. Anakin allait tout de même demeurer avec sa famille, d'une certaine manière. Il était son oncle, et Alana était sa cousine. Mais Luke savait que c'était nécessaire dès l'instant où il avait ressenti le potentiel du jeune garçon. Tout comme Alana avait ce potentiel, Anakin était destiné à un parcours exceptionnel, il en était convaincu. De telles manifestations dans la Force ne pouvaient être éludées. Il n'était plus question d'avoir des états d'âmes à présent. Il avait fait son choix, et agir ainsi allait dans ce sens.


*****


Il s'agissait de la dernière fois que Luke et Han s'étaient adressé la parole. Autrefois grands amis, s'estimant comme des frères, la décision d'envoyer son fils suivre la voie des Jedi, et être d'élevé par son oncle, provoqua un schisme fatal entre les deux hommes. Leia vivait à l'époque une grossesse plus difficile que la première. Elle fût très affectée par cette affaire et les tensions qui suivirent avec son mari. Après des complications répétées, elle finit par perdre son bébé, à deux mois du terme de la grossesse.

L'accumulation de ces différents facteurs de stress avait probablement pesés. Le plus difficile pour elle avait été de devoir aller au terme de sa grossesse, et de donner naissance à un enfant décédé. Personne ne connaitrait jamais véritablement la cause de la perte de son enfant, Leia ayant refusé une possible autopsie. Si certitude il y avait eu, elle n'aurait rien fait d'autre qu'empirer les choses. Sans compter qu'à cette époque, et encore aujourd'hui même, elle préférait ne pas savoir. Leia n'avait jamais été du genre à demeurer dans le déni. Mais certaines choses devaient rester inconnues, même pour elle. Ce tragique évènement avait profondément marqué le couple. A l'époque, Leia tendait à se relever, car elle n'était pas du genre à dépérir. Ce n'était pas sa première tragédie, et ce n'était surtout pas dans son caractère.

Son mari avait réagit bien différemment. Il n'avait pas géré ses émotions de la même manière. Luke était responsable. Tout était de sa faute. S'il ne s'était jamais immiscé dans leur couple, tout ceci ne serait jamais arrivé. Mais Leia refusait de rejeter toute la responsabilité sur son frère. Han eut alors la seule réaction possible. Une attitude trop profondément ancrée en lui, même s'il avait fuit cette vie. Il avait choisi la fuite. Néanmoins, il tenait toujours Luke pour principal responsable de la perte de son enfant, encore aujourd'hui. Ce récit que Leia avait raconté aux jeunes Jedi avait eu l'effet d'une bombe, décuplée une fois arrivée devant la stèle de Ben Solo.

— Pourquoi..., demanda Anakin en se tournant vers sa mère. Pourquoi maman ? Pourquoi me l'avoir caché ?

Leia prit une large inspiration avant de lui répondre. Il avait été en droit de savoir, c'était vrai. Mais c'était dans le même temps bien plus complexe que cela...

— On n'en est pas fiers, admit-elle la voix empruntée. Crois-moi mon chéri, fit-elle en reniflant, essuyant les larmes qui coulaient encore sur ses joues. On ne savait pas quoi faire. Tu étais loin... Ton père était parti, et j'étais seule.

— Mais pourquoi jusqu'à aujourd'hui ?

— Quand ton père est revenu, des années plus tard, il était mal en point. On n'était pas prêt non plus pour te l'annoncer. Et on a enfin cru trouver le bon moment, quand tu es venu il y a cinq ans, mais...

— Mais les retrouvailles avec papa se sont mal passées, se rappela le jeune homme.

Il se souvenait encore de ce repas ayant dégénéré, où il avait du être séparé pour éviter une confrontation avec son père. Anakin n'était pas plus fier qu'à l'époque de l'image qu'il avait alors véhiculée. Alana était présente, assistant à tout ceci elle aussi. Plus jeune que lui, cela avait beaucoup affecté l'adolescente qu'elle était à l'époque. Anakin se sentait coupable de cela. Et que, même si la présence de son père était douloureuse, en venir aux mains n'était pas digne de l'image qu'il avait de lui-même.

