Chapitre 11 Une vision ou autre chose

Rion est réveillée par le bruit d'une clochette. Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle est dans le lit d'une belle mais modeste chambre. Il semble que l'après-midi soit déjà avancé, il n'y a donc personne d'autre dans la chambre. Cette dernière ressemble à celle où elle s'est endormie, mais elle ne se souvient pas de quelques petits éléments comme un tapis et un vase rempli de fleurs. Elle se réveille lentement, prenant son temps, mais cherche très rapidement l'origine du bruit qui l'a réveillée, en profitant pour détailler la chambre. La chambre possède un grand lit, une table de chevet et un grand bureau. Le bruit retentit à nouveau et semble être une clochette accrochée au rez-de-chaussée, probablement à l'entrée. Elle finit par se lever pour chercher ses affaires et s'habiller avant de se diriger vers la porte.

Avant qu'elle ne commence à descendre, le bruit de clochette retentit plusieurs fois. Elle passe à côté d'une chambre vide et descend l'escalier. Elle voit une bibliothèque dans une pièce et dans une autre ce qui ressemble à une salle à manger. Lorsqu'elle arrive près de la porte d'entrée, le bruit retentit encore, juste derrière celle-ci. Elle se dirige d'un pas décidé vers le bruit de clochette, agacée par la répétition.

La porte s'ouvre en révélant deux elfes noirs l'air légèrement agacé. Le premier est un elfe noir semblant avoir la vingtaine d'années (physiquement), solide et musclé. Sa peau semble aussi noire que celle de tous les elfes noirs. Il sourit lorsque la porte s'ouvre. La seconde personne est une jeune elfe, un peu plus jeune que l'autre. Sa peau a aussi l'air plus claire et de belles bouclettes brunes lui tombent sur les épaules. Elle se jette vers Rion l'air très heureuse.

— Maman ! Comment vas-tu ? Vous en avez mis du temps à ouvrir.

D'abord surprise, elle reconnaît ensuite ses enfants et un énorme sourire se dessine sur son visage. Elle prend dans ses bras sa fille.

— Je vais bien et toi ?

Elle rit.

— Oui, désolée, je viens à peine de me réveiller alors j'ai un peu tardé.

Son regard va de sa fille à son fils et vice-versa, et lorsqu'elle parle, elle semble presque parler pour elle-même.

— Mes enfants, vous êtes magnifiques.

Elle tend le bras vers son fils pour l'inviter à rejoindre cette étreinte. Sa fille la serre fort dans ses bras en riant.

— Maman, tu es encore toute décoiffée, et pourtant tes cheveux sont toujours aussi beaux.

Son fils s'avance en souriant et attend que sa sœur se décroche pour lui donner une étreinte un peu moins longue que sa sœur. Un petit sourire amusé se dessine sur son visage.

— Eh oui, nous le sommes.

— Je n'ai pourtant pas tes belles boucles.

Elle rit à la remarque de son fils.

— Vu votre père, c'était certain que vous alliez être superbes.

Elle admire la carrure de son fils.

— Tu tiens bien de ton père cette musculature !

Il lui répond en haussant les épaules, mais cela se voit que ton compliment lui fait plaisir.

— Tout cela se travaille.

Son fils s'avance un peu plus dans la maison d'abord l'air heureux et amusé, puis il semble se questionner. Sa sœur commence à lui parler de son étude des plantes et de l'occulte avant d'être interrompue par son frère.

— Papa ?!

Il se tourne vers toi.

— Papa n'est pas là ?

Elle sourit, comblée de bonheur de voir ses enfants aussi beaux. Rion sursaute à la première interruption avant d'afficher une mine perplexe.

— Non, je pensais qu'il serait ici étant donné qu'il n'était pas dans la chambre. Il est peut-être parti faire des achats ou se promener ?

Les deux enfants semblent la regarder l'air étonné. La fille parle d'une voix moins enjouée.

— Je ne pense pas, maman tu sais bien....

Son frère la coupe et lui sourit.

— Il est peut-être dehors, près de la plage, tu sais bien qu'il aime bien y aller. Il vaudrait peut-être mieux que tu ailles le voir.

Sa sœur reprend la parole.

— Ramène-le vite, il me tarde de revoir père, je vais commencer à préparer quelque chose à manger.

Rion reste perplexe.

— Comment ça « tu sais bien », je sais bien quoi ? Il était prévu qu'il fasse quelque chose aujourd'hui ? Et...

Elle laisse sa question en suspens, ne comprenant pas pourquoi son fils s'est exclamé peu avant.

Sa fille va dans la cuisine, et son fils la regarde un peu tristement et peut-être inquiet.

— Enfin maman, tu sais bien, papa va souvent sur la plage, il s'y sent bien.

A la plage ? Mais pourquoi ne elle ne se souvient pas de cela alors si c'est habituel, et pourquoi la plage ? C'est pleine de question et d'incompréhension que Rion part donc vers la plage.

