l'heure du départ.
Harry Styles - Sign of the Times
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L'air était froid et chargé d'humidité. Le soleil ne s'était pas encore levé, mais on pouvait tout de même deviner que la journée serait grise. Derry ne manquerait pas à Richie. En y réfléchissant, il détestait chaque choses qui faisaient de cette ville ce qu'elle était. Du moins c'est ce dont il essayait de se persuader. Car, assis en dessous d'un des seules rares arrêts de bus de Derry, Richie ne pouvait pas s'empêcher de penser à toutes ces bonnes choses qu'ils allaient laisser derrière lui, et cela lui fendait le cœur.
Le repère des Losers au bord de la rivière, la carrière, tous ces petits coins cachés de la ville dont il était le seul à connaître l'existence, les soirées chez Bill, sa chambre, ses amis...
Ses amis.
La gorge de Richie se serra.
Pourquoi partir était si dur ?
Pourquoi la fin de quelque chose, d'une période, fait si mal ?
Pourquoi ne pouvait-il pas juste lâcher prise ?
Partir sans regarder en arrière, sans regrets, sans remords.
Les bons et les mauvais moments qu'ils avaient vécus dans cette ville faisaient partis de lui. Derry avait laissé une trace définitive et indélébile dans son cœur. Bientôt tout ça ne serait plus qu'un souvenir.
Mais le garçon ne voulait pas que ses amis soient des souvenirs.
Richie ravala ses larmes, il se devait de rester fort, pour Eddie et Beverly.
Il entendit d'ailleurs le brun renifler à côté de lui. Eddie était assis par terre, entre deux sacs à dos remplis jusque à ras bord. Il était enveloppé dans une écharpe, et c'est à peine si on pouvait encore voir son visage. Seul son nez rougis par le froid dépassait du tissus. Beverly était quant à elle, assise à côté de Richie sur le banc, son bonnet blanc comme neige laissait dépasser quelques unes de ses boucles rousses. Une grande mèche de sa si belle chevelure avait été arrachée par son père. Elle était recroquevillée sur elle même, le menton appuyée sur ses genoux. Elle semblait pensive mais pas pour autant tracassée. La jeune fille était tellement perdue dans ses pensées qu'elle n'entendit pas le reste des Losers arriver.
Richie se leva et se dirigea lentement vers eux, Eddie sur ses talons. Bill, Stanley, Mike et Ben avaient tous le même air. Ils avaient l'air infiniment triste. Stan adopta un air grave et sortit une liasse de billet de sa poche qu'il tendit à Richie. Le bouclé secoua la tête mais son meilleur ami n'en prit pas compte et attrapa la main de Richie pour lui donner l'argent.
« On peut pas vous laisser partir sans rien. » chuchota t'il.
Le garçon chuchotait car il lui suffisait d'hausser légèrement la voix pour éclater en sanglots, et Richie ne pouvait pas le voir comme ça. Le bouclé accepta l'argent et fourra les billets dans la poche de son sweat. Les six garçons restèrent ensuite, durant de longues secondes, dans un silence de mort. Ils avaient tous tellement de choses à se dire.
Mais les au revoir sont cruels, et ne laissent jamais assez de temps pour se dire à quel point on va se manquer.
Finalement Beverly arriva en traînant des pieds. Elle prit Ben par la main et les deux adolescents s'éloignèrent du groupe. Le regard d'Eddie se porta sur eux puis sur Bill. Le garçon avait la lèvre inférieur qui tremblait. Sans réfléchir le brun s'avança vers lui et le prit dans ses bras. Bill qui était légèrement plus grand qu'Eddie posa délicatement son menton sur la tête du garçon.
« Et si tu m'oublies ? » demanda la petite voix d'Eddie.
Bill relâcha son étreinte et regarda le garçon droit dans les yeux avec une mine presque peinée.
« Je t-t'oublierai ja-jamais Eddie t-tu le s-sais bien. »
Eddie baissa les yeux pas vraiment convaincu. Bill était son meilleur ami, le seul qu'il avait jamais eu. Le laisser derrière lui, lui creusait un énorme trou dans le cœur.
