Chapitre 16 Une malheureuse magie
Pendant ce temps du côté de Rion
Cela fait à peine plus d'une journée qu'elle marche. Le manque de Louen se fait tant sentir qu'elle ne s'est pas mise en route tout de suite et a dormi plusieurs nuits sur le lieu de leur séparation. Maintenant, elle est fatiguée de ce manque et de sa marche et installe son second campement. Alors que Rion commence à se préparer à manger et à installer une couche pour se reposer après plus d'une journée de marche, elle entend des bruissements dans le bosquet proche. Elle se met de suite sur ses gardes mais ne fait rien pour l'instant.
Une silhouette clairement féminine sort du bosquet et s'approche les mains visibles et sans agressivité. Elle porte un long manteau et une cape noire qui cache son visage. Seuls sont visibles ses longs cheveux noirs lui arrivant à la taille. Rion se lève pour faire face à la silhouette mais reste sur ses gardes. Sa voix est froide.
- Qui êtes-vous et que voulez-vous ?
La silhouette s'arrête et semble l'observer en détail.
- Je ne fais que passer.
- Alors passez votre chemin.
Elle penche la tête. Sa voix semble à la fois curieuse et triste.
- J'ai beaucoup entendu parler de vous....
Sa voix devient amère.
- Je ne m'attendais pas à ça.
Rion prend une voix sèche.
- Je vous ai demandé qui vous étiez alors vous me répondez et ensuite vous passez votre chemin.
Elle semble surprise par la dernière phrase.
- Vous vous attendiez à quoi ?
- Je ne sais pas vraiment... A mieux... J'ai des nouvelles, non loin d'ici, un homme vous cherche.
Rion lève un sourcil, amusée.
- À mieux ? Vous ne me connaissez même pas.
Un voile d'espoir et d'inquiétude passe dans ses yeux mais elle le cache bien vite.
- Vraiment ? Qui est-il et pourquoi me cherche-t-il ?
La silhouette s'adosse à un arbre non loin de Rion. Sa voix est toujours triste et curieuse mais aussi amère, Rion a donc du mal à la cerner.
- J'ai entendu parler de vous. Mais pardonnez-moi, il semblerait que je vous dérange.... Je serais sans doute mieux accueillie dans ce village.
- Ce qui me dérange c'est que vous ne répondiez pas à mes questions.
Elle semble maintenant amusée.
- Un beau chevalier, du nom de Louen m'a parlé de vous...
Rion se raidit automatiquement. Comment Louen a-t-il pu parler d'elle à cette femme ? Et comment ose-t-elle dire "un beau chevalier ?" Sa voix est sèche et un peu amère.
- Et qu'a-t-il dit ?
- Il a prononcé plusieurs fois votre nom. Et a fait l'éloge de votre personne. Curieuse de celle qui semblait avoir autant d'importance pour un si bel homme j'ai décidé de vous rencontrer...
Entendre cela met du baume au cœur de Rion. Louen pense toujours à elle et il est possible qu'il l'aime encore. Sa voix semble s'adoucir un peu.
- Où est-il ?
Elle semble avoir perçu sa joie. Et répond de manière sèche.
- Vous l'aimez donc ?
Elle répond sans aucune hésitation.
- Bien sûr ! Comment ne pas l'aimer ?
Elle l'entend soupirer.
- En effet, comment ne pas l'aimer....
Elle marque une pause.
- Que pensez-vous avoir de plus que les autres ? Pourquoi pensez-vous qu'il vous a choisi vous ?
Elle hausse les épaules et répond simplement.
- Seul lui connaît la réponse.
Ça a l'air de l'avoir irritée. Néanmoins, sa voix reste calme.
- La dernière fois que je l'ai vu, c'était dans sa chambre à la taverne la plus proche.
La voix de Rion, elle, redevient aussitôt sèche.
-Je vous demande pardon ?
-Je ne fais que répondre à votre question, vous m'aviez demandé où il était...
-Que faisiez-vous dans sa chambre ?
Rion est partagée entre l'envie de connaître la réponse et l'envie d'éviter d'entendre quelque chose qu'elle ne veut pas entendre, mais elle préfère tout de même poser la question. Elle commence à se rapprocher de Rion.
-Je ne faisais que m'assurer que l'homme brisé que j'avais aperçu dans l'auberge allait bien... Il avait l'air si malheureux.
