Quel ivresse que celui de baigner son regard dans l'immensité du ciel et de la mer !

Incomparable limpidité de l'azur, isolement, silence. Spectacle statufié, invariable. Mélodie monotone de la houle, effluve de cordage mouillé, senteurs marines... 

Là où l'horizon se confond, une petite voile frissonnante, qui, par sa petitesse et son isolement imite la réalité de notre existence, symbolise la vie. 

Alors, dans la grandeur de la rêverie, toutes les émotions sortent subitement de moi ou s'élancent vers moi, devenant bientôt trop intense. C'est comme un gros tumulte des cellules, la matière grise portée à ébullition, un déferlement de pensée, une cataracte d'images.

Et cette volupté m'éponge, m'aspire et crée un malaise, une douleur, une blessure, pire... une souffrance. Maintenant, la profondeur du ciel me consterne, sa pureté me fait peur et l'insensibilité de l'océan me révolte. 

Nature ensorceleuse sans compassion, sans rivale et toujours triomphante, que recherches-tu en moi ? Faut-il éternellement que je souffre et que j'évite systématiquement le beau ? Faut-il que je te fuis à jamais ?