Chapitre 13

Ma vie était un chaos. C'était officiel. Après Voldemort, Psycho-Matt. J'étais prédestinée à mourir dans d'atroces souffrances. Si je m'en sortais une nouvelle fois saine et sauve, promis, j'irais prier tous les dimanches. En attendant, je ne donnais pas chère de ma pauvre peau.

- Il y a autre chose.

Tirée de mes sombres pensées par la voix d'Harry, je m'intéressais à la conversation. Il tira une nouvelle photo d'un dossier posé sur son bureau. Les quatre autres hommes se tournèrent d'un même mouvement hésitant vers moi.

- Je ne suis pas sur…Commença Malefoy.

L'élu le fit taire d'un mouvement de la main. Curieuse, je me rapprochais d'Harry et regardais de quoi il en était. Un violent spasme traversa mon corps et un voile noir recouvrit mes pupilles. Une bile particulièrement acide remonta le long de ma gorge et je vomis mon dernier repas dans la poubelle, récipient le plus proche de moi à cet instant.

- Et voila ! S'exclama Drago d'un ton théâtral en levant les mains au ciel.

- La ferme Malefoy, grogna Ron, visiblement dégouté par mon rejet.

Le blondinet s'apprêtait à répliquer mais je le devançai :

- Les toilettes ? Croassai-je.

Un des deux hommes qui m'étaient inconnus m'accompagna dans le couloir et me désigna une porte avec un air de pitié peint sur le visage. Je ne le remerciais pas et m'engouffrai rapidement dans la pièce. L'atmosphère calme qui m'entoura empêcha une nouvelle nausée. Je me penchai sur la vasque en demi-lune et m'aspergeait le visage d'eau glacée. L'image que m'avait présentée Harry me hantait toujours et me hanterait sans doute encore un bon moment. Pauvre homme. Un seul coup d'œil avait suffit pour que je devine que le cadavre ensanglanté sur un carrelage tout aussi carmin n'était qu'une nouvelle œuvre de Psycho-Matt. Pauvre homme. Seuls deux trous sanglants désignaient l'emplacement où ses yeux auraient du se trouver et sa bouche était resté figée dans un sourire de l'ange particulièrement abominable. Son corps, nu, n'avait présenté aucune parcelle de peau non mutilée. Et sur son ventre, quatre lettres avaient été finement ciselée : M.D.F.C.

Je plongeai ma tête dans l'évier et régurgitai une nouvelle fois. Je comprenais mieux à présent pourquoi personne n'avait jamais eu aucun détail sur les modes de fonctionnement du tueur. Ces crimes étaient en effet bien trop abominables, bien trop atroces pour que la population sorcière soit mise au gout du jour. En revanche, ce fut me réaction qui m'étonna. Pourquoi étais-je si secouée alors que j'avais connu bien pire durant la guerre ? Je mettais ça sur le compte des souvenirs, encore trop frais dans mon esprit.

Je relevai les yeux et croisai dans le reflet du miroir le regard inquiet de l'homme qui m'avait accompagné.

- Qui êtes-vous ? Demandai-je d'une voix rauque.

- Dan. Dan Rick. Je suis l'auror qui a attrapé Psycho-Matt avant…Avant qu'il ne s'échappe.

Cette information ne me fit ni chaud ni froid. Je plongeai mes yeux dans les siens à travers le miroir et lâchai d'une voix dénuée de toute émotion :

- Je ne suis pas sure d'avoir une nouvelle occasion de vous le dire quand on voit ce que le Psycho a fait à ce pauvre homme alors au cas où nous ne nous reverrions pas : heureuse d'avoir fait votre connaissance.

Il se contenta d'hocher la tête, l'air grave. Même s'il n'en laissait rien paraître, il n'y avait aucun doute quand à la peur qui lui déchirait les entrailles. Après tout, lui aussi était dans la ligne de mire de Mathias.

Lorsque nous revinrent dans le bureau d'Harry, un silence de plomb nous accueillit. Ron amorça un pas dans ma direction mais le regard que je lui lançai le dissuada rapidement de ses intentions. Pas maintenant. Pas ici.

Le survivant se racla discrètement la gorge et brisa la loi du silence qui semblait s'être installée.

- Bien…Hum… Hermione, as-tu…

Je ne le laissai pas terminer. Une évidence m'avait frappée.

- L'homme de la photo…C'est Alaric Dubrown, le bourreau de Psycho Matt.

Tous hochèrent la tête, presque honteux. Harry reprit alors :

- As-tu une idée de ce que pourraient signifier les lettres ? Nous supposons que le M et le D sont les initiales de notre tueur, comme s'il cherchait à signer son « œuvre » mais le F et le C restent un mystère pour nous tous.

La tête encore embrumée, je la secouai fébrilement.

- Non. Aucune.

