CHAPITRE 35 - PROCHES
Kim Taehyung, 24 ans,
Juillet 2024, Seoul.
La nuit est rude.
Si j'ai trouvé le sommeil à la minute où mes yeux se sont fermés, je suis bien loin de l'endormissement maintenant. Le soleil n'a même pas encore pointé le bout de son nez, pourtant mon cerveau a déjà repris son travail et je ne fais que ruminer.
Le bras de Jungkook m'entoure tandis que son visage est niché dans mon cou. C'est la seconde fois que nous adoptons cette position, j'ai habituellement toujours été celui qui le maintenait contre moi, comme un besoin rassurant. Or il est aujourd'hui celui qui ne veut plus me laisser filer. Quand je repense au moment où tout a commencé et à l'expression qu'il avait prise lorsque je m'étais glissé dans son lit sans sa permission, j'ai envie de rire. Qui aurait pu prédire que, tant d'années plus tard, il serait celui qui se servirait de moi comme sa peluche ?
Ne tenant plus, je retire délicatement sa main de mon ventre et me relève doucement, ne souhaitant pas le sortir de ses rêves. Je l'entends gigoter un peu et une grimace mange ses traits, comme s'il était contrarié par la situation.
Je le trouve mignon ainsi, j'en prendrais presque une photo s'il ne faisait pas si sombre.
En me dirigeant vers la baie vitrée, j'attrape mon téléphone, puis sors pour m'installer contre l'un des piliers de la pergola. La nuit est chaude et la température est agréable, seul un léger vent vient la perturber, mais il rend également le tableau parfait. J'entends au loin le bruit de la machine dans la piscine, ayant probablement un programme de nuit prévu pour la nettoyer alors que tout le monde dort.
Il n'y a pas un nuage, ce qui me permet d'observer les étoiles sans difficulté. Je me sens infiniment petit face à cette immensité : une poussière que l'on pourrait balayer d'un souffle, une particule sans importance. Dans la vie, on se donne souvent une place ridiculement imposante, comme si nous représentions le centre de l'univers et que les autres ne faisaient que graviter autour de nous. Or c'est faux, nous ne sommes que l'un des nombreux grain de sable d'une plage qui n'a pas de limite ou de frontière. Ça serait prétentieux de prétendre être plus que ça. Pourtant, paradoxalement, nous sommes aussi un fragment d'étoile, d'une luminosité qui éclaire sur des milliards de kilomètres, comme un phare perdu au milieu d'une étendue d'eau. De loin, nous ne voyons que la plage, mais si on se rapproche, que l'on s'intéresse à l'infiniment petit, on se rend compte qu'elle n'existerait pas sans ces innombrables grains que nous sommes.
Cette perspective de la vie me fait relativiser. Je ne suis rien sans les autres, mais ils ne sont rien non plus sans moi. Cette interdépendance est une forme d'union qui nous permet de compter dans cette vastitude, pour que nous puissions être suffisamment brillants pour être reconnus et admirés parmi les différentes galaxies.
Sur ces pensées existentielles, je m'assois sur le canapé que je n'ai quitté que pour quelques heures, faisant face à la piscine et le jardin. Derrière le son que produit la machine, j'ai du mal à percevoir le chant apaisant des animaux, mais il est présent, comme un fond sonore qui rend l'instant magique. C'est un plaisir simple, qui fait partie de ceux que je préfère.
Cette nuit, la lune est clémente avec moi, elle est étincelante, et je peux y voir sans avoir besoin d'allumer la lumière. Ainsi, j'ai moins de crainte quant au fait d'être attaqué par les moustiques.
Je consulte mon téléphone et constate qu'il est un peu plus de trois heures du matin. J'hésite un instant, puis finis par suivre mon instinct et ouvre l'application des notes. Le contexte est parfait, l'inspiration ne peut que faire partie de ce rendez-vous intimiste. Entre moi et moi-même, j'ai besoin d'écrire, d'exprimer ce que ma langue ne peut révéler.
Les premiers mots me coûtent, j'efface et recommence, pianote une nouvelle phrase, ne l'aime pas, la supprime et reprends. Ce cycle dure un moment, jusqu'à ce que je me laisse davantage aller à ce que je ressens profondément.
