Chapitre 2

La navette s'approcha de la nouvelle plateforme d'atterrissage, somme toute classique, formée d'un large cercle, suffisamment imposant pour accueillir différents types de vaisseaux. Le tout était maintenu par une rampe descendant vers plusieurs plaques, formant une aire de réception de passagers, conduisant ensuite vers différents immeubles, parkings et transports rapides L'image qui s'offrait aux deux jeunes Jedi quant à elle, était bien loin de leurs attentes initiales. En lieu et place d'une plateforme reculée, loin de l'agitation générale, ils purent observer une plateforme bondée. Constituée d'une foule compacte, entassée derrière des barrières approximatives, visiteurs venus admirer le spectacle, admirant les nouvelles bêtes de foire venues de contrées exotiques.

La foule se divisait en deux principaux groupes. On pouvait aisément les distinguer l'un de l'autre ; d'un coté, des membres de ce qu'on appelait maintenant plus simplement les médias. Mélange hétérogène d'envoyés spéciaux, d'influenceurs de tous horizons, et ce qu'on pouvait encore considérer comme des journalistes. Leur présence et leur accréditation avait certainement été obtenue en contrepartie de certains privilèges. Tous voulaient à tout prix couvrir un évènement qui faisait date depuis l'instauration de la Nouvelle République. L'autre groupe était plus délicat à conceptualiser, impossible d'en dégager une appartenance à une corporation ou une autre. On pouvait néanmoins affirmer qu'ils étaient du même groupe. Un ersatz de secte, de par leur accoutrement ; ils portaient tous des tenues amples et larges, pouvant presque rappeler les vestiges de certaines des anciennes tenues traditionnelles Jedi. Mais chose notable, ils avaient tous le crâne rasé.

Le peu de forces de l'ordre présentes arrivaient tout de même à contrôler cette foule. Du moins jusqu'à l'arrivée de la navette.

— Qu'est ce que c'est que ça ? dit Anakin, interloqué. On ne va pas atterrir là quand même ?

— Ben si mon gars, répondit le rodien. J'ai r'çu mes ordres moi, j'vais où on m'dit d'aller.

— Vous vous foutez d'moi ?! s'emporta le jeune homme. Pas question d-

— Un peu de calme Anakin, s'il te plaît, fit Alana en levant sa main vers Anakin en guise d'apaisement, avant de se tourner vers le pilote. Monsieur, comprenez bien notre étonnement. Nous étions sensés atterrir loin de l'agitation générale, la sénatrice Organa nous l'avait assuré. Il me semble qu'il y ait eu une erreur.

— Ben désolé ma p'tite dame, mais vos plans ont changé. C'est justement sur un ordre v'nant d'un attaché au Sénat qu'on m'a ordonné d'vous réorienter ici. Donc vous verrez ça avec vos amis du Sénat, mais ils semblent plutôt au courant.

— Je suppose qu'on n'a pas le choix. Anakin, s'il te plait, fait abstraction de tout cela, et tentons de faire bonne impression.

— Comme tu veux, fit-il toujours tendu. Mais j'ai la sale impression qu'on nous a tendu une embuscade.

La navette se posa sur la plateforme d'atterrissage, sous l'attention de l'impatient public réunit. La rampe se déplia, et les deux jeunes Jedi en sortirent, Alana prenant la tête suivie par Anakin. Ils ne savaient que trop où donner de la tête, ne distinguant que certains mots parmi le brouhaha de la foule. Et encore plus de visages inconnus, les journalistes cherchant à les interpeller par des « envoyés Jedi, envoyés Jedi », jouant à celui qui criera le plus fort et le plus de fois possible, ajouté à des remerciements et des acclamations. Il devait s'agir de ce qui les attendait tôt ou tard, d'une manière ou de l'autre. Mais ce n'était pas prévu pour tout de suite bon sang.

Un homme, dont la tenue dénotait avec le côté strict/classe/business des uns, et un simplisme de dévotion de l'autre groupe, traversa difficilement la foule pour aller à leur rencontre. Très légèrement plus petit qu'Anakin, il avait lui aussi une certaine stature et un physique athlétique. Sa tenue pouvait rappeler le style vestimentaire porté par Han Solo, très prisé des contrebandiers humains, mais la comparaison s'arrêtait là. Sa mâchoire était dissimulée par une barbe assez fournie, rendant difficile l'estimation de son âge. Il marchait d'un pas régulier et strict, témoignage d'un homme plus à l'aise en opération qu'au sein de la vie civile. Certaines habitudes restaient.

— Bonjour maîtres Jedi, commença l'homme. Agent spécial Jerre, attaché au Sénat. Je suis chargé de vous accompagner jusqu'à la résidence de la sénatrice Organa. Les circonstances ont évolué, Madame la sénatrice vous expliquera tout lorsque vous la rencontrerez.

Les deux jeunes Jedi ne s'attendaient en rien à ce qui était en train de se produire. Ils ne pouvaient que croire cet homme sur parole. Anakin était agacé, mais cet agent semblait savoir ce qu'il faisait, d'une certaine manière. Tout du moins dégageait-il une impression de maîtrise. Alana ne percevait elle aussi rien d'autre que de la sincérité à son encontre. Il ne semblait pas particulièrement heureux de se trouver ici lui aussi, même s'il conservait une pointe d'apaisement lorsqu'il la regardait.

— Très bien agent Jerre, répondit Alana toujours gênée par l'agitation générale. Mais nous n'avons pas encore atteint le rang de maîtres.

— Alors c'est à vous qu'on doit cette mascarade ? se permit d'envoyer Anakin sans commenter le reste.