Les épaules d'Harry s'affaissèrent soudainement, comme si le seul espoir qu'il portait venait de s'envoler.

- Tu es sur ? Tenta t-il une dernière fois.

Je m'apprêtai à réitérer ma réponse mais la voix de Malefoy m'en empêcha :

- Mais laissez la tranquille deux minutes ! Vous prétendez être ses amis et vous n'êtes même pas fichus de voir qu'elle est complètement bouleversée ! Bande d'idiots, termina t-il avec un grognement.

Surprise par ce brusque changement d'attitude, j'avais relevé les yeux dans sa direction. Mon regard croisa immédiatement le sien et je sus. Je sus qu'il était inquiet et qu'il, comme nous tous, avait peur. Pour lui, pour les autres, et plus étonnant encore, pour moi. Je le remerciais silencieusement et je compris au léger sourire qui étira ses lèvres qu'il avait saisi.

C'est à peu près au même moment qu'une jeune femme déboula dans la pièce. Tous nous retournâmes d'un même mouvement, surpris par cette brusque interruption. La femme était grande et élancée avec d'épais cheveux bruns qui lui tombaient follement devant les yeux. Je la reconnus presque aussitôt. C'était l'assistante d'Harry, Mélusine, ou un truc comme ça. Elle ne s'encombra pas d'un long discours et brandis une nouvelle photo devant son patron. La scène qu'elle représentait se présenta devant moi. Je ne pus éviter cette nouvelle vision d'horreur, semblable à celle du corps d'Alaric Dubrown. Psycho-Matt avait une nouvelle fois frappé.

- Qui est-ce ? Demanda Harry à Mélusine.

En guise de réponse, elle haussa les épaules. Le survivant la congédia alors et nous nous retrouvâmes une nouvelle fois à cinq.

- Anthony ?

Le dernier homme dont j'ignorais l'identité jusqu'alors s'approcha de mon ami et détailla quelques instants l'image, le visage impassible.

- C'est Fred Cowter, annonça t-il finalement d'une voix grave, catégorique. Il travaillait à Azkaban.

Fred Cowter. Encore une nouvelle victime. Encore un homme qui laissait derrière lui une famille en deuil pour la seule faute d'avoir été aperçu par un tueur paranoïaque. Fred Cowter. Plus je me répétai son nom, plus il me semblait familier. Fred Cowter. Le corps d'Alaric m'apparut alors brièvement. Ses cheveux sanglants, ses yeux inexistants, son torse mutilé, ses….Par Merlin ! Figée d'horreur, j'écarquillai les yeux. Psycho-Matt n'était pas qu'un tueur déséquilibré. Il était bien plus que ça. Intelligent, monstrueux, cet homme était le diable en personne. La réincarnation de Voldemort, en pire.

- Oh mon Dieu…Soufflai-je, la respiration coupée par la découverte macabre que je venais de faire.

Seul Drago, qui semblait être le seul à avoir remarqué mon épouvante, s'approcha rapidement de moi et passa sa main dans mon dos.

- Hermione ? Ca va ?

- Oh mon Dieu…Répétai-je.

Les autres se retournèrent alors vers nous et Harry se précipita vers moi. Il plongea ses yeux verts dans les miens et comprit immédiatement que j'avais un élément qu'ils n'avaient pas.

- Hermione. Que se passe t-il ? Qu'as-tu découvert ?

Je détournai les yeux, essayant tant bien que mal de contenir mes sanglots.

- Ce sont les lettres…PM annonce ses futurs victimes sur le corps ses précédentes.

Tous se figèrent d'effroi lorsqu'ils comprirent que le F.C présent sur le cadavre du bourreau était les initiales de Fred Cowter.

- Qui…Qui est la prochaine victime ? Questionna Ron, le visage blême.

Les hommes présents dans la pièce se retournèrent d'un même mouvement vers Dan qui tenait la photo de la dernière victime entre les mains.

Le teint blafard et la voix tremblante il annonça sans détour :

- C'est moi.

J'avais rarement vu un homme pleurer. Voire même jamais. Peut-être mon père une fois ou Harry. Mais mes souvenirs restaient plutôt vagues. Je savais pourtant que l'image de cet homme, Dan, resterait à jamais gravée en moi. Quoi de plus abominable que savoir sa fin proche ? Et pire encore, savoir que notre mort se fera dans d'atroces souffrances ? Un sanglot se perdit dans ma gorge et je retins du mieux que je pus ceux qui suivirent. Par respect pour cet homme dont l'avenir venait de s'effacer en un claquement de doigt. Peut-être survivrait-il, surement pas, mais ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ? Dans tous les cas, je lui souhaitais une longue et heureuse vie, malgré mes doutes distincts. Puis il arriverait un jour, dans peu de temps, ou un cadavre annoncerait à son tour mes deux initiales. Parce que je savais qu'au fond, la liste diminuait progressivement et que mon nom ne risquait pas d'y être au sommet. Cette histoire n'était pas la mienne. J'avais juste eu la malchance de m'y intéresser, malgré moi, d'un peu trop près. Mourir ne me gênait pas tant que ça, dans le fond. La mort ne m'avait jamais fait peur. Seulement les conditions dans lesquels allait se dérouler mon exécution n'avait pas lieu de me rassurer.