Je n'ai jamais écrit de chanson aussi personnelle. Depuis deux ans, je n'ai pas pris un seul stylo pour me décharger de tous ces sentiments qui me bouffent de l'intérieur. Après cette journée haute en couleurs, revoir cet homme m'a bouleversé bien plus que je ne le croyais. Quand un épisode traumatique s'est déroulé il y autant de temps, on pense naïvement en être guéri. On imagine être passé à autre chose, mais une simple rencontre, un mauvais mot ou un geste peuvent suffire à nous rappeler cet épisode, et tout s'écroule. Toutes les avancées faites jusque-là sont chassées par une seule ridicule seconde.
On est putain de fragiles.
Je suis putain de fragile.
Une larme roule sur ma joue, mais je ne l'essuie pas. Je m'autorise à être malheureux parce que j'en ai le droit, j'ai des raisons de l'être, et même si je n'en avais pas, personne ne peut me dire comment me sentir. Je suis en colère de ne pas avoir été capable d'en être conscient plus tôt. Je ne veux plus me laisser grignoter par cette peur constante d'être à nouveau sa victime.
Voilà, je l'ai dit.
Ce mot que je ne voulais jamais associer à ce que je suis.
J'ai été victime de cet homme, mais je ne veux pas que ça me définisse. Je n'ai pas à avoir honte pour des actes que j'ai subi, qu'on m'a imposé, que je ne méritais pas.
Je ne veux plus être cette victime, je veux redevenir la personne que j'étais.
Confiant.
Souriant.
Aimant.
Kim Taehyung.
Les minutes s'écoulent à toute vitesse, je ne les vois pas défiler. Les larmes ont eu le temps de sécher et mon cœur de ralentir.
La baie vitrée s'ouvre dans mon dos, ce qui me sort de mes pensées. Je me lève et trouve Jungkook à moitié endormi, seulement vêtu de son pantalon de pyjama. Il se frotte les yeux en refermant derrière lui, puis soupire comme s'il était soulagé.
— T'étais pas là quand je me suis réveillé, dit-il d'une voix rauque, ayant du mal à émerger de ses rêves.
Lui aussi m'a sacrément perturbé aujourd'hui.
Je suis totalement paumé en ce qui concerne notre relation, mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'est plus juste mon ami.
Ses cheveux sont en pagaille, formant un nuage aléatoire autour de sa tête qui lui confère un air enfantin contrastant totalement avec sa silhouette fine, mais imposante. A nouveau, dans l'ombre de la nuit, je reste figé sur son tatouage, me rappelant qu'il l'a en grande partie fait faire à cause de moi.
Depuis combien de temps ce manège dure-t-il entre nous ?
Est-ce que j'ai été aveugle jusque-là ?
Son bras retombe le long de son corps après qu'il ait fourragé ses doigts dans ses cheveux indisciplinés alors qu'ils lui tombaient devant les yeux.
Je me sens vidé après avoir pleuré et, maintenant que je suis plus honnête envers moi-même, je m'avoue être foutrement attiré par cet homme. Et je n'ai pas envie de culpabiliser pour ça.
Il ne s'agit plus d'une expérience ou d'une hypothèse à vérifier, pas pour moi. J'aime simplement lorsqu'il me regarde, lorsqu'il me touche, lorsqu'il m'embrasse, lorsqu'il me fait l'amour aussi.
Je pose mon téléphone sur la table de la terrasse sans lui répondre et avance vers lui, rapidement. Assez vite pour que ses sourcils se froncent et que ses épaules se contractent. Arrivé à sa hauteur, j'attrape ses joues et plaque mes lèvres contre les siennes.
Elles se sont quittées il y a peu, pourtant le vide qu'elles ont laissé a perduré tout le temps où elles étaient séparées.
Sous mon assaut, Jungkook recule jusqu'à rencontrer la baie vitrée avec qui il entre en collision. Il me réceptionne en agrippant mes hanches qu'il ramène à lui, entourant le bas de mon dos de ses bras. Sa bouche se montre gourmande et, malgré l'endormissement, il me semble tout à fait réveillé maintenant.
