Chapitre 8 Un futur possible ?

Lorsque Louen ouvre les yeux, il est accueilli par les doux rayons du soleil matinal. Petit à petit, au fur et à mesure que sa vision se réveille et se précise, il peut observer les éléments qui meublent une chambre d'auberge classique. Lorsqu'il se tourne, il remarque que les draps ont été rabattus sur lui, comme si la personne qui dormait à ses côtés, il pense automatiquement à Rion, s'était levée en prenant soin de le tenir au chaud sous les draps.

Il se redresse, les yeux encore fatigués, pour observer davantage la chambre et voir notamment s'il reconnaît l'endroit. Il reconnaît effectivement la chambre comme celle qu'il a prise avec Rion la veille, sans plus. Il va se lever doucement en cherchant des yeux ses vêtements pour s'habiller avant de partir à la recherche de son aimé.

Ses vêtements sont soigneusement pliés sur une chaise non loin du lit. Il ne se souvient pourtant pas de les avoir pliés, ni d'avoir vu Rion le faire. À peine a-t-il terminé de s'habiller qu'il voit la porte s'entrouvrir sur une Rion tenant sur une petite tablette de quoi petit-déjeuner. Louen se retourne, et un grand sourire se dessine sur son visage.

—Mon amour.

Elle lève tout de suite son regard vers lui et lui sourit en retour tout en fermant la porte.

—Vous êtes enfin réveillé ?

Elle s'avance jusqu'à pouvoir poser son plateau sur leur lit.

—Lorsque je suis partie, vous dormiez à poings fermés.

Il s'assoit sur le lit en prenant garde à ne pas déranger la tablette.

—J'ai dormi comme un enfant, oui, si bien que je ne me rappelais pas que nous avions fait halte à une taverne. Il faut dire que celle près de laquelle je dors apaise mon esprit.

—J'ai remarqué ça, oui. Tant mieux.

Elle l'embrasse sur le front avant de s'asseoir doucement sur le lit. Chose qui le surprend un peu, elle ne se place pas complètement à côté de lui, comme à son habitude.

—Enfin, puisque nous sommes tous deux réveillés et que notre petit-déjeuner est servi, je pense qu'il est temps de nous souhaiter bon appétit.

Elle lui sourit avant de prendre un bout de pain. Elle semble bizarre, ses agissements sont différents de d'habitude, et Louen la sent préoccupée.

Il l'observe d'abord un moment, se demandant s'il a fait ou dit quelque chose de mauvais ou si un nouveau cauchemar l'a perturbée. Puis, il prend lui aussi un bout de pain qu'il ne mange pas.

Elle semble vouloir commencer à parler plusieurs fois, mais à chaque fois elle se ravise. Son regard reste consciemment fixé sur son repas, elle mange lentement tout en réfléchissant. Il remarque d'ailleurs le bout d'une sorte de paquet dont il ne peut deviner la forme et qui est presque entièrement caché derrière le dos de Rion.

Un air préoccupé recouvre le visage de Louen. Il essaye de combler la distance entre eux deux en se rapprochant, puis :

—Rion, tout va bien ? Tu as bien dormi ?

Lorsqu'il s'avance vers elle, il la voit pousser doucement le paquet pour le cacher.

—Oui, ne t'inquiète pas, je suis juste... pensive.

Une fois près d'elle, il peut remarquer que sa main gauche joue avec un bout de tissu de sa tunique, comme si elle était gênée ou stressée.

—Rion, qu'y a-t-il, je te vois préoccupée et stressée, tu peux me parler enfin.

Elle pose une main réconfortante sur celle de Louen.

—J'ai juste quelque chose à dire et je ne sais pas comment le formuler, mais tout va bien, vraiment.

Louen fait la moue, l'air légèrement déçu.

—Prends ton temps.

Il commence à manger du pain. Ils restent ainsi quelques minutes en silence avant que Rion ne prenne la parole.