—Et vous avez changé d'avis, poursuivit-il, sa mère acquiesçant en silence. Mais évidemment qu'elles se sont mal passées ! Comment aurait-il pu en être autrement, avec la version que j'avais de l'histoire... Les choses se seraient passées différemment avec papa si j'avais su la vérité ! J'ai vécu dans le mensonge, à cause de vous tous...

— Ani, calme-toi s'il te plaît, lui demanda Alana, alors qu'elle avait observé une retenue respectueuse, même si elle aussi était touchée par cette nouvelle. Essaye de comprendre ta mère...

— Je devrais me montrer compréhensif, par-dessus tout ça ?

La jeune femme avait observé une retenue respectueuse, même si elle aussi était touchée par cette nouvelle. Mais elle ne pouvait laisser sa tante assumer le blâme. Elle avait compris qu'une situation de ce genre impliquait de multiples responsabilités.

— Je ne te demande pas d'accepter sans rien dire, mais ne t'emporte pas ainsi à chaud. Essaye de comprendre ce qui à poussé tes parents à agir ainsi. Tu pourras ensuite leur en vouloir, si c'est réellement ce que tu souhaites.

Elle avait parfaitement raison, et il le savait. Diable pourquoi fallait-il qu'elle ait toujours raison... Mais ce n'était pas ça qui allait l'aider. La modération et la retenue était peut-être des choses saines, mais il s'agissait de tout sauf de ce qu'il voulait faire à cet instant.

— Facile à dire... Qu'est ce que tu ferais à ma place ? Si c'était ton père ? fit-il avant de venir à d'autres conclusions en évoquant Luke. Et ton père... Il savait ? J'suis sûr qu'il savait...

— Oui, il savait, répondit Leia. Mais on lui a ordonné de ne rien dire, que c'était à nous de le faire. Il était contre, mais il a fini par se plier à notre volonté.

La nuance que sa mère tentait d'apporter ne changeait rien au problème.

— Donc il savait, et il n'a rien fait. Ca ne vaut pas mieux...

— Ani, je comprends que tu te sentes blessé, lança Alana en abandonnant son ton conciliant. Mais à présent tu cherches juste quelqu'un à blâmer ! Ne t'en prend pas à mon père en plus...

— Évidemment, tu vas le défendre, déclara-t-il avant de lâcher un reniflement amusé. C'est logique après tout. Il a toujours été là, et fait ce qu'il fallait pour sa fille. En fait, peut-être que j'aurai moi aussi dû perdre ma mère pour que mon père soit à la hauteur...

— Anakin, ça suffit ! lui intima sa mère d'un ton ferme retrouvé.

Lorsque le jeune Jedi vit l'expression affichée sur le visage de sa mère, il comprit immédiatement qu'il avait été trop loin. Il tourna son regard vers Alana, d'un air désolé, et retrouva toute sa lucidité. Elle aussi était marquée par la situation. C'était toujours la même chose... Cette frustration lors de pareils instants, obscurcissant toujours son jugement. Il ne faisait jamais rien comme il le fallait. Mais celle-ci ne sembla pas prête à lui accorder sa clémence. Ce n'est pas souvent qu'il voyait sa cousine le visage aussi dur. La jeune femme tentait simplement de masquer sa peine. Il venait de la blesser, mais elle ne parvenait pas à lui en vouloir. C'était toujours ainsi. Elle était consciente qu'il vivait extrêmement mal les choses. Alors elle préférait ne pas lui dire qu'il la blessait, pour ne pas l'accabler. Mais cette fois, c'était une tâche bien plus difficile...

— Alana, excuse-moi, je suis dé-

— On en reparlera une autre fois, fit-elle d'un ton peu convainquant, troublé. Tu as d'autres choses à régler, dit-elle en désignant d'un signe de la tête la silhouette qui s'approchait.

— Je tombe mal on dirait... déclara Han Solo.

— Ah tu es là, mon chéri.

Une fois réunit, Leia et Han s'embrassèrent et se prirent dans les bras.

— C'est... compliqué, comme tu le vois.

