CHAPITRE 13 - RED FIRE

Kim Taehyung, 19 ans,

Novembre 2018, Seoul.


DEUX SEMAINES PLUS TARD...


Jungkook est moi n'avons pas passé un seul jour sans échanger des post-its. La plupart du temps, c'était des phrases volées par-ci par-là, que l'on raturait, corrigeait et reformulait pour trouver les bons mots, le message que l'on souhaiterait transmettre.

Etant donné que nous ne sommes pas vraiment coutumiers de la présence de l'autre ou des échanges profonds, de par notre relation toute récente, ce système de communication nous a arrangé. Ça nous a permis d'être nous-mêmes, d'aller dans les détails, d'être plus honnêtes sans avoir peur du regard de l'autre ou en ayant la crainte de ne pas être compris.

Je me suis senti libre de le reprendre, d'exposer mon point de vue, de changer ce que j'avais envie de modifier. Nous n'en avons jamais parlé face à face, et nous ne sommes jamais revenu sur ce qui avait été raturé. Je crois que nous sommes partis du principe que si c'était rayé, c'est que ça n'allait pas, alors nous avons essayé de trouver de nouveaux mots, sans remettre en question l'opinion de l'autre.

C'est un exercice qui m'a plu, je n'avais jamais écrit comme ça. J'ai trouvé que c'était à la fois stimulant et excitant. Je n'avais pas ses expressions pour déterminer à quel point ce que je racontais lui parlait ou non, et cet inconnu a rajouté une douce pression, comme un challenge pour deviner ce qui pourrait lui plaire, tout en essayant d'exprimer ce que je voulais dire.

— Vous avez déjà fini ?

Yoongi, notre producteur, est surpris par notre rapidité.

Nous sommes au studio avec les membres et je viens de révéler que nous avons fini d'écrire. Si notre emploi du temps n'avait pas été aussi chargé, je crois que nous aurions terminé plus tôt encore. Le plus long pour moi était d'attendre le soir ou le matin, le moment où nous découvrions ce que l'autre avait laissé sur l'oreiller, caché sous la couverture.

La question de Yoongi n'attend pas forcément de réponse puisqu'il vient de lire notre chanson, alors oui, elle est bel et bien écrite.

Red fire*, alors ? demande Namjoon en se grattant le menton, comme à son habitude.

— C'est une couleur que nous n'avions pas encore exploitée, explique Jungkook en se redressant sur le canapé. Jusque-là, nous parlions de notre relation avec nous-mêmes, ici, on aborde celle que l'on entretient avec les autres. C'est une chanson qui raconte l'histoire de deux personnes dont les mondes s'entrechoquent alors qu'ils sont aux antipodes.

— Ils sont tellement différents que leur relation devient explosive, continué-je en parlant beaucoup avec les mains. Ce n'est pas qu'ils ne s'entendent pas, c'est qu'ils ne se comprennent pas, pourtant ils essaient. Ils en ont envie parce qu'ils s'admirent l'un l'autre et ça les relie, comme si le destin s'en était mêlé. C'est comme lorsque l'on voit la lumière d'un feu, on veut l'approcher, mais on ignore comment faire pour ne pas se faire brûler par lui.

— C'est l'histoire de deux personnes qui apprennent à se connaître, malgré leurs différences, termine Jungkook.

Les membres nous fixent à tour de rôle avec une lueur étrange au fond des pupilles, comme s'ils n'en revenaient pas que nous puissions être en accord sur un sujet. Pourtant, sur le plan artistique, nous avons souvent été du même avis parce que notre vision de ce domaine est similaire. C'est ce qui nous a grandement facilité la vie et nous a évité de nombreuses disputes.

— "Je te tourne autour, craignant les étincelles que tu m'envoies", lit Jimin en récupérant la feuille. J'aime beaucoup les paroles et le message. C'est réaliste, on est parfois sur la réserve avec des gens qu'on sait intéressants, mais qui finalement nous impressionnent plus qu'autre chose. C'est comme ça que j'interprète cette chanson, argumente-t-il en passant le texte à Hoseok.