—Cela fait déjà quelque temps que nous sommes ensemble, et je t'aime énormément. Cet amour m'a conduit à me poser des questions, et très vite, je suis arrivée à la conclusion que j'aimerais passer le restant de ma vie à tes côtés.

Elle commence à rougir, gênée et émue.

—Alors, après avoir compris cela, je me suis dit que le mieux serait de lier nos âmes.

Elle le regarde, presque inquiète, attendant sa réaction. Il sourit à nouveau.

—Je t'aime aussi, Rion, de tout mon cœur.

Il sourit chaleureusement et se rapproche.

—Rion, nos âmes sont déjà liées, rien ne peut nous séparer, je l'ai juré.

Elle sourit amusée.

—Moi aussi, je t'aime, Louen.

Lorsqu'il est assez proche d'elle, elle utilise sa main pour lui relever le visage et l'embrasser avant de le regarder dans les yeux, taquine.

—Mon beau chevalier, je crois que vous n'avez pas compris.

Il lui rend son baiser, puis il la regarde ensuite l'air perplexe. Elle semble désespérément amusée de sa réaction.

—Je vous parle de nous unir pour toujours, de nous marier.

Il sourit d'abord, l'air un peu gêné. Puis, au mot mariage, il ouvre simplement la bouche et sa main, se mettant à trembler, laisse même tomber son morceau de pain.

Elle lui referme la bouche d'un geste de l'index mais a perdu son expression taquine pour une expression inquiète.

Il baisse la tête, déglutit et passe la main derrière sa nuque. Lorsqu'il relève la tête, ses yeux semblent brillants et il a du mal à articuler.

—Ma... ma dame... enfin, Rion. Ce... Ce serait merveilleux.

Soulagée, elle l'embrasse tendrement avant de répondre.

—Ce n'est pas ce serait, mais ce sera.

Il lui prend le visage de ses mains et l'embrasse longuement à peine Rion a fini. Puis :

—Qu... Quand, comment ?

—Quand, je ne sais pas, comment, comme un mariage ?

Elle rit.

—Nous aurons bien l'occasion de voir ça tranquillement. En attendant, qui dit demande en mariage dit cadeau.

Elle prend le paquet qu'elle cachait derrière son dos et le tend à Louen. C'est un paquet de petite taille, tout en longueur.

Il rigole de sa bêtise, puis sourit tendrement et prend le paquet avant de l'ouvrir proprement.

Le paquet dévoile une dague d'apparat plutôt simple mais néanmoins belle. Un saphir trône sur le pommeau, la garde est sculptée dans un motif d'écailles et le fourreau est d'un bleu céruléen. Lorsqu'il dégaine, il peut lire, gravé sur la lame : "Je te choisis".

—Je ne savais pas vraiment quoi choisir. À vrai dire, je ne m'y connais pas beaucoup en bijoux et je ne savais pas ce qui pourrait te plaire. Alors, je me suis dit que pour un chevalier, une arme d'apparat pourrait plaire.

Elle semble attendre sa réaction, non sûre de son choix. Il caresse le pommeau, l'air perdu. Lorsqu'il relève la tête, il sourit à Rion.

—Merci, mon amour, elle est magnifique.

Il ajoute avec un petit sourire.

—Tout juste moins belle que toi.

Elle sourit tendrement, heureuse, et l'embrasse à nouveau. Il lui rend son baiser et la serre dans ses bras, heureux.

Il sent un autre baiser, mais cette fois sur son front. Il ouvre les yeux et se réveille devant Rion, amusée. Autour d'eux, s'étend le campement où ils se sont arrêtés.

—Eh bien, mon beau chevalier, vous aviez l'air de faire un beau rêve. S'il n'était pas déjà aussi tard, je ne vous aurais pas réveillé.

Il cligne des yeux, l'air perdu. Puis son sourire béat disparaît lorsqu'il comprend que ce n'était qu'un rêve. Néanmoins, il l'attire à lui et l'embrasse plusieurs fois dans le cou.