J'enveloppe son cou, le plaquant au plus près de moi, souhaitant ressentir chaque parcelle de son corps contre le mien. Le baiser s'enflamme à une vitesse que je ne contrôle pas et nos dents s'entrechoquent sans que ça ne nous dérange une seconde. Je lui mords la lèvre et le soupire qui répond à mon acte me rend fébrile, je pourrais me liquéfier à ce son. Sa langue se met à participer au tableau que nous sommes en train de créer, et en plus d'être taquine, elle est également insatiable.
Il resserre son étreinte, me rendant fou.
Je me détache de lui à contre-cœur, la respiration haletante. J'avais besoin de respirer avant que ma tête ne tourne pour de bon.
— Nous devrions rentrer, murmure-t-il contre ma bouche, louchant sans cesse dessus.
Avant d'obtenir une réponse, il se tourne, prêt à faire coulisser la porte fenêtre. Je l'en empêche en me servant de mon corps pour le presser contre la vitre, son visage rencontrant cette dernière avec plus ou moins de douceur.
— Je ne veux pas rentrer, lui susurré-je à l'oreille.
Une nuée de frissons apparaît dans son cou, me donnant le besoin nécessaire de les goûter un à un, de les mordiller pour les faire rougir. Ce que je fais, léchant les zones que je viens d'agresser, les apaisant ensuite en soufflant sensuellement dessus. Son dos ne pourrait être plus près de ma poitrine ; je me fais alors la réflexion qu'il doit percevoir les battements rapides de mon organe vital, en écho avec ce cri du cœur qui pulse en moi.
— J'ai envie de toi, Jungkook-ie, lui murmuré-je à l'oreille tandis que je pince son lobe entre mes lèvres.
Je le vois fermer les yeux et poser son front contre la vitre, relâchant la pression qu'il mettait dans ses muscles. Mes mains parcourent ses épaules, descendent le long de ses bras, puis j'attrape ses poignets pour les relever au-dessus de lui. J'entrelace nos doigts tandis qu'il penche la tête sur le côté, s'abandonnant à ma douce torture, celle où je commence à lui picorer le cou et les omoplates.
Sa peau frétille sous mon toucher, devenant chaude et rouge sous mon attention. Je me montre curieux, découvrant un peu plus son corps alors que j'ai déjà en mémoire chacune de ses courbes et de ses zones érogènes. Je m'amuse à le titiller avec l'une de mes mains qui se détache de ses poignets pour chuter jusqu'à ses reins, parcourant son dos avec douceur. Sa tête bascule vers l'arrière et atterrit sur mon épaule, s'autorisant ainsi à se laisser porter.
La confiance qu'il me donne est électrisante, elle me pousse à être audacieux.
Mes doigts font le tour de son buste pour trouver son ventre que je câline un instant avant de me faufiler sous la barrière de son pyjama. Son intimité est chaude et tendue, déjà prête alors que nous venons de commencer. Pour me laisser la place nécessaire, il est obligé de s'incliner, le front toujours collé à la paroi. Ses fesses percutent mon bassin et je gémis à ce contact, étant déjà sensible. Je ne contrôle plus mon corps tandis que je me déhanche contre lui, nous faisant tous les deux émettre un son plaintif. Ma main s'active sur son membre, ne lui offrant aucun répit. Il m'arrive même de resserrer ma prise et il se venge en se plaquant davantage contre ma propre intimité.
— Je n'ai pas de préservatif, l'informé-je, n'arrêtant pas mes mouvements pour autant.
— Moi... non plus, tente-t-il de dire d'une voix traînante. Dans la salle de bain, lâche-t-il.
Il ne fait plus de phrase, mais j'ai compris le sens de sa réponse. Je me dégage soudainement de sa silhouette alors qu'il couine d'insatisfaction. Il se tourne vers moi, médusé que j'ai pu le laisser en plan. Je lui envoie un sourire taquin en pressant mes lèvres entre elles.
— Tu peux aller en chercher ? lui demandé-je avec un sourcil arqué.
— Taehyung-ie, se plaint-il en avançant d'un pas, mais je recule.
Il se stoppe dans son élan, contrarié par la distance que je nous impose. Je joue avec ses nerfs et j'adore ça.
— Tu es si sérieux, dis-je doucement en voyant son visage se décomposer.