— Je ne fais que suivre les ordres, répondit-il d'un ton neutre. On m'a ordonné de vous inviter à faire une annonce aux médias, et de répondre à quelques unes de leurs questions.

La première impression plutôt correcte qu'il avait eue venait de s'envoler en éclat. L'agacement d'Anakin reprit bien rapidement le dessus.

— Encore un qui fait que suivre les ordres, ajouta le jeune Jedi, dans un murmure suffisamment audible destiné à son interlocuteur.

— Ce n'était pas ce qu'on nous avait dit, répondit Alana en jetant un début de regard réprobateur à Anakin.

— Les choses sont compliquées, déclara-t-il. Vous aurez des éclaircissements bien assez tôt, je peux vous l'assurer. Les choses ne me plaisent pas à moi non plus, fit-il en incitant les Jedi à les suivre en pivotant dans un geste d'invitation. Si vous voulez bien.

Malgré tout ce qui se passait, cet agent incitait véritablement à la confiance.

— Très bien, nous vous suivons, conclu Alana.

Ils avancèrent tous les trois jusqu'à s'arrêter à une distance raisonnable des barrières de sécurité. Ce fût l'agent Jerre qui prit la parole en premier.

— Mesdames, Messieurs, bonjour. Merci d'être venus nombreux pour assister à cet évènement. Malheureusement, les envoyés Jedi ont beaucoup à faire.

Il semblait qu'il ne s'agissait pas de la première fois qu'il s'adonnait à ce genre d'exercice. Il n'aimait pas cela selon ses dires. Mais on pouvait facilement en douter, étant donné l'aisance dont il faisait preuve, s'exprimant naturellement et d'une voix suffisamment intelligible.

— Ils vont prendre la parole pour vous dire quelques mots, poursuivit-il. Vous pourrez ensuite leur poser quelques questions, et nous devrons ensuite nous mettre en route.

Il se retourna en direction des jeunes Jedi, leur faisant un discret signe indiquant que c'était à leur tour d'entrer en scène. C'était le moment, celui pour lequel ils s'étaient tous deux préparés pendant si longtemps, et qu'ils avaient patienté. Ce retour attendu l'était manifestement... Peu enjouée, Alana s'avança la première.

— Bonjour à tous, commença-t-elle avec une voix légèrement empruntée. Merci de vous être déplacé pour nous rencontrer. Nous sommes très heureux de notre arrivée, et nous sommes impatients à l'idée de commencer à apporter notre contribution, fit-elle, gagnant en assurance à mesure qu'elle parlait. Nous avons apparemment le temps pour quelques questions, alors nous vous écoutons.

Elle avait parfaitement entamé l'échange. Anakin et l'agent Jerre en convenait. Mais la jeune femme n'était clairement pas prête pour ce qui allait suivre.

— Alana, dites nous quel effet cela vous fait d'arriver ici, que ressentez vous ? lança un des journalistes, un twi'lek à la peau bleue aussi vive que son costume.

Alana fronça les sourcils, étonnée d'une question aussi inutile, sachant qu'elle venait déjà d'y répondre. L'avaient-ils vraiment écouté ?

— Eh bien, comme je vous l'ai dit, nous sommes heureux, et surtout impatients de nous pencher sur la raison de notre présence.

— Alana, comptez-vous vous lancer dans un partenariat avec une agence de mannequinat en complément de votre poste de Jedi ? commença à demander une rodienne à la peau verte. Ou bien comptez-vous lancer votre propre marque en freelance, en personnalisant votre contenu vous-même ?

C'était l'une des dernières choses à laquelle elle pensait devoir répondre. Elle hésita un instant, surtout pour déterminer l'intention de la journaliste. Comment pouvait-elle poser une telle question à un Jedi ? Ils semblaient se trouver ici pour rien d'autre que soit les mettre en difficulté, soit leurs poser des questions aussi inutiles que peu pertinentes. Être Jedi était incarner quelque chose de fort, mais aucune de ces personnes ne semblaient l'assimiler, alors même qu'ils se laissaient tous ici. Ils ne réalisaient pas ce que cela impliquait. Alana se décida à reprendre lorsqu'elle comprit que la journaliste attendait sérieusement une réponse.

— Je ne sais pas... Sincèrement, je ne vois pas la pertinence avec notre présence ici, je...

— Je pense que ça peut vraiment intéresser nos auditeurs, la relança-t-elle.

— Eh bien non, je ne pense pas m'adonner à ce genre activités...

Plusieurs personnes parlèrent en même temps dans l'assemblée. Rien d'intéressant ne semblait se dégager dans ce méli-mélo de questions. Une voix d'homme s'éleva plus haut que les autres.

— Moi y'a bien une activité que j'voudrais faire avec toi !

Un fond sonore s'éleva, mêlant à la fois des rires graveleux et de l'indignation.

— Moi aussi ! T'inquiètes on f'ra ça doucement, t'en r'demandera...

La première intervention pouvait être sujette à interprétation, un simple malentendu, en prenant sur soi. Mais il n'y avait plus aucun doute pour Anakin. Ces types venaient véritablement d'envoyer de telles choses à sa cousine. Il allait leur montrer...

— Qui a dit ça ?! lança-t-il comme s'il avait bondi, alors qu'il se tenait déjà debout. Que celui qui a osé dire ça se montre s'il a du courage ! Qu'il assume !

