La combinaison était trop étudiée. Anakin n'avait pas réussi à parer le coup, et la lame atteignit sa tempe.

 — Aïeuh, lâcha le jeune adolescent au moment où la lame d'entrainement le toucha.

 — Si tu ne veux pas souffrir inutilement, il faut commencer à mettre en pratique ce que je t'ai appris et mieux te protéger, lui lança son maître d'armes.

 — C'est de la triche, Ahsoka, je ne su-

 — C'est maître Ahsoka, gronda la togruta, comme un rappel trop souvent martelé.

 — Pardon... Maître Ahsoka, reprit le jeune padawan, c'est de la triche. Vous êtes plus forte que moi, et vous avez deux sabres.

 — Ecoute bien Anakin.

Ahsoka Tano posa un genou à terre pour être à la hauteur du jeune padawan. Elle s'aperçut qu'il grandissait vite, et que bientôt elle n'aurait plus besoin de se baisser ainsi pour être à sa hauteur. Le temps passait plus vite qu'elle ne le croyait.

— Le but ici est de t'apprendre comment s'adapter lors d'un duel, poursuivit-elle. Si jamais cela t'arrives un jour, tu ne tomberas peut-être pas contre quelqu'un armé exactement comme toi. Tu peux toujours tomber contre plus fort, plus rapide, ou encore plus grand. Mais la seule façon de t'en sortir est d'analyser la situation, et de choisir le style de combat correspondant.

 — Oui maître !

 — Tu te retrouves à présent face à un adversaire supérieur sur tous ces points. Que fais-tu ?

 — Esquive et position défensives. Patienter et chercher l'ouverture.

 Le jeune Anakin avait peut-être des défauts, mais il savait assimiler tout ce qui avait trait à l'art du duel. Le Maître Jedi avait au moins cette satisfaction. Celle de ne pas brasser de l'air lorsqu'elle lui enseignait de nouvelles choses.

 — Montre-moi, lui demanda-t-elle.

 — Mais... Vous avez deux sabres... Comment trouver la faille si vous êtes à la fois plus forte, plus grande et mieux armée en plus ?

 — En quoi le fait de posséder deux lames me rend plus forte ?

 — Cela double le pouvoir d'attaque, non ? suggéra le jeune padawan.

 Elle lui jeta son deuxième sabre d'entrainement. L'adolescent l'attrapa au vol.

 — Maintenant, vas-y, si tu penses que cela va t'aider à gagner, lui déclara-t-elle d'un ton de défi.

 Il était déjà jeune, mais ce genre de provocation faisait mouche aisément. Il n'était pas question de s'incliner face à cette invitation. Le padawan bondit rapidement et tenta une frappe large et compliquée. Il laissa une ouverture bien trop grande. Il se retrouva à terre, après avoir été touché à l'abdomen.

 — Alors ? lui lança-t-elle alors qu'il peinait à retrouver son souffle. Le nombre de lame importe peu Anakin. Ce qui compte, c'est ton niveau de maîtrise, jeune padawan. Chaque technique à une faille, lui déclara-t-elle après avoir attendu qu'il se relève. Deux lames offrent une palette de frappes plus variées, mais laisse également plus d'ouvertures en défense. Une double lame permet une bonne couverture défensive, mais ses schémas d'attaque sont particuliers, et il est plus difficile de gérer la distance. Il n'y a que la lame simple qui offre la forme la plus équilibrée et la plus polyvalente. Même si cela ne suffit pas toujours.

 — Oui, maître, s'inclina-t-il.

 — Tu pourrais même faire face à d'autres armes, plus complexes. Et tu devras être en mesure de trouver comment compenser ton manque de connaissance de l'arme de ton adversaire.

 — Comment, maître ?

 — C'est à cela que sert l'entrainement.

 Anakin buvait les paroles d'Ahsoka. Il les repassait dans sa tête, et tentait d'en dégager un sens pour établir une stratégie. Anakin prit un court instant pour réfléchir. Faisant mine de lâcher le deuxième sabre qu'Ahsoka lui avait offert, il décida de l'envoyer vers son adversaire. Ahsoka ne s'y attendait manifestement pas. Après avoir dévié la lame d'entrainement, elle craignait un résultat similaire aux précédents échanges. Mais cette diversion permit au jeune padawan de s'approcher au contact. Il multiplia les feintes, et finit par trouver une ouverture. Il réussit à la toucher légèrement à un bras. Satisfait de sa réussite, il fit ensuite un petit saut victorieux.

 — Oui, j'ai réussi ! fit-il tout heureux.

 La Jedi se contenta de lui répondre en le frappant au bras alors qu'il avait baissé sa garde. Il laissa sa lame d'entrainement tomber au sol.

 — Ah la vache ! Mais...

 — Le combat n'était pas terminé, jeune padawan.