En effet, la maison se trouve non loin de la côte. Un petit chemin descend doucement vers une plage de sable. D'en haut, elle aperçoit une silhouette qui semble être celle de son Louen. Il est assis sur un rocher face à la mer. Elle est surprise, il semble replié ou courbé davantage que d'habitude. Rion avance lentement vers lui.

— Louen ?

Elle se dit que c'est curieux, en plus de sa posture, d'habitude il l'entend arriver. Il est peut-être perdu dans ses pensées. En approchant, il finit par se retourner lentement. Rion reconnaît évidemment Louen, mais celui-ci a désormais une longue barbe grise. Quelques rares cheveux gris traînent encore sur son crâne presque chauve. De lourdes cernes et de nombreuses rides sillonnent son visage. Sa posture lui semblait étrange car il se repose en réalité sur une canne. Louen semble maintenant avoir plus de 80 ans. Toutefois, en voyant Rion, ses yeux qui n'ont pas changé s'illuminent de la même lueur d'amour.

En poussant contre sa canne, il se redresse lentement en toussant et s'avance vers sa femme en écartant un bras pour la serrer dans ses bras.

D'abord surprise, son amour reprend très vite le dessus. Qu'il ait 31 ou 80 ans, son Louen reste son Louen. Elle sourit alors et le prend dans ses bras tendrement. Il la serre faiblement.

Sa voix est grave et rauque.

— Rion, mon amour. (quinte de toux) Tu es très belle encore aujourd'hui, comme toujours. Tu ne viens pas souvent ici, c'est déjà l'heure de manger ?

Elle l'embrasse sur le front.

— Eh bien, mon beau Louen, on était perdu dans ses pensées ?

Elle sourit d'abord avant que son regard ne se voile de tristesse. Elle ne venait pas souvent ici ? Pourquoi ? Si ses enfants ont raison et que Louen s'y trouve régulièrement, pourquoi ne passe-t-elle pas du temps à ses côtés ? Elle répond après coup à sa question.

— Oh euh oui, bientôt.

Il sourit, mais ses yeux se perdent loin dans ses pensées.

— Je réfléchissais, oui. Ah, je n'ai pas vu le temps passer cette fois, allons-y.

Tout en continuant à la tenir d'un bras, il commence à se diriger vers la maison. Ils se dirigent ensemble vers la maison. Arrivé en haut de la falaise, Louen a une forte quinte de toux qui lui fait cracher un peu. Elle s'arrête d'elle-même après quelques secondes mais laisse quand même Louen tremblant. Heureusement, Rion vient amoureusement le soutenir et l'aider.

Lorsqu'ils s'approchent de la maison, leur fils vient les rejoindre. Il semble d'abord surpris, puis il vient prendre son père dans ses bras.

— Je suis heureux de te revoir, papa.

— Moi aussi, mon garçon, tu sembles avoir encore grandi, tu vas bientôt me dépasser.

Tous deux éclatent d'un rire très différent, il est clair que le fils a dépassé le père depuis longtemps. Il mène ensuite son père à l'intérieur et Rion entend sa fille accueillir chaleureusement son père.

— Père, tu es là, encore sur la plage ? Tu ne devrais plus y aller seul. En tous cas, je suis si contente de te revoir.

Une fois que sa sœur s'occupe de Louen, leur fils s'approche de Rion et lui pose une main sur l'épaule l'air inquiète.

— Maman ? Tu as remarqué l'air de papa ? Il ne semble pas bien, il devrait peut-être aller se reposer.

Louen semble discuter et s'amuser avec sa fille. Il ne paraît pas particulièrement mal, mais il est parfois secoué par la toux et se tient appuyé sur la table.

— Oui, je l'ai remarqué tout à l'heure. J'attends qu'il mange un peu et ensuite je lui dirai d'aller se reposer.

Il lui sourit et retourne rejoindre son père et sa sœur qui ont commencé à mettre la table. Rapidement, Rion les rejoint pour les aider. La table est rapidement mise et tout le monde profite des retrouvailles. Les deux enfants semblent un peu inquiets et promettent de revenir plus souvent. Louen, quant à lui, semble de plus en plus fatigué mais comblé.

Autour du repas, Louen semble soudain avoir une nouvelle crise de toux. Elle semble assez grave pour qu'il ait du mal à respirer. Aussitôt, vos enfants viennent le soutenir.

— Nous devrions l'amener à l'étage pour qu'il puisse se reposer.

Rion acquiesce d'un mouvement de tête avant de les aider. Sa fille laisse son frère le porter et vient plutôt rassurer Rion.

Une fois à l'étage et Louen couché et sa toux calmée, les enfants s'éloignent de leur père après l'avoir embrassé sur le front. Rion, elle, prend une chaise et s'assoit à son chevet en silence. Louen essaye de parler, mais sa voix est cassante.

— Rion, mon amour ?

Elle s'approche de lui.

— Qu'y a-t-il, mon Louen ?

Il lui prend tendrement la main. Sa toux calmée, sa respiration reste laborieuse et lente. Ses yeux s'embrouillent de larmes. Il sourit et essaye de l'embrasser. Sa voix est faible.

— Rion, je t'aime, nos enfants sont magnifiques.

Il sourit.

