Chapitre 9 : L'instant T (partie 1)

- Demain est un grand jour, débute Eknath. 

Il continue :

- Un événement sans précédent est sur le point de se produire, le début d'une nouvelle ère plus égalitaire, tous nos espoirs et notre travail aboutira enfin. Des années de lutte, d'acharnement qui seront enfin reconnues. Mon émotion est grande, je tiens à vous dire à quel point vous m'avez rendu fier, tous autant que vous êtes, volontaires et acharnés ne rechignant jamais à la tâche. Mes amis nous avons accomplis de grands projets ensemble et ce n'est que le début.

Vous serez récompensé à votre juste valeur je peux vous l'assurer. Merci encore ! Tout est fin prêt pour demain vous savez ce qu'il vous reste à faire je vous fais pleinement confiance, l'échec n'est pas permis, restez vigilent et à l'écoute. Sur ces bonnes paroles je passe la main à Taïs, il vous expliquera plus en détail les tâches qui vous incombent . 

J'écoute d'une oreille distraite les recommandations de Taïs étant déjà informée de la marche à suivre. J'en profite pour admirer le buffet qui nous attend, Eknath a vu les choses en grand, un festin de roi est disposé sur une table en bois massif sous le hall. Je commence à saliver en regardant avec un peu trop d'insistance les différents plats tous plus élaborés les uns que les autres, Kalyel me rappelle à l'ordre en me secouant doucement l'épaule. C'est devenu un jeu entre nous, bien qu'agaçante mon impertinence le fait sourire gentiment. 

Après un discours qui me semble durer une éternité nous nous approchons du buffet, je fais des efforts surhumains pour ne pas me jeter sur la nourriture telle une affamée. Je fais glisser avec délicatesse plusieurs bouchées dans ma bouche en fermant les yeux afin de savourer pleinement la multiplicité de saveurs qui s'en dégagent. Taïs, Ruy et Tadeo viennent prendre de mes nouvelles et me rabâcher encore une fois l'importance capitale de la réussite de ma mission demain. 

Mon agacement peut se lire sur mon visage, je sais ce qu'il me reste à faire pas besoin de me le répéter ! Leurs flots de paroles se transforment en brouhaha entêtant, je préfère de loin admirer Kalyel en vive discussion avec Isae. Ce dernier doit sentir des yeux braqués vers sa personne, car il se retourne et me regarde à son tour. Je fuis son regard, je m'excuse auprès de mes collègues et prends la poudre d'escampette. 

Je marche à vive allure en direction de la villa sans m'attarder sur les bruits de pas que j'entends derrière moi. Soudainement je sens une main m'agripper le bras. Je décide de l'ignorer et de continuer mon chemin les yeux braqués vers le sol. Des mains m'agrippent et me retourne de force. C'est Kalyel et sa beauté scandaleuse, je me perds dans la profondeur de ses yeux, le silence se fait autours de moi, je n'ai plus conscience de rien si ce n'est de ses bras qui me serrent et de son odeur entêtante. 

Il s'exclame : 

- Qu'est-ce qui t'arrive, es-tu souffrante ? 

Je fuis son regard et murmure : 

- Non pas du tout ? 

 - Alors quoi ? reprend-il en jouant avec des mèches de mes cheveux . 

- Tu me plais tellement, avoué-je d'une traite. Face à l'énormité de mon aveu je me décompose . 

Ce dernier me regarde avec insistance, après un silence lourd de sens il reprend :

 - Ava ... Je ne peux pas m'engager là-dedans, tu le sais très bien . 

 Déçue je répond :

 - Bien sûr, ne fais pas attention à ce que je viens de dire je suis fatiguée rien de plus .

 - Tu sais, je t'apprécie beaucoup . 

Ne voulant pas m'attarder et essuyer encore un refus je reprends :

 - J'ai besoin d'être seule un moment .

 - D'accord, déclare-t-il avec un soupçon de regret dans la voix . Il me lâche à contrecœur, je me retourne rapidement tout en essayant de cacher mes larmes du mieux possible et cours m'enfermer dans ma chambre pour pleurer tout mon saoul. Sanae vient me remonter le moral, Kalyel a dû la prévenir, sa présence me fait le plus grand bien. Sous ces conseils je décide d'oublier pour le moment toute cette histoire et de me concentrer sur l'essentiel à savoir la mission qui nous attend .

