CHAPITRE 34 - QUESTIONS INDISCRÈTES

Kim Taehyung, 24 ans,

Juillet 2024, Seoul.

Le temps défile, je ne vois même pas la nuit s'installer, pourtant elle grignote bel et bien le soleil qui nous abandonne pour un ciel étoilé. Cet après-midi, je ne me suis pas senti en trop, et si au début j'étais un peu en retrait, ne souhaitant pas m'imposer, on m'a très vite embarqué dans les conversations. Les garçons se sont intéressés à moi et m'ont posé de nombreuses questions en tout genre. J'avais un peu l'impression d'être l'invité d'une émission de variété. La tendance a fini par s'inverser quand j'ai commencé à faire de même et ils m'ont répondu avec un sourire, comprenant enfin que je n'étais pas le seul à être présent.

Wooshik a décidé de s'éloigner un peu et de s'asseoir sur un coussin qu'il a déposé par terre, à une distance plus respectable. Je n'ai pas réellement compris ce que Jungkook a cherché à démontrer en se comportant ainsi. Il avait l'air de lui faire passer un message et j'ai peur de mal l'interpréter. Peut-être voulait-il simplement que Wooshik ne se montre pas trop entreprenant et qu'il ne me mette pas mal à l'aise.

Quand je relève les yeux et me rends compte qu'il est vraiment tard, je me dis qu'il est temps pour moi de rentrer. De plus, je ne fais que bailler depuis plusieurs minutes déjà. Le fait de ne pas avoir beaucoup dormi, cumulé à l'entraînement de ce matin et à l'énorme stress qui a suivi, rend ce cocktail assommant.

— Je pense que je vais y aller, les gars, finis-je par dire en me levant. Merci pour tout, vous avez été vraiment cool.

Jungkook tourne son visage vers moi, toujours assis sur ce même canapé que nous n'avons pas quitté de l'après-midi, sauf pour aller chercher ce que ses amis ont commandé à manger pour le dîner.

— Tu devrais rester dormir, les canapés du salon font clic-clac, me propose Yeong.

— Il est tard, reste, me demande Jungkook dans un souffle.

Ses pupilles sont légèrement suppliantes, comme s'il voulait faire durer le moment, qu'il ne me voyait pas déjà partir. Il est étrange depuis hier soir, on dirait qu'il a peur qu'à mon départ, la bulle dans laquelle on s'est enfermés depuis la plage, n'explose.

Que craint-il exactement ?

— Il a raison, moi je dors tout le temps ici quand je viens. La chambre d'amis, c'est devenu ma résidence secondaire, rit Wooshik. Et si tu ne veux pas dormir sur le canapé, j'ai un lit deux places.

Sa suggestion est surprenante, surtout que nous ne nous connaissons pas. Mais j'aperçois qu'en la faisant, ce n'est pas moi qu'il regarde, mais Jungkook, comme s'il le testait. Ce dernier le fixe avec des pupilles neutres, celles qui indiquent que la tempête sommeille sous le calme apparent. Il ne dit rien, mais son visage parle pour lui.

— Tu vas passer la nuit ici ? questionné-je Jungkook sans relever la remarque du brun.

Si Wooshik me propose son lit alors qu'on ne se connaît pas, je me demande ce qu'il pourrait recommander au noiraud. Et ce dernier accepterait-il ? Notamment après avoir été avec moi ?

— S'ils veulent de moi, répond-il avec décontraction, en total opposition avec ce que reflète son regard.

— Je t'assure que les canapés sont bien, rajoute Juwon. De toute façon, on te kidnappe, on ne te laisse pas le choix, dit-il en se mettant debout à son tour pour venir attraper mon poignet.

Il me tire jusqu'au salon et je n'oppose aucune résistance, ayant déjà capitulé quand Jungkook a déclaré qu'il passerait la nuit ici.

— Je vais vous sortir des vêtements à tous les deux et te montrer la salle de bain, au cas où tu en aurais besoin, poursuit-il en m'amenant à sa suite. J'ai toujours des brosses à dents d'avance, en plus. On est prévoyants ici, s'amuse-t-il et je ris avec lui.

