Chapitre 4

J'ouvrai difficilement les yeux. La lumière forte m'éblouissait. Ce n'était pas normal. D'où provenait cette luminosité un peu trop éclatante à mon goût ? J'entrouvris une paupière mais la referma immédiatement, enfouissant ma tête entre mes coussins et Gin, qui poussa un miaulement rauque.

- Si tes pas content, c'est le même prix, marmonnai-je la bouche pâteuse.

Je soupirai bruyamment et pris mon courage à deux mains, ouvrant d'un coup sec les yeux. Je pus ainsi constater que j'avais encore omis de tirer les rideaux. Je rouspétai contre ma propre bêtise et laissa retomber ma tête. Je cherchai à tâtons mon réveil que je trouvai rapidement et jeta un coup d'œil indifférent à l'écran. Je dus m'y reprendre à deux fois avant que l'information parvienne à mon cerveau. Il était huit heures et quart. Les chiffres clignotaient tranquillement sur leur cadrant comme si le malheur qu'ils annonçaient était insignifiant. Je poussai un petit cri strident, faisant sursauter les bêtes à poil et me levai d'un bond. J'étais en retard. Très en retard, même. Je commençais dans un quart d'heure. Je n'y serais jamais. Génial ...Je n'étais jamais en retard ! Et bien évidemment, il fallait que ça tombe aujourd'hui...Je me préparai en vitesse et me retrouvai un quart d'heure plus tard devant le ministère. Oui, j'étais en retard. Je devrais normalement être à cette heure-ci dans le ministère, et non à l'extérieur. Je soufflai bruyamment et pénétrai dans l'enceinte du bâtiment. Certaines personnes me saluaient courtoisement, mais je n'étais plus l'animal de foire du moment. Après une longue et difficile semaine de ragots et rumeurs à mon sujet, les sorciers avaient peu à peu oubliés que je travaillais parmi eux et c'était tant mieux. Il me semblait que la chance me souriait à nouveau. Voila quatre ans qu'elle avait déserté, mais à présent, tout portait à croire que son voyage était terminée. Les choses s'étaient légèrement améliorées. Légèrement, hein ! N'exagérons pas non plus. Tout d'abord, j'avais eu une promotion. J'étais passée d'assistante au troisième degré à assistante au second degré. C'était mieux que rien ! Et le meilleur dans tout ça était, sans hésitation, que j'avais à mon tour le droit à une assistante, qui n'était autre que Martine ! Je jubilai intérieurement. Mon extase ne dura cependant que quelques secondes. Le fait était que même si j'étais assistante au second degré, j'étais également à la bourre pour mon deuxième jour dans ce nouveau boulot. J'accélérai le pas en apercevant la porte de mon bureau et percutai brutalement quelqu'un. Non mais franchement ! Quelle idiote ! Il m'était donc impossible de faire deux choses en même temps ? Ce n'était quand même pas compliquer de marcher et de regarder où je mettais les pieds !

- Je suis vraiment désolée ! M'exclamai-je tout en me penchant pour récupérer ma baguette qui était tombée.

- Hermione ?!

Par pitié, dites-moi que je rêve ! Je retire tout ce que j'ai pu dire au sujet de la chance. Merlin me détestait, c'était certain. Mais qu'ai-je donc bien pu faire ? J'étais maudite du bout de mes ongles de doigts pieds à la pointe fourchue de mes cheveux.

Je relevai lentement les yeux vers mon interlocuteur, ma bouche tordu par le désespoir.

- Ron...Lâchai-je du bout des lèvres.

Mon manque d'enthousiasme du le rafraichir car il me fit un petit sourire tout crispé auquel je ne répondis pas.

- Ca fait longtemps, hein !

- Ouai. Bon tu m'excuses mais je suis déjà en retard.

Il s'effaça sur le côté pour me laisser passer et sans un regard pour lui, je le dépassai la tête haute. Je l'entendis me dire sans grande conviction :

- Il faudrait qu'on se fasse un truc un de ces quatre.

Rêve !

- Ouai...On verra.