Alana était terriblement gênée par tout ceci. Ce genre de commentaires étaient pour le moins ignobles. Elle se demandait comment ces types avaient été en mesure d'accéder à cet endroit. A peine arrivée ici, il fallait que ses craintes se matérialisent sans plus attendre. Mais la jeune femme devait prendre sur elle. Elle n'avait pas le choix. Elle se trouvait ici pour une raison supérieure à ses simples états d'âmes. Son père attendait beaucoup d'elle. Le peuple et la Galaxie également, sans le moindre doute. Alana avait un statut à assumer, à porter. Une image publique à véhiculer. Elle avait beau se répéter cela, il n'en demeurait pas moins que c'était difficile à encaisser. Et malheureusement, l'intervention de son cousin n'aidait pas. Il pensait bien faire, en cherchant à la défendre comme il le faisait. Elle appréciait l'intention, mais dans de telles dispositions, en public et devant autant de monde, elle se sentait presque humiliée...

— Ani laisse, ce n'est rien, lui assura-t-elle en posant une main apaisante sur le bras de son cousin.

— Je pense que ce sera tout, fit l'agent Jerre en cherchant à couper court. Les envoyés Jedi sont fatigués de leur voyage, et ont beaucoup à faire. Merci à tous d'être venus.

L'agent et ses collègues leur permirent de s'extraire rapidement. Ce baptême du feu était pour le moins étrange. Mais il leur avait permis de prendre la température. Visiblement, les médias avaient des priorités bien étranges, même concernant un sujet aussi sérieux qu'un retour si attendu. Alors que les trois jeunes gens commençaient à fendre la foule, dans le sillage laissé par les forces de sécurité, un journaliste réussit à les interpeller. Il semblait dégager un minimum de prestance et de sérieux, du moins davantage que ses confrères. Il les relança avec une dernière question.

— Compte tenu de votre lien de parenté avec la sénatrice Organa, quelle a été votre réaction suite à la tentative d'assassinat dont elle a été la cible la semaine passée ?

— Pardon ?! réagirent fortement les deux jeunes Jedi, quasiment à l'unisson.

— La sénatrice a été attaquée, et l-

— On avait été clair ! coupa fermement l'agent Jerre. Pas de questions là-dessus ! Allez circulez !

L'agent Jerre le repoussa brusquement, et les autres agents repoussèrent davantage le journaliste. Ils continuèrent à fendre la foule et la dépassèrent, jusqu'à arriver au niveau du parking, près de leur transport. Ils s'apprêtaient à grimper dans une navette, un airspeeder classe L-8. Dernier modèle de fabrication LandoMilitech, spécialement conçu et étudié pour différents types d'usages intra-planétaire, compact et robuste. Anakin stoppa la route des autres.

— On n'ira pas plus loin ! Pas tant qu'on n'aura pas plus d'informations sur ce que ce type a dit !

— Agent Jerre, ajouta Alana plus calmement. Je veux bien me montrer conciliante, mais trop de choses ont été dites.

Il avait reçu pour consigne de ne rien leur dévoiler. Mais cette jeune femme avait raison, trop en avait été dit. Enfin, cette envoyée Jedi avait raison. Il ne s'était pas attendu à ce que l'un d'entre eux soit une femme. Et certainement pas une... comme elle... L'autre en revanche, il s'y était attendu. Il avait déjà entendu parler du fils de la sénatrice. Il allait devoir établir un minimum de confiance avant d'aller plus loin.

— Très bien..., se résigna-t-il, balayant les environs du regard avant de prendre la parole. La semaine passée, la sénatrice Organa a été victime d'une effraction dans son appartement privé, alloué par le Sénat. Un homme est entré, a priori avec l'intention d'attenter à la vie de la sénatrice. Il a échoué, Madame la sénatrice sachant manifestement se protéger elle-même.

Anakin voulu intervenir, mais Alana le stoppa d'un geste, laissant le récit de l'agent se poursuivre.

— Elle va bien, mais elle a été placée en résidence sécurisée, le temps d'élucider ce mystère, poursuivit l'agent. C'est la raison pour laquelle votre protocole d'arrivée a été chamboulé. En revanche, la flopée de journalistes et les fanatiques de l'église ne devaient pas être là. Il a du y avoir une fuite au Sénat, rajouta-t-il plus pour lui-même, en pensant à haute voix.

Le ton de sa dernière phrase indiqua à Anakin qu'il était temps d'intervenir.

— Qui a décidé de la mettre à l'écart comme ça ? Emmenez nous la voir, immédiatement, intima le jeune Jedi.

— C'est ce qui est prévu, répondit-il calmement en ignorant le ton menaçant d'Anakin. En route.

Ils montèrent finalement tous dans le speeder. L'agent Jerre s'assied du coté passager, un autre agent ayant pris les commandes du speeder. Les deux Jedi s'installèrent sur les places à l'arrière. Ils étaient escortés par deux autres airspeeder identiques.

— Avez-vous des détails en plus à nous fournir ? demanda Anakin à l'agent, une fois le speeder dans les airs.

Je ne pensais pas que ce serait lui le plus curieux, songea l'agent Jerre. Enfin, curieux, c'est vite dit.

— Que voulez-vous savoir ?

— Tout. Qui est en charge de l'enquête, son avancement, qui sont les responsables.

— Le responsable et celui qui mène l'enquête, vous êtes en train de lui parler, envoyé Jedi, répondit-il. On ne sait rien du mobile du tueur pour l'instant. La version officielle étant actuellement que cet homme a agi seul. Mais un acte de ce genre me parait être forcément politique. On ne monte pas ce genre d'opération seul et sans soutien.

— Qu'est ce qui vous fait penser cela, agent Jerre ? demanda Alana.