J'aime beaucoup Juwon, il est tranquille et ne se prend pas la tête. Hormis le fait qu'il soit un fan inconditionnel de Eodum et qu'il en sache beaucoup sur moi alors que je ne sais rien de lui, il me donne l'impression d'être quelqu'un d'honnête et d'attachant. Ce côté insouciant le rend particulièrement adorable. Il est celui qui m'a le plus harcelé de questions et qui, paradoxalement, a aussi fait en sorte que je me sente intégré en me demandant régulièrement mon avis.

Je me laisse faire quand il m'explique comment fonctionne la douche et où je peux trouver des serviettes. Il est méthodique et soigné. Preuve en est, sa salle de bain pourrait être exposée dans un magazine. Dans l'après-midi, il m'a confié être maniaque, alors je ne suis pas surpris.

En me faisant faire le tour du propriétaire, nous passons devant la fameuse chambre d'amis, celle qu'occupe Wooshik. Là, nous pouvons y retrouver toute sa paresse : le lit est défait, les vêtements traînant un peu partout par terre. Pourtant, il n'est ici que depuis deux nuits et repart dans deux autres. Il a un tournage de prévu dans le sud du pays et il ne sera pas de retour avant un mois.

J'apprécie ce garçon, mais une part de moi se réjouit qu'il ne soit pas trop près pendant un certain temps.

Après ma douche, j'enfile le pyjama que m'a prêté Yeong. Je pense qu'il a voulu se foutre de ma gueule parce qu'il s'agit d'un ensemble fleuri à souhait. Je grimace en le mettant, mais je ne me permettrais pas de faire de remarque, il m'a trop bien nourri et accueilli pour que je dise quoi que ce soit.

Lorsque je retrouve le salon, il n'y a plus que Jungkook. Il est occupé à faire nos lits, plaçant les couvertures et les coussins. Dans l'encadrement du couloir, je prends le temps de l'observer. Dans son jogging et son t-shirt simples, il pourrait être un mec banale, mais il ne l'est pas quand on l'analyse en détail. Sa chevelure est soyeuse et douce, je le sais pour y avoir glissé mes doigts à de nombreuses reprises. Sa peau est tout aussi délicate, sans irrégularité, si ce n'est quelques cicatrices ici et là. Elle contient plusieurs grains de beauté que j'ai eu le loisir de contempler de près, même si celui dans son cou reste celui que je lui préfère. Sa silhouette est ce qu'il faut de muscles et de finesse, Jungkook n'est ni trop imposant, ni trop menu. Il a les proportions parfaites pour se mouver sans être lourd, tout en conservant une certaine grâce et élégance.

Jungkook est attirant.

Définitivement.

Je l'ai toujours trouvé beau, je ne l'ai pas seulement remarqué hier. C'est juste qu'aujourd'hui mes yeux voient d'autres choses maintenant que je l'ai vu dans un autre contexte, sous un nouvel angle. J'ai découvert de nouveaux aspects.

Il a les pommettes qui rougissent très vite sous l'effort, ses lèvres gonflent quand elles sont malmenées, son visage se durcit lorsqu'il est concentré sur sa tâche. Ses yeux papillonnent sous le plaisir et il peut griffer quand il n'arrive pas à se retenir, ou encore il peut se montrer imaginatif, prêt à tout pour faire monter la pression. Il est un amant aussi passionné que patient, et il est attentionné tout en étant fougueux.

Et ça je ne le savais pas avant hier.

— Tu vas t'approcher ou tu comptes continuer à me fixer encore un peu ?

Je reviens à la réalité en l'entendant me parler. J'étais partie dans le pays de la luxure sans avoir de réelles intentions d'en revenir.

Il me sourit tandis que je finis par le rejoindre. Je me rends compte que je ne suis même pas gêné par l'idée qu'il m'ait pris en flagrant délit, j'ai dépassé ce stade.

— J'ai installé les lits, par contre je ne t'ai pas trouvé de deuxième coussin.

Je regarde autour de moi pour voir qu'il a installé les canapés non loin, de manière parallèle afin que nous puissions discuter avant de dormir. Le fait qu'il me connaisse au point de savoir que je vais avoir du mal à dormir sans un second oreiller fait fondre la glace maintenant mon cœur prisonnier.