Aussitôt, Rion se sent coupable. Elle baisse la tête alors que la tristesse et la culpabilité arrivent dans son cœur. Une fois arrivée à sa hauteur, elle enlève sa capuche et se révèle.
-Vous pensez que vous le méritez ? Vous, alors que vous lui avez tourné le dos ?
Lorsqu'elle la reconnaît, aussitôt elle reprend un air amer et sec.
-Toi, sale garce, qu'as-tu fait dans sa chambre ? Je lui ai tourné le dos par ta faute ! Je le mérite parce que notre amour est mutuel.
Elle a l'air honnêtement triste lorsqu'elle détaille Rion du regard. Elle sourit.
-Je l'ai consolé un moment avant que son amour le rappelle auprès de toi.
Elle marque une pause et paraît réellement réfléchir.
-Je ne comprends toujours pas ce que tu as en plus, tu l'abandonnes et le brises, pourtant il retourne quand même vers toi.
Rion siffle entre ses dents.
-Consoler ? Qu'est-ce qu'une femme comme toi peut faire ?
Elle commence une phrase mais s'arrête. Quelque part Eklash a raison, Rion le brise, lui tourne le dos, l'abandonne et lui souhaite tout de même la retrouver. Mérite-t-elle vraiment un tel homme ? Elle secoue la tête et la colère passe dans ses yeux avant qu'elle ne se retourne comme pour partir.
-On pourrait presque croire que tu l'as ensorcelé, pourtant ce n'est pas le cas.... C'est un cas rare. Quel dommage qu'il se soit trompé d'elfe.
Elle part avant de lâcher par-dessus son épaule.
-Prends soin de lui.
Puis beaucoup plus bas, presque de manière inaudible.
-Puisque je ne peux le faire.
Rion hoche la tête, même si elle sait qu'Eklash ne peut la voir. Elle se sent un peu peinée, elle sait qu'elle aurait pu se trouver dans son cas.
Le lendemain, elle se met en route vers Dumn. Elle n'arrive pas à se dire que cela fait maintenant plusieurs jours que Louen n'est plus à ses côtés. Elle marchait depuis une demie journée de plus entre deux bosquets lorsqu'apparaît à sa vue un village non loin d'elle.
Elle se dirige simplement vers le village, elle est perdue dans ses pensées, le regard vide. N'étant pas d'humeur, elle se dirige vers la taverne.
Elle entre dans une taverne d'atmosphère joyeuse et animée. Plusieurs personnes mangent et boivent, ou jouent aux dés à des tables.
Elle s'avance vers le tavernier sans un regard aux autres clients.
-Votre alcool le plus fort, une bouteille.
Elle soupire en levant la main.
-Excusez-moi, bonjour, une bouteille de votre alcool le plus fort s'il vous plaît.
Elle semble être dans un état second.
Le tavernier se dirige vers elle après quelques minutes.
Il la regarde de haut en bas et hausse les épaules avant de lui sortir une bouteille d'un liquide blanchâtre.
Sa voix est relativement chaleureuse.
-J'espère que vos tripes, elles, sont encore en état, si c'est le cas ça vous remettra d'aplomb, sinon...
Il sourit, l'air gêné.
Rion esquisse un sourire, qui passe presque pour un sourire forcé.
-Je tiens bien l'alcool. Malheureusement.
Elle le remercie d'un signe de tête et paye avant de se diriger vers un coin de la salle pour s'asseoir seule et regarder les gens. Elle se dit qu'ainsi sa consommation restera un minimum correcte avant qu'elle ne monte dans sa chambre, autrement elle sait qu'elle va s'enfiler la bouteille en entière sans réfléchir.
En soi, elle ne voulait pas réfléchir, et c'est peut-être pour ça qu'elle était juste vide. Il hoche la tête.
Alors qu'elle a commencé à boire, elle voit un homme quitter son groupe et se diriger vers elle. Il semble grand et fort, mais son armure lourde laquée grince légèrement. Sa voix est joyeuse et sent un peu l'alcool.
- Bien le bonsoir madame, vous êtes seule ici ? Il ne fait pas bon de rester seul dans votre état.
Elle répond par un « hum » distrait sans lui prêter d'attention. Elle reprend une gorgée de son alcool. L'homme sourit et s'assoit près d'elle.
- Boire ainsi ne sied pas à une dame... peut-être voulez-vous discuter ou vous détendre ? Avez-vous un problème ?