J'atteignis enfin la porte marquant l'entrée de mon nouveau bureau et me hâtai d'y pénétrer. Je posai avec un manque certain de délicatesse ma baguette sur mon bureau et m'assis avec la même grâce sur mon fauteuil. Je ne perdis pas de temps et laissai mes idées vagabonder. Crétin ! Idiot ! Abruti ! Imbécile ! Et non je ne me sentais toujours pas mieux. C'était à chaque fois la même chose. Il m'évitait autant qu'il le pouvait et je faisais de même, mais les rencontres étaient parfois inévitables. J'essayais de calmer les battements de mon cœur mais c'était peine perdue. Mes yeux me piquaient affreusement et je dus faire preuve d'un contrôle sur ma petite personne pour ne pas pleurer. Je détestais cet homme presque autant que je l'aimais. Il m'avait détruite, achevée et c'était aucun doute à cause de lui si j'étais devenue ce que j'étais. Outre tout ce qu'il m'avait fait, c'était principalement à cause de cette dernière chose que je lui en voulais éperdument. J'essuyai mes yeux humides d'un revers de la main et pris le premier dossier d'une pile haute de cinquante centimètre. Il était inutile de me morfondre durant des heures entières. J'avais dépassé ce stade. Quelques minutes suffisaient à présent. Le dossier traitait d'un divorce. Je le posais à ma droite et en pris un autre. Celui-ci ne m'inspirait absolument pas et il était hors de question que je rédige un long rapport sur un stupide divorce. Des dizaines de dossiers lui succédèrent, tous aussi inintéressants les uns que les autres. Trois divorces, un crime passionnel, deux héritages mal répartis, une grosse entreprise magouilleuse et j'en passe. La pile à ma droite était à présent plus haute que cette de gauche. Je me pris la tête entre les mains et essayai de chasser l'image de Ron de mon esprit. De légers coups résonnèrent contre ma porte.

- Entrez ! Criai-je d'une voix fatiguée.

Martine apparut alors dans mon champ de vision. Je sus tout de suite que quelque chose clochait chez elle. Primo, elle me paraissait particulièrement excitée ; elle n'arrêtait pas de gigoter et se passait inlassablement la main dans les cheveux. Deuxio, un grand sourire ne quittait pas ses lèvres. Tertio, il était impossible qu'une personne normalement constituée soit si heureuse à neuf heures moins le quart du matin.

- Tu viens récupérer les dossiers, je suppose ? Demandai-je sans même la saluer.

En réalité, secrétaire du premier, second ou troisième degré revenait exactement à la chose. On se partageait les dossiers, voila tout. La seule particularité à être un degré au dessus était qu'on pouvait sélectionner les dossiers qui nous intéressaient plus ou moins. Je remarquais que le sourire idiot de Martine s'effaça une demi-seconde et que ses sourcils se froncèrent. Je l'avais surprise, pas de doute. Son euphorie reprit cependant le dessus et elle me dit d'une voix rendue aigue par l'excitation :

- Oui, enfin non ! Enfin, pas tout de suite ! Je venais te dire que quelqu'un voulait te voir !

Et ? C'était tout ? Cette fille avait vraiment un grain.

- Euh...Oui ça arrive parfois, tu sais ...Lui répondis-je tout en lui lançant le regard qui signifiait clairement tu-es-complètement-folle-ma-pauvre-fille.

Elle soupira bruyamment et reprit, de plus en plus pressée :

- Alors ? Je le fais rentrer ?

Le ? Hum...intéressant.

- Fais donc, fais donc ! La priai-je avec un geste pompeux de la main.

Elle ressortit en trombe de mon bureau, laissant la porte grande ouverte.

- Et la porte ? C'est pour les chiens ? Marmonnai-je.

- Non mais il aurait idiot de la refermer alors que j'allais rentrer.

Je relevai vivement la tête. Oh non mais ce n'est pas vrai ! Cette fois c'était décidé, Merlin m'en voulait réellement ! J'avais du manquer un épisode. Peut-être se trompait t-il de personne ? Ou peut-être me punissait-il pour mon égoïsme ? Je priais tous les jours pour qu'il me pardonne pour ne pas avoir donné cette petite pièce au monsieur qui faisait la manche avec son chien sur le chemin de Traverse...Raah ! J'aurais du lui donner cette maudite pièce !

- Qu'est ce que tu fais la ? Demandai-je abruptement.

- Je suis venu te parler.

- Tu manques de compagnie pour te rabaisser à la mienne ?

Il soupira d'agacement. Eh oh il n'allait pas en plus bouder ! Il était dans mon domaine, la ! Dans mon bureau et sur mon étage ! Malgré tout, ma curiosité pris le dessus et je lâchai, résignée :

- Bon, je t'écoute.