— Je vais lui parler, répondit-il tout en voyant Alana s'approcher à pas mesurés. Alana, c'est bien toi ? Qu'est ce que tu as changé ! Ca fait quoi, cinq ans ? fit-il en prenant la jeune femme dans ses bras. Tu es vraiment superbe, lui dit-il ensuite, parvenant à lui arracher un petit sourire gêné. Ecoute, on aura du temps pour parler plus tard. Pour l'instant, j'aimerais que tu ailles m'attendre à l'entrée avec ta tante, le temps que je parle à ton cousin, d'accord ?

— Bien sûr tonton Han.

La joie qu'elle éprouvait à l'idée de le revoir avait réussit à atténuer sa peine, au moins pour l'instant. Elle commençait à se diriger vers Leia pour aller se mettre à l'écart, et laisser les deux hommes dire ce qu'ils avaient à se dire. Ils avaient des choses à rattraper, et à régler.

— Tonton Han ? lui demanda-t-elle en se retournant sur le point de partir. Tu es venu... seul ?

— Non, répondit-il en souriant, comprenant ce à quoi elle faisait allusion, même après tant d'années passées sans la voir. Chewie est resté à l'écart. Il sera content de te revoir aussi.

Ce n'était pas grand-chose, mais cela avait suffit à lui remonter le moral. Les deux hommes restaient chacun là où ils se trouvaient, patientant le temps que les deux femmes s'éloignent avant de commencer. Han brisa la glace le premier. C'était pour cela qu'il était venu. Il s'était préparé au retour de son fils, dans l'hypothèse qu'il accepte de le revoir. Les choses s'étaient précipitées, et Han ne serait malheureusement pas préparé à gérer cet afflux de vérités qui avait assaillit son fils.

— Je suis content de te revoir, fiston. Tu as changé, tu es devenu un homme à présent.

— T'as pas trouvé mieux comme approche ? répondit-il d'un ton cassant, à dessein. Toi en revanche, t'as salement vieilli...

— C'est normal, je suis vieux, dit-il avant de marquer une courte pause. Cinq années passées sans te voir, et...

— A qui la faute ?! commença-t-il à s'emporter.

Ça en revanche, ça n'a pas changé...

— Ecoute, fiston... Les choses sont plus compliquées qu-

— Je sais déjà tout ce qui s'est passé, maman m'a tout raconté, l'interrompit-il de nouveau.

— Je suis désolé.

— Oh y'a d'quoi ! J'aurai préféré savoir tout, tout de suite. Ou alors ne jamais savoir...

Plus qu'un simple caprice ou une colère excessive, Anakin avait des raisons légitimes d'agir comme il le faisait actuellement. Han en était parfaitement conscient.

— On n'a pas géré comme il le fallait, ta mère et moi. On le sait. Pour toi comme pour nous. J'en suis en grande partie responsable. Tu as toutes les raisons de m'en vouloir, et je ne t'en blâme pas. Mais si tu es là, à me parler, c'est que tu dois avoir des choses à me dire. Et si je suis là, c'est parce que j'ai envie de les entendre. C'est le moment, fiston.

Après avoir laissé traîner son regard sur le sol, Anakin laissa ses pensées se formuler. Il s'était efforcé à ne pas reconduire la même erreur qu'avec Alana l'instant d'avant. Il se sentait suffisamment coupable pour laisser son père s'exprimer, malgré tout le ressenti qui l'habitait.

— Pourquoi ne m'avoir rien dit ? Pourquoi avoir été contre mon départ à ce point ? Comment t'as pu partir en laissant maman seule ? Et pourquoi avoir continué à tout me cacher ?

— Ca fait beaucoup de questions...

— Et ce sont des réponses que je cherche, pas une autre de tes pirouettes.

Il ne s'agissait pas réellement de pirouettes, mais Han ne gagnerait rien à le lui signifier. Il devait concéder beaucoup de terrain à son fils, même si cela le mettait en mauvaise posture. Car l'enjeu en valait la peine. Retrouver son fils...

— Je pense que ta mère t'a expliqué pourquoi on te l'a caché. C'est elle qui a du prendre la décision, et à cause de moi. Parce que... Parce que je n'ai pas supporté... de perdre un deuxième fils.

— Tu crois que t'étais le seul ?! Maman aussi a dû traverser ça, et toute seule à cause de toi !