— Le plan d'action, la façon dont il est mort. Tout cela entre autre chose, indique une préparation, donc pas un amateur. Et la proximité avec votre arrivé réduit l'hypothèse de la coïncidence.

Un homme mort sur le sol, à côté de lui se tient Leia.

L'image était en train de se rejouer dans la tête de la jeune Jedi, tandis qu'elle se rendait compte que cet agent était loin d'être un idiot.

— Donc vous n'avez rien, grommela Anakin.

— Je pense qu'il faudra que l'on s'y intéresse, suggéra Alana après avoir repris ses esprits, passant outre la remarque de son cousin. Malgré le niveau d'avancement de l'enquête, vous semblez avoir établi votre propre théorie. Celle-ci me parait avoir du sens, agent Jerre, fit-elle, marquant une courte pause avant de continuer. Vous n'avez pas de prénom ?

L'agent Jerre se retourna nerveusement, avant de reprendre place. Il hésita un court instant. Ça non plus, ce n'était pas prévu. Il devait simplement les escorter, et assurer leur sécurité jusqu'à nouvel ordre. Alors sympathiser, déjà ? Avec des Jedi en plus ?

— Euh, si... Crail. Je m'appelle Crail Jerre.

— Enchantée, Crail. Moi c'est Alana, Et le grognon de service, c'est Anakin. Je constate que notre méfiance n'est pas totalement justifiée, tout du moins pas à votre encontre. Cela valait mieux que nous nous présentions, plutôt que de rester sur « envoyés Jedi ».

L'apaisement qu'elle était capable de véhiculer était pour le moins surprenant. Sa voix mélodieuse renforçait cette impression. On avait envie de l'écouter parler, sans vouloir qu'elle ne s'interrompe. S'il s'était attendu à cela...

— Peut-être oui, répondit l'agent Jerre d'un ton peu convaincu. Il faut dire que votre dénomination officielle n'a pas encore été définie. Donc on fait comme on peut. C'est nouveau pour nous aussi tout ça.

— On reparlera de mon niveau de méfiance quand j'aurai vu ma mère, relança le jeune homme.

— Ne vous en faites pas pour mon cousin, ça lui passera, dit la jeune femme pour désamorcer la situation.

— Mais je ne m'en fait pas, répondit Crail d'un ton égal.

Un moment de silence passa. Chacun semblait regarder à travers sa vitre, plongé dans le paysage urbain, songeant à tout ce qui venait d'être dit. Anakin semblait compter les secondes le séparant des retrouvailles avec sa mère, ainsi que de la tonne de question qu'il emmagasinait. Alana était inquiète elle aussi, tentant de se remémorer les moindres détails de sa vision. Et Crail se remettait difficilement de sa rencontre avec des Jedi. Il n'avait jamais été l'un de leur partisan, de près ou de loin. Mais il devait avouer que cette rencontre ne ressemblait à aucune des projections qu'il s'était faites. En particulier en ce qui concernait Alana...

— Agent Jerre, reprit Alana, je souhaiterais revenir sur un point si vous le voulez bien.

— Je vous écoute, répondit-il sur un ton neutre.

— En compagnie des journalistes, se trouvait des gens dont je n'ai pu déterminer l'appartenance. Vous les avez désignés sous l'appellation « fanatiques de l'église » tout à l'heure. Qui sont-ils ?

Les deux agents s'échangèrent un regard entendu, interloqués.

— Vous voulez dire que vous n'avez jamais entendu parler de l'église de la Force ? Vous disiez être déjà venus ici.

— Faut croire que non si elle vous pose la question, grogna Anakin.

Il va falloir qu'il se calme celui-ci, songea Crail. Il croit que je vais attaquer son amie ? Toujours sur la défensive, c'est pas croyable...

— Ce sont des gens qui pensent que la Force et les Jedi reviendront en sauveurs et en libérateurs, pour ramener l'équilibre et la paix dans toute la galaxie, répondit Crail Jerre sans tenir compte encore une fois des remarques déplaisantes du jeune Jedi.

— Ca n'en fait pas des fanatiques, affirma Alana. Ce n'est d'ailleurs pas si éloigné de nos propres croyances en définitive.

— Sauf qu'ils ne sont pas... Initiés comme vous, argua-t-il. Ils possèdent quelques artéfacts Jedi, qu'ils vénèrent religieusement. Ils les ont obtenus lors d'expéditions ou d'enchères, par l'intermédiaire de riches contributeurs. Ils pensaient que cela ferait revenir les Jedi comme avant l'Empire, et que leur seule présence sera le signe d'un renouveau pour nous tous. Je vous assure qu'ils tiennent plus de fanatiques qu'autre chose. Crânes rasé et robe de chambre. Tout mouvement doit bien être basé sur quelque chose de tangible et réaliste pour parler aux gens. Mais ça s'arrête là. Ils ne vivent que pour leur église, et renient tout le reste du monde. Ils se désintéressent de ce que la Nouvelle République tente d'accomplir. Une organisation aussi extrême ne peut pas garantir ce qu'ils promettent.

Il venait d'en dévoiler bien plus qu'il n'y paraissait. Alana ne manqua pas de le noter. Bien plus qu'un simple exécutant, il semblait posséder des capacités cérébrales. Ce qui était loin d'être une mauvaise chose.

— Eh bien, vous avez une opinion plutôt tranchée sur la question, agent Jerre, fit Alana surprise de la rhétorique détaillée de Crail.

— J'imagine bien celui qu'il a sur nous alors, ajouta Anakin, alors qu'il passait son temps à regarder par le hublot plutôt que d'accorder de l'attention au discours de l'agent.