Un sourire carnassier s'étira sur ses lèvres. Mauvais, très mauvais. Il s'approcha de mon bureau et loucha quelques secondes sur ma pile de dossier.

- On ne va pas y passer la nuit, Malefoy. Grouille-toi de « me parler » et casse toi. J'ai du boulot, moi, et si tu continues comme ça, je finirais par croire que tu me colles.

Il semblait passablement surpris par ma franchise, mais ne s'en formalisa pas pour autant.

- Rêve pas trop Granger, j'ai du me trainer pour venir jusqu'ici.

- Heureuse de l'apprendre.

Il me fixa quelques secondes et continua :

- Finalement, ta compagnie est plus agréable quand tu es saoule.

- Haha.

J'avoue, j'étais pliée en deux tellement je rigolais. Quel humour il avait ce Malefoy ! Non, sérieusement, d'abord Ron, puis lui. Les deux dans la même journée... Magnifique !

- Au faite, très charmante ta secrétaire.

- N'est-ce pas ? Surtout ne lui signe pas d'autographe en sortant, elle risque de ne jamais s'en remettre.

Il sourit franchement, tout en secouant la tête. Mon regard croisa alors le sien et je fus une nouvelle fois surprise par la couleur de ses pupilles. Grises, très claires. Je scrutai intensément ses prunelles. Elles étaient un véritable mystère. Tantôt claires comme l'argent, tantôt aussi foncées qu'on pourrait les comparer aux ténèbres.

- Je peux savoir pourquoi tu me fixes comme ça ?

Je sortis de ma torpeur et me rassit confortablement dans mon fauteuil. Ignorant sa question, je lui demandai d'une voix lasse :

- Bon, viens-en aux faits.

J'étais intriguée, très intriguée même, mais je n'en laissais rien paraître.

- J'ai besoin de ton aide Granger.

Et qu'étais-je censée faire ? Lui rire au nez ? Pleurer de désespoir ? Rester neutre ? Oui, cette dernière possibilité me semblait être la bonne.

- C'est une blague ? Demandai-je sans l'once d'un sourire.

- J'ai l'air de rigoler ?

Non. Absolument pas. Il était on ne peut plus sérieux. Ses iris étaient à présent foncés mais je ne m'arrêtais pas à ce détail.

- Non.

- Bien. Alors ? Tu m'aides ?

- Non.

Ma réponse claqua comme un fouet. Froide, dure, ne laissant aucun espoir quant à un éventuel changement de position.

- Non ? Répéta t-il un sourcil relevé.

- Non.

- Tu ne connais même pas ma requête.

- Et je n'ai pas envi de la connaître. Enfin quoi Malefoy ! Tu t'attendais à quoi ? Je te déteste, tu me détestes, tu n'espérais tout de même pas que j'accepte de t'aider avec un sourire en bonus ?

Piqué au vif, il croisa les bras sur sa poitrine. Nous nous fixâmes une bonne vingtaine de seconde puis il céda :

- Granger, j'ai vraiment besoin de ton aide !

- Ouai, c'est ce que j'avais cru comprendre. Mais laisse moi te demander pourquoi ? Pourquoi moi ?

- Tu travailles au service administratif du Mangenmagot.

- Soit.

Il poussa un nouveau soupir face à mon manque de coopération.

- Et j'ai besoin de quelqu'un qui travaille au service administratif du Mangenmagot.

- Huhum.

- Bon alors ? Tu m'aides ?

- Non.

- Granger ! Merde quoi !

A tiens, il commençait à perdre patience. Bonne nouvelle. Mais l'association de mon nom et de « merde » dans la même phrase ne me plut pas franchement.

- Mais c'est quoi ton soucis ? Arrête de me harceler ! Tu es Drago Malefoy et tu peux demander l'aide de n'importe qui sur cet étage !

- Et bien figure toi que non ! Si tu me laissais t'expliquer mon problème, peut-être que tu comprendrais mieux ce qui me pousse à te demander de l'aide ! Et puis je te rappel que tu as une dette envers moi...Termina t-il avec un sourire triomphant.

J'avalai ma salive de travers et toussai à en cracher mes boyaux deux bonnes minutes. L'autre abruti me regardait hilare. Les joues rouges, les yeux humides et la gorge en feu, je levai des petits yeux meurtriers en sa direction.

- Un dette ? Répétai-je d'une voix rauque.

- Parfaitement. Une dette.