 Elle était satisfaite d'avoir pu lui rendre le coup qu'elle avait prit, car elle ne s'y était vraiment pas attendu. Mais au fond d'elle, elle était fière. Avec Alana, les choses étaient plus compliquées. Elle avait du mal avec la jeune fille, très proche de son père, et négligeant trop souvent le combat au sabre pour préférer passer des moments avec Grogu. Le maître Jedi était bien plus à l'aise avec le jeune garçon. Elle lui était reconnaissante également. Il lui permettait de s'épanouir en tant que maître, chose qu'elle n'avait pas imaginée en rejoignant Luke. La togruta sentait le potentiel du jeune Anakin dans l'art du duel. Et elle en était sincèrement heureuse.

*****

 Seule une dizaine de mètre séparait les adversaires. Anakin combla cette distance en quelques appuis vifs. Une fois au contact, leurs deux lames s'entrechoquèrent. Ils étaient si proches l'un de l'autre qu'Anakin pouvait sentir la satisfaction qu'affichait son adversaire, même à travers son casque. Toutes ces émotions primaires se mêlaient entre elles. Mais l'heure n'était plus à la discussion ou la provocation, ni même au raisonnement. Tous deux avaient basculé dans autre chose. Seuls des instincts primaux étaient en action. De manière inattendue, le jeune Jedi commença à légèrement plier sous la puissance irréelle de son adversaire. Il vit qu'il était en train d'abaisser un quillon vers son visage. Des armes dont on n'a pas l'habitude, se remémora-t-il. Ce sabre, véritable épée à énergie, plus imposante que le sien et comportant des quillons, faisait manifestement partit de cette famille. Ces appendices devaient à l'origine constituer une partie défensive. Mais l'utilisation que le titan cuirassé en faisait était tout autre. Un guerrier résolument tourné vers l'offensive.

Le jeune Jedi choisit de laisser couler la puissance de son adversaire d'une rotation du buste. Anakin se dégagea en arrière, tout en optant pour une frappe de dégagement qui toucha l'épaule. Mais l'impact fut absorbé par la cuirasse. Le mastodonte ne lui laissa pas le temps de réfléchir. Il se lança sur lui avec une violence inouïe, faisant pleuvoir une violente avalanche de coups. Les frappes s'abattaient sur lui de toutes parts. Des coups puissants et larges, venant d'en haut et des côtés. Anakin se contentait simplement de les parer. Il avait estimé que son adversaire misait tout sur sa puissance démesurée, se reposant sur son impénétrable cuirasse pour la défense. S'il s'était attendu à une telle puissance, il ne s'était pas préparé pour une telle vitesse de frappe. Ce titan cuirassé n'était pas qu'un lourdaud à la puissance démesurée. Une telle vitesse était plus que surprenante pour un guerrier de cette stature. Le titan cuirassé puisait profondément dans la Force et sa rage comme un possédé. Chaque frappe qu'il envoyait était destinée à abattre le jeune Jedi. Le sable se soulevait légèrement dans les airs à force de mouvements aussi soudains que lourds des deux combattants. Seuls les grognements d'efforts ponctuaient le concert des lames d'énergie entrant en contact l'une avec l'autre.

Commençant à être en difficulté, Anakin se baissa pour éviter une nouvelle attaque horizontale visant son cou. Mais ce fut une erreur. Le titan cuirassé lui asséna un coup de pied bas au niveau des côtes. La force de la frappe l'envoya rouler sur plusieurs mètres. Il se releva néanmoins rapidement sur ses jambes. Il serait toujours à terre, certainement dans le même état que Chewbacca, s'il n'avait pas rapidement levé une barrière de Force pour se protéger de l'impact. Mais même ainsi, il avait ressenti toute la force du coup. Il y avait désormais deux mètres qui les séparaient. L'un comme l'autre haletait profondément. Un tel style de combat, axé sur la multiplication des frappes, était très énergivore. Anakin le savait pour le pratiquer assez souvent. Mais s'en protéger, sans même avoir l'opportunité de répliquer, l'était tout autant. Voir plus. Le jeune Jedi profita de ce court répit pour tenter de trouver une faille dans la cuirasse de ce titan.

D'ordinaire, c'était Anakin qui avait la supériorité physique sur la plupart de ses adversaires, mais ici les rôles étaient inversés. Trop s'approcher serait s'exposer à des coups au corps à corps dévastateurs. Impossible de le déstabiliser si Anakin essayait ainsi. Manifestement, ce titan cuirassé était un guerrier très accompli. Sa façon de se déplacer, y comprit pour un homme d'une telle carrure, signifiait qu'il maitrisait de multiples formes de combats et d'arts martiaux divers. Ce coup de pied bas en était la preuve, un modèle d'exécution. Anakin lui-même maitrisait certains fondamentaux au corps-à-corps. Mais il n'avait pas cette puissance sans commune mesure. Au sabre à mi-distance, il pensait pouvoir prendre le dessus, même si son arme avait une portée légèrement plus courte. L'étendue de sa maitrise technique était sans pareil. Mais a quoi bon s'il était impossible de porter un coup ? Il n'avait jamais vu une cuirasse aussi massive, qui protégeait de dégâts d'un crash ou d'armes à énergies à ce point.