— Je n'ai pas d'a priori sur les Jedi. Je sais faire la différence entre des Jedi et des fanatiques, précisa-t-il, ne semblant pas prendre la pique comme elle était destinée. C'est juste que... la reconstruction se déroule sans accros majeurs, depuis assez longtemps comme ça. Tout ce que nous avons accompli, nous l'avons fait sans l'aide des Jedi.

— Vous craigniez que nous débarquions pour anéantir les efforts de votre gouvernement ? demanda la jeune femme. Ou du moins que nous n'allons pas servir à grand-chose ?

— Ce n'est pas ce que j'ai dit, répondit-il sans chercher à afficher ce qu'il pensait réellement d'eux. Je pense simplement qu'on se débrouillait très bien avant que vous arriviez.

— Comment vous pouvez savoir ? rétorqua Anakin, toujours dans le même esprit de défi. Avez-vous seulement vu des Jedi auparavant ? demanda-t-il avant de reprendre sans attendre de réponse. C'est bien ce que je pensais...

— Il y a bien votre mère, non ? se risqua à ajouter Crail.

— Pardon ? s'étonna le jeune Jedi.

— Votre mère. Madame la sénatrice Organa a bien reçu l'enseignement des Jedi, je me trompe ?

Et il a de la répartie en plus, songea Alana. Le cocktail parfait pour que cela dégénère avec Ani.

— Vous marquez un point agent Jerre, répondit Alana, pour devancer son cousin sentant qu'il commençait à perdre patience. Même si tante Leia n'est pas techniquement un Jedi, vous en avez déjà effectivement rencontré. Mais l'argument que vous avancez démontre également autre chose. Que vous avez effectivement eu l'aide d'un Jedi pour la reconstruction de la Galaxie. N'êtes-vous pas d'accord ?

Elle poursuivit après quelques secondes, les deux hommes étant irréconciliables pour l'instant, et sa rhétorique semblait les avoir placés dans une impasse.

— En l'état, vous avez foi en ce que vous accomplissez, agent Jerre. C'est une chose honorable, même si nous avons des visions différentes.

Elle avait raison. Crail venait d'en dire bien plus sur lui qu'il ne le faisait en général. Cela ne lui ressemblait pas. Sa contenance et sa discipline constituait sa réputation qui n'était plus à faire. Et pourtant, face à ces deux Jedi, il venait de bien trop en dévoiler. Quitte à laisser ses convictions personnelles causer ce ton qui haussait avec ce type. Il faisait un peu trop gamin pour lui, mais Crail n'avait pas manqué d'observer son physique et son langage corporel. Bien que sur la défensive et prêt à bondir sur n'importe quoi, il n'était pas le nerveux de service, avec quelque chose à compenser, comme Crail en avait bien trop souvent vu. L'agent était un sacré spécimen lui-même, mais il n'était pas bien pressé d'arriver au point où il devrait en découdre avec Anakin. Son expérience ainsi que son instinct le lui disaient. Et ils ne lui avaient que très rarement fait défaut...

— Je vous remercie, répondit-il, désarmé de recevoir un compliment alors qu'il venait de toucher à leur croyance. Et je m'excuse si je me suis montré trop véhément. Mon but n'était pas de me montrer désobligeant, fit-il avant de changer de sujet. Nous ne devrions pas tarder à arriver à la résidence de Madame la sénatrice. Une fois que vous aurez profité de vos retrouvailles, nous passerons à votre présentation du Sénat de la Nouvelle République.


*****


La résidence sécurisée de la sénatrice Leia Organa-Solo était déguisée en petit pavillon quelconque, pour ne pas attirer l'attention. Il s'agissait d'une grande maison à base de permabéton, matériau de construction le plus utilisé de toute la galaxie. Comme dans la plupart des constructions, il était non teinté, gardant sa couleur naturelle issue des composants cristallins ajoutés au béton ordinaire. Elle avait une architecture typique des pavillons pour petits cadres de corporations technologique, pour ceux qui auraient économisé suffisamment longtemps pour pouvoir investir dans un peu de tranquillité.

Mais un œil avisé aurait remarqué que celui-ci était légèrement différent. Tout s'y trouvait étudié. La constitution de la structure était plus dense qu'en temps normal. Les murs, le toit, les vitres et même les portes semblaient être renforcés. Son emplacement, proche du siège du Sénat sans trop l'être non plus, offrait un petit isolement de tranquillité. Mais surtout une vision périphérique et aérienne optimale, permettant de voir tout arrivant éventuel d'assez loin, d'où qu'il vienne. Elle présentait également plusieurs options de repli pour les situations les plus désespérés. L'intérieur était à la fois suffisamment sophistiqué pour le confort de ses habitants, et fonctionnel en cas d'attaque, la configuration des pièces offrant plusieurs positions préférentielles non négligeables en cas d'attaque.


*****


— Maman !

— Anakin !

Mère et fils s'enlacèrent après être leur entrée dans la maison. Le jeune homme avait marqué une courte pause au moment de revoir Leia, avant de la rejoindre rapidement puis ralentir une fois tout proche d'elle, et d'enfin l'enlacer. Il avait beau être déjà venu il y a moins d'un an, c'était toujours le même effet au moment de la revoir. Mais cette fois-ci, c'était différent. Il s'agissait d'un retour à priori permanent, dans un climat des plus particuliers, après son arrivée pour le moins mouvementée, et les informations qui en avaient suivi. Mais Anakin n'était pas encore au bout de ses surprises...