— On est sur quelque chose de sombre, mais positif en même temps, poursuit notre leader. J'aime bien l'idée que la différence effraie autant qu'elle attire, c'est un beau message de tolérance. Ho-bie, t'en penses quoi ?

Ce dernier relit les paroles tandis qu'un sourire gagne du terrain sur son visage.

— C'est le meilleur texte qu'on ait eu à chanter jusque-là, dit-il et mon cœur rate un battement.

J'échange un regard avec Jungkook, ce dernier semble fier du retour des membres. Pour ma part, j'étais très nerveux avant de venir ici. J'ai l'impression d'avoir ouvert une grande porte sur mes tripes, et même si ça a un côté libérateur, c'est tout de même angoissant. On ne sait jamais comment elles vont être réceptionnées. C'est personnel, j'y ai mis des pensées profondes et un peu tortueuses, je n'aurais jamais cru que nous aurions un accueil aussi positif de la part des autres.

— Il a raison, s'exprime enfin Yoongi, dont nous attendions avec appréhension l'avis honnête et parfois tranchant. On est sur un texte brut, avec peu de détours et de fioritures. On sent qu'il y a de l'investissement personnel, qu'il vous parle et vous touche. C'est sincère, ajoute-t-il en baladant son regard entre Jungkook et moi. Vous avez réfléchi à une mélodie ?

Nous n'en avons pas parlé avec le noiraud, alors j'hésite à exprimer mon avis. Je ne voudrais pas qu'il ait le sentiment que je prends trop d'initiative, que j'impose ma manière de penser. Puis ce que signifie cette chanson me revient en mémoire. Elle parle aussi d'ouverture, d'échange avec l'autre, pour mieux le comprendre, alors je décide d'en faire autant.

— J'y ai un peu songé, dis-je d'une voix traînante. Les paroles sont à la fois douces et brutales, donc j'imagine la mélodie de la même façon. Il y aurait des percussions, un effet de grandeur et de puissance à certains passages. Peut-être aussi quelques moments de pauses pour laisser l'auditeur se permettre de repenser aux mots précédents. Ça serait une musique un peu épique, forte, mais apaisante de par sa symbolique.

Lorsque je relève les yeux, je constate que je me suis probablement un peu emballé. Je suis comme ça quand il s'agit de musique, je me fais emporter dans un univers parallèle qui m'appelle, me tire dans sa dimension, jusqu'à oublier ce qui m'entoure, voire qui je suis. Je ne suis plus qu'un artiste dans ces moments-là, rien d'autre n'a d'importance.

— Je crois que ce sont les mots parfaits pour cette chanson, sourit Namjoon. Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu aussi inspiré, ça fait plaisir.

Mes lèvres s'étirent légèrement et je baisse la tête, un peu gêné du compliment.

— Je suis d'accord avec ça, dit Jungkook en acquiesçant.

Ses pupilles brillent d'une petite étincelle dont j'ignore l'origine, mais je suis heureux que nous soyons sur la même longueur d'onde.

Pour une fois.


DEUX SEMAINES PLUS TARD...


On nous a demandé de venir dans la salle de répétition à huit heures trente, sans que nous ne sachions pourquoi.

Nous sommes enfin en décembre, ce qui signifie deux choses : l'année va bientôt s'achever et des vacances bien méritées ne vont pas tarder. J'ai décidé de rentrer chez moi cette année, ça fait huit mois que je ne l'ai pas fait et mes grands-parents me manquent terriblement. Je les appelle au moins deux fois par semaine, mais le temps passe vite et j'ai l'impression de rater des choses que je ne pourrais jamais rattraper.