— Aucun humain n'en a eu d'aussi beaux.

Elle pose son autre main sur la sienne et se penche pour l'embrasser tendrement.

— Moi aussi, je t'aime.

Elle lui rend son sourire.

— Aucun elfe non plus.

Elle voit ses yeux se perdre dans les siens. Et elle sent que sa main se relâche dans la sienne.

— Nous avons été heureux, n'est-ce pas ? Je ne me rappelle plus de l'époque où je ne te connaissais pas encore, mon amour. Je ne me rappelle même plus de son nom.

Lorsqu'elle sent sa main se relâcher, elle la serre un peu plus fort par réflexe. Sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, elle sent quelques larmes faire surface.

— Je n'ai jamais été si heureuse. Te rencontrer a été la plus belle chose de ma vie.

— Mon amour, j'aimerais avoir encore un peu plus de temps.

Il tousse un peu.

— Mon premier compagnon, mon ami, mon dragon.... Il m'attend depuis très longtemps quelque part.

Il lui sourit.

— Je vous attendrai aussi, madame, mais jurez-moi de profiter, ne me rejoignez pas trop vite.

Elle sent sa main devenir molle dans la sienne et ses yeux se figent tandis qu'une petite larme unique coule sur sa joue. Son visage parait pourtant serein et un pale sourire sous la lumière lunaire reste affiché sur son visage.

Elle sent très vite les larmes rouler sur ses joues. Elle essaye plusieurs fois de dire quelque chose, mais n'y arrive pas, les mots se bloquent dans sa gorge. Elle n'arrive qu'à embrasser sa main. Au fur et à mesure qu'elle entend les phrases, sa tristesse est de plus en plus difficile à contenir. Sa voix est sur le point de se briser lorsqu'elle lui répond.

—Je vous le jure...

Lorsqu'elle sent sa main devenir molle et son regard se figer, elle reste quelques instants en silence avant de fondre en larmes. Elle le sens quitter son corps et lorsqu'il expire sa dernière bouffée d'air ....

Elle se réveille d'un coup, tandis qu'à côté d'elle, Louen est bien vivant et la regarde amoureusement dormir. Elle reste quelques instants figée avant de prendre son homme dans les bras et de fondre en larmes. Il passe de la contemplation à la surprise.

— Ma dame, qu'avez-vous ? Encore un cauchemar ? Ce n'est rien de réel, ne vous inquiétez pas, je vais bien.

Elle ne répond pas et le serre plus fort encore. Il lui caresse la tête et le dos en l'embrassant tendrement dans le cou, espérant la calmer.

— Chut... Tout va bien.

Elle se colle complètement à lui et semble se calmer peu à peu. Il la prend maintenant dans ses bras et attend un peu pour voir si elle a une réaction.

— Voulez-vous m'en parler ? Ou préférez-vous vous recoucher, rien ne presse, il est encore très tôt.

Elle semble réfléchir quelques instants avant de simplement répondre.

— Oui.

Il la prend dans ses bras et la soulève pour la recoucher. Il se cale près d'elle et lui caresse tendrement les cheveux. Elle le regarde dans les yeux et lui caresse doucement la joue. Sa voix est parfois entrecoupée de quelques hoquets, mais autrement elle semble s'être calmée.

— Nos enfants avaient bien grandi. Magnifiques. Notre fils, la peau aussi sombre que la mienne, mais votre carrure. Notre fille, adorable jeune femme bouclée à la peau brune...

Ses yeux s'illuminent lorsqu'il les imagine. Et il sourit.

— Ils ne pourront qu'être magnifiques.

Elle sourit également, mais une voile de tristesse passe sur ses yeux, bien que l'amour reste présent.

— Vous aviez vieilli et étiez mal en point.

Il a l'air de rire au début, puis il a l'air de comprendre. En tous cas, il devient plus grave et sérieux et attend de voir si elle continue.

— Je me suis réveillée parce que dans mon rêve...

Quelques larmes refont surface.

— Vous mouriez de votre belle mort.

Elle se colle à lui, semblant tentée d'éviter de repartir en larmes. Rion entend Louen déglutir et il met quelques minutes à répondre.

— Ma dame, nous avons du temps, du temps pour nous aimer. Mais il est vrai, votre pouvoir dépasse le mien, je ne pourrai pas vivre aussi longtemps que vous. Sa voix faiblit, mettre des mots sur ça a l'air d'être compliqué pour lui aussi.

— Je vous ai demandé si vous étiez sûr de vouloir m'aimer.... Nous aurions dû y penser plus tôt.

Elle le serre fort dans ses bras.

— Je suis toujours aussi sûre de vouloir vous aimer. Nous trouverons une solution, même si ladite solution est de laisser le temps faire son travail.

Elle sentune larme lui mouiller la nuque, tandis que Louen se replie pour l'enserrerautant qu'il peut dans une longue étreinte. Ils passèrent la journée dulendemain à préparer leur départ et leurs affaires, ils reprirent aussi desforces dans l'auberge du petit village, le soir Louen et Rion se couchèrentcôte à côte, profitant de leur amour.


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