Une porte claqua et je remarquai que Dan était parti. Seul l'écho du bruit résonna dans la pièce, comme si elle était habitée par le vide. Et, finalement, c'est ce que nous étions. Des enveloppes corporelles vides. Vide d'espoir, vide d'énergie, vide à force de se battre pour des causes qui de toute façon nous dépassaient et étaient perdues d'avance.

Ce fut la dernière fois que je vis Dan. Il est mort une semaine environ après cette annonce morbide, malgré les tentatives des aurors pour le protéger et attraper Psycho-Matt par la même occasion. Il était allé se coucher et l'escouade l'avait retrouvé au matin, entouré de draps encore et toujours maculés de sang. J'étais allée à son enterrement. J'aurais aimé qu'on y aille si ça avait été moi. La cérémonie avait été lourde et l'air sentait la tristesse à plein nez. Je n'étais pas resté longtemps. Juste le temps de découvrir qu'il avait deux magnifiques enfants. Et le temps de croiser le regard azur de Ron. Encore une fois, ma vie était un chaos. Un désordre tel que je me persuadais parfois de me perdre moi-même.

Je ne connaissais pas les deux nouvelles initiales qu'avait laissées cette mort injuste. Je ne préférais pas. C'était bien trop dur, bien trop angoissant, bien trop terrorisant. Toutefois, n'ayant pas vue toute une armée débarquer chez moi, je supposais que la prochaine victime ne portait pas mon nom. Il semblait que j'avais un sursis. Quelle chance.

J'aurais pu m'enfuir, j'aurais pu chercher à réaliser tout ce à quoi j'avais un jour aspiré, j'aurais pu garder espoir. Mais je ne pouvais pas. Je ne voulais pas. Certains penseront que je suis folle, d'autre que je suis seulement inconsciente. Je répondrais bien à ces gens qu'en effet, un grain de folie m'habitait, mais surtout qu'affronter mon destin était ma plus belle force de courage. Je m'étais souvent demandé pourquoi le choixpeau ne m'avait pas envoyé à Serdaigle. Et bien maintenant j'avais enfin la réponse. J'avais toujours pensé être une personne optimiste et, au fond, la balance penchait largement vers la fatalité. Et cette réalité ne me gêna pas.

Je n'avais pas retrouvé de travail. A quoi bon, j'allais mourir de toute façon. Je vivais sur mes économies, aussi minces soient-elles et Frusquin semblait m'avoir oublié. Il faudrait que j'en touche deux mots à Malefoy. J'étais à peu près certaine qu'il y était pour quelque chose.

En parlant de Malefoy, nous avions échappé de peu à un drame quelques jours après la sinistre découverte du jeu de piste. En effet, Maëlla mise au courant peu de temps après avait été prise d'une crise d'angoisse si violente que Drago avait été à deux doigts de l'emmener à Sainte Mangouste. C'est lui qui me l'avait dit. En même temps, il n'était pas bien difficile de la comprendre. Son petit ami, l'homme qu'elle aimait, son futur époux était en position de départ pour la course jusqu'à la mort. D'ailleurs nous étions une petite dizaine dans le même cas d'après les lettres et photos de menaces que nous avions pu recevoir. Et parmi tous ces gens, j'étais la seule femme. Merlin me détestait. Que dis-je il me haïssait ! Mais qu'avais-je donc fait pour le sort s'acharne ainsi contre moi ? C'était de la folie et d'une telle injustice…Pourquoi Ginny et Maëlla n'étaient-elles pas concernées, elles aussi ? C'était affreux de penser une telle chose mais j'estimais qu'étant donné la malchance qui me poursuivait partout sans relâche, j'étais en droit de concevoir des choses impensables.

La quasi-totalité de la mousse recouvrant mon bain avait disparue. Je poussai un long soupir à fendre l'âme et me décidai à m'extirper de la baignoire. Je devais mon résoudre à l'évidence : je ne pourrais pas échapper au diner qui m'attendait patiemment. Sans aucun doute l'un des plus étrange et pénible parmi lesquels j'avais eu la chance d'être conviée.

Tout cela résultait de la merveilleuse idée de Ginny. Même si elle ne l'avait pas formulé de la sorte, elle voulait être sure d'avoir une dernière fois les personnes qui lui étaient chères autour de sa table. Et même si ce concept ne me plaisait pas franchement, je n'avais pas pu refuser. Voila comment j'allais me retrouver les heures à venir en compagnie d'Harry, Ginny, Maëlla, Drago et, malheureusement pour moi, Ron.