Ce qui me remonte le moral est la chanson que nous avons écrite avec Jungkook. Elle a enfin une mélodie, les paroles ont légèrement été modifiées pour qu'elles collent parfaitement au tempo, puis nous l'avons enregistré la semaine dernière. Elle a été montée dans la foulée et, depuis, je la passe en boucle dans mes écouteurs. Je n'ai jamais été aussi narcissique avec nos autres titres, comme si le fait de m'y être autant investi lui avait apporté une saveur différente, bien plus savoureuse.

Elle est comme je l'avais imaginé, voire rêvé. Elle est enivrante, à la fois sensuelle, puissante et brutale. Un orchestre symphonique a été ajouté en fond, notamment pour le passage du bridge* que je partage avec Jungkook. Il est ce qu'il faut de mesuré et d'intense, marquant une courte pause juste avant une retombée épique ; j'en ai versé une larme lorsque j'ai entendu la version finale pour la première fois.

Ces derniers jours, nous avons beaucoup enregistré en studio. En parallèle, Hoseok et Namjoon ont bossé sur de nouveaux titres, ce qui nous a permis d'abattre un travail considérable en peu de temps. De plus, quelques artistes appréciant notre style nous ont proposé leurs chansons et deux d'entre elles nous ont fait tomber amoureux.

— Pourquoi on nous a donné rendez-vous ? demandé-je aux membres, mais ils haussent les sourcils, seul Namjoon a un petit sourire collé au visage.

Il sait, bien évidemment, mais il ne va rien révéler. Ça ne sert donc à rien d'insister, je finirai par le découvrir, de toute manière.

Je m'étire un peu, réveillant tranquillement mon corps que je malmène depuis quelques jours. Je ne dors pas assez et la fatigue commence à peser lourdement sur mes membres, mais surtout sur mon mental.

— J'ai hâte de voir ce qui nous attend, dit Jimin en faisant quelques montées de genoux.

Je fais craquer mon cou, puis effectue des ronds avec mes épaules pour les échauffer.

— Je me demande si ça a un rapport avec notre comeback*, répond Jimin tandis qu'Hoseok sort son téléphone.

— Je n'en sais rien, mais ta tête du matin est épique, elle finira sur ton gâteau d'anniversaire de l'année prochaine, s'amuse Hoseok, un sourire rayonnant au visage.

— Comment peut-il être autant en forme dès le matin ? rigole Namjoon et l'écran se tourne vers lui.

Evidemment, il prend une vidéo. Elle se retrouvera probablement sur le net et nous aurons honte dans quelques années. Pour le moment, ça nous fait juste rire.

— Je le soupçonne de prendre de la dopamine en comprimés, plaisante Jungkook en lui bousculant gentiment l'épaule.

Le téléphone tangue un peu, brouillant la vidéo, mais Hoseok ne s'arrête pas de rire pour autant.

Nous nous amusons encore quelques minutes, puis nous sommes interrompus par notre chorégraphe, Park Jiho. Il est également accompagné d'un de ses danseurs, Choi Minjun, il me semble.

Nous les saluons en nous courbant respectueusement et ils font de même avec un sourire.

— Vous avez l'air en forme, s'exclame joyeusement Park Jiho.

— On aime les surprises, rétorque Jimin en liant ses doigts devant lui, tout de même un peu stressé.

Je hais les surprises, il n'y a que lui que ça amuse en réalité. J'aime connaître mon emploi du temps pour mieux m'organiser et faire les choses avec minutie. Je déteste me sentir dépassé par les événements et perdre le contrôle au point de ne plus savoir par où commencer. Je ne suis pas un maniaque et j'arrive à lâcher prise lorsque le temps est venu, mais en ce qui concerne le travail et mes obligations, j'apprécie quand il y a de l'ordre.

— On ne va pas faire durer le suspense plus longtemps.

Notre chorégraphe s'avance avec son danseur jusqu'au milieu de la salle, puis joint ses mains qu'il fait glisser l'une sur l'autre.