Ses traits sont tendus en une grimace, il est véritablement agacé, tel un enfant privé de sa barbe à papa.
Il ne prend pas la peine de me répondre et entre précipitamment dans la maison, avançant à grands pas. Je ris de son empressement, m'amusant de la situation.
Je me déplace jusqu'à la piscine, souhaitant m'éloigner pour que l'on ne soit pas dérangés. Je tombe sur un transat et m'y allonge, trouvant encore la nuit agréable et libératrice. Je n'ai plus peur des futurs événements, je suis sûr de moi. Je ne sais pas où l'on va, mais j'ai envie d'y aller. Tant que c'est avec lui, je ne risque rien, le chemin en vaudra toujours la peine pour Jungkook.
Ayant fermé les yeux, je me rends compte de son retour que lorsqu'un corps s'installe sur le mien et que des lèvres déposent des baisers mouillés le long de ma mâchoire et de mon cou.
— J'ai trouvé de quoi nous occuper pour un petit moment, dit-il, fier de me montrer sa trouvaille.
Dans sa main se trouve plusieurs préservatifs qu'il brandit au-dessus de ma tête avec un sourire équivoque. J'en décroche un que je garde au creux de ma paume, puis le repousse pour qu'il se redresse.
— C'est à mon tour d'essayer, déclaré-je et ses yeux s'agrandissent.
Il comprend bien rapidement ce que j'essaie de lui dire, mais son sourire ne dépérit pas pour autant.
— Okay, répond-il seulement en hochant la tête. Mais laisse-moi t'embrasser d'abord.
Il attrape ma chemise de nuit pour m'attirer à lui dans un échange ardent, brûlant toutes les maigres résistances que je pouvais avoir. Progressivement, je me lève pour le contourner et il met un certain temps avant de relâcher mes lèvres.
Mes pupilles sont captivées par son visage qui exprime toute la passion qui l'anime. J'ai remarqué qu'il ne pouvait être inexpressif durant l'intimité. Dans ces moments, il est aussi facile à lire qu'un livre ouvert, ne se souciant pas de ce que je pourrais y découvrir. Il me laisse dévorer chaque tome comme s'il se fichait d'être démasqué avant la fin.
Je le fais se lever et accroche son pantalon que je ne tarde pas à lui retirer. En me baissant pour enlever ce dernier rempart, je me retrouve face à son membre qui n'a pas perdu en vigueur. Pour le taquiner, j'embrasse doucement son aine, lui soutirant un long soupire.
Je le guide pour qu'il s'installe à genoux sur le transat, le dos courbé et les fesses relevées, tout comme il a pu le faire avec moi la nuit passée. N'ayant pas d'expérience dans ce domaine, je ne peux que reproduire ses gestes et tenter de trouver ses points sensibles.
Je caresse ses fesses, les pressant entre mes mains, profitant de leur exposition pour les cajoler. J'approche ma bouche et goûte à sa peau que je fais rougir sous mes mordillements. Pendant que mes lèvres s'occupent de le flatter, je dirige un de mes doigts vers son antre, la titillant en appuyant doucement, ne voulant pas lui faire mal.
Nous n'avons pas de lubrifiant, je vais devoir être prudent. Je suis presque étonné qu'il ait accepté sachant que je n'y connais rien. Mes lèvres continuent leur chemin, guidées par leur propre conscience, tandis qu'elles se dirigent vers son intimité. Je lèche cette dernière pour faciliter mon entrée et un long gémissement lui échappe. Il se met alors à bouger pour se rapprocher de ma bouche.
Il est demandeur et n'hésite pas à exprimer ce qu'il veut, utilisant son corps pour révéler ce qu'il ne dit pas avec des mots. J'accède à sa requête, pressant davantage ma langue contre lui, la laissant même s'immiscer dans son antre. J'accompagne mes doux mouvements de va et vient avec un second doigt, le préparant au mieux pour m'accueillir.
La légère brise caresse sa peau et une multitude de frissons prennent naissance du bas de son dos à sa nuque, me captivant quelques secondes. Une de mes mains part à la découverte de sa cuisse que je câline avant de l'écarter de l'autre afin de trouver ma place entre elles.