Je passai rapidement une robe, enfilai une paire de chaussures légères et une veste fine. La température commençait sérieusement à chuter en ce mois d'octobre. Une dernière caresse aux alcolos et je transplanai en direction du manoir Potter.

J'atterris dans le grand parc qui encerclait la modeste demeure. Rapidement, je remontai l'allée jusqu'à la grande porte. Je n'avais pas remis les pieds dans ce lieu depuis le mariage. C'est d'ailleurs là que tout avait commencé. Trop saoule pour le faire moi-même, Drago m'avait ramené chez moi, rencontré Frusquin et pris d'un élan de bonté, il avait payé mon loyer. Peu de temps après cela, il me demandait de l'aide que je ne pouvais lui refuser face à l'énorme dette qui barrait mon chemin. C'est de cette façon que je m'étais retrouvée sous terre dans un labo top secret en Alaska à apprendre que le Psycho le plus dangereux de la planète n'était finalement pas mort et qu'il était pris d'intention hautement meurtrière. Coup de grâce : j'étais dans sa ligne de mire. C'était officiel. Je détestais ce manoir.

Je frappai doucement contre le bois dur de la porte et presque immédiatement, Ginny m'ouvrit. Elle me fit entrer et me débarrassa de mon manteau. Elle semblait heureuse de me voir et j'étais soulagée de voir que le lien qui maintenait notre relation ne s'était pas trop dégradé.

Ils étaient déjà tous là et à peine eus-je mis un pied dans le salon qu'un énorme poids vint s'abattre sur ma poitrine. Sans aucun doute une réaction face à la présence de Ron. J'essayais par tous les moyens d'éviter son regard et je sus à ce moment précis que la soirée risquait d'être longue. Très longue.

Seuls les frottements des couverts contre la porcelaine des assiettes brisaient le lourd silence qui s'était installé depuis de longues minutes. Nous avions usé tous les sujets de discussion bateau possibles et inimaginables. Allant de la météo au Quidditch, chaque détail futile y était passé. Mais voila, nous avions épuisé nos balles trop rapidement et nous étions à présent complètement désarmés, en plein milieu du plat de résistance. C'était un désastre. Je glissai discrètement un regard sur chacun des mes camarades. Ginny semblait dépitée. Ce repas était sans aucun doute le plus désastreux qu'elle n'ait jamais organisé. Les sourcils froncés d'Harry trahissaient son état de réflexion. J'étais à peu près certaine que toutes ses pensées étaient tournées vers Psycho-Matt. Quant à Maëlla, son habituel sourire avait disparu. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil vers Drago qui ne lui en rendait aucun. Je ne pourrais dire quelle était l'expression de Ron car je me refusai à le regarder. Le regard pénétrant qu'il braquait sans relâche sur moi depuis deux bonnes heures suffisait à m'en dissuader. Mes yeux se posèrent alors sur Malefoy. L'impénétrable et imperturbable Drago. Vêtu de son fidèle masque de fer, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire lorsque je remarquai qu'il faisait la même chose que moi. Ses yeux se posèrent alors sur moi et il sourit à son tour lorsque nos yeux se croisèrent. Je sus alors que nous pensions la même chose. Je décidai alors de prendre les choses en main :

- Alors Harry ? Ca avance les recherches sur l'auteur de nos morts imminentes ?

Tous, à l'exception de Drago, se retournèrent d'un même mouvement vers moi un air choqué peint sur leur visage et la bouche en o. Il semblerait que je venais de briser l'accord tacite qui s'était mis en place : on parle de tout excepté Psycho-Matt. Mais je m'en fichais. Je n'étais pas d'accord avec cette règle de toute façon. Comment pouvait-on évité d'exprimer à voix haute le seul sujet qui nous taraudait l'esprit ? C'était idiot et ridicule.

Harry poussa un profond soupir, à la fois las et soulagé.

- Non. Toujours rien. Ce gars là est vraiment une pourriture.

- Et vous avez mis la nouvelle cible sous surveillance ? S'intéressa Drago.

- Non. Il n'a pas voulu. Il veut mourir dignement.

Ron secoua la tête et Drago semblait franchement agacé. Harry ajouta quelque chose mais je ne l'écoutai plus. Ginny et Maëlla avaient à leur tour lancé une conversation qui n'avait rien à voir avec Psycho-Matt. Je me doutais qu'elles voulaient en entendre parler le moins possible et je comprenais leur individualité, leur groupe à part. La peur devait les suivre partout et je n'avais sans doute pas arrangé les choses. Mais nous ne pouvions passés le sujet « mort atroce » sous silence.

- C'est un très bon livre, je te le passerai si tu veux, proposait Ginny à Maëlla.