— Je le sais, fiston, fit-il d'un ton toujours aussi éprouvé. Je le sais maintenant. Je crois que je le savais, même à l'époque. Mais je n'ai pas eu la force de faire face. J'ai préférer la fuite... Je n'avais pas changé autant que je le croyais. Je suis retourné à ce que je savais faire le mieux.

— La contrebande...

— Oui. Mais même ça, j'avais perdu la main. Je n'étais plus moi-même. Je n'ai pas supporté l'échec, je suis tombé dans certains... travers.

— Alcool et dettes, lâcha Anakin qui, même sans l'avoir jamais apprit, avait bien élaboré ses hypothèses de son côté. Du coup t'as fui jusqu'à Kashyyyk, pensant que ton vieux pote allait t'aider à te refaire. Sauf que lui, par chance, il avait toujours la tête sur les épaules, et il t'a ramené ici.

Han ne cherchait même pas à interrompre son fils pour corriger ou expliquer. Il venait de dresser un tableau inexact, car il ignorait des choses dont Han se souvenait toujours bien malgré lui.

— Je connais la suite, papa, poursuivit-il. Parce que je l'ai vécu cette partie de l'histoire. Heureusement que t'étais devenu un incapable, sinon tu serais jamais rentré.

Faire face à son fils était aussi difficile qu'il se l'était imaginé. Il était dur, mais c'était légitime.

— Je n'en suis pas fier... J'ai beaucoup de regrets, et je dois vivre avec. C'est difficile, mais je fais de mon mieux, chaque jour. Certains sont plus durs que d'autres, mais heureusement que j'ai ta mère et Chewie.

— T'as de la chance qu'elle t'ait reprit, après l'avoir abandonnée. Elle aurait bien pu te laisser.

— Je sais que j'ai encore des raisons de m'estimer heureux, fiston.

Anakin baissa les yeux au sol un court instant avant de reprendre. C'était bien plus facile qu'il y a cinq ans. Peut-être qu'il était moins en colère, encore que, avec ce qu'il venait d'apprendre... Ou que le comportement de son père était plus propice à la situation. Si jamais Anakin s'emportait, il deviendrait le responsable... Mais quelle importance après tout ?

— Je pourrais peut-être te pardonner de m'avoir caché la vérité sur Ben, avec le temps. Mais pas pour ce que tu as fait à maman. Tu parles qu'on t'a enlevé ta famille quand je suis parti, mais t'as fait pire. T'as abandonné la tienne !

— Je ne suis pas ici pour demander ton pardon fiston. Je sais que je ne suis pas en position de le faire. Je te demande seulement de comprendre, et de ne pas accabler ta mère avec tout ça.

— Et c'est toi qui te permets de demander de n'pas l'accabler ?

— Oui. Je suis justement bien placé pour le faire. Je te le répète, j'ai fait ma part d'erreur. A présent, je fais tout mon possible pour soutenir ta mère. Je te le demande pour elle, mais aussi pour toi.

— Sauf que ça va dans ton sens aussi, hein...

Han soupira. Il faisait son possible, mais le mieux dont il était capable ne suffisait pas... Il n'était pas fait pour ce genre de déclaration. Mais c'était nécessaire. Il devait subir tout cela pour ses erreurs du passé. Mais cela ne fonctionnait pas comme il l'espérait. Il fit alors le choix de sortir le dernier atout dans sa manche. Il avait espéré lui déclarer cela dans de meilleures circonstances, pour qu'il puisse réellement l'entendre. Anakin ne semblait pas entièrement disposé à l'écouter, mais Han ne savait plus quoi faire d'autre.

— Un jour, j'espère que tu comprendras, fiston, commença-t-il sincèrement. Que soutenir quelqu'un, faire des concessions, mettre de côté ce que tu es pour ceux que tu aimes, vaudra toujours le prix à payer. Même si le coût signifie rendre service à quelqu'un que tu n'apprécies pas. C'est une leçon que j'ai apprise, de la plus dure des manières.

C'était une véritable perle de sagesse que venait de lui offrir son père. Elle avait suffisamment de valeur pour l'avoir touché, plus qu'il ne l'aurait pensé. L'absence d'Han durant son enfance et sa formation, ainsi que la façon dont s'étaient passées leurs retrouvailles, avaient creusé un fossé entre les deux hommes. Anakin pensait qu'il allait s'accroitre, avec les récents éclaircissements sur le passé. Mais sur ces derniers mots, il semblait qu'un contact avait été établi. Les cordes ténues de la passion faisant vibrer des liens oubliés, fébriles, mais toujours présents.