— Je peux toujours te passer le mien, si tu veux, me propose-t-il.

— Je vais m'en sortir, merci.

Autant que je sois le seul à passer une nuit moins sympathique.

— Je vois que tu as eu droit au bizutage version Yeong-ssi, se moque-t-il en constatant ma tenue.

Alors c'était bien fait exprès, j'aurais dû m'en douter. Je grimace pour la forme, mais la vérité est que ça ne me dérange pas vraiment.

— Tu sais que tu aurais pu dormir avec Wooshik-ssi. Un vrai lit vaut mieux qu'un canapé, dis-je d'un ton que j'espère détaché.

En réalité, je souhaite en savoir plus sur leur relation actuelle. J'ai conscience que ça ne me regarde absolument pas, mais j'ai besoin de savoir.

Jungkook se redresse légèrement, puis pivote complètement vers moi.

— Tu aurais préféré ?

Son regard est redevenu neutre et je déteste ça.

— Non, réponds-je sincèrement, ne souhaitant pas tourner autour du pot.

— Eh bien moi non plus.

Il est sec et incisif, je crois que ma question ne lui a pas plu.

— C'est parce que c'est devenu bizarre entre vous ? tenté-je d'en savoir plus.

Jungkook se lèche les lèvres avec un sourire qui commence à fleurir sur son visage.

— Est-ce que tu cherches en savoir plus sur nos rapports actuels ?

Le problème quand on connaît une personne depuis autant de temps, c'est qu'il est difficile d'être subtil à ses yeux.

Je hausse simplement une épaule, ne voulant pas lui donner la satisfaction de répondre par la positive.

— C'est arrivé une seule fois et on était très jeunes, concède-t-il à me révéler. Je n'ai jamais eu de sentiment pour lui, j'avais seulement besoin de vérifier si j'avais de l'attirance pour les garçons.

Comme tu as voulu vérifier ton attirance pour moi ? ai-je envie de lui demander.

C'est une réponse honnête, je ne peux pas lui enlever ça.

Ils n'ont jamais réitéré l'expérience, je me dis alors qu'il sera peut-être possible pour nous d'en arriver là : d'effacer cette ambiguïté et de redevenir les amis que nous avons toujours été.

Ça devrait me donner de l'espoir, alors pourquoi je ressens une pointe de déception ?

— Mais tu as tout de même de l'attirance pour les filles, sinon tu ne t'intéresserais pas à Harin.

Je continue sur ma lancée des questions indiscrètes, autant enlever la bande de cire d'un coup.

— Je te trouve bien curieux ce soir.

Il s'assoit sur son matelas, les iris plantés dans les miens.

— Je me pose des questions, il semblerait que j'ai toute une série d'épisodes à rattraper.

— Et en quoi ça te regarde ?

Sa remarque me touche, bien qu'il ait raison. Nous étions d'accord pour une seule nuit, il n'a jamais concédé à plus que ça et je n'ai aucun droit de me montrer aussi intrusif. C'est sa vie privée et il m'en parle uniquement s'il le souhaite.

— Pourquoi ça devrait être un sujet tabou ? Nous n'avons pas dépassé ce stade tous les deux ?

— On a dépassé beaucoup de stades, confirme-t-il en se relevant.

Il attrape des affaires de rechange qu'on lui a prêtées, puis se dirige vers le couloir en direction de la salle de bain. Avant que sa silhouette ne disparaisse, il s'arrête dans sa marche pour me lancer un coup d'œil.

— Je n'ai pas de sentiment pour Harin non plus, Taehyung-ie hyung-ie. C'est d'ailleurs ce que je lui ai dit aujourd'hui.

Et il part. Juste comme ça.

Je ne m'y attendais pas, je reste un moment les bras ballants, le corps figé. Un milliard de questions s'acharne à me traverser l'esprit. S'il ne l'aime pas, pourquoi continuer à la fréquenter ? Pourquoi est-elle venue ce matin ? Pourquoi était-elle en colère ? Est-ce parce qu'il lui a avoué qu'il ne ressentait pas la même chose pour elle ?