Chaque technique à une faille, songea-t-il. Je vais devoir vous croire sur parole maître. Le titan cuirassé fit un moulinet avec son épée avant de repartir à l'assaut. C'est à ce moment qu'Anakin choisit lancer une puissante projection de Force. Cette dernière ne le fit reculer que de quelques mètres. Lui aussi sait ériger une barrière de Force. Même son armure n'aurait empêché ses os d'être brisés. Le titan cuirassé s'avança à nouveau, décrivant de nouveaux moulinets, d'ordinaire utilisés pour créer une défense solide. Il cherchait plutôt à dissimuler sa prochaine attaque. Anakin ne lui en laissa pas le temps. Il bondit haut dans les airs, retombant presque directement sur lui. Le titan cuirassé en fût surprit. Il choisit de parer instinctivement la lame bleue du Jedi, en la redirigeant sur le côté tout en pivotant. Mais ce ne fut pas suffisant pour éviter de subir le poids du Jedi qui atterrissait sur lui.

Ils se trouvaient tous les deux au sol. Le jeune Jedi se trouvait désormais en position montée. Anakin profita d'une légère ouverture pour lui envoyer son coude en pleine mâchoire, dans une manchette efficace. Il avait estimé que le casque serait moins solide juste au dessus du cou. Malgré la douleur qui le lançait dans son avant bras, Anakin réussit à lui faire lâcher son arme en s'étalant sur le sol. Sans son casque, un tel coup de coude, tranchant comme une lame de rasoir, lui aurait fracturé la mâchoire. Le titan cuirassé le savait parfaitement. Subissant encore l'attaque du jeune Jedi, il n'eut pas le temps de réagir au coup à venir. Anakin brandit rapidement son sabre, et l'abattit des deux mains. Sa lame visait la poitrine du titan cuirassé à terre, dans une estocade. Son sabre avait initialement été stoppé par la plaque de protection. Comme il l'avait prévu, elle commençait à légèrement la pénétrer. Mais le titan cuirassé le repoussa avant que sa lame ne pénètre profondément. Dans un habile basculement de hanche, il l'envoya sur le côté avec ses jambes, alors qu'il était en mauvaise posture.

Les deux adversaires se relevèrent en même temps. Anakin ne pût s'empêcher d'afficher un léger sourire en coin, satisfait d'avoir trouvé un angle d'attaque. Il avait estimé qu'aucune armure ne pouvait protéger d'une arme à énergie comme un sabre laser. A juste titre, puisque cette cuirasse-ci ne faisait pas exception. Les coups de taille étaient certes inefficaces, mais pas les coups d'estocs. Le titan cuirassé poussa des grognements en se relevant. Au lieu d'attirer son sabre jusqu'à lui pour reprendre le combat, il opta pour une autre tactique. Il fit un geste lent en direction de son casque, et commença à le retirer. Une tête sombre et chauve se révéla à Anakin. Un visage buriné, marqué de toutes parts par les affres du temps, les cicatrices révélant les nombreuses souffrances vécues par ce titan. Plus stupéfiant encore, un de ses yeux était blanc, opaque, sans iris visible. Le jeune homme se demandait comment cet homme faisait pour voir clairement, car son second œil ne semblait pas en meilleur état. Anakin se rendit compte que c'était le même visage présent dans l'holovidéo qui avait revendiqué l'attentat.

— Tu ne te défends pas trop mal, pour un Jedi, lança le titan cuirassé.

— Tu n'es pas mauvais non plus, répondit Anakin avec une pointe de satisfaction mal placée. Mais c'est la fin.

— Tu ne crois pas si bien dire...

Anakin n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Il n'avait pu résister à la puissance de la projection et fut repoussé. Le titan cuirassé avait profité du court répit pour rassembler ses forces. D'un brusque mouvement de tête vers l'avant, il avait lancé un énorme cri sourd. La puissante onde de choc souleva tout ce qui se trouvait devant lui. Ses cibles furent projetées des dizaines de mètres plus loin, jusqu'à se retrouver collés au Faucon. Sans quoi ils auraient probablement été repoussés plus loin encore. Le temps de recouvrer ses esprits, et que le sable qui s'était levé dans l'air retombe au sol, permettant d'y voir à nouveau, le titan cuirassé s'était enfui. Anakin cherchait aux alentours, sondant la Force. Aucun signe de sa présence dans les environs. Il reporta son attention sur son père et Chewbacca.

— Tout va bien ?

— Moi ça va aller. Mais Chewie est salement amoché. Tu vas devoir m'aider à l'emmener dans le Faucon, pour le soigner. Toi, ça va ?

Anakin passa sa main contre son abdomen, puis le long de son coude. Fortement endolori, mais pas de trauma notable. S'attaquer ainsi au corps à corps face à un ennemi ainsi protégé était risqué, même s'il avait identité quelques points moins renforcés. La douleur n'allait pas tarder à apparaître, une fois que son corps aurait purgé l'adrénaline et les sécrétions que son métabolisme venait de mobiliser pour cette confrontation à mort.

— Rien de bien méchant, constata-t-il froidement.

— Où est passé ce type ?

— Je n'en sais rien. Il a utilisé la Force pour nous balancer... Je ne sais quoi d'ailleurs. Il a profité de la confusion pour filer. Je me demande comment il a fait, parmi tout ce désert.