Pour le moment, le jeune homme devait considérablement se baisser pour pouvoir être à la hauteur de sa mère et l'enlacer. La sénatrice portait un long pardessus de couleur sombre, pourpre, sorte de grande cape, qui offrait un col ajusté et descendait jusqu'aux pieds. Le temps avait fait son effet sur le visage de la princesse, générale et héroïne de guerre, ensuite promue sénatrice grâce à ses hauts faits d'armes pendant la guerre et sa popularité post Grand Démantèlement. Mais elle ne semblait pas en souffrir outre mesure. Elle conservait encore l'énergie et la volonté de ses jeunes années, ce qui lui permettait d'être respectée par tous, que ce soit ses alliés ou ses adversaires politiques.

— On m'a dit ce qu'il t'était arrivé, j'étais tellement inquiet, reprit-il.

— Un petit peu sur les nerfs aussi, commenta Alana en s'avançant pour corriger son cousin, étant restée un peu en retrait pour laisser Anakin revoir sa mère en premier. Bonjour tante Leia.

— Mais qu'est ce que tu fais à rester plantée là, lui répondit-elle. Approche et viens dans mes bras !

La jeune femme obtempéra sans rechigner. Les deux jeunes Jedi lui rendant visite en même temps chaque année, Alana était plus une sœur pour Anakin, et une fille pour Leia.

— C'est bon de te revoir, tante Leia.

— Venez vous asseoir un moment. On va pouvoir discuter un peu.

Leur étreinte prit fin après un moment et ils se dirigèrent vers le salon. Un canapé et deux fauteuils en cuir d'un noir mat profond assortis se présentaient à eux, au milieu d'un salon constitué d'une palette de blanc. C'était la norme esthétique habituelle dans ce genre de logement, plus ou moins souligné selon l'intensité de l'éclairage naturel. Leia se tourna ensuite vers la dernière personne présente dans la pièce, qui patientait respectueusement en restant dans son coin.

— Vous pouvez nous laisser, Crail, annonça Leia. Je ferais un point avec vous lorsque nous partirons.

— Très bien Madame la sénatrice, répondit-il d'une voix neutre. Je serais en poste dehors si vous avez besoin de moi.

Il sortit de la pièce après avoir reçu un signe de tête de Leia.

— Alors, comment allez vous les jeunes ? demanda-t-elle en les regardant tour à tour Qu'est-ce que vous êtes beaux...

— Tu dis ça à chaque fois qu'on se voit maman, soupira Anakin, tandis qu'Alana semblait être plus gênée par le compliment que lui.

— Comment s'est passé votre voyage ?

Le ton que sa mère employait avait le don d'intriguer Anakin encore davantage. Victime d'une tentative de meurtre, mais faisant comme si de rien n'était. Sa mère s'efforçait bien souvent de ne pas faire de cas de ses propres problèmes, en privilégiant ceux des autres.

— Je pense qu'on doit parler d'autre chose avant... De quelques trucs qui te sont arrivés, non ?

— Oui, je me doutais que ça allait être compliqué ; fit-elle en marquant une pause où ses traits semblaient se durcir avant de revenir à la normale. Mais je vous assure que ce n'est pas si grave que ça en a l'air.

Pas si grave ?! s'indigna le jeune Jedi. Mais pourquoi fallait-il qu'elle se comporte de la sorte ? A vouloir les mettre à l'écart, comme des enfants qui n'étaient pas en droit d'être au courant des affaires des grandes personnes ?

— L'agent Jerre nous a parlé d'une tentative d'assassinat, indiqua Alana.

— Ou alors il nous aurait raconté n'importe quoi...

— Non, Crail vous a dit la vérité, annonça la sénatrice légèrement surprise. Je suis étonnée que vous ayez réussi à tirer quelque chose de lui. Il est d'ordinaire assez fermé, se contentant du protocole avec la plupart des gens, affirma-t-elle avant de se fendre d'un signe amusé vers sa nièce. A moins qu'on ait progressé dans l'art de la négociation et la diplomatie ?

Sa tante ne la connaissait que trop bien. Mais malgré tout, Alana ne pouvait accepter les compliments. Elle n'y parvenait jamais d'ailleurs...

— Je ne peux m'en attirer tout le crédit, répondit la jeune Jedi. Ani a bien participé, son rôle de « je fonce dans le tas avec un air menaçant » m'a beaucoup aidé. Une seconde nature, ajouta-telle, les deux femmes ayant un petit rire partagé. Du coup, il s'est senti obligé de nous expliquer un peu.

— On peut mettre ce type de côté et revenir au vrai problème s'il vous plaît, s'agaça Anakin. Ca me semble un peu plus important.

— Oui, oui, mon chéri, répondit Leia. Ne t'emporte pas, fit-elle avant de s'éclaircir la voix en vu du récit qu'elle allait conter. C'était la semaine passée, dans mon appartement de fonction...

— Pourquoi t'étais pas à la maison ? coupa déjà le jeune homme.

— Anakin, laisse-moi finir s'il te plaît. Tu poseras tes questions ensuite. Bien. J'étais donc dans mon appartement. Tout se passait normalement, lorsque j'ai eu comme une sensation. L'impression d'une présence dans l'appartement. Je me dirigeais vers le salon lorsque je suis retrouvée face à une silhouette. Elle m'a repérée, et a commencée à me foncer dessus, un poignard à la main. Je lui ai lancé une vague de force pour le projeter. Visiblement, les leçons de Luke n'ont pas été totalement oubliées, fit-elle avec un sourire en coin. Malgré le manque d'entrainement, cela a suffit pour l'envoyer se briser contre le mur. Il est retombé comme un poids mort au sol. Mal en point, en train d'essayer de bouger comme il pouvait, mais encore en vie. J'ai essayé de trouver de quoi l'attacher, et après n'avoir rien trouvé j'ai tenté de le retourner pour voir ce qu'il fabriquait. Prit de violents spasmes, il est mort peu après.