Entendre le terme « dame » lui fait automatiquement penser à Louen, et lorsqu'elle reporte son regard sur l'homme et remarque sa carrure et son armure, la tristesse serre son cœur et comme toute réponse elle boit une grande gorgée, les yeux un peu larmoyants. La liqueur commence à lui faire tourner la tête. L'homme rapproche sa chaise pour la placer face à Rion.
- Vous devriez aller dormir, cette boisson infecte vous retournera bientôt l'estomac.
Il rigole sans que Rion sache vraiment pourquoi. Sa voix commence à être touchée par l'alcool.
- Euh oui peut-être... Je ne sais pas.
Il pose une main sur son épaule.
- Cet alcool ne vous fera rien oublier, en revanche il y a d'autres moyens.
Elle le regarde et sourit, sa voix toujours marquée par la boisson.
- Si vous avez de l'alcool encore plus fort, je suis preneuse.
Il la relève d'une main en souriant et rigole et est pris d'un rire gras.
- Venez, allons boire tranquillement à l'étage...
- Je bois uniquement avec moi-même.
Elle se fait un « tchin » à elle-même avant de prendre une nouvelle gorgée. Elle ne semble pas vraiment au fait d'être debout. L'homme sourit.
- Venez, ne dérangez pas les hommes de la taverne.
Il la prend dans ses bras par les jambes. Elle se laisse porter sans rien faire de spécifique, son côté rusé se dit juste qu'elle va peut-être pouvoir gratter une chambre gratuite. En montant, il est arrêté par un autre homme, mais le chevalier lui fait un signe de main qui le fait dégager. Il monte et ouvre une chambre où il dépose Rion sur le lit avant de se retourner et fermer la porte. Rion, déçue de voir qu'il reste dans la pièce, lui lâche un.
- Vous ne partez pas ?
L'homme sourit et se rapproche de Rion en souriant.
- Il faut bien que quelqu'un vous borde.
Malgré l'alcool, elle sent que ce n'est pas une super situation et elle se relève tant bien que mal.
- Si c'est votre chambre, j'irai en chercher une autre, mais sinon je dors seule.
Il s'approche et la plaque contre le lit.
- M'enfin, laissez-vous faire, vous aviez dit au patron vouloir oublier.
Il a de nouveau un rire mauvais et la bloque d'un bras et de l'autre commence à essayer de lui retirer sa tunique.
- Ce n'est pas prudent de voyager seul, quelqu'un aurait dû vous le dire et aurait dû vous accompagner.
La colère teinte ses yeux et tente de prendre le pas sur l'alcool.
- Lâchez-moi !
Il la bloque sans mal et essaye de l'embrasser.
La porte s'ouvre brusquement au même moment, et deux hommes, dont le tavernier, rentrent dans la pièce. Elle tente de nouveau de le repousser et de l'éviter, et elle est contente d'entendre la porte s'ouvrir, elle est désormais tirée d'affaires. Elle sent sa tête qui tourne à cause de l'alcool mais entend le tavernier hurler et insulter le chevalier. Le second est sous un grand manteau et se penche vers Rion sans la toucher.
- Vous allez bien ? Qui êtes-vous ?
- Rion, je crois.
Elle voit le tavernier sortir le chevalier puis se tourner vers elle.
- C'est votre chambre maintenant.
Le second homme marque un temps d'arrêt et semble surpris.
- Rion ? Que fais-tu ici ?
Il retire sa capuche qui révèle Salren, un elfe noir plutôt séduisant bien qu'un peu plus frêle par rapport aux hommes que côtoie habituellement Rion. Ses yeux noirs la fixent avec stupeur. Elle le remercie d'un geste de la tête un peu maladroit, alors que la tension du moment redescend et que l'alcool remonte.
Lorsqu'elle voit Salren, la surprise se lit dans tout son visage.
- Salren ? Que fais-tu ici ?
Elle ignore complètement sa question, par surprise et par non-envie de répondre.
Salren prend une chaise et la pose près du lit avant de s'asseoir à l'envers dessus. Il sourit, ce qui lui donne un air plus sage et mignon, à moins que ce soit l'alcool, et fait un geste vague de la main.
- Le travail comme d'habitude. Petite pause. Tu as l'air au plus bas ma pauvre... Pourquoi n'es-tu pas à Dumn ?
Rion sourit, Salren lui avait manqué. Elle ignore de nouveau une question.
- Oh, fin d'aventure, on s'est retrouvé un peu loin de Dumn. Et toi, que fais-tu là ?
Il a l'air surpris de la voir ne pas répondre à ses questions.