Quand j'estime qu'il est suffisamment prêt, je me redresse, enlevant mon propre pyjama pour enfiler le préservatif.
— Jungkook-a, l'appelé-je et il tourne la tête vers moi, au maximum que la position le lui permet. Tu m'arrêtes si ça ne va pas.
J'ai besoin qu'il le sache, surtout que je n'ai pas envie de lui faire mal.
— Je ne t'arrêterai pas, m'assure-t-il avec conviction.
Comment peut-il en être aussi sûr ?
Il émet un petit rire et je l'interroge du regard.
— Je le sais parce que... je suis trop excité.
L'effet qu'ont ces simples mots sur moi est à la hauteur d'une tempête qui emporterait tout sur son passage. J'attrape ses hanches et me positionne devant lui, puis entre doucement, forçant progressivement le passage.
Je me sens rapidement à l'étroit, pinçant les lèvres pour ne pas gémir trop fort. Je mets un temps infini à être entièrement en lui et lorsque c'est le cas, je ne contiens plus le soupire qui me gagne. Je l'entends m'accompagner dans une expiration puissante, intense, à l'image de l'agitation qui prend vie au creux de ma poitrine.
J'entame un premier coup de bassin délicat, mesuré, souhaitant m'adapter à lui, tout comme il doit s'adapter à moi. Mon déhanché prend de la vitesse quand je le sens se plaquer de plus en plus brusquement contre moi, impatient d'obtenir plus de sensations.
Quand ses gémissements commencent à être un peu trop bruyants, je me penche sur lui pour mettre ma main sur sa bouche.
— Tu ne veux pas que tes amis te trouvent ainsi, si ? lui susurré-je à l'oreille en respirant le parfum de pomme qui s'échappe de sa chevelure.
— Je m'en fiche, entends-je de manière étouffée contre ma paume.
Ce côté interdit apporte son lot d'excitation, de piment, faisant monter l'exaltation et le plaisir. J'appuie sur mon poing pour nous redresser tous les deux et il suit le mouvement, se mettant debout avec moi.
Ainsi, le contact est d'autant plus galvanisant, nos corps s'unissant de la plus belle des manières. Ma main quitte sa bouche pour descendre sur son cou que je presse doucement tandis que l'autre s'attaque à l'un de ses tétons pour le pincer. En continuant mon ascension, je lui griffe l'épiderme, me dirigeant vers son membre que j'enserre. Ses doigts remontent jusqu'à ma tête qu'il incline vers son épaule que je mords en réponse.
Un bras le maintenant contre moi, je poursuis mes va et vient, l'intensité devenant insoutenable. Nous gémissons tous les deux, complètement à bout de souffle.
Je nous guide ensuite jusqu'au transat sur lequel je m'assois et laisse Jungkook s'installer sur mes genoux, le dos contre mon torse. Puis je nous allonge, le gardant tout contre moi, et replie les jambes pour continuer d'aller et venir en lui.
Dans cette position, éclairés par la lune et les millions d'étoiles, même si mon souffle est précipité, extatique, je n'ai jamais aussi bien respiré de ma vie. Ses cheveux chatouillent mon visage et son corps écrase le mien, mais j'adore ça.
Je le veux aussi près, tout le temps.
J'entends ses soupirs de plaisir qui envahissent mes oreilles, me faisant accélérer le rythme. Ce cocktail coûteux, j'espère qu'ils en servent à volonté parce que je risque de devenir pauvre très vite.
Les rayons lumineux percent probablement depuis un petit moment pour être aussi intenses lorsque j'ouvre les yeux. Je les plisse, agressé par cette soudaine clarté qui m'empêche d'émerger en douceur.
Cette nuit n'a pas été tout à fait reposante. A nouveau.
Après avoir découvert le jardin, nous sommes finalement rentrés, avons repris une douche et sommes tombés de fatigue dans le clic-clac de Jungkook. Je me réveille collé à lui alors qu'il dort sur le dos et qu'il a entouré ma taille de son bras. Nous sommes deux à ne plus porter de haut, j'avais bien trop chaud pour renfiler ma chemise de nuit.