Les deux jeunes Jedi suivaient religieusement le récit.

— J'ai appelé le bureau du Sénat et l'agent Jerre, pour qu'il s'occupe de tout sans trop ébruiter l'affaire. A ce jour, l'enquête ne semble pas beaucoup avancer. Le Sénat a fortement conseillé de me placer ici en qualité de personne sensible. J'ai accepté, même si cela me prive de plus de chose que ce que je le souhaiterai. Voilà, vous savez à peu près tout. C'est pour cela que je n'ai pu être présente pour vous accueillir.

Un homme mort sur le sol, à côté de lui se tient Leia.

— Aucune idée de qui était cet homme ? demanda Anakin. Ou pour qui il travaille ?

— Non, il n'y a pas d'indices, pas de traces. Selon Crail, il se serait servi d'une capsule empoisonnée pour se donner la mort, plutôt que de devoir parler sous la contrainte.

Tout ceci ne lui plaisait pas. Un modèle opératoire tel que celui-ci témoignait d'une dangerosité certaine, il en était conscient. Alors pourquoi ça mère ne l'était-elle pas ?

— Ce n'est pas à prendre à la légère maman...

— Ce n'était pas la première fois, lui révéla-t-elle, Anakin la regardant fixement, abasourdit. Il y a de nombreuses années de cela, j'avais subi une autre attaque, cette fois en public. Mais le tueur ne s'était pas suffisamment approché pour être dangereux avant d'avoir été capturé. C'était a priori une menace isolée, mais Crail semble croire que c'est différent cette fois. Et j'ai tendance à le croire.

— Crail, Crail, y'en a que pour ce type. Tu sembles un peu trop sympa avec lui...

— Eh bien, parce que ce n'est pas la première fois que j'ai affaire à lui. Il a ses défauts, mais c'est certainement l'agent le plus capable, honnête et intègre de toute la Nouvelle République.

— Ouais, il semble bien l'aimer, sa Nouvelle République...

Leia s'amusait de la réaction de son fils. Cela l'étonnait que Crail n'ait jamais rencontré Anakin ou Alana par le passé, compte tenu du temps qu'elle passait à côtoyer cet agent. Il avait presque le même âge que son fils d'ailleurs... Mais Leia tentait de séparer sa fonction de sa vie privée autant que possible. Han lui-même n'avait jamais côté l'agent Jerre plus que cela...

— Il est comme ça, fit-elle avant de se rendre compte qu'Alana ne semblait pas très active dans la conversation. Un problème ma chérie ? A quoi penses-tu ?

Un homme mort sur le sol, à côté de lui se tient Leia.

Ne pense pas. Ressent. Ressent ce que la Force essaie de révéler à travers tes visions. L'émotion. Ressent la, laisse la couler en toi pour la comprendre. Négative ou positive, ce n'est qu'une émotion. Le trouble est naturel, le laisser perdurer ne l'est pas. Tu es une Jedi, la réponse se trouve en toi. Bien. Souffle, retour à la normale.

Merci, papa.

— Hein ? fit-elle comme si elle était tirée de son sommeil.

— Tu avais l'air perdue dans tes pensées ma petite...

— Non je... Je repensais à quelque chose. Rien d'important.

— Tu ne pensais pas à l'agent Jerre par hasard ? se risqua-t-elle à avancer.

— Quoi ? s'étonna-t-elle tout en paraissant légèrement gênée. Mais pas du tout ! Qu'est ce qui te fait dire ça ?

Leia n'était pas mécontente de son petit effet...

— Oh rien... Simplement, il vous connaît à peine, et il s'est plus livré qu'il le fait en temps normal. J'essaie de comprendre ses raisons.

— On lui a surtout fait comprendre qu'on irait nulle part s'il ne nous parlait pas, c'est tout, envoya Anakin d'un ton un brin vexé. Et sinon... Il... n'est pas là ? Papa ?

— Ton père est toujours à la maison. Ils lui ont conseillé, ou plutôt forcé, de rester à l'écart. Tu connais ton père.

Un paradoxe des plus évidents. Oui, il le connaissait parfaitement, tout en ne sachant que si peu de chose de ce qui se passait dans sa vie depuis des années...

— Ouais..., fit-il en hésitant une seconde. Maman, il faudrait que je le voie. Je crois que... J'ai des choses à voir avec lui.

— Quelle genre de choses ?

— Je... C'est compliqué. Des trucs... entre un père et son fils, je dirais. Surtout qu'on ne va plus vraiment pouvoir s'éviter maintenant.

Elle avait à présent une très bonne idée de ce dont il s'agissait. Le fait même que cette rencontre se fasse à l'initiative d'Anakin était un bon signe en soit. Cela faisait tellement longtemps que leur relation se trouvait au point mort... C'était l'occasion de repartir sur de nouvelles bases, saines si possible.

— Je comprends. Tu auras le temps qu'il faut, ne t'en fais pas. Eh bien, je crois que c'est à vous de me raconter des choses, les enfants.

— Pas tant que ça, tante Leia.

