Chapitre 17 La suite du programme

A son réveil, c'est avec plaisir qu'elle constate que son mal de crâne s'est considérablement affaibli. Elle ressent juste une petite gêne mais parvient sans mal à s'en débarrasser avec un petit sort. Elle se lève doucement pour ne pas réveiller son homme et se dirige vers la salle d'eau pour prendre une douche.

La douche et l'eau tiède lui procurent un doux apaisement, la rendant prête pour cette nouvelle journée. Elle s'habille donc avant de retourner dans la chambre.

Lorsqu'elle revient dans la chambre, son beau Louen dort encore. Elle l'embrasse tendrement sur le front avant de terminer de préparer ses affaires. Le baiser le fait ouvrir les yeux.

— Oh... bonjour ma dame...vous êtes déjà prête...

Ses phrases sont lentes et il commence à se réveiller et se redresser. Elle lui sourit.

— J'ai déjà assez perdu de temps, je file au Conseil pour essayer d'avoir une audience au plus vite, j'essaye de faire au plus vite mon chevalier.

Il se redresse presque d'un bon.

— Ne veux-tu pas que je vienne avec toi ?

— Si tu veux oui, après si tu as d'autres choses à faire je devrais pouvoir me débrouiller.

Elle lui fait un clin d'œil.

— Promis je fais attention à ce que je bois.

Il lui sourit. Elle le voit se lever et commencer à se préparer. Elle lui rend son sourire et une fois que ses quelques affaires sont prêtes, elle l'attend.

Après un petit moment, le chevalier réapparaît dans toute sa splendeur, dans son armure.

— Je vous suis.

Elle prend donc ses affaires et sort de la chambre pour descendre. Tous deux descendent et se rendent au conseil.

Ils traversent rapidement les rues de la ville pour s'arrêter devant une grande bâtisse gardée par 8 hommes en armure tenant des hallebardes. Ceux-ci les arrêtent gentiment.

— Halte, qui êtes-vous et que venez-vous faire ici?

Rion les salue d'un signe respectueux de la tête.

— Bonjour, je viens pour prendre une audience. J'ai des remerciements à faire.

Les gardes se jettent de petits coups d'œil, Rion remarque le regard insistant et presque colérique de deux d'entre eux.

— Très bien, le bureau de renseignements est à gauche à l'étage.

Elle remarque leur regard et ne peut s'empêcher de demander.

— Il y a un problème ?

L'un des gardes qui la regardait déjà mal se crispe. Voyant ses doigts se resserrer sur la hampe de son arme, son camarade vient le prendre par le bras et l'emmener plus loin.

Celui qui parle à Rion depuis le début durcit légèrement sa voix.

— Allez-y citoyens, pas de grabuge.

Elle ne répond rien mais son regard froncé indique clairement qu'elle aimerait bien comprendre ce qui se passe. Elle se dirige vers le bureau des renseignements. Louen la suit lorsqu'elle s'avance dans le bâtiment, suivant les indications du garde elle trouve sans peine le dit bureau, mais une quinzaine de personnes attendent devant le bureau.

Ah l'administration ! Ça ne lui avait pas manqué. Elle soupire.

— Si vous avez des sujets de discussion, on a clairement le temps de discuter.

Louen, qui commence déjà à montrer son impatience, soupire.

— Je ne vois pas trop de quoi nous pourrions parler. Nous devrions passer devant ces paysans...

Bien qu'il n'ait pas parlé très fort, cette remarque lui vaut quelques regards. Elle hausse les sourcils, surprise.

— Être chevalier vous donne le droit de passer devant ces personnes ? Outre pour des choses importantes comme lors d'une mission, je ne vois pas pourquoi nous ne devrions pas faire la queue comme tout le monde.

Louen a l'air gêné et il grommelle dans sa barbe, manifestement peu à l'aise avec l'administration et peu patient.

— Si vous voulez allez faire un tour, au vu du monde vous avez le temps de faire réviser votre armure.

Elle jette un coup d'œil à la file.

— Vous pouvez même vous en faire faire une autre, on n'est pas sortis de l'auberge, j'espère que ça ira vite.

Louen la regarde un moment avant de tourner les talons.

Après près d'une heure d'attente, la file s'est réduite de quelques personnes seulement. Par contre, elle aperçoit deux soldats prendre leur poste près du lieu. Elle essaye de faire passer le temps comme elle peut mais ça commence à être un peu long. Ce n'est pas la plus patiente des femmes non plus. Lorsqu'elle remarque les soldats, elle ne peut s'empêcher de repenser à ceux présents devant le bâtiment. Elle entend quelques propos échangés avec colère sans parvenir à les comprendre.