Je me glisse dans mon lit, me recouvrant jusqu'au menton, malgré la chaleur ambiante. Une main sous le coussin, je fixe le matelas voisin, celui qui sera bientôt occupé par Jungkook. Les deux canapés lits ne sont pas très loin, pourtant une frontière nous sépare et elle est épaisse.

Je me mets sur le dos, contemplant le plafond, laissant les rouages de mon cerveau fonctionner à tout va. Ma relation avec Jungkook est en train de me rendre fou. Il a raison, ce cocktail est détonnant et j'ai peur qu'il nous coûte tout ce que l'on a construit jusque-là. Je pensais qu'il s'agissait d'un passage, d'un sentiment éphémère, d'une connexion qui était devenue trop grande entre nous et qui avait besoin de s'exprimer d'une tout autre manière. Mais je suis forcé de constater que notre nuit passée ensemble n'est pas suffisante, ou en tout cas elle n'a pas mis un terme à mes pensées lubriques ou à mon envie de retenter l'expérience.

Je m'en rends compte dans de nombreux aspects, notamment par son toucher qui m'électrise, même lorsqu'il ne s'agit que d'un effleurement. Son regard me donne des difficultés à m'en détourner et sa voix est devenue une douce mélodie à mon oreille. Si elle l'était déjà quand il chante, maintenant elle l'est également quand il me parle et prend ce ton particulier, à la fois rauque et un peu sensuel.

Je suis coupé dans mes réflexions lorsque j'entends des pas dans le salon. Il est de retour, je le sais, pourtant je garde mon attention fixée sur le blanc immaculé du plafond. Il éteint la lumière et se laisse guider par la lampe torche de son téléphone. Je perçois chacun de ses mouvements, notamment quand il s'allonge et qu'il soupire profondément.

J'ai envie de briser la glace, de faire redescendre la pression. Je ne veux pas me coucher avec cette légère distance entre nous. Avant cette ambiguïté, nous ne nous prenions jamais la tête, il était rare que l'on s'embrouille. Ça arrivait, mais ça disparaissait aussi vite que ça survenait.

— Je suis content d'avoir rencontré tes amis, ils sont très chaleureux, dis-je pour rompre le silence.

Je me remets sur le côté pour avoir une vue directe sur le noiraud. Je ne distingue que peu de choses, la pièce est plongée dans le noir et n'est baignée que par les quelques rayons lumineux de la lune perçant à travers la baie vitrée.

Il est sur le dos, les mains derrière la tête alors que le léger tissu qui le recouvre me laisse entrapercevoir la naissance de son torse. Il n'est donc pas complètement habillé, cette information court-circuite un instant mes pensées.

— Je voulais le faire depuis un moment.

J'ai l'impression que nous sommes dans une de ces soirées où les confessions fusent et où les vérités sont révélées dans l'intimité qu'offre la nuit.

— Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt alors ?

— Je ne sais pas, j'attendais d'être sûr.

— Sûr de quoi ?

— J'avais des hypothèses à vérifier.

— Encore ces histoires d'hypothèses ? Je suis devenu un problème de maths ou quoi ?

— Mon préféré, rit-il et un sourire me gagne.

— Depuis toujours, j'ai l'impression que tu cherches quelque chose lorsque tu me regardes. Maintenant je comprends qu'il s'agit d'équations.

Je suis heureux que l'atmosphère devienne plus tranquille, moins pesante. Son visage se tourne vers moi et, même si je ne peux pas en voir les traits, je sais à sa voix qu'ils sont détendus.

— Je résous une énigme à chaque fois que je te vois, m'avoue-t-il et cette phrase énigmatique me laisse perplexe.

— Je suis une énigme ?

— Il y a ce que tu dis, ce que tu fais et ce que tu penses. Je t'entends, je te vois, mais je ne lis pas dans ton esprit.

— Je comprends ce sentiment. Parfois, tu te refermes complètement et j'ignore ce que tu ressens, c'est déroutant.

C'est à mon tour de me confesser. Il s'ouvre à moi alors je fais l'effort de lui rendre la pareille.

— Toi, c'est le contraire. On peut lire un panel d'émotions rien qu'en te regardant, mais ce n'est pas facile à déchiffrer tellement il y en a.

