Effleurer la définition du Beau... vaste programme.

C'est quelque chose à la fois d'enjoué et de triste, quelque chose d'un peu vague, laissant percevoir un monde d'hypothèse. Quelque chose qui fait rêver, mais d'une manière obscure, de joie et de tristesse ; et qui comporte une idée de mélancolie, d'amertume et d'abandon, associée à contrario à une ardeur et à un désir de vivre !

La privation, la désespérance, le mystère, le regret sont aussi des caractères du Beau. De la même manière, l'insensibilité vengeresse et le malheur profond, l'habillent harmonieusement.

Je ne revendique pas que le bonheur ou la volupté ne puisse pas se marier avec le charme ou la grâce, mais je dis que la gaieté en est une des parures les plus banales, tandis que la tristesse en est pour ainsi dire l'immortelle fiancée, à ce point que je n'imagine guère du Beau où il n'y ait de la douleur.

Affecté par ces pensées, j'avoue qu'il me serait difficile de ne pas déduire que la beauté bestiale la plus achevée reste la souffrance, et que la beauté virile suprême demeure Satan.