— Certainement dans un des villages qu'on a eu sur la route, suggéra Han.

L'hypothèse de son père faisait sens. Sans compter qu'Anakin estimait le titan cuirassé largement capable d'un tel exploit. Cet homme avait beau avoir blessé Chewbacca, Anakin ne pouvait s'empêcher de respecter son talent.

— Possible. Parcourir des centaines de mètres puis voler une navette, largement faisable pour quelqu'un comme lui.

— Allez, occupons-nous de Chewie. Après, on fera un arrêt à l'avant poste avant de repartir.

— Ce type, ce... titan, lâcha Anakin, toujours absorbé par ses pensées. J'aurai jamais cru qu'une telle personne puisse exister. Dire que je me croyais puissant... Il faudra contacter oncle Luke, lui raconter tout ça. Il faut qu'il sache, il p-

— Fiston ! Chewie !

Anakin se rendit compte qu'il n'était toujours pas revenu à la réalité. Les effets de la récente confrontation, l'adrénaline dans ses veines, le basculement instinctif. Autant de choses qui avaient bouleversé son canal d'interprétation, toujours programmé dans un esprit de confrontation, d'analyse et de propension à la violence. Il revint lentement à la normale.

— Oui, pardon papa.

Les deux hommes soutinrent le wookie, chacun d'un côté. Une fois à bord du vaisseau, ils l'installèrent sur sa couchette. Anakin resta avec lui, le temps qu'Han n'aille chercher une trousse médicale. Il commença à fabriquer une attelle de fortune pour le bras de Chewbacca, mais ne pu la placer lorsqu'il vit l'état du bras de son ami. Placé à plat, le bras était complètement retourné dans le sens inverse. Lorsqu'Han fut de retour, il contempla la scène d'un regarda étrangement affecté. Anakin n'avait jamais vu son père ainsi. Il en était bouleversé. Un homme avec tant de prestance qui se trouvait désemparé devant la souffrance de son ami. Le jeune homme ne doutait pas que son père se sente coupable de tout cela. Il décida de briser ce silence.

— Les côtes, ça finira par se ressouder papa, fit Anakin en voyant le regard désolé de son père. Mais pour le bras, il va falloir qu'o-

— Je sais, l'interrompit-il tout en préparant une nouvelle dose d'hypospray.

Les paroles de son fils l'avait sortit de sa torpeur. Sa lucidité retrouvée, Han connaissait bien la marche à suivre.

— Toi, tu vas le tenir correctement, pour qu'il ne se débatte pas trop. Et moi..., fit-il en soupirant. Je vais essayer de faire ça vite.

Les deux hommes se mirent en position. Anakin passa derrière le wookie, effectuant une clé d'immobilisation pour restreindre ses mouvements. Il allait se débattre, c'était une certitude. Et même si cette technique en triangle était efficace, elle demeurait limitée face à la puissance d'un wookie. Han se mit à genoux, tenant le bras inerte dans ses mains. Les deux hommes s'échangèrent un regard entendu, comme pour se pousser à l'action. Après une grande inspiration, Han tourna d'un coup sec le bras du wookie. Ce dernier se remit en place dans un craquement sourd, faisant frissonner les deux hommes. Chewbacca se réveilla brusquement, hurlant comme jamais Han ne l'avait entendu hurler. Il se précipita pour lui faire l'injection antidouleur, Anakin ayant du mal à maintenir son ami.

 — C'est rien, mon ami, ça va aller, doucement...

Chewbacca commença à sombrer doucement dans l'inconscience, de nouveau. Han passa sa main dans le pelage du wookie, dans un geste affectif, peiné pour son ami. Anakin lâcha son emprise. Ils réinstallèrent délicatement le wookie dans la couchette, plus confortablement. Après quelques instants passés à l'observer, Anakin passa une main sur l'épaule de son père. Le jeune Jedi était pleinement conscient du lien qu'avait son père avec le wookie. Chewbacca était son plus fidèle ami, sur lequel il avait toujours pu compter. Han avait passé plus de la moitié de sa vie en sa compagnie. Et les choses ne s'étaient jamais aussi mal déroulées. Han comprit le message, et suivit son fils hors de la pièce. Ils retournèrent en silence vers le cockpit. Après avoir redémarré le vaisseau, il s'éleva dans les airs et se remit en route.

*****

 — J'ai pu faire le plein de fournitures médicales, déclara Han. J'ai aussi trouvé des boosters en injection spécialement calibrés pour les wookie.

 — Bien, ça devrait l'aider, répondit Anakin. On est prêts à y aller ?

 — Oui, en route.

 Ils passèrent une nouvelle fois devant le comptoir de l'étrange droïde. Ce dernier les interpella de nouveau.

 — Ah clients potentiels ! Mon information était-elle juste ? Je suis sûr que vous n'avez pas été déçu.

 Han voulu continuer sa route, et inviter son fils à faire de même. Mais il n'avait pas été assez prompt. Il fut contraint de le rejoindre lorsque celui-ci se dirigea nerveusement vers le comptoir.

 — Tu savais vers quoi on allait ? lança Anakin d'un ton accusateur.

 — Evidemment ! répondit-il tout naturellement.