Je ne pensais pas être à ce point un livre ouvert, faisant étalage de ce que je garde enfoui au fond de moi. Avec le temps, il a sûrement dû apprendre à décoder ce que je n'arrive même plus à percevoir dans le miroir.

— Tu es celui qui me connaît le mieux, pourtant.

Je suis frustré de ne pas voir ses iris, de ne pas être en mesure de percevoir ce qu'il ne dit pas, mais qui pourrait être exprimé par son visage. Lorsqu'il ne se replie pas sur lui-même, il est davantage accessible, et je dirais même qu'il n'y a plus de filtre, qu'il se révèle tel qu'il est.

— Tu es également celui qui sait le mieux lire en moi et je sais pourquoi.

— Pourquoi ? suis-je obligé de répondre.

— Parce que tu prends le temps et que tu veux réellement me connaître. Les autres se contentent de la surface ou de ce que je pourrais leur offrir. Ils ne s'embarrassent pas à aller plus loin, à creuser, et encore moins sous les failles. J'ai su que tu étais différent des autres dans ces toilettes il y a six ans. Tu n'as pas juste essayé de me consoler, tu as voulu être ami avec ma part vulnérable, celle que je déteste, mais avec qui je me réconcilie en partie grâce à toi.

Son aveu me touche plus que de raison, je me sens honoré d'avoir cette place, d'avoir pu ne serait-ce que me faufiler jusqu'à son cœur dont le chemin est semé d'embûches.

Nous sommes rarement sentimentaux, nous nous autorisons pourtant à l'être lors d'interviews et on pourrait penser que l'on ne fait ça que pour le fanservice, alors que ce n'est pas le cas. Nous sommes juste pudiques en ce qui concerne nos émotions.

— Même après six ans, c'est toujours cette part de toi que je préfère.

Je luis souris, même s'il ne peut le voir.

— Bonne nuit, Taehyung-ie hyung-ie.

— Bonne nuit, Jungkook-ie.

La chaleur est légèrement assommante, mais ce n'est pas elle qui m'empêche de trouver le sommeil. Je suis simplement assailli par les questions en tout genre, de « quelle est sa part préférée chez moi ? », à « maintenant qu'il a vérifié certaines de ses hypothèses, quand est-il de sa conclusion ? » ou encore à « est-ce qu'il porte un pantalon de pyjama ? ».

Alors je me tourne et me retourne dans le clic-clac, cherchant à chasser toutes ces réflexions qui ne font que fuser dans mon cerveau. Allongé sur le côté, je constate que Jungkook ne bouge plus depuis un certain temps. Il est dos à moi et n'est couvert par le drap que jusqu'aux hanches, comme toujours. Il n'aime pas être gêné par la couverture et il n'a jamais froid, même en hiver.

Quand je dormais avec lui, il était ma bouillotte, je n'avais plus besoin de couette lorsqu'il était là.

Le voir ainsi, si près et si loin en même temps, ça me donne envie de me rapprocher, comme dans le temps. Lorsque nous sommes en tournée, il nous arrive de partager un lit, mais depuis que le succès de Eodum est devenu plus important, à l'hôtel, nous avons chacun notre chambre. Il est devenu moins courant que nous nous retrouvions dans la même situation qu'au dortoir.

J'arrête de réfléchir et me glisse hors des draps pour m'avancer jusqu'à lui. Je ne fais pas de bruit et me montre aussi discret que possible en prenant place à ses côtés. Je sais qu'il a le sommeil lourd, il ne sera pas dérangé par ma présence. Il ne s'en apercevra que demain et la nuit sera déjà passée, et j'aurais profité de sa proximité d'ici là.

Je me couche et pose doucement un bras autour de lui, le prenant dans mes bras. Mon nez rencontre sa chevelure et je suis déçu de ne pas retrouver cette odeur de vanille qui le caractérise tant. N'ayant pas son shampoing, il n'a plus ce parfum, il a été troqué par de la pomme, et même si j'en apprécie les effluves, ce n'est pas... lui.

Je glisse alors mon nez dans son cou, y trouvant ma place. Je ferme les yeux et me sens immédiatement apaisé. Les questions qui me taraudent sont toujours là, mais elles me laissent un peu de répit, ainsi installé.