- Une dette rien du tout ! M'échauffai-je.

Il avait raison. J'avais une dette envers lui mais il était hors de question que je m'incline. Je bouillai intérieurement. Malefoy resterai Malefoy, c'était donnant-donnant.

- Ah oui ? Laisse moi te rappeler que je t'ai ramené chez toi alors que tu étais ivre morte...

- Faux ! Le coupai-je. Maëlla t'a demandé de me ramener. Et si j'étais ivre morte, comme tu dis, je ne m'en serais pas rappelé.

Il pinça les lèvres, visiblement vexé. La susceptibilité semblait être son pire allié.

- J'ai payé tes trois mois de retard sur ton loyer, à savoir...

- Cent vingt gallions, je sais. Grinçai-je.

Il sourit. Pas de ce rire sincère mais plutôt de ce sourire démoniaque, le même qu'il affichait constamment à Poudlard. Pas bon pour moi tout ça. Je ne savais plus quoi penser. Il avait raison, mais je ne pouvais me résigner à m'abaisser à ses exigences.

- En réalité, j'ai payé plus cher que ça. Les intérêts, précisa t-il en voyant ma mâchoire se décoller.

- Et tu t'es laissé faire ? Idiot ! Frusquin me les fera payer à chaque fois maintenant ! M'écriai-je horrifiée.

- Ce n'est pas mon problème.

- Mais...

- Ce n'est toujours pas mon problème, me coupa t-il.

Boudeuse, je croisais les bras sur ma poitrine. J'étais coincée. Nous nous dévisageâmes quelques secondes puis je cédai :

- Bon, explique. Je ne promets rien.

Il afficha un large sourire, -que je lui ferais bien bouffer au passage- tira la chaise devant mon bureau et s'assit confortablement. Je ne le lâchai pas des yeux, faisant claquer un par un mes ongles sur le bois de mon bureau. Même si mon expression restait neutre, j'étais en proie d'une grande colère. Pas contre lui, non, contre moi-même. Si je n'avais pas bu à ce stupide mariage et si j'avais payé mon loyer à temps, je n'en serais pas la. Bon, d'accord, ce n'était pas la mort m'enfin quand même...Aider Malefoy...! Raah ! M'avait-il seulement aidé une fois, lui ? Oui bon il avait payé mon loyer mais sinon ? Non ! Niet, nada, rien et gratte ici ! Il avait toujours été ingrat avec moi, me lançant à longueur de journée des « sang-de-bourbe », « rat de bibliothèque », « miss-je-sais-tout » et j'en passais.

- A quoi penses-tu avec autant de sérieux et de haine, Granger ? Demanda t-il d'une voix innocente qui ne lui allait absolument pas et qui faisait plutôt ressortir son côté hypocrite.

- Je pense que tu es vraiment lent et que je n'ai pas tout mon temps.

Sa mâchoire se contracta soudainement et ses prunelles virèrent au noir. Il me mitrailla de ses yeux ténébreux et grinça d'une manière agressive :

- Si ce que je vais te dire sort de ce bureau, t'aura à faire à moi.

Je n'en menais pas large. Oui, j'avais peur. Malefoy me faisait peur. Je l'avais rarement vu dans cet état. J'avalais difficilement ma salive mais ne détourna pas pour autant le regard. Son air menaçant me rappelait étrangement la période froide qu'avait été la guerre, quatre ans plutôt. Je n'aimais pas ses manières et je le lui fis vite comprendre :

- Dette ou pas, rien ne m'empêche de te foutre dehors si tu me parles encore comme ça.

A ma plus grande surprise, son visage se détendit et un léger sourire apparut au coin de ses lèvres :

- Tes vraiment...Particulière, Granger.

Je ne dis rien. L'adrénaline coulait à flot dans mes veines et mon cœur battait à un rythme beaucoup trop effréné. Il avait failli me tuer de son regard et c'est moi qui étais particulière ? Humf...

- Quelqu'un m'en veut, lâcha t-il soudainement.

- Comment ça ? Le questionnai-je, les sourcils froncés. Les battements de mon cœur s'étaient légèrement ralentis. Le blondinet semblait être redevenu lui-même. Je me retins de lui dire que pas mal de monde lui en voulait, à commencer par les hommes qui désespéraient de voir leurs copines fantasmer sur lui.

Il hésita quelques secondes puis reprit :

- Il se passe des trucs bizarres dans mon travail.

