Chapitre 10 Un ami en danger


Ils chevauchent sur les chevaux volés pendant trois heures. Malgré la possibilité d'être poursuivis, ils s'arrêtent à un petit village pour soigner Louen chez l'herboriste de celui-ci. De son côté, Rion se calme progressivement et espère de tout cœur que Velrero a péri sous les décombres. En descendant des chevaux, Rion touche le front de Louen, il est brûlant.

Elle s'apprête à aller vers la boutique de l'herboriste, mais Ritéo l'arrête.

— Rion, Geralt et moi nous partons, nous allons maintenant suivre notre route, nous voulons retourner en Avernes. Toi et Louen êtes bien ensemble et nous sommes de trop. De plus, il désigne Louen, il doit être soigné. En partant, si nous sommes poursuivis, ils nous suivront nous, et vous serez en sécurité.

Geralt s'avance, l'air grave et fourbu, et avant même que Rion ne puisse répondre, il la serre dans ses bras. Puis, il relève Louen et lui serre l'avant-bras, l'air solennel. Louen semble prendre sur lui et se relève pour faire de même, bien que mal assuré, il parvient à faire de même avec Ritéo. Sa voix était faible et tremblante, néanmoins, il parvient à dire.

— Au revoir mes amis, un jour nous nous reverrons.

—Je le jure oui, le temps et la distance ne peuvent effacer ce que nous avons vécu, nous sommes amis et nous nous reverrons.

Ritéo serre la main de Rion en lui intimant d'emmener Louen de toute urgence. Puis les deux se disent adieu, et les deux hommes remontent sur leurs chevaux et partent au galop.

Après un dernier signe de main, elle se retourna vers Louen et la bâtisse près d'eux.

Louen est tremblant et en sueur lorsqu'il rentre soutenus par Rion chez l'herboriste qui semble être une humaine de petite taille.


Celui-ci est perdu dans un songe, il voit une elfe noir aux cheveux noirs et aux yeux violet ressemblant à Rion marcher près de Velrero, celui-ci l'interpelle...

« Eklash, ma femme, nous devons retrouver ma sœur Linesh... »

« Et le chevalier ? »

« Il mourra »

La femme de Velrero, la dite Eclash semble profondément déçu et Louen croit même voir une larme couler sur sa joue sombre...


— Bonjour ! Mon compagnon est blessé au ventre, je lui ai procuré du soin via ma magie, mais du liquide verdâtre continue de couler, comme du poison. J'ai essayé un antidote, mais il n'a pas eu l'air de fonctionner. Auriez-vous quelque chose pour le sauver ?

Elle paraît assez inquiète pour son amant.

L'humaine prend aussitôt Louen avec son aide et le pose sur une table. Après lui avoir palpé le torse trop longtemps pour Rion, elle dit qu'elle peut essayer de le sauver, mais que ça risque d'être compliqué, car il faut rouvrir la blessure pour en extraire le poison qui est particulièrement virulent. Elle la prévient aussi qu'il risque de crier très fort et l'invite plutôt à sortir si elle ne veut pas l'entendre.

Elle semble devenir encore plus inquiète mais tente de se contrôler.

— Je suis mage, en plus de vous prêter main forte, je peux utiliser ma magie. Il a été blessé il y a de cela déjà un bout de temps, alors j'aimerais que l'on puisse le soigner au plus vite.

Elle semble se préparer psychologiquement à ce qui peut suivre et aux réactions de Louen.

— Très bien, à vous de voir.

Elle commence à préparer de nombreuses mixtures et commence à les faire boire à Louen et le pique avec de petites aiguilles enduites de liquide. Rion remarque éberluée la date affichée dans le cabinet, elle indique une date près de cent-trente-six ans après leur départ. Elle ne s'attarde pas très longtemps dessus, car l'herboriste l'interpelle. Elle lui demande aussi calmement d'essayer de le tenir. Louen se met presque immédiatement à hurler, ses yeux se révulsent et tremblent. Ses bras semblent bouger seuls et Rion est obligée de le maintenir de tout son poids. Un liquide blanchâtre mousse dans le coin de ses lèvres et il s'immobilise soudainement. Elle interroge du regard l'herboriste, l'air de demander "et maintenant ? On attend ?" L'herboriste a l'air déçu.

— Cela ne semble pas avoir marché, c'est bizarre. Elle a l'air plutôt de réfléchir que d'être déçue. Rion, elle, peine à garder son calme.