— Nous sommes venus vous présenter la chorégraphie du titre principal de votre prochain mini-album, dit-il avec enthousiasme.

Je retiens mon souffle, excité mais nerveux, parce que j'ignore quel titre a été choisi pour représenter ce nouveau projet.

— Il s'agit de Red Fire.

Dire que je suis heureux serait un doux euphémisme. Je n'ai jamais ressenti un tel sentiment de fierté, sauf peut-être quand je suis monté sur scène pour la première fois. J'ai l'impression que mon cœur va se décrocher de ma poitrine tant il est lourd, pris par l'émotion.

Mon regard se dirige automatiquement vers Jungkook se situant à quelques mètres. Ses pupilles me sondent déjà, je lis la joie émanant de son visage et les étincelles qui font vivre ses iris. Il est heureux, un doux euphémisme également.

On se sourit, c'est une réussite artistique. Notre collaboration, notre première fois ensemble, et c'est un succès. Peut-être que le rayonnement de cette chanson n'atteindra personne, mais pour nous, c'est déjà une victoire parce qu'elle a eu la validation de la part de professionnels de la musique. L'équipe l'a choisie.

— T'es content ? me demande Namjoon en me secouant légèrement.

J'étais tellement perdu dans mes pensées, hypnotisé par le regard de Jungkook, que j'en ai oublié ce qui se passait autour de moi.

— Plus que ça encore.

— Cette chanson est incroyable, j'ai confiance en elle, me dit-il en ébouriffant ma chevelure déjà décoiffée.

Mais je souris à m'en décrocher la mâchoire, comme un enfant qui vient d'apprendre qu'il est assez grand pour monter dans tous les manèges.

Chaque mouvement de cette chorégraphie est presque contenu, on dirait qu'ils sont prévus pour être amples, élégants, mais maîtrisés, comme une retenue artistique, où la pudeur est de mise. Les pas sont bouleversants, pourtant ils sont difficiles et s'enchaînent tantôt avec rythme, tantôt avec douceur. Il s'agit d'une danse majoritairement contemporaine, pleine de légèreté, de rondeurs et de finesse.

C'est nouveau pour nous, ça va être un travail ardu que de nous accorder sur ce ballet cadencé, dont l'expression faciale sera aussi importante que nos mots. Chaque geste va compter, viendra appuyer notre message. On sent que la chorégraphie a été pensée et inspirée par le sens des paroles de la chanson.

Lorsque la mélodie s'approche du bridge, je retiens ma respiration, appréhendant ce moment. Je sais que notre duo de danse avec Jungkook se passera à cet instant, il serait parfait sur ce temps-là.

Et il l'est.

La musique ralentie pour une transition plus délicate, comme une plume tombant du ciel. En fond, la voix de Jungkook s'élève :

« Ton brasier rouge crépite en moi et le monde se décale.

J'y vois des étincelles qui me demandent de m'avancer »

Et Park Jiho s'avance alors vers son danseur, avec des pas souples et subtils tandis que leur regard s'accroche pour ne plus se lâcher. Notre chorégraphe se place derrière Choi Minjun et c'est ma voix qu'on entend dans les hauts parleurs :

« Je sens la brûlure enserrer mon cœur,

J'entrevois les flammes parcourir mes veines »

Sous mes mots, les deux danseurs effectuent des mouvements synchronisés, les bras du plus âgé encerclent son danseur alors qu'ils font des gestes qui s'entrecroisent devant le plus jeune. Leurs corps se séparent en partant sur le côté lorsqu'ils ondulent du buste pour se regarder à nouveau.

« J'y entends chaque crépitement qui me rappelle que j'ai un cœur qui bat »

La mélodie ralentie encore, créant un suspense lourd de sens, qui fait du temps une sphère intense, pesante, avec un soupçon d'attente. Le plus jeune danseur tente un pas alors que le plus âgé s'en va, la tête baissée, l'abandonnant à contre-cœur. Choi Minjun lui attrape le poignet, cherche à le retenir, à attirer son attention, mais il ne se tourne pas vers lui, il le fuit encore.