 — T'aurais dû nous prévenir, tas de ferraille ! On a failli y laisser notre peau !

Tas de ferraille... Tas de ferraille ?!

 — Ce n'est pas mon problème... lâcha-t-il d'un ton menaçant, tout en se penchant en avant. Et si tu m'appelles tas de ferrailles encore une fois le sac à viande...

 — Susceptible, pour un droïde... souffla Han.

 — Intéressé par du matériel de récupération, client potentiel ? fit-il en se tournant vers Han.

 — Allons-nous en fiston.

 Anakin était conscient de manquer de lucidité. Mais les récents évènements l'impactaient toujours. L'adrénaline s'était dissipée depuis un moment, mais c'était comme si ses effets persistaient. Comme si son corps en demandait plus. Qu'il n'en n'avait pas eu suffisamment. Peut-être était ce su à la frustration de ne pas être parvenu à vaincre ce titan cuirassé. Une nouvelle fois, le droïde attendit qu'ils s'éloignent tous les deux pour lâcher une nouvelle information. Le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'il savait ménager ses effets.

 — LandoMilitech est la clé...

 Han et Anakin s'arrêtèrent avant de se retourner, et de se rapprocher de nouveau de lui.

 — Ah, déjà de retour, clie-

 — Arrête ton numéro, coupa brusquement Han. T'es tout sauf un droïde marchand. Qu'est ce que t'es exactement ?

 — Je suis un droïde, de proto..., commença-t-il avant de s'interrompre un instant. J'ai une fonction particulière. Je suis très doué pour cela. Trop doué, précisa-t-il d'un ton énigmatique. Des idiots de sac-à-viande ont jugé bon de me pirater, puis de m'infecter avec des programmes de droïde marchands dans mes processeurs. Ils savaient que c'était le seul moyen pour eux de se débarrasser de moi... Il n'y a pas beaucoup de choses à faire par ici. Tout un tas d'informations circule, elles flottent dans l'espace, elles ne demandent qu'à être entendues. Il suffit de s'y attarder, pour pouvoir capter les plus intéressantes dans le flux de données...

 — Et tu sais capter les bonnes informations, c'est ça ? demanda Anakin.

Le droïde hocha la tête, dans ce qui pouvait être considéré comme une joie juvénile. Si tant est qu'une telle chose était possible chez un droïde.

— Alors dis-nous ce qu'on veut savoir.

 — L'homme que vous avez affronté se fait appeler Brogus Kast. Parfois surnommé le Fléau, pour les intimes, précisa-t-il avec un air amusé. C'est un homme à la réputation sombre dans la Bordure... La plupart des gens évitent de parler de lui. Ou même de prononcer ne serait-ce que son nom. Ces idiots de sacs à viandes et leur mysticisme à la noix...

 — Comment tu sais qu'on l'a affronté ? demanda Anakin.

 — Vous transportez du matériel médical, et la boule de poil n'est pas là. Avec ce bougre, il y a toujours un affrontement. Je vous tire mon chapeau, vous êtes les premiers que je vois à en ressortir vivants...

 Ce droïde étaient une véritable mine d'or d'information, pour peu qu'il soit coopératif. Il était certain qu'il possédait l'infographie complète de la vie du titan cuirassé. Mais Han ne manqua pas de recentrer les débats, avant qu'il ne subisse un nouveau bug agaçant.

 — Et le rapport avec LandoMilitech ? fit-il en rappelant l'élément le plus surprenant.

 — Brogus et les siens utilisent leurs infrastructures, révéla-t-il naturellement. J'ai déjà vu des hommes à lui arriver via des transports. Ils avaient le logo de la corpo inscrits sur leur fuselage. Ca se remarque rapidement, par ici.

 — Tu en es sûr ?

 — Vous ai-je déjà donné de mauvaises informations ? fit-il avec une assurance non contenue.

 Han et Anakin s'échangèrent un regard dubitatif. Leurs regards se croisèrent, chacun voyant le reflet de sa propre surprise sur le visage de l'autre. Ils étaient à la fois incertain de la réponse à donner au droïde, et de ce que l'implication de LandoMilitech signifiait. Ils gagnaient de nouvelles informations, mais le mystère continuait de s'épaissir.

 — Comment te nommes-tu, droïde ? demanda Anakin.

 — Je l'ai oublié, client potentiel. Ces fichus programmes marchands...

 — Accepterais-tu de nous accompagner ? proposa-t-il. Tu pourrais nous être utile...

 — Ah ça pas question ! refusa-t-il promptement.

 — J'te comprends vraiment pas...

 — Les sacs à viandes n'ont jamais compris les unités HK...

 Han se désintéressait de la suite de la conversation, et s'éloigna. Anakin était toujours curieux.

 — Et c'est quoi ces histoires de sac à viande ? s'interrogea Anakin.

 — N'est ce pas évident ? dit-il avec une emphase toute retrouvée. Je veux dire, regardez vous ! Toute cette viande, toute cette eau ! Le tout maintenu dans un grand sac mal fichu ! Je ne sais pas comment vous faites, vous les organiques, pour vivre ainsi. Je deviendrais fou à votre place...