- Comme je te l'ai dit, je travaille. J'ai ramené dans la région un groupe d'elfes noirs assez important il y a quelques jours, bientôt une semaine. Et je m'accordais quelques jours de repos avant de remonter vers Dumn.
Il la regarde dans les yeux.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
Elle hoche la tête quand il lui raconte ce qu'il a fait, mais quand elle lui répond ensuite, des larmes semblent arriver au niveau de ses yeux.
- Rien, rien, ne t'inquiètes pas.
Il a l'air déçu et se relève pour partir.
- Très bien, repose-toi, nous nous verrons demain.
Voir Salren se relever pour partir lui fait penser à Louen qui part, et elle ne veut pas refaire la même erreur.
- Salren non, reste s'il te plaît...
Il se retourne, un sourcil relevé par la surprise.
- Oui ?
Il se redirige vers sa place. Elle semble soulagée lorsqu'elle le voit revenir.
- Je préfère que tu sois là.
Il se pose près d'elle et lui pose la main sur l'épaule.
- Je suis là Rion, si tu veux parler ou te reposer, je reste là.
Elle se tourne vers lui, quelques larmes roulent sur ses joues et elle chuchote un « je me sens si seule » avant de l'enlacer.
Il l'enlace amicalement et lui caresse les cheveux pour l'aider à la calmer.
Elle fond en larmes, ce qu'elle n'avait pas fait durant tous ces jours de marche. Elle n'était plus enlacée, elle ne se faisait plus caresser les cheveux, elle ne se faisait plus calmer depuis le départ de Louen.
Sa voix est entrecoupée de sanglots.
- Toi au moins, tu as toujours été là pour moi.
Il peut sentir du ressentiment dans sa voix.
Sa voix est calme.
- Que t'est-il arrivé ?
- Il est parti, il m'a quitté.
Il semble en colère contre cette personne.
- Qui ça ?
Il semble compréhensif et à l'écoute.
- Un chevalier.
Le nom de Louen ne peut passer le pas de ses lèvres. Elle veut le garder pour elle.
Il tressaille et sa voix devient un peu plus agacée.
- Ces hommes ne sont pas aussi preux qu'on le prétend, ils usent de leur position pour s'enrichir ou s'attirer des faveurs.
Elle reste quelques instants silencieuse.
- Il était preux.
Il hausse un sourcil.
- Alors pourquoi est-il parti ?
Il semble maintenant déçu et en colère. Quelques larmes coulent de nouveau et elle resserre son étreinte.
- Il ne m'aime plus.
Il lui caresse le dos pour la calmer et lui signifier qu'il est là.
- Il en aime une autre.
Il l'allonge sur le lit, l'air contrit.
- Repose-toi, Rion, tu en as besoin. Je reste là.
Elle lui prend la main.
- Merci.
Il serre sa main et la caresse lentement jusqu'à ce que Rion s'endorme, ce qu'elle fait peu à peu, l'alcool aidant fortement.
Au matin, Rion se réveille avec un léger mal de ventre. Près d'elle, il est toujours là assis au pied du lit. Le menton contre sa poitrine, il semble dormir. Elle le regarde silencieusement, se perdant dans ses pensées. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, et il lui avait vraiment manqué. Il avait toujours été là pour elle et la veille ne faisait que s'ajouter aux preuves. Elle sourit tendrement. Elle entend la taverne commencer à s'animer rapidement à l'étage du bas.
Il continue à dormir. Peut-être a-t-il veillé longtemps hier soir. À force de le détailler du regard, elle sent revenir l'envie de l'embrasser, la même qu'elle a eue il y a bien longtemps. Elle finit par doucement se relever et s'approche de Salren tranquillement.
En se levant, elle entend à nouveau du bruit en bas, peut-être des éclats de voix, peut-être aussi des pas montant à l'étage, rien de très étonnant pour une taverne.
Salren respire plus fort et ses paupières tressaillent, il a l'air d'être sur le point de se réveiller. Elle remarque qu'il est sur le point de se réveiller et sans réfléchir l'embrasse.
Lorsque leurs lèvres se rencontrent, quelqu'un toque à la porte et après quelques secondes, elle s'ouvre lentement. Le baiser est doux mais réveille Salren qui ouvre les yeux surpris.
Dès qu'elle entend toquer, elle se recule comme si de rien n'était pour regarder au niveau de la porte qui arrive. Louen recule la tête baissée et referme la porte avec lui.