Au bout de plusieurs minutes supplémentaires, un dignitaire humain de Dumn vient la voir.

— Bonjour madame, venez, je vais m'occuper de votre demande.

Il a l'air de lui faire signe de le suivre pour passer devant tout le monde. Bien que perplexe, elle le suit. Il l'amène dans son bureau assez classique, lui fait signe de s'asseoir. Il a une voix calme et posée.

— Bien, que pouvons-nous donc faire pour vous ?

— Je vais quitter Dumn et je souhaitais remercier les conseillers elfes noirs qui m'ont permis de vivre ici.

Il a l'air perplexe.

— Vous ont-ils permis de vivre ici ? Et où allez-vous ?

Elle semble surprise, il devrait pourtant être au courant que des elfes noirs quittent leur terre natale pour venir débuter une nouvelle vie sur l'ancien continent.

— Oui, à mon arrivée. Je pars pour le royaume du vent.

— Quand êtes-vous arrivée ?

Il a l'air de se reprendre.

— Excusez-moi. Très bien, indiquez-moi votre nom et celui du conseiller, je lui ferai parvenir votre remerciement.

Elle lève une main vague.

— Il y a plus de 100 ans voire même plus maintenant.

Elle n'avait pas la tête à faire des calculs.

— Je suis Rion Serlamnie, mais j'aimerais les voir, j'ai des questions à leur poser.

Il la regarde, l'air surpris.

— Hum, et bien je... euh, excusez-moi, je vais transmettre le message.

Il appelle un jeune garçon, lui donne une feuille de papier et lui fait signe de partir.

— Nous n'attendrons pas longtemps.

Il revient après quelques minutes.

— Hum, le conseiller elfe noir a l'air de ne pas vous connaître mais accepte de vous rencontrer. Vous imaginez bien par contre que vous ne serez pas seul lors de la rencontre. Au moins trois de ses confrères ainsi que plusieurs hommes d'armes seront évidemment présents.

Il ajoute très vite.

— Ce n'est pas contre vous, je suis sûr que vous comprenez que la sécurité doit être maintenue ainsi encore un moment, en particulier avec les gens de votre peuple.

Il a l'air troublé/gêné et sincèrement pas méchant.

— Ah bon ? Le conseiller Rainstrike n'est plus là ?

Elle lui sourit.

— Ne vous inquiétez pas, je comprends très bien.

L'homme la regarde un peu étonné.

— Euh, et bien non, évidemment que non. Enfin... suivez-moi.

L'homme se lève, ouvre la porte et lui fait signe. Elle le suit, toujours perplexe. Il la fait entrer dans la salle. La grande table et la pièce sont richement décorées.

Autour de la table, un conseiller nain, deux humains de Dumn et de l'empire ainsi que le conseiller elfe noir sont réunis. Une dizaine d'hommes d'armes sont aussi présents. Cette sécurité très présente surprend Rion qui ne se souvient absolument pas d'une aussi grosse garnison.

Le conseiller elfe noir l'invite à parler d'un hochement de tête et d'un sourire. Elle remarque néanmoins le regard maussade et inamical des deux humains. Après avoir passé en revue la salle et les personnes qui s'y trouvent, elle s'adresse au conseiller elfe noir.

— Bonjour, le conseiller Rainstrike n'est plus là ?

Il lui sourit bien que celui-ci semble forcé.

— Et bien non, mon défunt confrère ne peut plus exercer ses fonctions.

— Défunt ? Que s'est-il passé ?

L'homme de l'empire se lève et frappe du poing.

— Cessez vos manigances, elfe ! Parlez vite, nous avons à faire !

Le conseiller nain te regarde avant de se tourner vers l'humain.

— Modère tes propos, imbécile. C'est une citoyenne respectable à coup sûr. Lors de la mort de Rainstrike, ne penses-tu pas qu'elle avait mieux à faire, comme nous tous ? Et quand tu parles d'elfe, fais attention ! L'une d'elles a participé au sauvetage de notre monde !

L'elfe noir semble attendre que le nain ait fini de parler. La perplexité laisse place à l'agacement.

— J'ai également des choses à faire, alors au lieu de vous énerver, expliquez-moi et nous ferons gagner du temps à tout le monde !

Elle attend que l'elfe noir parle.

L'elfe explique.

— Paix, paix. Mon confrère est mort lors de la guerre. Je vous prie de pardonner à mon camarade. Que pouvons-nous faire pour vous ?

— La guerre ? Quelle guerre ? Et d'ailleurs, vous parliez d'une elfe qui a participé au sauvetage du monde, que diable s'est-il passé durant mon absence ?

Tous la regardent, l'air ébahi. Le nain prend à nouveau la parole.