Les grands yeux innocents de Blondie s'ouvrirent grand et elle acquiesça vivement.

- Avec plaisir ! Ca m'a l'air vraiment intéressant ! Mais crois-tu vraiment que ça existe ?

Ginny haussa les épaules.

- J'étais sceptique avant de le lire mais plus j'avançais dans ma lecture, plus je retrouvais des similitudes. Et puis il dénonce certaines légendes. Par exemple il est possible que ça n'aille que dans un sens.

Maëlla parut franchement étonnée.

- Ah bon ? C'est étrange quand même ! Rappelle moi le titre ?

- C'est un truc qui ressemble à « En quoi reconnait-on son âme sœur » ou quelque chose comme ça.

Maëlla secoua la tête, visiblement très intéressée. Mais je ne les écoutais plus. Je ne les voyais plus. Il ne restait plus que moi. Moi et ma souffrance. Ma souffrance et moi. La plaie béante de mon cœur venait de recevoir quelques gouttes de citrons supplémentaires et le poids dans ma poitrine venait de prendre quelques kilos. Une douce torture mélangeant amour, douleur et violence. Je sentis alors un regard sur moi et relevai les yeux. Deux anthracites me fixaient avec insistance. Il n'y avait aucun doute. Malefoy avait aussi entendu la conversation des deux femmes.

Je me levai avec un mot d'excuse et me dirigeai prestement à l'extérieur du grand salon dans lequel nous étions attablés. Je ne pleurerais pas. Je n'en avais pas envi. J'avais uniquement besoin de réfléchir. De mettre de l'ordre dans mes pensées désorganisées. Et pour cela j'avais besoin de calme. De calme et de silence.

C'était sans compter sur la base des tous mes soucis qui avait semblé attendre toute la soirée que je m'éclipse, y voyant peut-être une invitation. A peine m'étais-je éloigné du grand salon que des bruits pas répondirent aux échos que créaient les miens. Je me retournai immédiatement, sachant dors et déjà qui me suivait. Et j'avais visé juste. Ron était là. Une dizaine de mètres nous séparait. Une distance à la fois trop longue et trop courte. Il était là. Les bras le long de son corps trop maigrichon et trop grand. Il était là. Ses yeux d'un bleu inquiétant me transperçaient, me brulaient. Il était là. Plus que quelques ridicules centimètres nous séparait à présent.

- Hermione. Je peux te parler ?

La gorge trop nouée pour prononcer ne serait-ce qu'un mot, j'hochai la tête. Il ne tenta rien. Il ne me prit pas la main, ne s'avança pas plus, ne remit pas une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille. Il resta là, face à moi, immobile, les mains dans les poches.

- Ecoute, j'ai réfléchi et je me suis rendu que compte que je n'étais peut-être pas celui qui te convenait en fin de compte. Quand je repense à ce que j'ai fais et quand je me mets à ta place, j'arrive mieux à comprendre ta réaction. Je sais que j'ai insisté, que j'ai tenté de te reconquérir mais je pense que ce n'était pas une bonne idée. J'aurais du te laisser partir dès le début. J'ai rendu les choses trop dures, trop compliquées pour toi.

Incapable de prononcer un mot, je restai immobile, la bouche légèrement entre-ouverte et mes yeux dans les siens. Un terrible froid envahit chaque parcelle de ma peau, me faisait frissonner. Mais Ron ne bougea pas. Il attendait. Je ravalai mes sanglots, croisai les bras dans l'espoir de me réchauffer et murmurai :

- Serais-tu en train de…De rompre avec moi ?

Imperturbable il répondit :

- Je romps seulement le seul lien qui me rattache encore à toi.

Je compris alors. Le seul lien qui existait était l'amour. Son amour pour moi. Une première larme coula le long de ma joue et vint s'écraser sur la moquette sombre. Il ne m'aimait plus.

- C'est mieux comme ça, Hermione. Notre situation était malsaine.

Elle l'était, soit. Avant que je ne découvre que je ne vivais que par amour pour lui. Avant que je ne me rende compte que mon existence ne tenait que par la sienne. Maintenant notre situation était pire. Bien pire. Je secouai la tête.

- Tu ne comprends pas, Ron. Tu me rends malade. Tu me rends complètement folle quand tu es trop près de moi. Je ne pense plus, je ne vis plus et je souhaite chaque seconde que tu t'éloignes et lorsque c'est chose faite, je ne suis plus rien. Tu me tues, tu m'anéantis. Et je ne peux rien faire contre ça parce que…

Je m'interrompis, ne pouvant lui révéler qu'il était mon âme sœur. Il m'encouragea à continuer, la voix rauque :

- Parce que ?

Je détournai le sujet :

- Tu ne m'aimes plus, pas vrai ?

Il soupira profondément et me regarda avec pitié. Il semblait hésité à me révéler le fond de sa pensée.