 Le droïde le plus excentrique qu'il lui avait été donné de voir dans sa vie...

 — Euh ok... A la prochaine alors.

 — Bien sûr, client potentiel. Parlez de moi à vos amis !

 Tandis que les deux hommes s'éloignaient, le droïde HK les observa impassiblement, avant d'ajouter.

 — On se reverra, jeune Jedi...

*****

 — Il faut vite qu'on retourne au Faucon, fit Han une fois éloignés du comptoir du droïde HK. Ce Brogus a déjà du avertir ses complices. Ses contacts chez LandoMilitech vont se faire la malle.

 — J'ai du mal à croire que LandoMilitech soit infiltrée, se dit le jeune homme.

 — Moi aussi fiston, moi aussi. J'y croirais quand je le verrais. Mais on doit composer avec ce qu'on a pour l'instant.

 — Il faut qu'on envoie un message à Alana pour la prévenir.

*****

— Alana, une transmission du Faucon vient d'arriver !

 — J'arrive ! fit-elle alors qu'elle se trouvait dans sa chambre à l'étage.

 Cela faisait presque deux semaines qu'ils étaient partis. Alana était impatiente de recevoir de leurs nouvelles, même si elle n'allait pas pouvoir leur parler directement. La date butoir donnée par l'Aube Rouge approchait dangereusement. Elle espérait recevoir des renseignements lui permettant d'agir. Elle et Crail étaient toujours au repos forcé, suite à la décision rendue par le Sénat. Alana n'avait pas grand-chose d'autre à faire que patienter. Et même elle en avait rapidement eu assez de patienter. Rester inactive lui donnait parfois envie de se taper la tête contre les murs. Cela lui avait donné l'occasion de revoir Crail, mais les reste du temps, elle n'avait pas grand-chose à faire à part méditer. Elle arriva dans le salon, trop excitée pour s'assoir.

 — Alors, qu'est ce qu'on attend ? fit la jeune femme.

 Leia lança la holovidéo. L'image holographique d'Anakin apparue. Les deux femmes virent qu'il avait les traits tirés.

 — Maman, Alana. On est sur Jakku, on s'apprête à repartir. On a pu s'y infiltrer selon le plan. Après avoir remonté la piste de Crail, on est tombé sur l'homme de la vidéo de l'attentat. Il y a eu un affrontement, et il a été rude... C'est un féroce guerrier, appelé Brogus Kast. Appelé parfois le Fléau. Pire encore, il connait les voies du côté obscur. Il a blessé Chewie assez sérieusement.

Alana porta sa main à sa bouche en entendant la nouvelle. Leia se rapprocha instinctivement d'elle.

— Mais papa et moi, on va bien, poursuivit le jeune homme. Le plus troublant, c'est qu'on a trouvé une information supplémentaire. On a pas pu avoir de nom. Mais quelqu'un de probablement haut placé chez LandoMilitech est lié à tout ça. Alana, tu dois trouver un moyen pour que personne de chez LandoMilitech ne quitte la planète. Mais je t'en prie, attends qu'on soit rentrés. Ces types sont très dangereux. Tu ne dois pas engager le combat seule. On va bientôt partir. Je vous dis à bientôt, et faites attention à vous.

 La transmission prit fin à ce moment, prête à recommencer en boucle depuis le début.

 — C'est terrible, dit Alana.

 — Nous devons contacter le Sénat, leur dire ce qu'on a appris. Pour les retenir le temps qu'ils arrivent.

 — Remet la vidéo au début, tante Leia. Je veux tout réécouter.

 Les deux femmes relancèrent la vidéo, pour s'assurer d'avoir tout assimilé. Tandis que les paroles de son cousin s'imprimaient plus profondément dans son esprit, la jeune femme savait ce qu'elle comptait faire. Chewbacca avait été blessé. Son oncle et son cousin éprouvés. Il n'était pas question qu'elle reste sagement ici, à attendre qu'ils reviennent. Elle avait suffisamment attendu comme cela. Elle aussi devait remplir son rôle, sa mission. Et son rôle n'impliquait pas d'attendre comme une enfant le temps que d'autres règles les problèmes à sa place. Elle était une Jedi. Une fois la vidéo terminée, Alana se dirigea directement vers l'holocom pour passer un appel.

 — Qu'est ce que tu fais ? lui demanda Leia.

 — J'appelle Crail, il faut qu'il voie ça.

Le visage de l'agent Jerre apparut après un moment. Alana ne lui laissa même pas le temps de la saluer.

— Crail, c'est moi. Écoute, tu dois venir ici tout de suite.

 — Quoi ? demanda-t-il d'un étonnement non feint. Qu'est ce qu'il se passe ?

 — On a eu des nouvelles d'Anakin. Je t'expliquerai plus tard, mais tu dois venir sans attendre.

 L'agent ne tenta même pas d'argumenter. Alana ne l'aurait pas contacté sans raison valable. Sans compter que son ton était suffisamment évocateur.

 — Ca a l'air sérieux. Je pars au plus vite.

 Une fois l'appel terminé, Leia regardait sa nièce dans l'attente d'une réponse. Elle craignait d'entendre la suite. Elle en avait une bonne idée...