Plusieurs mètres les séparent quand le tempo de la musique reprend de l'allure, s'emballant, faisant serrer ma poitrine tant je ressens sa puissance jusqu'au fond de mes tripes. Park Jiho marque alors un arrêt, comme sonné, comme s'il réalisait qu'il était foutu, qu'il ne pouvait pas partir, pas ainsi. Il se retourne pour faire face au plus jeune. Ils soupirent tous les deux, puis Choi Minjun s'élance vers lui.

[NOTE DE L'AUTEURE : Pour une meilleure compréhension de la suite, regardez cette vidéo de 15 secondes]

https://youtu.be/qyFJ1poPiIA

J'ai l'impression d'étouffer tant l'oxygène me manque parce que ma respiration risquerait de briser l'instant, de rompre la magie de la musique. Le jeune danseur finit sa course par un renversement de son corps où ses mains prennent appui sur le sol et que ses jambes sont propulsées à la verticale vers notre chorégraphe. Ce dernier le réceptionne en fixant ses doigts autour de ses mollets tandis que Choi Minjun dépose la partie sensible sous ses genoux sur les épaules du plus âgé. Tous les deux basculent alors, l'un vers l'avant, l'autre vers l'arrière, et avant que Park Jiho ne s'écrase au sol, le jeune danseur amorti sa chute en maintenant sa tête au creux de sa paume.

Alors qu'ils se fixent, ma voix résonne, posée, presque chuchotée entre les murs de la salle de répétition, pour terminer le bridge :

« Tu viens me réveiller d'une nuit éternelle »

Le moment est suspendu encore quelques secondes avant que les danseurs ne se séparent à nouveau pour reprendre un rythme plus intense qui perdure jusqu'à la fin de la chanson.

C'est la chorégraphie la plus difficile qu'on ait eue depuis le début, mais aussi la plus raffinée, la plus belle et symbolique.

Je sens des yeux insistants sur ma personne et lorsque je tourne la tête, je tombe sur Jungkook dont les pensées se lisent sur son visage. Il a peur que nous n'y arrivions pas.

Nous n'avions jamais fait de portés jusque-là, ça sera notre premier et je ne suis pas sûr non plus d'être à la hauteur de l'exercice.

Quand la musique s'arrête, je mets une petite minute à m'en rendre compte. Je suis à nouveau perdu quelque part, sûrement dans un monde artistique, mais pas dans cette salle. Je deviens nerveux à l'idée d'échouer, de ne pas en être capable.

— Est-ce que ça vous plaît ? nous interroge notre chorégraphe, essoufflé.

— C'est digne d'un comeback, s'enjaille Hoseok en tapant des mains.

— Nous allons passer beaucoup de temps ici, mais je suis heureux de ce challenge, lance Jimin.

— Oh putain, j'ai intérêt à bosser dur, s'inquiète notre leader dont la danse n'est pas forcément sa tasse de thé.

— Et pour vous ? demande Park Jiho en s'adressant à Jungkook et moi qui sommes silencieux depuis un petit moment. Je sais que votre partie est vraiment complexe, et on prendra un temps pour la bosser ensemble. Ça a l'air laborieux comme ça, mais je vous assure que c'est plus une histoire de synchronicité et de technique qu'autre chose, nous rassure-t-il, mais je ne suis pas sûr que ça fonctionne.

Nous sommes passés de vulgaires post-its à... ça.

Je ferme les yeux, me préparant mentalement à ce que mon corps fatigué le soit un peu plus dans les jours à venir.


________

NOTE DE L'AUTEURE :

Fireeeeee ! (chantez dans vos têtes, s'il vous plaît haha) Pensez-vous qu'ils vont y arriver ?

Sachez que la musique qui m'a inspiré pour Red Fire, c'est Black Swan ;)

A demain pour la suite xx

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