Alors que j'allais sombrer vers le pays des rêves, Jungkook gigotte. Il pivote jusqu'à se retrouver face à moi, les yeux bien ouverts. Son visage, si près du mien, me fait déglutir tandis que son regard, maintenant accessible, m'apparaît être endormi, un peu lointain. Ses iris dont la profondeur est impossible à détecter dans la nuit noire se promènent sur mes traits comme s'il les rencontrait pour la première fois.

J'aime qu'il puisse me voir encore ainsi, comme s'il me découvrait tous les jours, qu'il ne se lassait pas.

Mon bras n'a fait que coulisser sur lui, je le tiens toujours contre moi et je n'éprouve pas l'envie de remédier à la situation. Jungkook lève sa main pour la poser sur ma joue et se met à la caresser avec tendresse, d'une douceur infinie. Je ferme les yeux, emporté par cet élan de délicatesse. On dirait qu'il a peur que je m'envole, qu'il craint que je me brise tel un vase trop fragile.

Je sens son nez frotter contre le mien, le frôler, le cajoler avec affection, ce qui me fait papillonner des paupières.

Quelque chose a encore changé.

Il n'était pas comme ça hier soir.

Il a toujours pris soin de moi, a veillé à ce que je me sente bien, à l'aise, mais là c'est différent. Ses gestes sont presque... amoureux.

Il a fermé les yeux, se laissant aller à l'instant présent et je fais de même en joignant mes lèvres aux siennes.

Avec tendresse, il embrasse chacune d'elle, faisant durer le moment. Je réponds à son baiser, succombant à cette douceur, touchant ses reins, faisant remonter ma main jusqu'à son épaule que j'enserre pour le rapprocher de moi.

Ce n'est plus la chaleur ambiante qui me fait fondre, ce sont ses lèvres qui me goûtent avec appétit, prenant tout ce qu'elles peuvent capturer. Les picotements qui m'avaient abandonné depuis la veille reprennent de plus bel, revenant à la vie grâce au noiraud et à la magie qui l'entoure. Ses doigts restent sur ma mâchoire, s'y accrochant comme il le ferait à une bouée, comme s'il s'agissait de sa seule issue de secours.

Nous ne mettons pas la langue, notre échange est des plus simples, et cette connexion, je ne l'avais jamais ressenti. A bout de souffle, nous nous détachons. Même s'il est devant moi, le vide que laissent ses lèvres est grand, j'en reste pantelant et démuni.

Mes yeux retrouvent les siens un bref moment avant qu'il ne les ferme, posant son front contre le mien.

Ce que je ressens est au-delà des mots, l'émotion me cloue sur place, ma gorge entravée par ce tourbillon de sentiments.

Ce cocktail coûteux est en train de perdre son côté amer. Il me rend tout aussi dingue, mais de la plus douce des manières.

___________

___________

NOTE DE L'AUTEURE :

Comment se portent vos petits cœurs ? Le mien vient de fondre après cette relecture/correction haha

Est-ce que je vis ce que j'écris ? Totalement, pleinement, mes émotions suivent celles de mes personnages. Ouais, même quand je les torture ^^

Là encore, JK se comporte étrangement avec Wooshik, il semblerait qu'il ne soit pas ravit de la proposition de ce dernier...

Cette fois-ci, Tae ose poser les questions qui le chagrinent et JK se montre plus franc dans ses réponses. C'est un peu comme s'ils repartaient sur de meilleures bases, non ?

D'après vous, pourquoi Tae est resté dormir chez les amis de Jungkook ? Son bain qu'il rêvait de prendre, il a fait une croix dessus... pourquoi ?

Et puis cette dernière scène, Taehyung qui rejoint JK dans le lit, comme avant, comment la trouvez-vous ?

Et ce baiser ? Que signifie-t-il ?

Tae a eu une pensée, celui du comportement d'un amoureux. Est-il dans le vrai ?

Et Tae, que ressent-il pour Jungkook à ce stade de l'histoire ? Je pense que lui-même ne comprend plus très bien ce qui lui arrive...

Maintenant, préparez-vous pour le prochain chapitre. C'est tout ce que j'ai à dire ;)

À dimanche, mes Dumiz !!

Era xx

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top