Il sourit, l'air malicieux, bien que ses yeux semblent tristes.

—Je préfère sentir vos lèvres sur les miennes au réveil, Rion.

—C'est ce que j'ai fait, mais vous ne vous réveilliez pas.

Elle remarque son regard.

—Vous me semblez triste, qu'y a-t-il ?

Il sourit ironiquement.

—Rien, Rion, rien. Je vous aime infiniment simplement, et je serais heureux de rester pour toujours avec vous.

Elle semble comprendre un sous-entendu qu'elle n'arrive pas à saisir clairement et rougit. Le groupe, retardé par Louen et la fatigue de nombreux jours de marche, décide de se poser et dormir après seulement quelques heures de marche.

Une fois le groupe endormi, une étrange forme noire semble se former près de Louen...


Le groupe marche tranquillement pendant plusieurs heures lorsqu'il arrive dans un petit village. Il n'y a qu'une forge, une taverne et une poignée de petites bicoques. Le lieu a l'air calme et serein, pourtant personne n'est dehors. Après avoir échangé quelques mots, le groupe se sépare. Ritéo et Geralt partent vers la forge tandis que Rion et Louen entrent dans l'auberge. Ils n'ont même pas le temps de demander à boire, qu'un groupe à cheval arrive également dans le village. Il s'agit de guerriers au visage dur et à l'équipement hétéroclite. Deux des huit hommes entrent dans l'auberge et celui qui semble être le chef beugle alors d'une voix forte et colérique.

— SERENA ! Nous cherchons une femme appelée Serena.

Il saisit le barman par le col, l'air menaçant. Louen s'avance pour réagir lorsque dehors des cris retentissent. En regardant par la fenêtre, ils voient Geralt mettre à terre trois hommes et en décapiter froidement un autre. Ritéo se précipite lui aussi sur un autre soldat plus loin. Immédiatement, le combat s'engage et plusieurs coups sont échangés violemment. Louen se précipite sur le chef et lui ouvre le ventre d'un coup de taille violent. Dehors, un cri retentit.

— Bouge pas ou je bute la gamine !

Un soldat menace une fillette intimant à Ritéo de se rendre. Tout se passe ensuite très vite dans une grande confusion. La fillette est égorgée. Dans le même temps Geralt, qui a tué deux hommes de plus, succombe de ses nombreuses blessures et s'écroule. Le deuxième homme à l'intérieur attrape Rion en intimant à Louen de se rendre, tous en sortant de l'auberge. Dehors, Ritéo est soumis par deux autres gardes.

Lorsque Louen sort de la taverne en tenant son arme goûtant du sang de leur chef, les soldats prennent peur et l'attaquent.

Les épées se rencontrent avec fracas dans de violents bruits sourds. L'épée d'un soldat rencontre celle de Louen qui pare puis fait glisser la lame pour créer une ouverture qui lui permet d'asséner un violent coup de poing. Puis Louen pare une attaque verticale et repousse son autre adversaire en poussant contre son arme. Rion, qui est encore maintenu, ne peut qu'assister au passage à tabac de Louen qui réussit néanmoins à tuer un autre homme avant de succomber.

Les brigants chargent les deux hommes morts ou mourants sur leurs chevaux, puis font de même avec un Ritéo sonné et une Rion en pleurs, laissant leurs propres morts sur place.

Après quelques heures de chevauchée, ils arrivent à un grand camp de bois fortement gardé. Le nombre de bâtiments fait comprendre à Rion qu'une bonne soixantaine de bandits doivent être présent. Ils sont tous quatre jetés dans une prison, le seul bâtiment de pierre du camp de bandits.

Rion se précipite sur Louen et Geralt afin de vérifier s'ils vivent. Ils respirent tous les deux mais faiblement. Elle les soigne alors avec empressement puis se met à réfléchir avec Ritéo à un plan pour sortir. Mais la présence d'un garde et le fait que leurs compagnons sont assommés les arrêtent et ils s'assoient pour attendre le réveil des leurs.


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