— Mais où diable étiez-vous depuis 6 ans !

— 6 ans ? Ça va, j'ai cru avoir loupé bien plus... Je reviens de l'Averne. Après calcul, ça ferait 136 ans que je suis partie.

Après un moment de silence et d'incompréhension, le nain prend la parole.

— Je vois.

L'elfe lui reprend son explication.

— Notre monde a subi une invasion de guerriers du chaos. Ils ont débarqué dans le désert il y a près de 6 ans. Le Tyran, leur général, a bien failli anéantir notre monde. Leurs armées ont vaincu les nôtres, nous poussant à rester défensifs. Nous pensions être perdus lorsque nos morts commencèrent à devenir des fantômes et se battre contre nous. Heureusement, un petit groupe de héros venant de tous les peuples a annulé toute magie durant une journée, ce qui leur a permis de le vaincre il y a près de 4 ans. L'une d'elles était une elfe.

— Oh, je vois.

Elle semble peinée, non seulement pour la mort de Rainstrike, mais également parce qu'elle n'a pas pu aider. Le conseiller baisse la tête en attendant de voir si elle souhaite reprendre.

Elle semble hésiter mais répond finalement. Sa voix est posée, bien que ferme, et son regard est déterminé.

— Je compte combattre les elfes noirs. Si des hommes à Dumn veulent se joindre à moi, je pars pour le royaume du vent.

Alors que le nain se met à rire et que les deux humains discutent, l'air visiblement contrarié, l'elfe lui, te répond d'un ton sec.

— Nos hommes sont là pour nous protéger, Dumn n'a pas d'armée. De plus, après une telle guerre ici, peu seront les fous prêts à mourir pour une inconnue. Non, navré, mais c'est impossible.

Il se lève après avoir dit ça.

Elle hausse les épaules.

— Faites juste passer le message.

Elle prend ensuite congé d'un rapide signe de la tête et tourne les talons pour partir.

Ils laissent partir Rion sans intervenir. Le dignitaire l'attend, prêt à lui indiquer le chemin du retour. Une fois dehors, il se retourne et part sans un mot. Elle décide de retourner à l'auberge, désormais qu'elle était passée au conseil, le chemin pouvait débuter. Et puis avec l'absence de Louen, voler l'argent sera plus simple.

Elle fait donc le chemin jusqu'à l'auberge. Devant celle-ci, elle voit un homme à béquilles, faisant la manche.

Voler, oui, mais pas ceux qui en ont besoin. Lorsqu'elle aperçoit Louen dans l'auberge, elle se dirige aussitôt vers lui.

Il se tourne vers elle.

— Ah, ma dame, pardonnez-moi, mais j'ai horreur de ce genre d'attente. Cela a été bénéfique ?

— Oui et non, une guerre a eu lieu en notre absence.

Louen la regarde, l'air ébahi.

— Une, une guerre ?

Rion lui explique son entrevue avec le conseil. Louen lui affiche d'abord un air énervé, puis peiné.

— Hum, c'est terrible. Je n'ose imaginer à quoi aurait ressemblé notre retour si ces héros n'avaient pas été là.

Elle hoche la tête silencieusement.

— Enfin, je pense qu'il est temps de partir pour le royaume du vent.

Il lui sourit.

— Je vais où vous allez, ma dame.

Elle lui rend son sourire.

— Je vous laisse prendre le reste des affaires de notre chambre.

Il se relève, se penche pour l'embrasser tendrement, puis tourne les talons pour monter à l'étage.

Une fois qu'elle a vérifié qu'il était bien dans les escaliers, elle se lève pour se diriger tranquillement vers le comptoir pour voir où est stocké l'argent.

Plusieurs bourses sont attachées sous le comptoir, non loin du tenancier. L'homme est en train d'essuyer des verres.

— Bonjour, est-il possible d'avoir un verre d'eau ?

L'homme se relève de sa tâche et sort une chope qu'il remplit dans un des tonneaux.

— Merci bien.

Elle prend la chope et s'assoit à une table où elle a les bourses en visuel, tandis que lui retourne à sa tâche.

Elle crée une illusion d'un homme bien au fond de la taverne qui appelle le tavernier. Elle invoque une main magique pour choper quelques bourses que Rion rend invisibles. Elle se concentre une dernière fois pour recréer des bourses aux places manquantes, puis attend Louen.

Louen descend très peu de temps après. Et s'installe avec toutes leurs affaires près d'elle.

— Vous avez tout ?

Il hoche la tête en souriant.

— Parfait, allons-y !

C'est ainsi qu'ils seremettent en route avec cette fois pour destination ; Le royaume du vent.


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