- Tu peux me le dire.

Il soupira une nouvelle fois et prononça une phrase. Une seule et unique phrase qui brisa toutes les barrières, toutes les défenses contre moi-même que j'avais pu échafauder tout au long de ma misérable vie.

- Tu vas mourir, Hermione, et si je ne m'éloigne pas un peu je souffrirais bien plus que si je ne le faisais pas.

Un violent sanglot brisa le silence. Un sanglot entrecoupé par mon rire dément. Alors c'était ça ? Ma mort imminente l'inquiétait lui ? Quel égoïsme ! Il avait peur. Pas pour moi, pourlui. Il redoutait la souffrance. Une souffrance qu'il penserait moins forte s'il m'aimait un peu moins. Quelle lâcheté !

- Tu es horrible, Ron. Un monstre. Une ordure. Comment…Comment peux-tu me dire ça ? De quel droit oses-tu briser le mince espoir qu'il me restait quant à mon éventuelle survie ? Tu es un lâche, un trouillard. Où est passé le Ron timide, fidèle et courageux qui m'a arraché le cœur ? Où est-il ? Dit-le moi ! J'irais le chercher, même s'il est loin, même s'il est inexistant, même si je le hais ! Mais par pitié, ne devient pas celui qui a remplacé l'autre Ron. Il est encore plus horrible.

Il détourna la tête, amer. Sans doute accusait-il le coup.

- Tu peux essayer de ne plus être amoureux de moi, tu peux partir loin, rencontrer quelqu'un d'autre, te marier, sombrer dans les méandres de la vie, mais jamais tu ne m'oublieras. Tu ne le pourras pas parce que je sais que l'autre Ron est toujours là, quelque part en toi, et qu'il ne laissera pas les souvenirs que tu as de moi s'envoler. Et je sais que tu le sais.

Je le vis déglutir difficilement.

- Je ne veux pas t'oublier Hermione, je veux juste m'épargner une douleur trop forte.

Chaque mot qu'il prononçait me tailladait le cœur. Chaque phrase me détruisait, me brisait et chaque seconde en sa compagnie m'anéantissais un peu plus. Je n'étais plus rien. Je ressortirais de cette conversation frêle, rompue et cassée. Mais il s'en fichait sans doute parce qu'il n'était qu'un monstre lâche et égoïste. Je le détestai. Je le haïssais. Il me dégoutait. Mais mon corps, lui, l'adorait, l'idolâtrait et quémandait sa présence jour comme nuit, tout le temps, partout.

- Lâche, murmurai-je d'une voix acerbe. Si tu étais moins égoïste je suis sure que tu te rendrais compte que je t'aime encore. Mais crois-moi, ce n'est pas par envi, ni par choix. C'est juste par obligation.

Je m'apprêtai à tourner les talons mais sa voix claqua dans l'air et interrompit mon geste :

- Mais bon sang Hermione, pourquoi tu ne m'oublies pas ? Pourquoi tu m'aimes encore ? Tu es un être humain, non ? Après tout ce temps tu devrais moins m'aimer, tu devrais t'être lassée ! C'est comme ça marche.

Je me retournai vivement et plantai mes iris dans les siens :

- Je ne peux pas ! D'accord ? J'ai essayé de toutes mes forces, mais je ne peux pas ! Hurlai-je.

Rapidement j'échappai à cette conversation et retournai au grand salon au pas de course, Ron sur mes talons. A notre entrée, les quatre autres se retournèrent. Je remarquai immédiatement que quelque chose s'était passé durant notre absence. La mine grave, Harry s'avança vers nous et nous informa, la voix brisée :

- Psycho-Matt a encore frappé.

Je mis plusieurs secondes à assimiler la nouvelle. Tout allait trop vite. L'heure de mon exécution approchait inexorablement et je ne pouvais rien faire. Absolument rien. Nous étions des pantins, des marionnettes entre les mains d'un tueur fou. Attendre. Toute notre vie ne se résumait qu'à se mot. Attendre notre fin. Attendre notre tour. Attendre avec tellement d'angoisse qu'on en devenait fou et que finalement on espérait secrètement que la torture ne serait plus si longue. Et pourtant.

- Noah Palmer ? Demanda Ron d'une voix étranglée.

Harry hocha tristement la tête et posa les yeux sur moi. A l'expression qui déforma un court instant ses traits, je sus qu'il venait prendre conscience de mon état pitoyable. Il était inutile de me mettre face à un miroir. Je devinais très bien mes yeux gonflés, cernés de poches sombres et mes joues creuses déformées par la forte pression qu'exerçait ma mâchoire dans le but d'empêcher de nouvelles larmes de couler. Les autres, à l'exception de Ron, glissèrent rapidement un regard sur moi mais le détournaient rapidement, sans doute trop embarrassés.