— Si tu ne dis plus rien, c'est parce que j'ai suffisamment répondu à tes interrogations ?

Il en avait toujours une malgré tout. Une question qui l'habitait, depuis que sa mère lui avait expliqué la volonté de son père lorsque Luke était venu le chercher. Il avait envie de connaître la réponse, mais avant il avait préféré l'accabler. Désormais, ce désir d'obtenir cette réponse importait tout autant, voir plus.

— Mais pourquoi tu ne voulais pas que je parte ? demanda-t-il d'un ton plus apaisé.

— Un père veut ce qu'il estime être le mieux pour son fils, répondit-il naturellement. Pour moi, le mieux était que tu grandisses avec tes parents, et que tu décides toi-même de ta vie. Pas cette Force, ou je ne sais quel destin. Je voulais que tu aspires à devenir ce que toi tu aurais décidé.

— Mais j'étais sensible à la Force, et...

— Oublie ça un instant, tu veux. Ta mère aussi l'était, et ça ne l'a pas empêché de vivre une vie loin des Jedi, et sans causer de problèmes pendant longtemps.

— Tu marques un point, admit-il. Donc..., fit-il, hésitant. C'est revenu comme avant... entre toi et maman ?

Si seulement une telle chose était envisageable...

— Mon fils, je crois que rien ne sera jamais plus comme avant. Mais on fait de notre mieux pour s'entraider, et se soutenir.

— Mais malgré tout ça, pourquoi me l'avoir caché quand tu étais revenu ?

— On a essayé de te le dire, ta mère et moi. Mais on a jugé qu'il était trop tard, vu ta réaction quand tu t'es retrouvé face à moi. Nous étions résolus à ne jamais en parler, et nous avions probablement tort.

— Il aurait fallu que je sois gentil et respectueux, ne connaissant qu'une partie de l'histoire ? Remettre tout ça sur moi ?

— Je n'ai jamais dit ça, fiston. Le mal a été fait bien avant. Ton oncle et moi sommes tous deux responsables.

Ton oncle et moi ? Qu'est-ce que cela signifiait ?

— Tu tiens toujours Luke pour responsable ? s'étonna le jeune Jedi.

— Je pense toujours que les choses se seraient passées différemment, et en mieux, pour tout le monde, si Luke avait respecté mon souhait.

— Mais... et maman ?

Le jeune Jedi commençait à être de plus en plus réceptif au discours de son père, malgré sa résolution du début. Il ne s'en rendait même plus compte.

— Luke savait ce qu'il faisait, en allant parler à ta mère dans mon dos avant moi. Cette décision ne lui appartenait pas, peu importe ses Jedi ou sa Force.

Les derniers mots de son père réussirent à arracher un petit rire à son fils. Han réussit à dissimuler son amusement. Apparemment, même en étant séparés l'un de l'autre, ils avaient un ressenti général plutôt proche à l'égard de Luke. Anakin était certes son élève, mais leur relation n'était pas toujours cordiale. C'était pour cela qu'il s'était davantage lié à Ahsoka.

— Ca lui plairait d'entendre ça...

— Oh il sait bien ce que je pense.

— Je serais curieux de voir ce que ça donnerais de vous revoir.


*****


Les deux femmes avaient laissé père et fils s'expliquer, espérant un dénouement positif. Dans tous les cas, cette confrontation devait avoir lieu. Elles espéraient toutes deux que ce simple fait les pousseraient à se modérer. En attendant, elles se dirigèrent vers l'entrée. Elles furent accueillies par un géant, un géant à poil longs.

— Chewbacca ! s'exclama Alana comme une enfant.

Le wookie se retourna, et attendit que la jeune femme s'approche, se lançant pareille à une adolescente. Il eut le loisir de constater à quel point elle avait changée depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Il la prit dans une étreinte énergique, accompagnée d'un grognement enjoué, la soulevant du sol comme s'il s'agissait toujours d'une enfant. Une fois la jeune Jedi reposée au sol, il enlaça Leia à son tour. Il se montra bien plus précautionneux cette fois, veillant à se montrer moins brusque.