Les deux jeunes Jedi racontèrent leur périple, de leur année passée depuis leur dernier séjour auprès d'elle, jusqu'aux évènements du jour. Leur voyage, les péripéties de leur arrivée, chacun des Jedi passant plus de temps sur certains détails que d'autres. Alana décrivit la découverte du centre ville et des fidèles de l'église de la force, quand Anakin passa plus de temps à insister sur les changements protocolaires et le climat ambiant.

— C'est sûrement un coup du sénateur Jast, commenta Leia. C'est l'un des représentants les plus actifs de ceux qui ne veulent pas de la présence des Jedi. Il aura sans doute profité de ma mise à l'écart pour tenter de vous déstabiliser, et vous rendre la tache difficile.

— Il semble avoir habilement mené son coup en tout cas, constata Alana.

— C'est peut être lui qui est à l'origine de la tentative d'assassinat contre toi... hypothéqua Anakin.

— Non je ne pense pas, répondit-elle. Il pourrait peut-être avoir les contacts et les moyens nécessaires, mais l'envergure de l'attaque ne lui ressemble pas. Il est trop lâche pour s'attaquer directement à moi.

— J'ai hâte de le rencontrer celui là...

Ce ton en revanche, Leia tenait à le faire disparaitre. Du moins le résorber, compte tenu de leur présence ici.

— Ah non, pas de ça mon garçon. Tu es un adulte et un Jedi maintenant, tâche de te comporter comme tel. Vous allez devoir souvent échanger avec lui, ou d'autres comme lui. Il va falloir vous y faire.

— Bien sur, tante Leia, on saura faire attention.

— Oh ce n'est pas tellement pour toi que je dis ça, ma chérie.

La jeune femme eut un début de large sourire, vite effacé quand elle vit le regard agacé de son cousin. Il était prêt pour la contre-offensive.

— Tu fais la maline, mais tu t'es bien gardée de raconter ce que les gens ont dit sur toi quand on est arrivés, hein ?

La jeune femme en voulait à Anakin de chercher à aborder le sujet. Elle n'avait pu trouver l'occasion de lui en parler, tenter de lui expliquer qu'elle préférait que ce genre de sujet soit éludé pour l'instant. Mais il ne se rendait pas compte. Il avait ses soucis, naturellement. D'une plus grande importance que les siens, la jeune femme en était consciente. Il n'en demeurait pas moins qu'elle était toujours affectée par ce genre d'occurrences. Et voilà qu'il remettait cela sur le tapis...

— Alana ? s'inquiéta Leia.

— Ce n'est rien, répondit-elle. Il y a eu certains hommes dans la foule qui ont dit des mots et des phrases... désobligeantes à mon encontre. Mais c'est bon, c'est passé.

Leia avait bien compris ce dont il s'agissait. De l'impact que cet événement avait eu sur elle, au vu de l'expression sur son visage qui ne trompait pas sa tante. Elle avait déjà abordé ce sujet, quelques années en arrière, et plus amplement, lorsque la perspective de résider sur ce monde était apparue.

— Ah ça..., fit Leia en soupirant. Nous en avons discuté plusieurs fois toi et moi. Notre condition n'est pas toujours un atout, surtout lorsqu'on doit paraître en public dans ces moments là.

Alana n'accordait pas un regard vers Anakin pendant qu'elle écoutait sa tante. Mais la jeune femme pouvait aisément estimer le niveau de satisfaction qu'il était en train d'afficher.

— Tu sais comment faire, car ça ne s'arrêtera pas comme ça. Mais je te fais confiance.

La jeune Jedi était soulagée. Ces quelques mots, en apparence si simples, signifiaient beaucoup pour elle. Ce n'était pas si terrible que le sujet soit de nouveau abordé en définitive. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à se lever pour se préparer à repartir, Anakin avait une dernière chose à ajouter.

— Maman, il y a une chose que je ne t'ai pas dite, qu'il faudrait aborder. C'est au sujet d'une vision d'Alana...

— Eh bien, on est devenue cachotière, ma petite, fit-elle d'un ton amusé qu'elle abandonna bien vite en observant la mine inquiète sur le visage de sa nièce. Oh, ça m'a l'air sérieux.

Cette fois, Alana n'en voulait pas à son cousin d'avoir soulevé ce sujet-ci. Elle avait préféré attendre, que ce soit lui qui prenne l'initiative. Maintenant que c'était chose faite...

— Eh bien, sur le trajet en venant ici, j'ai eu plusieurs visions à travers la Force, commença la jeune femme. Il y en avait deux qui te concernait. La première, c'était une image de toi debout, un homme mort au sol à tes côtés. (La sénatrice sembla captivée autant par l'étendue de son don que par ce que sa nièce était en train de lui raconter) La seconde...


*****


Crail Jerre les vit sortir tous les trois de la maison, et s'avancer vers lui. Il mit un terme à la discussion qu'il tenait avec l'équipe de sécurité qui était alloué à Leia depuis qu'elle se trouvait installée ici.

— Vous êtes prête Madame la sénatrice ? Vous ne m'avez pas prévenu d-

— Oui je suis prête, le coupa-t-elle, mais nous ne nous rendons pas au Sénat. On va d'abord faire un détour.

— Comment ? Mais les instructions du Sénat étaient claires, nous-

Il cessa d'insister en voyant la sénatrice afficher un visage qu'elle arbore peu souvent. Celui qui indique que toute discussion sera vaine. Il était suffisamment au fait des manières de cette femme pour savoir qu'il serait bien plus simple d'accéder à sa requête.

— Très bien, reprit-il pour s'incliner. Je vais prendre les commandes de la navette. Dites-moi où devons-nous nous rendre.

— Direction le parc Kenobi, nous allons voir mon fils.

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