 — Quoi ? fit-elle en sentant la leçon de morale venir.

 — Jeune fille, je crois que tu dois me dire ce que tu comptes faire..., déclara Leia alors que la jeune femme gardait le silence. Alana !

 — Je vais aller au siège de LandoMilitech ! finit-elle par lâcher.

 Leia soupira. Evidemment qu'elle comptait y aller... Elle avait espéré que sa nièce se montre plus disciplinée que son fils, mais à quoi bon ? C'était là les signes de la jeunesse idéaliste et volontaire, peu importait qu'Alana soit plus posée que son fils.

 — Tu as entendu Anakin ? Tu ne sais pas sur qui tu vas tomber ! l'implora-t-elle.

 — C'est pour ça que Crail m'accompagne.

 — Alana...

 — On n'a pas le choix, tante Leia ! Le temps presse, après il sera trop tard. Si l'Aube Rouge est au courant qu'on remonte leur trace, ils vont fuir sans attendre.

 La sénatrice leva les yeux au ciel, comme si elle allait y trouver l'argument lui permettant de convaincre la jeune femme de l'écouter. Mais c'était inutile, et elle le savait. Elle maudissait que ce trait de famille soit si persistant à travers tous ses membres. Et mêmes aux personnes associées come son mari. Leia se demandait ce qu'elle avait bien pu faire pour se trouver affublée de tant de personnes têtues et impossible à raisonner...

 — Je ne pourrais pas te faire changer d'avis... Promet-moi que tu feras attention à toi.

 — Oui, je te le promets... Tu pourrais me faire une copie du message d'Ani, que Crail puisse le voir pendant le trajet.

 — Bien sûr.

 Alana retourna dans sa chambre pour se préparer. Après s'être installée en tailleur sur le sol, elle entreprit de méditer, le temps que Crail arrive. Elle se concentra, laissant la Force couler en elle. Elle ne cherchait pas à revivre un moment particulier, ni des réponses. Elle avait besoin d'être au meilleur de ses capacités, pour prévoir à toutes les éventualités, se remémorant certaines leçons de son père, puis certaines d'Ahsoka. L'image des autres apprentis apparue, puis celle de Grogu. Elle se fendit d'un léger sourire en coin à l'apparition du petit alien dans ses pensées. Puis l'image de son cousin persista. La perspective de ressentir la présence d'Anakin, même de manière si faible, était l'ancrage dont elle avait besoin. Elle gagna en assurance, se convainquant aisément qu'elle serait à la hauteur de la tâche qui lui incombait à cet instant. Sans compter qu'une légère pointe d'égo apparaissait dans le même temps. La perspective d'affirmer devant son cousin qu'elle avait été à la hauteur sans lui. Elle n'en était pas particulièrement fière, mais la jeune femme se plaisait à se vanter face à Anakin. La chose la plus amusante était qu'il était la seule personne avec laquelle Alana se comportait ainsi. Tous ces détails renouvelèrent l'attachement émotionnel qu'elle portait à Anakin, et lui donna la force nécessaire, celle qui lui faisait parfois défaut.

Après un temps, elle sentit l'arrivée imminente de Crail. Elle se leva pour aller le rejoindre.

 — Tiens, voilà la copie, lui dit Leia en la voyant arriver. J'ai contacté Lando, pour l'informer de tout ça, et que vous étiez sur la route.

Alana voyait bien ce qui traversait sa tante. L'image qu'elle lui renvoyait. Le compromis qu'elle avait fait en s'inclinant. Tout ceci ne plaisait pas non plus à la jeune femme. Mais s'être confronté à la réalité devait lui servir. L'ennemi d'Anakin impliquait que l'Aube Rouge était infiltré au sein de LandoMilitech. Si taupe il y avait, elle ne tarderait pas à recevoir une communication de la part de son allié que son cousin venait d'affronter. La jeune femme aurait préféré attendre le retour de son oncle et de son cousin, pour débarquer en force là bas. Mais l'urgence de la situation exigeait d'agir au plus vite. Et peu importait qu'on lui demande de rester à l'écart. Elle n'était plus là même qu'au moment de son arrivée. Elle se montrera à la hauteur.

 — Merci tante Leia.

 Alana se précipita sans hésiter dans les bras de sa tante. L'étreinte de Leia était puissante, comme si elle ne voulait pas la laisser partir. Comme si elle craignait ce qui pouvait se passer. Comme si elle craignait de ne jamais la revoir... Elles finirent néanmoins par se séparer.

— Soit prudente ma fille.

 — Promis tante Leia.

 — Et que la Force soit avec toi.

*****

 Marchant dans l'allée, Crail n'eut même pas le temps de sonner, Alana lui ouvrant directement la porte pour sortir.

 — Allons-y, lui dit-elle simplement.

 Crail était surpris. Alana ne lui laissa pas le temps pour les questions, elle l'avait déjà dépassé.

 — Crail ? l'interpella Leia qui était proche de la porte. Prenez soin d'elle, dit-elle du bout des lèvres.

 — Je ferais tout ce que je peux, répondit-il d'un ton et d'un regard assuré.