- La prochaine victime ? Interrogea Drago d'une voix neutre.

Harry secoua la tête, dépité.

- Je n'en sais pas plus. Je ferais mieux d'aller au ministère.

Il regarda furtivement Ginny et voyant qu'elle ne réagissait pas, s'éclipsa pour chercher son manteau. Il réapparut rapidement et nous assura revenir au plus vite.

Le temps passa lentement. Trop lentement. L'affreux tic tac de l'horloge accrochée derrière moi m'agaçait au plus haut point. Je n'arrivais pas à réfléchir. Je n'arrivais pas à réaliser. Je ne pouvais même pas prendre pleinement conscience que Psycho-Matt avait déjà tué quatre pauvres hommes et que mon tour approchait. J'allais mourir. Lentement, doucement, avec douleur. Mon ascension vers la mort avait d'ailleurs déjà commencée. J'étais morte de peur. Terrorisée. Voir mon destin m'échapper d'une façon aussi facile, aussi basique, c'était de la folie.

Un bruit retentit soudainement contre la baie vitrée et tous nous levâmes d'un même bon. Ginny se précipita vers la fenêtre et ouvrit à Schkrouf, le hibou d'Harry. Elle déplia fébrilement le parchemin qu'il lui amenait et je me rapprochai doucement pour lire par-dessus son épaule. L'écriture d'Harry n'avait pas changé depuis l'époque de Poudlard. Les lettres façonnées en pattes de mouches avaient toujours été difficilement lisibles. Mais je devais avouer qu'il avait fait fort ce coup-ci.

Je rentre tard. Ne m'attendez pas.

On ne connait pas la prochaine victime. PM a changé son modus operandi.

Soyez prudents, à bientôt.

Harry.

Tous restâmes muets de stupéfaction. Pourquoi Psycho-Matt changerait-il sa façon de procéder ? Et quel était ce nouveau mode opératoire ? Ce morceau de parchemin avait levé bien plus d'interrogations que je n'aurais pu l'imaginer. J'espérais seulement que nous n'avions pas monté d'un cran en matière d'abomination.

La tension ambiante me poussa à quitter les lieux. Je n'avais plus qu'une envie : rentrer chez moi, me coucher et me réveiller en espérant que tout cela n'était qu'un affreux cauchemar. Je saluai tout le monde à l'exception de Ron. Je ne pouvais pas le regarder. Je ne pouvais pas une nouvelle fois plonger dans ces yeux d'un bleu abyssal et y trouver l'horreur que j'avais découvert quelques temps plutôt.

J'arrivais directement devant chez moi. Les cheveux savamment décoiffés par ma transplanation, je passais rapidement ma main dedans puis poussais à deux mains la lourde porte marquant l'accès au hall de mon immeuble. Frusquin ne m'importuna pas. Je montai rapidement les marches d'escaliers qui grincèrent sous mes pas. En passant devant l'appartement de mes voisins, je ne m'étonnai pas d'entendre leurs ébats. Cette soirée ressemblait à toutes les autres que j'avais pu vivre ici, dans cet immeuble miteux aux murs aussi fins que du papier de verre. Et pourtant, elle risquait d'être de loin la plus terrible de mon existence.

Arrivée sur mon pallier, je fouillai mes poches à la recherche des mes clé. Mes doigts trouvèrent rapidement le métal dur et froid et je le glissai avec précaution dans l'interstice prévu à cet effet. A peine la porte fut-elle poussée qu'une boule de poil blanche comme neige vint se frotter à mes mollets. C'était Vodka. Je me penchai et le pris dans mes bras. Habilement, je refermai la porte derrière moi et caressai machinalement le poil doux du chaton. Pourtant, quelque chose avait changé. La matière qui glissait sous mes doigts était différente. Le poil n'était pas si doux mais plutôt humide et poisseux. J'allumai rapidement la lumière et baissai les yeux. La fourrure habituellement immaculée était tâchée de sang. Paniquée à l'idée que mon chat ait pu se blesser, je le posai à terre et cherchai à travers ses poils une blessure quelconque. Mais ma recherche fut vaine. Sceptique, je sifflai les quatre autres félins qui débarquèrent au pas de course, les oreilles écrasées et la queue gonflée. C'est au même moment que je remarquai les quelques goutte du liquide carmin sur mon parquet. Un frisson parcourut mon échine et mon cœur se mit à battre de manière plus forte. Un sentiment de panique me submergea lentement tandis que mes yeux suivaient le chemin macabre qui menait à mon lit. Une violente nausée me submergea lorsque mon regard se porta sur la tête, trônant fièrement sur mes oreillers et qui portait sur son front diaphane la signature de Mathias Davos.