Je crois que c'est la première fois que je suis éveillé avant le noiraud et ça me permet de découvrir une vision tout à fait inédite. Ses traits sont complètement détendus tant il est encore dans un profond sommeil et son visage s'est inconsciemment tourné vers moi, faisant que sa bouche se trouve non loin de mes cheveux et de mon front. Ainsi exposé, je peux admirer son joli grain de beauté dans le cou, ses joues pleines, ou bien la courbe délicate de ses lèvres toujours un peu rouge de notre nuit agitée.
Mes doigts parcourent sa peau sans que je ne puisse les en empêcher, glissant avec douceur, comme une légère caresse.
Il est magnifique.
Eclairé par les rayons du soleil, il ressemble à un ange tombé du ciel, et c'est peut-être ce qu'il est pour moi. Chaque fois que j'ai pu creuser un puit sans fond dans lequel je m'enlisais, il était toujours là pour envoyer une corde ou se jeter corps perdu dans ce trou sans fin pour venir m'y trouver. Il sait comment remonter à la surface, me ramener vers la lumière, comme un sixième sens, un instinct protecteur qu'il a décidé de partager avec moi.
Je dépose un baiser sur son front avant de me lever, retrouvant ma chemise de nuit égarée quelque part. Je décide de l'enfiler pour paraître plus décent.
Habillé, je me dirige vers la baie vitrée d'où j'aperçois Wooshik prendre un café, une cigarette à la main. Je le rejoins et il m'envoie un sourire quand il me voit arriver à sa hauteur.
— L'une des marmottes est enfin réveillée. J'avoue, je n'aurais pas misé sur celle-là, rit-il et je l'accompagne dans son amusement.
— Je n'aurais pas misé sur moi non plus.
— J'ai fait des ramyeon, si tu veux, me propose-t-il en les désignant du menton.
Je me réjouis de cette information, ayant horriblement faim.
— Merci ! dis-je en m'empressant de remplir un bol de nouilles.
Je pique une paire de baguettes et me mets à manger debout, non loin du brun qui s'appuie sur l'un des piliers de la pergolas, comme j'ai pu le faire la veille.
— Tu as bien dormi ? me demande-t-il tout à coup.
Je tente de cacher mon visage avec le récipient, ne souhaitant pas qu'il s'aperçoive de la teinte rougeâtre que j'imagine avoir.
Est-ce qu'il a entendu quelque chose ?
Ou pire, a-t-il vu quelque chose ?
Oh mon dieu... C'était excitant hier soir, mais ça l'est beaucoup moins au petit matin. J'ai soudainement très honte.
J'essaie de respirer parce que je ne pourrais pas me dissimuler éternellement.
— Oui, très bien, réponds-je simplement. Et toi ?
— Pareil.
Il est bref, presque expéditif. Les rouages de mon cerveau sont déjà en surcharge, imaginant tous les scénarios qui pourraient expliquer ce qu'il a peut-être cru entendre ou voir.
— Vous êtes ensemble ?
Là, je m'étouffe avec une pâte, ne m'étant pas du tout préparé à cette question.
— Hein ?
Comment peut-il m'interroger sur ce sujet d'une façon aussi décontractée ? C'est... privé.
— Je ne pensais pas que ça te ferait autant d'effet, détends-toi, s'amuse-t-il de mon état. Je me demandais parce que vous avez l'air très proches, sans compter la position dans laquelle je vous ai trouvée en passant dans le salon.
J'ouvre la bouche, mais rien n'en sort. Je suis paralysé parce que je ne sais pas quoi lui répondre, je n'ai moi-même pas la réponse.
Non, nous ne sommes pas ensemble.
Oui, nous sommes proches.
Très proches.
Trop proches.
— Nous sommes amis, dis-je en haussant une épaule.
Je ne mens pas, c'est ce que nous sommes aussi, même si nous avons évolué vers quelque chose de plus ces derniers temps. Je ne sais pas ce que je peux lui dire ou non et je ne souhaite pas que le noiraud soit mal-à-l'aise avec lui à l'avenir.
— Je n'en doute pas, mais Jungkook-a ne regarde pas tous ses amis comme ça.
Je fronce les sourcils, de quoi parle-t-il ?
— Je ne sais pas si tu es au courant, mais on a eu une aventure tous les deux, me révèle-t-il et je suis heureux que le noiraud m'en ait parlé en premier. C'était il y a des années, mais je ne me souviens pas qu'il m'ait autant couvé du regard.