— Je suis contente de te revoir, Chewie.

Le wookie lui offrait plusieurs rugissements en guise de réponse. Alana eu un petit rire en entendant ces sons qui lui avaient manqués.

— Merci, c'est gentil ! Toi aussi tu as l'air d'avoir bonne mine, répondit-elle naturellement, Leia et le wookie échangeant un regard intrigué avant de reporter leur attention sur la jeune Jedi. Ah oui, comprit-elle en voyant leurs regards. J'ai appris le Shyriiwook sur New Alderaan. Enfin, j'ai appris à le comprendre.

— Comment as-tu fais ? lui demanda Leia.

— Avec 3-PO ! Je pensais bien que j'allais revoir Chewie un jour. Du coup, j'ai demandé à C3-PO de m'apprendre les bases, et de le comprendre ! La Force à fait le reste, résuma-t-elle.

Leia oubliait parfois à quel point Alana était talentueuse. Elle était bien au fait des doutes qui la traversaient, de son don pour la Force et ses capacités intellectuelles. Mais qu'elle parvienne à ce point à acquérir toujours plus de connaissances, et ce avec cette facilité...

— Eh bien, tu es pleine de surprise, jeune fille. Et comment va-t-il, notre bon vieux C3-PO ?

— Oh il va très bien ! Il prend son rôle d'intendant très au sérieux. Et puis tant qu'il est avec R2, tu sais...

— Oh oui, je sais. A l'époque, quand il était toujours avec moi ici, R2 lui manquait plus qu'il ne l'aurait jamais admis. C'est tout aussi bien qu'il soit un traducteur maladroit, il est mieux là où il est maintenant.

— Oui d'ailleurs, il me faudrait la version complète de l'histoire des négociations avec les représentants Dowutins qui ont mal tourné. Il évite assez sagement le sujet.

— Oh c'était assez cocasse, en effet, fit Leia en se souvenant de cette échauffourée dans son bureau.

Chewbacca pencha son regard inquiet vers Leia, qui comprit ce qui motivait l'inquiétude du wookie. Il était bien au fait des doutes et de l'anxiété qui habitait son ami, face à la perspective des explications avec son fils.

— Oui, nous les avons laissés seuls pour discuter.

Leia laissa sa nièce se retrouver avec Chewbacca. S'approchant de l'entrée du parc, elle désirait parler à l'agent Jerre, qui patientait toujours près de la navette. Il se redressa et abandonna son attitude de détente lorsqu'il la vit approcher.

— Vous avez bientôt terminé, Madame la sénatrice ?

— Crail, vous savez qu'en en dehors des affaires officielles, vous n'êtes pas obligé de m'appeler ainsi.

— Je le sais, Madame. Prévenez-moi lorsque vous serez prêts à partir.

Leia appréciait sa façon de faire. Sans compter qu'elle le connaissait trop bien. Elle savait parfaitement ce qu'il éprouvait, à l'instant.

— Vous n'approuvez pas, je me trompe ?

— Je vous demande pardon ?

— Ce que nous sommes en train de faire, précisa-t-elle. Selon vous, nous gaspillons le précieux temps du Sénat pour régler des affaires personnelles, qui auraient pu être réglées ultérieurement.

Jamais Crail ne se serait permis d'émettre pareil commentaire, surtout pas en ces termes.

— Je n'ai jamais fait allusion à d-

— Je le vois à votre regard, l'interrompit-elle. Et je vous connais, Crail, fit-elle, avant de reprendre sans que la réponse de l'agent Jerre ne vienne. Vous pouvez parler librement vous savez.

— Eh bien...

Crail hésitait. Le plus souvent, il préférait conserver sa vision pour lui. Il n'était pas entré à l'académie, avait suivi le cursus des opérations spéciales, sorti major de sa promotion et choisissant cette affection pour décider à la place de ses supérieurs. Cela lui arrivait d'avoir des réserves, mais il était de ces hommes pour lesquels une chaîne de commandement avait son importance. Mais c'était également parce qu'il savait qu'exposer ses opinions personnelles donnait rarement lieu à un débat cordial, avec la plupart des gens. Mais il en était conscient, Leia n'entrait pas dans cette catégorie.