— Ça ne semble pas avoir marché, c'est bizarre ! Pardon ?! Pendant que vous réfléchissez, il n'y a pas moyen de faire quelque chose ?!" L'herboriste lève les mains en l'air.

— Paix, paix, je vous dis que c'est bizarre. L'air un peu hautaine, elle continue ; si vous n'aviez pas bêtement refermé sa blessure, ça aurait pu marcher.

Rion hausse un sourcil lorsqu'elle entend le ton utilisé, et sa voix devient plus venimeuse tandis que la tristesse l'envahit.

— Excusez-moi d'avoir préféré refermer sa blessure plutôt que de le laisser mourir en se vidant de son sang.

Elle sent soudain quelque chose lui attraper le bras. Bien que sursautant par réflexe, elle voit que Louen la tient et semble avoir faiblement ouvert les yeux.

— N'ayez crainte, ma dame.

Elle se rapproche de lui et lui embrasse le front, un peu soulagée. Il a l'air soudain préoccupé.

— Ce-cet elfe, c'était... c'était votre frère, n'est-ce pas ? Il tousse un peu. Que faisait-il ici ?

L'herboriste, elle, fait demi-tour en disant "votre ami est bien vivant, n'ayez aucune crainte, s'il vit maintenant il continuera à vivre, sinon je ne sais pas quoi faire". L'elfe ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel, agacée.

— Bonté divine ! Heureusement que vous me le dîtes, je n'avais pas remarqué qu'il était vivant ! Elle la toise sévèrement (charisme bonjour). Vous venez de dire que ça n'avait pas fonctionné, qu'en est-il du poison dans son corps ?

L'humaine, elle, semble finalement un peu impressionnée.

— Et bien... Finalement, si cela a marché. Je-je ne sais pas trop comment ni pourquoi... Elle retrouve sa prestance. Enfin, qu'importe, je viens de vous le sauver, vous devriez me remercier.

Rion hoche la tête, soulagée.

— Tant mieux, merci beaucoup. Elle lui jette ensuite un regard noir. Néanmoins, je me serais bien passée de vos commentaires.

Louen se redresse légèrement.

— Paix, ma dame, je vais beaucoup mieux, remercions-la comme il se doit.

Il lui jette une faible bourse de pièces et la remercie d'un signe de tête avant qu'elle ne tourne les talons pour les laisser discuter.

— Votre frère, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu... Il tousse un peu. C'est pourtant impossible.

Elle le regarde, perplexe.

— Comment ça ? Effectivement, je vois mal comment vous auriez pu le voir auparavant.

Lorsqu'il tousse, elle s'approche par réflexe pour lui poser une main dans le dos.

— Je ne saurais vous l'expliquer, sa voix, son visage, cela me rappelle quelque chose qui viendrait d'un songe.

Elle fronce les sourcils, attendant la suite, mais Louen secoue la tête. Il a l'air perdu.

— Après coup, j'ai l'impression que je savais que nos routes allaient se croiser.

Elle reste silencieuse un instant.

— Il est venu me chercher pour se venger. J'ose espérer qu'il est mort écrasé, mais je préfère rester sur mes gardes. S'il a pu monter un groupe ainsi, d'autres elfes noirs sont peut-être sur mes traces.

Il se redresse pour la serrer dans ses bras.

— Nous lui ferons face ensemble, ma dame.

Il l'embrasse, suite à quoi elle lui répond d'une voix empreinte de tendresse.

— Je suis si heureuse de vous avoir à mes côtés.

En sortant, tous deux discutent rapidement avec un villageois. Rion souhaite être sûre de la date actuelle. Le paysan leur indique qu'ils sont en 1604, bel et bien 136 ans après leur départ. Tous deux sont vraiment surpris, mais Louen, lui, manque de s'évanouir. Tous ceux qu'ils connaissaient sont morts depuis longtemps. Le fait qu'il ne sente plus Grimark non plus s'explique aussi par la mort de celui-ci. Les larmes coulent abondamment sur les joues du chevalier qui se mue dans un silence respectueux et triste. Rion coupe rapidement court à la conversation avec le citoyen.

Cent ans ! Se dit-elle, même pour une immortelle comme moi cela fait un choc.

Ils prennent ensuite rapidement une chambre à l'auberge, et Louen, épuisé, s'endort très rapidement dans un état particulier, heureux d'avoir son amour à ses côtés, mais détruit par la mort de Grimark bien qu'il s'y attendait.

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