Par réflexe, elle lâche un « Louen ! » avant de rapidement se lever pour aller ouvrir la porte et tenter de retrouver Louen.
Elle entend Salren bégayer.
- Rion !? Tu sais pourtant que j'ai juré de ne plus aimer, Rion !?
Pourtant, elle se précipite vers la porte. Lorsque Rion l'ouvre, Louen est déjà retourné et descend rapidement l'escalier.
Elle ne lui répond pas, préférant appeler Louen et tentant de le rattraper.
Louen descend rapidement, elle le rattrape dans la salle principale de la taverne. Pourtant, il ne s'arrête pas.
- Louen !
Sa voix se brise, prise de remords et de tristesse. Elle tente d'attraper sa main.
Elle attrape sa main ou plutôt son gantelet d'acier. Celui-ci est froid, tout comme la réaction de Louen. Celui-ci se tourne vers elle. Son visage inexpressif cache probablement très bien son désarroi et sa tristesse aux autres personnes, mais Rion a appris à lire dans les traits de Louen. Elle voit un mélange de colère et de tristesse dans ses yeux bruns. Il incline la tête et parle de manière courtoise mais inexpressive.
- Madame ?
Elle ne sait pas vraiment comment réagir et son regard tantôt se plonge dans celui de Louen, tantôt s'en détourne.
- Je... Louen, reste s'il te plaît.
Il ne bouge pas et la regarde dans les yeux. Il articule difficilement.
- Navré de vous avoir interrompu madame.
Rion remarque d'ailleurs le chevalier de la nuit précédente allongé sur une table cassée et remarque aussi qu'il saigne du nez. Elle ouvre plusieurs fois la bouche sans rien dire, perdue. Dans les yeux de Louen scintillent quelques larmes.
- Vous vouliez quelque chose ?
- Ce sont les circonstances qui ont fait que, ce n'est pas ce que vous pensez.
Il ne répond pas et se détourne comme pour partir, sans pour autant le faire puisque Rion lui tient toujours la main. Il lui semble d'ailleurs avoir senti un tremblement.
- Il ne vous dérangera plus, dit-il en montrant de la tête l'autre chevalier.
- Louen s'il vous plaît, regardez-moi.
Sa voix tremble un peu. Lorsqu'elle voit l'état de l'autre chevalier et qu'elle comprend, elle serre plus fort sa main, en proie à de plus en plus de remords et de culpabilité.
Il se tourne lentement vers elle. Il n'a pas changé d'expression pourtant une larme roule jusque dans sa barbe.
Voir son état accentue les émotions qu'elle ressent et c'est après quelques secondes à tenter de se contrôler qu'elle parle.
- C'est vous que j'aime, Louen.
Il tressaille suffisamment pour qu'un faible tremblement se sente malgré son armure.
- C'est toi aussi que j'aime, Rion.
Son ton est vibrant d'émotions et de tristesse.
Cela fait maintenant plusieurs jours qu'il n'a pas vu Rion et elle lui manquait terriblement, pourtant il n'était pas sûr que ce soit réciproque en la voyant avec un autre elfe noir. Elle lui prend son autre main.
- Alors reste avec moi.
Il la serre contre lui et lui chuchote tendrement.
- Je suis désolé, Rion, terriblement désolé.
Elle l'enlace et lui répond d'une manière similaire.
- C'est de ma faute, je n'aurais pas dû douter, je n'aurais pas dû te laisser partir.
Les larmes coulent maintenant à flot, seule sa voix reste claire.
- J'ai failli à mon serment pourtant je n'ai pas cessé de t'aimer, je ne peux pas cesser de t'aimer. Je t'aime.
Elle n'arrive pas à répondre, les larmes reprenant le dessus, et elle le serre plus fort dans ses bras. Il la serre aussi contre lui, laissant ses larmes couler. Louen répète d'une voix entourée.
- Plus jamais, plus jamais.
Salren, lui, les regarde avec un sourire en coin après avoir à moitié descendu l'escalier. Soulagé, il remonte rapidement à l'étage.
Elle relève la tête et lui vole un baiser mouillé.
- Je serai toujours là pour toi.
Louen répète les mêmes mots.
- Je serai toujours là pour toi.
Avant de l'embrasser plus longtemps et plus tendrement, lui transmettant tout l'amour qu'il a pour elle. Louen l'attire doucement à l'extérieur de la taverne, la voix encore tremblante.
- Viens.
Elle le suit, toujours en lui tenant la main. Une fois dehors, il s'agenouille une nouvelle fois.