—J'estime en effet que, quelles que soient les raisons qui nous ont amenées ici, elles auraient été les mêmes plus tard. Si le Sénat nous a demandé de venir immédiatement, il y a des raisons. Et vous savez aussi bien que moi qu'ils n'aiment pas attendre.

— Exactement ce qu'on lit sur votre visage, fit-elle d'un air amical, arrachant un petit rire en coin à Crail. Le Sénat a au moins une chose dont il peut se féliciter. Celle d'avoir loyauté sans faille de la part de quelqu'un de votre trempe.

— Merci, Madame la sénatrice.

Ils s'interrompirent tous lorsqu'ils virent Han et Anakin revenir. Les deux hommes marchaient à la même hauteur, ce qui fut interprété comme un bon signe. Ils arrivèrent en premier à la hauteur d'Alana et de Chewbacca. Le wookie s'approcha naturellement du jeune Jedi.

— Salut Chewbacca, lui dit-il d'un ton détaché peu convainquant. Nan, je pense que ça ira j-, fit-il avant d'être interrompu par le wookie, qui le souleva dans une étreinte similaire à celle d'Alana. Ouh... Bon très bien... Moi aussi je suis content de te revoir Chewie, fit-il sans réussir à cacher sa joie.

Le wookie reposa Anakin au sol, qui lui donna une tape amicale sur l'épaule. Il jeta un regard en direction d'Han, qui croisa son regard. Ce dernier lui envoya un signe de tête à peine perceptible, accompagné d'un regard que le wookie comprit instinctivement. Il lui rendit son signe de tête, les deux amis heureux et soulagés de la tournure des évènements. Leia commençait à se rapprocher, et compris que le résultat était positif avant même de croiser le regard de son mari, qui lui confirma son intuition. De son côté, Anakin voulu s'avancer et croiser le regard de sa cousine. Mais Alana regardait dans une autre direction délibérément. Il profita que son père et Chewbacca se tournèrent en direction de Leia qui approchait, pour essayer d'engager la conversation.

— Alana, parle-moi s'il te plaît.

— Tout s'est bien passé ? lui demanda-t-elle d'un ton faussement désintéressé.

— Je... Oui je crois...

La manière dont elle l'avait vu arriver en disait suffisamment long. Elle était heureuse pour lui que cela se soit déroulé de cette manière. Mais elle ne pouvait se résoudre à oublier ce qui venait de se passer.

— Bien. On ferait mieux de se mettre en route.

— Attends !

Il se plaça devant elle pour l'interrompre. Elle en avait l'habitude. C'était rare, mais ce n'était pas la première fois qu'il se montrait excessif. Et d'ordinaire, il savait toujours comment se faire pardonner auprès de la jeune femme. Mais cette fois, c'était différent. Peut-être était-ce toutes ces révélations qui l'avaient ébranlé. Ou l'arrivée sur cette planète étrange. Ou bien encore le fait de perdre le contrôle des évènements. Quoiqu'il en soit, elle n'était pas disposée à discuter comme si de rien n'était. Mais elle ne voulait pas se montrer médisante pour autant.

— Je ne suis pas d'humeur à discuter... Mais... Je suis tout de même contente pour toi.

Et la jeune femme rejoignit les autres, jusqu'à les dépasser pour atteindre la navette. Anakin fut contraint de se contenter de cela pour le moment. Han et Chewbacca regardèrent Alana les dépasser. Ils se tournèrent ensuite vers Anakin, qui évita leur regard, puis cherchèrent une explication chez Leia.

— Des choses à régler, dit-elle simplement. Ils sont jeunes, ça passera.

Ils se contentèrent de cette courte explication, et tout le monde avança jusqu'à la sortie. Ils étaient tombés d'accord sur la répartition dans les navettes. Anakin, préférant laisser de l'espace à Alana, monta avec son père et Chewbacca dans le speeder avec lequel ils étaient venus. Alana se joignit à Leia, et montèrent toutes les deux dans la navette de Crail. Ils décollèrent tous du sol, la navette d'Han se greffant au cortège, en direction du centre du Sénat de la Nouvelle République, où ils étaient attendus.


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