Chez les gens d'un certain standing, ceux qui savent soi-disant le goûter, le présenter, le commenter, même le noter, tenir le crachoir sur ses mérites, il est de convenance utile d'affirmer que la convivialité, la bonne humeur, même la fête, ont le vin pour meilleur partenaire. Moi je veux bien, mais sincèrement le geste ne suit pas toujours la parole et, trop souvent, on est nombreux à s'emmerder. Ce n'est pas très joyeux, joyeux... Alors, que sont devenues les chansons à boire, les chansons légères, la bonne gaudriole ?
Le politiquement correct n'est pas très gourmand des appellations simples comme : buveur, ça n'est pas très convenable, ça sent trop la saoulasse, et c'est pire pour les filles un peu pompette qui se libèrent, rigolent, s'amusent se sentent pousser des ailes...
J'ai parfois la sensation que deux blocs irréconciliables se forment : une nouvelle génération qui se shoote aux boissons fortes pour atteindre la limite, parfois même la rupture... et toute une confrérie de buveurs tristes refaisant le monde, se prenant le chou et nous prenant le nôtre, nous faisant sombrer dans un ennui abyssal.
Bien sûr je force le trait et je ne suis pas nostalgique des chansons grivoises, des grosse plaisanteries salaces, des beuveries, mais je revendique haut et fort le droit à la franche rigolade, à la légèreté, à cette forme d'ivresse qui fait qu'on a envie de danser même si on n'est pas le roi de la valse ou un as du Rock'n Roll. Dans mes souvenirs d'enfance, les mariages, qui se prolongeaient parfois trois jours, alliaient ce sens de la fête, de la danse et, pour les hommes, dans les caves, se raconter des histoires, bavasser, chanter. Personne ne parlait de vin, sans doute n'était-ce pas des nectars prestigieux mais qu'importe, ce qui comptait c'est que le vin déliait les langues, égaillait les cœurs. Alors je suis dans cette tradition : je parle tout haut et je ne m'interdit rien.
Je n'ai jamais eu la boisson triste et je n'ai pas l'intention de déroger à ma ligne de conduite. Toute une nouvelle génération de viticulteurs, depuis une vingtaine d'années, font des vins joyeux, de gais lurons, qu'ils affublent de noms plutôt réjouissants alors pourquoi oublier la fête, faire du vin un objet central, unique, détaché de sa fonction d'allié du plaisir ?
Moi j'écris pour le plaisir, pour me faire plaisir en tentant de vous faire plaisir... alors comme le dirait l'autre : "ça commence vraiment à m'emmerder l'œnologie !" Pas envie de me retrouver à disséquer un verre de Lard des choix (Ardéchois) entre cravatés, préférerais festoyer la chemise ouverte autour d'un Corbière des Andes, l'histoire d'élever le niveau !
Santé !
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