Je ne saisissais pas tout. Qu'est ce que je venais faire la dedans ?

- Et ? Demandai-je sur la défensive.

- Et le mangenmagot m'accuse.

Je fronçais les sourcils. L'accuser de quoi ? Il avait des problèmes avec son boulot, d'accord. Mais je ne comprenais toujours pas.

- Bon, Malefoy je ne vais pas t'arracher tous les mots de la bouche donc tu balances ou tu t'en vas.

- Wow rentre tes griffes Lucifer !

Je reniflai dédaigneusement et attendis patiemment (ou presque) qu'il se décide à expliquer clairement son histoire. Il inspira profondément et commença (enfin) son récit :

- Depuis quelques mois déjà, il se passe des trucs bizarres dans mes sociétés. De l'argent disparaît, des clients se plaignent, les choses ne concordent pas dans les comptes et j'en passe. Au début c'était assez minime mais là, on m'accuse de fraude. Quand je t'ai croisé dans l'ascenseur et que tu m'as demandé d'appuyer sur le niveau deux, j'ai tout de suite fais le rapprochement avec la justice magique. J'en ai déduis que tu travaillais là-bas et que peut-être tu pourrais défendre mon dossier. Je veux que ce soit toi, Granger, parce qu'il est hors de question que quelqu'un d'autre ne soit au courant. Tu es la seule ici à s'en foutre de ma petite personne et je suis sur que tu ne dirais rien à la presse.

Quelque chose me gênait dans son récit. C'était comme si son histoire m'était familière. Je ne l'écoutais pratiquement plus. Qu'il veuille que je l'aide ou non ne me perturbait pas tant que ça. Non, il y avait autre chose. Mes yeux balayèrent la pièce puis vinrent se poser sur la pile de dossier. C'était comme si un courant électrique me traversait de part en d'autre.

- La grosse entreprise magouilleuse ! M'exclamai-je, faisant sursauter le faux blond au passage.

Il me dévisagea, un sourcil relevé, tandis que je fouillai dans ma pile de dossier. Je tirai avec force sur un bout de papier vert et finis par le dégager complètement. Je secouai le dossier sous le nez de mon interlocuteur, toujours suspicieux, et m'exclamai-je avec un grand sourire :

- C'est ton jour de chance, Malefoy ! Ce que j'ai dans les mains est ton dossier !

Il répondit à mon large sourire et dit :

- Alors tu m'aides.

Ce n'était pas une question et j'avais bien saisi la nuance. Je poussai un soupir à fendre l'âme et marmonnai-je :

- J'ai une dette de toute façon, non ?

Son sourire s'étira un peu plus puis il lança d'un air indifférent :

- Si je ne te détestais pas, je t'aurais peut-être pris dans mes bras...

Je levai les yeux au ciel et murmurai :

- Je retire tout ce que j'ai pu dire de mal sur vous, Merlin, merci, merci et merci pour avoir fait en sorte que Malefoy me déteste !

Toute trace de sourire disparut sur le visage du blondinet et il grogna :

- Ouai, n'en rajoute pas non plus, n'importe quelles filles se damneraient pour pouvoir ne serait-ce que m'effleurer...

- La modestie t'étouffe...

- Je fais comme je peux !

Il me fixa quelques secondes, se leva puis tourna les talons s'apprêtant à sortir de mon bureau. Mon estomac se contracta de façon soudaine et le rouge me monta aux joues. Je me sentais honteuse. J'allais l'aider, certes, mais comment ? Il ne semblait pas savoir que je n'étais qu'une assistante d'assistante et que je ne faisais en aucun le cas le poids dans une affaire. Et pour couronner le tour, j'étais une ignorante en matière d'économie. Gérer l'argent...Beurk ! Si j'en avais eu, éventuellement...Mais ce n'était pas le cas. Je soupirai profondément et l'interpela avant qu'il ne s'en aille définitivement :

- Malefoy, attends...Je ne suis que secrétaire au second degré. Je n'ai aucune décision à prendre vis-à-vis des procès en cours. Je ne vois pas vraiment comment je pourrais t'aider...et je déteste l'économie. Je n'y ai jamais rien compris.

Il sembla surpris mais se reprit bien vite :

- Tu es miss-je-sais-tout. Je suis sure que tu trouverais un truc.

Et il sortit, sans un merci. Ingrat !

Pour la petite info, 120 gallions correspond a 870€ d'après encyclopédie HP.

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