Le soleil pointe à l'horizon, nous sommes tous fin prêts et tendus à l'extrême. Les fourgons nous attendent sagement rangés devant l'entrée. Tandis que certains s'échauffent d'autres discutent posément en petit comité. De mon côté j'essaie de faire le vide et de ne penser à rien tout en me rongeant les ongles jusqu'au sang. La mission s'annonce plus délicate que prévu, malgré tous nos efforts, nous n'avons pas réussi à déchiffrer la partie manquante du fameux dossier . 

Nous nous engageons à l'aveuglette, certaines informations précieuses nous manquent. J'ai exprimé mes doutes lors du dernier comité de pilotage, en vain. Mes collègues affirment que nous avons déjà trop tardé. 

Soudainement, un coup de sifflet se fait entendre, c'est le signal de départ. J'attrape rapidement mon arme qui reposait à mes pieds, et je monte dans le fourgon réservé à notre unité. Je regarde rapidement mes collègues qui semble être dans le même état de nervosité que moi. À ma gauche j'entends Lacov lancer des bénédicités à voix basse tout en tenant fermement son chapelet. 

De mon côté je préfère admirer Kalyel, concentré sur la route, la mâchoire serrée. J'ai à peine le temps de m'installer confortablement qu'il se lance dans un énième discours de mise en garde. Agacée, je préfère l'ignorer et retrouve le fil de mes pensées. 

- Ava ! Tu m'entends ?  Une voix lointaine semble vouloir m'atteindre .

 - Ohé ? C'est Kalyel j'en suis certaine . 

Je sursaute et me reprend : 

- Oui, ça va je ne suis pas sourde ! 

- Où étais-tu ? C'est pas le moment de rêver ! Le voilà qui me réprimande . 

- Je suis là,  que se passe-t-il ? 

- Nous sommes presque arrivés, tu sais ce qu'il te reste à faire ? me demande t'il avec empressement.

 - Oui, je le sais .

 - D'accord, et s'il y a un quelconque problème on passe au plan B, c'est bien compris pour tout le monde ? 

 - Oui, chef s'écrient-ils tous en chœur . Je suis saoulée, vivement que l'on arrive . 

Le fourgon s'arrête brutalement, la maison blanche est déserte, ce qui est très étrange. Je leur fais remarquer, ils ont l'air aussi surpris que moi. Notre fourgon est garé derrière un large buisson à l'abri des regards. Nous sommes les premiers arrivés. Nous attendons un signal d'Eknath ou de Taïs mais nos oreillettes restent cruellement silencieuses. 

J'ai un mauvais pressentiment, une petite voix me crie de faire attention, car le danger rode. Je décide de faire la sourde oreille et de me focaliser sur le paysage. Aujourd'hui est un jour férié ce qui explique sûrement le manque de mouvement aux alentours. Soudain, nos oreillettes crachotent, c'est Taïs. Il nous signale que tout est en ordre, la mission peut débuter. 

Après un bref regard et un hochement de tête de la part de Kalyel, nous sortons en souplesse du véhicule. Tout en rampant nous nous approchons du lieu de rendez-vous en faisant attention à ne pas nous faire remarquer par les caméras de surveillance. Aussitôt fait, je m'assure de n'avoir rien perdu en route tout en jetant un bref regard circulaire autours de moi . Tout le monde est là, Taïs et Eknath nous font un signe de la main. 

Je m'éloigne de plusieurs mètres du portail tandis qu'ils installent des explosifs sur les murailles . Quelques minutes après un boum retentissant se fait entendre, des éclats de métal voltigent au dessus de ma tête, je me recouvre le visage à l'aide de mes mains. Un trou béant remplace le portail resplendissant de la maison blanche. 

Je n'ai plus une minute à perdre, une alarme assourdissante se met à geindre, je cours à perdre haleine tout en sortant mon plan de ma poche. Je dois trouver au plus vite le laboratoire et mettre la main sur la nouvelle capsule X. Le reste de l'équipe suit le chef de près afin d'assurer ses arrières. Autant dire que je me sens très seule et démunie. Ce n'est pas le moment de flancher, je perçois des chiens courir à mes trousses, dans mon dos des voix menaçantes se font entendre. 

Je me faufile dans l'entrée située dans l'arrière-cour, heureusement le passe que m'a livré Kalyel fonctionne. Je referme la minuscule porte avec fracas. La pénombre s'installe, j'attrape ma lampe de poche et progresse peu à peu en tentant de contrôler les tremblements de mes mains. Je connais le plan sur le bout des doigts, et pourtant à cet instant précis tout semble vouloir se mélanger devant mes yeux. 

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