« On s-s'appellera t-tous les jours, continua Bill, et...et on p-pourra même s'env-s'envoyer des lettres. »
Eddie esquissa un semblant de sourire et releva son regard vers le garçon.
« J'avais tort. » annonça Eddie.
« A p-propos de q-quoi ? »
« Je pensais que ce que je vivais ici durerait pour toujours. »
« Mais p-peut-être que c-ce que t-tu vi-vivras là-bas s-sera encore mi-mieux. »
« Mais vous serez pas là. » observa Eddie qui avait maintenant les joues baignés de larmes.
« Je te promets que je viendrai te voir. Peu importe où tu te retrouveras, je te promets que aujourd'hui ne sera pas là dernière fois que l'on se verra. » jura le garçon en parlant lentement et de manière appliquée.
Mais il n'avait pas bégayé et parlé d'un ton si sincère que Eddie, avant de le prendre de nouveaux dans ses bras, sourit en chuchotant un merci.
Richie regardait Bill et Eddie du coin de l'œil. Il s'en voulait d'enlever le brun à son meilleur ami, mais ni Beverly, ni Eddie et ni Richie ne pouvaient se permettre de rester à Derry. L'un fuyait sa mère, l'autre fuyait son père, et lui Richie fuyait tout, en espérant n'emmener que le bon avec lui.
Mike le sortit de ses pensées en montrant du doigt leur bus qui se trouvait au rond point.
« Il est là. » annonça t'il.
Richie sentit les larmes lui monter au yeux. Le bus avait dix minutes d'avance, il n'était que 6h30 et il n'avait toujours pas fait ses au revoir.
« C'est tellement bête que vous soyez obligés de partir... » chuchota Mike en shootant dans un caillou.
« Je sais.. » lui répondit Richie en le prenant dans ses bras.
Au loin le bouclé observa Beverly et Ben qui semblaient avoir une conversation plutôt importante. Finalement la rousse prit Ben dans ses bras et l'embrassa tendrement, laissant un Ben tout rouge avec le sourire aux lèvres mais les larmes aux yeux. Le garçon sourit tristement, il faudrait du temps à Ben pour s'en remettre.
Richie se retourna ensuite vers Stanley, ne sachant pas trop quoi dire ou quoi faire.
« Dépêche toi idiot tu vas rater ton bus. » lui rappela Stanley sans vraiment trop de conviction.
En vérité, cela l'aurait arrangé que son meilleur ami loupe le bus, mais il devait le laisser partir même s'il n'en avait aucune envie.
Richie prit à son tour Stanley dans ses bras, sans pouvoir cette fois-ci retenir ses larmes. Le quitter lui et les autres s'avérait être une épreuve insurmontable. Richie avait presque envie de prendre ses jambes à son cou, de retourner à sa maison et de s'enfermer dans sa chambre, là où tous les posters des Smiths étaient restés.
« Tu vas me manquer. » dit Stanley en reniflant.
« Moi aussi, chuchota Richie, moi aussi. »
Les deux garçons se donnèrent une dernière accolade et se séparèrent. Eddie s'avança vers Stanley avec un air timide. Celui-ci l'entraîna un peu à l'écart et lui dit en appuyant sur chacun de ses mots ;
« Prend soin de toi Eds. »
Eddie acquiesça.
Beverly et Richie, de leurs côtés, avaient dit au revoir à tout le monde. Ben agrippait la main de la jeune fille dès que celle-ci commença à s'approcher du bus. Beverly sourit tristement au garçon et relâcha sa main en montant. Richie, qui avaient plusieurs sacs dans les mains, appela Eddie. Le garçon regarda une dernière fois dernière lui et vit Bill, Stanley, Mike et Ben se tenir côte à côte. Il leur sourit comme pour leur assurer que tout irait bien, même si il n'avait jamais été aussi peu sûr de l'avenir.
« Trois tickets pour New-York s'il vous plaît. » demanda Richie en sortant des billets froissés et quelques pièces d'un vieux portefeuille.