— On se connaît depuis longtemps, ça amplifie forcément l'affection qu'on se porte, me sens-je obligé de me justifier.
Il rit.
— Je le connais depuis sept ans, mais il ne me fixe toujours pas comme ça, m'explique-t-il. Je pouvais déjà le voir à travers l'écran lors de vos interviews ou vos concerts, mais le constater en vrai, c'est autre chose. C'est presque palpable dans l'air.
Depuis quelques semaines, je me rends bien compte qu'il arrive à Jungkook de me scruter en douce, d'avoir un œil sur moi qui se veut protecteur et tendre, mais je me suis convaincu qu'il s'agissait seulement d'admiration. D'un jeune homme qui ne fait que contempler son ainé avec respect et un tantinet d'adoration, comme un frère à qui il voudrait ressembler.
Mais cette attitude n'est pas si ancienne, si ?
Je me trouve embarrassé, ne sachant pas comment réagir et j'ignore ce qu'il espère de cette conversation.
— Tu n'as pas à me répondre et, en réalité, ça ne me regarde pas. Je le vois simplement plus heureux en ta présence et ça me suffit.
On se sourit et j'ai le sentiment que nous venons de sceller une promesse, celle de veiller à son bonheur, quoi qu'il arrive.
— Je peux fumer avec toi ?
J'essaie de changer de sujet, profitant de l'absence de Jungkook pour céder à cette tentation. J'ai viré tous les paquets de chez moi donc ça sera la seule de la journée.
Je promets une autre chose et, cette fois-ci, c'est entre moi et moi-même. Je veux arrêter de fumer et me reprendre en main, mais je serai patient, je prendrai le temps qu'il me faudra.
Je glisse la cigarette entre mes lèvres tandis qu'il l'allume avec son briquet, comme il l'a fait la veille. J'inspire et sens immédiatement tous mes muscles se relâcher, appréciant ce poison.
J'ai les yeux fermés, perdu dans mes pensées quand une main se dépose soudainement sur ma hanche. Un torse se colle ensuite à mon dos, me faisant revenir brusquement à la réalité. Je tourne la tête pour apercevoir Jungkook me voler ma cigarette pour la placer dans sa bouche, aspirant doucement sa fumée.
Il prétend ne pas lire dans mes pensées, pourtant son fameux sixième sens ne le trompe jamais. Je n'arrive toujours pas à comprendre son entêtement à me suivre dans ce chemin venimeux qu'il n'est pas obligé de s'infliger. C'est mon enfer et non le sien.
Mes pupilles rencontrent celles de Wooshik qui nous fixe à tour de rôle avec un regard bienveillant. Ses yeux parlent pour lui, cette vision de nous lui plaît : il est heureux pour son ami.
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NOTE DE L'AUTEURE :
Quelles sont vos impressions concernant ce chapitre ? ;)
Taehyung commence à répondre aux questions qu'il se pose depuis plusieurs jours. Il ne nie plus l'effet que Jungkook a sur lui et même s'il ignore encore ce qu'il ressent vraiment, il ne veut plus se réfréner. Qu'en pensez-vous ?
Jungkook semble se laisser porter par la situation, mais que ressent-il vraiment ? Est-ce qu'il vit avec Taehyung ce qu'il a un jour vécu avec Wooshik ? On a un peu du mal à savoir ce qu'il en est pour lui, au final, non ?
Quel chemin prend leur relation ? Celui de sexfriends ? Celui d'amoureux ? Ou bien les étiquettes ne sont pas nécessaires...
La conversation entre Wooshik et Taehyung est assez énigmatique. Que sous-entend Wooshik au juste ?
Et concernant l'addiction de Tae et son désir d'arrêter de fumer, qu'en pensez-vous ? Est-ce un pas vers la rédemption ? Ce qui est sûr, c'est qu'il souhaite évoluer, avancer, tourner la page. Chaque jour est un combat, mais il n'empêche qu'il ne recule plus, il va de l'avant.
Je vous laisse avec le titre du prochain chapitre, le 36 : "Foutu".
A jeudi, mes Dumiz !!
Era xx
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