 Leia lui adressa un sourire triste, mais rassuré. Malgré l'inquiétude qui l'habitait, elle savait qu'elle pouvait placer sa confiance en Crail. Il ne l'avait jamais déçue. Alana arriva en première au speeder de Crail, du côté conducteur. Le jeune homme finit par la rejoindre.

 — Tu comptes faire quoi là Alana ? s'étonna-t-il en la voyant prendre ses aises.

 — Tu dois écouter le message sur le trajet, alors je prends les commandes.

 — Je ne crois pas qu-

 — Ca ne doit pas être bien compliqué, le coupa-t-elle. Déverrouille la portière.

 Crail s'exécuta malgré lui, et ils prirent place dans l'airspeeder. Crail commença à vouloir donner quelques indications à la jeune Jedi, mais elle ne l'écoutait qu'à moitié. Elle réussit tout de même à faire décoller l'engin, de façon bien maladroite.

 — Ok, je vais mettre ma ceinture, je crois, fit-il légèrement inquiet.

 — Oh ça va, répondit-elle. Occupe-toi plutôt d'écouter le message.

 Elle lui passa le petit disque de données, et il l'inséra dans le port en face de lui. Il écouta le message du mieux qu'il put, perturbé par la conduite cavalière d'Alana, tentant de lui donner des indications. Elle s'engagea dans une mauvaise direction, rallongeant leur trajet. Crail lui fit la remarque que le bon trajet était pourtant affiché sur l'holo-interface du speeder. La jeune femme lui adressa un regard agacé pour seule réponse.

 — Alors ? demanda-t-elle une fois qu'il eut terminé d'écouter le message.

 — Alors on ferait mieux de faire ce qu'il nous dit, répondit-il.

 — Tu n'es pas sérieux...

 — Anakin sait clairement se débrouiller, affirma Crail. Mieux que toi. Ne me regarde pas comme ça Alana, lui dit-il lorsqu'il vit qu'elle fronçait nerveusement les sourcils. Et malgré ça, on voit bien qu'il craint ce Brogus. Si on tombe sur un adversaire comme ça... Je ne serais pas en mesure de t'aider. Je serais un boulet, même si je fais de mon mieux.

 — C'est comme ça que réagit le meilleur agent de toute la Nouvelle République ?

 — Tu vois très bien ce que je veux dire, Alana.

 Malgré sa résolution, la jeune femme devait reconnaitre que Crail marquait un point. L'agent ne disposait pas des mêmes compétences que les deux Jedi. Si un duel se profilait face à un utilisateur de la Force, il n'allait pas pouvoir lui prêter main forte. Même si Crail était un combattant aguerri. Mais cela ne découragea pas Alana. Il n'était pas question de se défiler. Pas maintenant.

 — On n'engagera pas le combat, le rassura-t-elle naïvement. Il suffit juste de les retarder. Lando est dans notre camp, et il doit y avoir du personnel de sécurité là bas.

 — J'aimerais partager ton optimisme...

— Crail, un nouvel attentat se prépare peut-être. L'allié de celui qui a fuit face à Anakin doit avoir appris que l'on est sur ses talons. Ça ne me plaît pas plus que toi, mais il faut qu'on agisse.

Son raisonnement faisait sens. L'agent n'avait d'autre choix que de le reconnaître. Même s'il aurait préféré se lancer en compagnie du second Jedi. Entre lui-même et Alana, il n'était pas certain de faire illusion. Crail était extrêmement doué, mais il demeurait un humain, et il en était conscient. Il n'était pas du genre à se leurrer sur lui-même. Et il avait vite compris qu'Alana, peu importaient ses dons et ses capacités, n'étaient pas une véritable guerrière. Et face à l'inconnu... Il ne leur restait plus qu'à espérer contenir cet ennemi invisible jusqu'à l'arrivée des renforts...

*****

La navette de fortune qu'il avait dérobé n'était pas des plus perfectionnée, mais permettait de passer inaperçu de la plupart des radars et des senseurs d'éventuels gêneurs. Brogus Kast avait enclenché le trajet automatique en direction de la Bordure Médiane. Il allait ainsi pouvoir récupérer de son affrontement face à Anakin, où il avait laissé beaucoup d'énergie, de même que dans sa tactique de fuite. Mais il devait prévenir son alliée avant cela. Il enclencha l'holovidéo pour enregistrer un message.

 — C'est moi, commença-t-il de sa voix rocailleuse. Je viens de quitter Jakku, les Jedi ont réussit à remonter jusqu'à moi. Ce qui veut dire que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne te rendent visite. Ca précipite les choses, mais ne change rien au programme. Tu sais ce qu'il te reste à faire quand ils arriveront. Je rentre vers la base avancée, et j'informerais ton père des dernières nouvelles. Ne les sous-estime pas Kyrsta. Même pour des Jedi, ils sont plutôt doués.

 Une fois le message enregistré, il l'envoya à l'adresse habituelle, le serveur dérobé de LandoMilitech. Son alliée allait bientôt le recevoir, et agirait en conséquence. Elle serait prête lors de l'arrivée du second rejeton Skywalker.