Eddie, pendant ce temps, partit s'installer au fond du bus avec Beverly. Toutes les places étaient inoccupées. Les habitants de Derry restaient à Derry. Beverly, Richie et Eddie étaient l'exception même.
Le bus démarra, Eddie colla son visage à la fenêtre, alors que Beverly sortait une couverture de son sac pour s'enrouler dedans. Il n'osa pas se retourner totalement, il ne voulait pas regarder en arrière, ça faisait trop mal.
Richie s'installa à côté de lui. Les maisons et différents quartiers de Derry défilèrent devant les yeux du brun. Il pensa à sa mère et à ce qu'elle pourrait faire quand elle apprendrait que son fils était parti pour toujours. Finalement le panneau de la ville apparut. C'était fini, ils avaient quitté Derry. Eddie déglutit et serra les dents, sa gorge lui piquait. Il ne put retenir longtemps ses larmes, alors il les laissa juste couler. Il était tellement effrayé et fatigué.
Leurs avenirs à New-York étaient tellement incertains, mais où aller.
Où étaient supposés aller trois adolescents qui avaient quitté le domicile parental sans plan de secours ?
Ces prochaines années seraient dures et il ne s'agirait plus de vivre mais de survivre. Néanmoins si toutes ces épreuves étaient le prix de la liberté, Eddie les accepterait. Tout comme Beverly et Richie. Ils voulaient être libre de faire leurs propres choix et de tracer leurs propres futurs. Le faire à Derry était impossible.
Parfois il suffit juste d'accepter d'abandonner le passé, pour pouvoir vivre le présent et construire son propre futur.
Richie passa un bras autour des épaules d'Eddie qui se blottit dans son étreinte. Il déposa un baiser sur le front du brun et se retourna vers Beverly qui était toute seule de son côté. Il lui fit signe de venir. Sa meilleure amie se rapprocha avant de poser sa tête sur les jambes de Richie et d'étaler ses jambes sur les deux sièges libres à côté. Richie reporta son attention sur la route, le cœur lourd et la tête remplit de craintes.
Il savait pour le bras d'Eddie. Bien sûr qu'il était au courant, il se trouvait être son petit copain après tout. Le garçon avait bien remarqué que quelque chose clochait avec lui, alors il avait fait attention à tous ce que les mots ne pouvaient pas dire.
Le regard, les gestes, les soupirs, les sourires forcés et les bras mutilés. Richie savait, mais n'avait rien fait. Que pouvait-il faire, tout s'était enchaîné si vite. Mais le garçon n'abandonnerait pas Eddie, loin de là. Il quittait Derry pour lui et pour Beverly.
Richie s'était fait une promesse.
Il s'était juré de prendre soin des deux personnes qu'il chérissait le plus au monde, mieux que la vie l'avait fait jusqu'à maintenant.
Leurs bonheurs étaient complémentaires au sien.
Eddie tapota le bras de Richie et lui fit signe de regarder par la fenêtre.
Le ciel était orangé et les nuages de simples traînées rose pâle.
-
Dans un bus vers New-York, trois adolescents observaient le lever du soleil, signe d'espérance pour un tout nouveau départ.
Aujourd'hui ça fait un an jour pour jour que j'ai vu « Ça » pour la première fois au ciné, je rigole même pas je l'ai vu dans mes memories Snap...
Donc quoi de mieux que ce symbole pour vous dire que vous venez de lire l'avant dernier chapitre.
Honnêtement j'ai chialé presque tout le temps en l'écrivant, tout ce petit chapitre sonne comme la fin et c'est un peu le cas. Ça va être le point final de cette fic et le point final de quelque chose pour moi aussi. Cette fiction ( j'aime vrmt pas le mot fanfcition sorry ) m'a vraiment accompagné et aidé pendant 9 mois, c'est fou quand j'y pense. J'aime tellement tous ces personnages de Stephen King que j'ai customisé à ma manière en apportant un peu de moi dans chacun d'eux.
En espérant que le chapitre vous A PLU et je vous dit à dimanche pour THE LAST CHAPTER...
Bisous,
Lou <3
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