- Ma dame, mon amour, ma femme... Rion...
Il prend une grande respiration, luttant contre ses émotions.
- Je vous aime, et je jure de ne plus jamais m'écarter de vous.
La lumière de l'aube semble étrangement auréoler son visage d'une lueur dorée.
- Je le jure également. Pour toujours, mon Louen, je serai à vos côtés.
Elle se baisse à sa hauteur et prend sa tête dans ses mains. Sa voix est presque un chuchotement.
- Tu es magnifique.
Et elle l'embrasse tendrement. Toujours à genoux, il la serre contre lui en lui rendant son baiser.
- Toi aussi.
À l'étage d'une chaleureuse et propre taverne, deux personnes montent à l'étage et se dirigent vers leur chambre commune... En chemin...
- Vous souvenez-vous de ce moment dans la forêt, il y a si longtemps ?
- Comment aurais-je pu l'oublier ? Comment oublier un bel homme qui vous fait de belles avances ?
Toujours en marchant, il a un sourire en regardant Rion.
- Et le souvenir de votre confiance, imite difficilement ta voix, " je vous prouverais que je suis la plus douée". Il serait temps de le prouver, nous sommes dans la taverne tant désirée finalement.
Elle a un petit rire.
- Vous êtes un bien piètre imitateur ! Mais vous avez raison, il est temps de vous montrer mes talents. Sourire séducteur. Je vais vous prouver que je suis la plus douée.
- Navré, ma dame.
Petit sourire. Il la rattrape au niveau de la porte de "leur chambre" et se penche pour l'embrasser. Elle l'embrasse également avant de filer dans la chambre après un clin d'œil. Elle l'entend toussoter et attendre quelques minutes avant de rentrer... Rion enlève son armure de cuir de sorte à juste être en tunique simple et ressort de la chambre.
- Ma foi, vous en mettez du temps, mon beau chevalier.
Lorsqu'elle sort, il finit d'enlever le haut de sa tunique et n'a plus que son pantalon de lin. Il relève donc la tête, l'air surpris et étrangement gêné en t'entendant. Elle observe allègrement son torse.
- Eh bien ? Rarement vu des hommes aussi musclés, ça fait du bien aux yeux, et je suis sûre que ça fera du bien aux mains.
Il avance vers elle avec l'intention de l'embrasser et de rentrer donc dans la pièce. Elle l'embrasse avant de s'asseoir sur le lit avec un grand sourire.
Lui se laisse faire en jouant le vieil habitué, en chantonnant...
- Eh bien, mon beau Louen, où en étions-nous la dernière fois ? - Ma belle Rion.
Il continue après une pause et un sourire un peu coquin.
- Comme je l'ai dit, vous frimiez en prétendant être la plus douée. Il s'approche du lit en la fixant. - Ce n'est pas de la frime, je vous expose un fait.
Elle défait le haut de sa tunique avec un sourire similaire. Il se penche vers le visage de Rion et monte sur le lit.
- Laissez... Il lui prend les mains et commence à défaire les lacets de la tunique de Rion. Il lui rend son baiser et une fois sa tunique défaite, la pousse gentiment à s'allonger.
- Que je sache quoi faire, ma concurrente a attendu sagement ou elle a préféré rentrer dans le vif du sujet ? Il l'embrasse avant de répondre d'une voix empreinte de désir et d'amour.
- Si je vous aide trop, vous ne méritez pas d'être considérée comme la plus douée.
Il lui fait un clin d'œil en arrêtant de l'embrasser et en se redressant légèrement.
- Je vois je vois. Grand sourire séducteur. Il n'empêche que je vous trouve bien sage pour le moment. Elle prend ses mains pour les mettre sur ses hanches.
- Je vois, votre plaisir est en mon pouvoir.
Elle baisse son pantalon, se colle à lui et l'embrasse.
- Je n'en ai jamais douté.
Elle commence à lui enlever aussi sa tunique. Sa voix suave et tendre glisse aussi bien que ses mains sur le torse musclé et finement dessiné de son amour.
- Je me souviens de quand vous me regardiez passionnément dans la forêt, vais-je avoir droit au même regard ce soir ? - Oui Rion, et plus encore maintenant que vous êtes entièrement devant moi.
Et en effet, il la regarde amoureusement et semble attendre.
- Oh mon beau Louen.
L'embrasse à nouveau et se colle de nouveau à lui et l'embrasse avant que leurs corps commencent à se lier.
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