Je ne pouvais plus penser. Plus réfléchir. Fuir était la seule initiative qui me semblait la plus appropriée. Je ne pus retenir plus longtemps la bile qui menaçait de s'échapper de mes lèvres. Je vomis à même le sol et m'en fichais éperdument. Il était venu. Il était venu chez moi, dans mon appartement, me narguer avec la tête de sa dernière victime. Mes jambes ne me portèrent pas plus loin que mon pallier et je m'effondrais en larme sur le sol poussiéreux. Ma baguette serrée dans la main, j'étais pourtant incapable de faire le moindre geste. Un nouveau mode opératoire, pas vrai ? J'avais bien été cupide de penser que Psycho-Matt ne pouvait faire pire que ce qu'il n'avait déjà fait. Je devais prévenir quelqu'un. On devait m'aider. Cette réalité m'était pourtant impossible à appliquer. Les spasmes qui secouaient mon corps étaient tellement violents qu'il m'était impossible de coordonner mes mouvements. Mes cheveux collaient à mes joues trempées de larmes et à mon front moite de sueur. Ma gorge était sèche et me brulait d'une manière atroce, m'empêchant d'hurler l'horreur qui m'habitait. Je connaissais le seul moyen d'appeler à l'aide mais comment pouvais-je créer un patronus ?

Comment pouvais-je penser à quelque chose d'heureux alors que tout le malheur du monde reposait sur mes épaules ?

Je puisais tout de même au fin fond de moi, cherchant une force supplémentaire que je ne trouvais pas immédiatement. Après plusieurs tentatives infructueuses, une petite loutre argentée s'échappa finalement de ma baguette. Je lui ordonnais d'une voix presque inaudible de trouver de l'aide en la personne la plus proche et la plus apte pour gérer cette situation. A peine quelques secondes s'écoulèrent avant que des bruits de pas rapides retentissent dans les escaliers.

Les grands yeux gris de Drago s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il m'aperçut. J'essayai de parler mais aucun son ne voulut sortir. Les sanglots semblaient être mon unique moyen de communication. Lentement, il s'approcha de moi et s'accroupit à ma hauteur. Il ne chercha pas à savoir ce qui se passait. Il se contenta de me relever de manière assise et me serra fort contre lui. Et je lui en serais éternellement reconnaissante. Parce qu'il avait compris. Il avait compris que j'avais seulement besoin de quelqu'un. Je m'accrochai avec force à sa chemise, les poings crispé sur le tissu délicat. Je ne sus combien de temps nous restâmes ainsi, mais sa main sur mes cheveux et ma tête contre son torse m'apaisèrent. Les sanglots diminuaient d'intensité et c'est d'une voix enrouée et fébrile que j'articulai finalement :

- Je vais mourir et il ne veut plus de moi. Je vais finir de la même façon que Noah Palmer. La tête découpée sur l'oreiller de la prochaine victime.

Il ne réagit pas à mes paroles et se contenta de me serrer un peu plus fort contre lui.

Une quinzaine d'aurors avaient envahi mon minuscule appartement. Je n'avais aucune idée de ce qu'ils fichaient là dedans et à vrai dire, je m'en moquais éperdument. Quelqu'un m'avait lancé un sort pour me réchauffer mais les frissons ne quittaient pas ma peau. Ils semblaient encrés à jamais sur mon épiderme. Assise contre le mur de mon pallier, je me contentai de regarder les nombreux passages sur le pas de ma porte. J'avais vaguement aperçu Harry et je Drago était parti je ne sais où. Les yeux dans le vague, secs à force d'avoir versé trop de larmes, je ne voyais presque plus rien de ce qui m'entourait. J'essayais difficilement d'effacer l'image morbide qui s'imposait encore et encore devant moi mais tous mes efforts furent vains. Elle semblait encrée à jamais sur ma rétine.

Drago réapparut aussi vite qu'il s'était éclipsé. Quelque chose en lui avait changé et je me doutais qu'il avait vu la scène. Toujours silencieux, il s'accroupit face à moi et posa ses mains sur mes genoux. Il ouvrit la bouche mais je le coupai :

- Dis à Maëlla qu'elle passe prendre les chats. Je ne veux pas qu'ils restent ici et je sais qu'elle en prendra soin quand…Quand mon tour sera passé.

Ses iris plantés dans les miens, il me contempla longuement avant de finalement dire d'un ton sec :

- Viens. Tu ne restes pas là. Je te ramène chez Ginny.

Telle une marionnette, je me relevai sur mes jambes flageolantes. Il passa habilement son bras autour de ma taille et transplana directement dans le jardin du manoir Potter.

Alors que nous nous apprêtions à rentrer dans la vaste demeure, je lui demandai d'une petite voix, tremblotante :

- Je suis la prochaine, pas vrai ?

Il ne me regarda pas. Ne montra aucun signe. Je ne savais même pas s'il m'avait entendu. Il finit pourtant par répondre, le regard porté au loin.

- Non.

Et je savais qu'il n'avait pas menti.

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