Chapitre 15

Pris au dépourvu, Salem la pris dans ses bras. Comme avant, comme lorsqu'ils étaient jeunes et que tout était plus simple, Aria se réfugia dans son étreinte. Un endroit paisible, sécurisé, voilà ce que c'était il y a encore quelque mois. Tout avait tellement changé, et Aria retournait dans cet bulle intemporelle, cette bulle parfaite où rien ne changerais jamais.

Au bout de quelque minute, Aria sécha ses larmes, et Salem mit fin à cette étreinte.

- Qu'est-ce qui ne vas pas ? demanda-t-il, inquiet. Il marqua une pause avant de continuer. Est-ce que... est-ce que c'est de ma faute ? 

Aria fit non de la tête. Elle parvint juste à articuler "Keylia".

Salem hocha la tête de façon compréhensive, mais une lame semblait transpercer le cœur de l'espionne. Elle lui mentait. Encore. Certes, à moitié, mais ça ne changeais rien pour elle. Elle faisait tout ce qu'il ne fallait pas faire. Encore, elle lui mentait. Mettant de la distance entre eux, encore. Le mettant à l'écart. Et lui ? Toujours aussi gentil, toujours aussi serviable. Il était blessé, mais il était toujours aussi inquiet, pour les autres, pour elle.

Il l'entraina dans les couloirs, et fini par s'arrêter devant la chambre d'Aria. Cette dernière entrouvrit la porte, et jeta un coup d'œil à Salem. 

- Tu peux entrer, si tu veux.

- C'est vrai ? 

Aria hocha la tête, et Salem la suivit.

Pendant quelque minutes, ils ne dirent rien. Aria dévisageait son ami. Enfin, s'il l'était encore. Elle avait l'impression de rencontrer un inconnue. Il lui semblait avoir une toute nouvelle personne en face d'elle. Il lui semblait revenir des années plus tôt.

Ce fut Salem qui parla le premier, mais ils n'échangèrent que des banalités. Aria apprit qu'il était surtout resté avec Maxime, un gars de l'organisation sympa mais parfois bizarre, au cours des derniers mois. Salem partit vers midi, et Aria sortit du bâtiment pour aller manger. Elle ne voulait pas croiser Keylia.

Elle mangea dans un bar sympa qu'elle connaissait bien, puis se balada dehors. L'incertitude et les doutes l'asseyait, elle avait besoin de réfléchir avant tout.

Elle marchait au hasard dans les rues qui l'avaient vu grandir. Il lui vint à l'esprit que c'était comme ça qu'elle était devenu si proche de la princesse.

Sans s'en apercevoir, elle passa dans la rue où elle avait tué quelqu'un pour la première fois. Une fois, elle avait discuté avec Keylia de ce qu'elles avaient ressentit la première fois qu'elles avaient commis un meurtre. Keylia l'avait traité de psychopathe, en riant. Mais peut-être qu'elle n'avait pas vraiment tord au fond. Ce n'était pas un meurtre prémédité, mais... Combien de personnes ressentait ce pressentiment, cette intuition sans être apeuré, sans perdre son calme ? Combien, après avoir fait une chose pareil, ressentait cette adrénaline, et cette sorte de fierté mélangé à du bien être, presque du soulagement ?

Elle poursuivi son chemin sans vraiment s'en rendre compte, ce chemin qu'elle avait fait en sens inverse, six ans plus tôt. Et bientôt, elle se retrouva devant une immense propriété. Aria failli s'étouffer.

Elle jeta un coup d'œil à l'heure. Si rien n'avait changé, n'importe qui avait le droit de venir ici jusqu'à vingt heures, au cas-où cette personne pouvait les débarrasser d'un des gosses qu'ils avaient en surcharge. Il n'était que quinze heure.

Aria respira à fond. Elle poussa la grille.

Elle marcha le long de l'immense sentier qui reliait les bâtiments à l'entré. Elle ressentait une étrange sensation. Elle se dirigea vers l'accueil. Des enfants traversaient les couloirs. Toujours aussi bien apprêtés. Elle reconnaissait certain d'entre eux. Beaucoup la regardaient d'une étrange façon, mais Aria les ignorait.

Une nouvelle personne faisait office de secrétaire. C'était une jeune de quelque années de plus qu'elle, tout au plus.

- Bonjour, fit l'espionne d'un pas hésitant.

- Vous voulez ? répondit la secrétaire sans même la regarder.

Ce qu'elle voulait ? Oh, plein de chose; elle voulais visiter cet endroit, savoir si quelque chose avait changé, et narguer la directrice. Même si par dessus tout, elle voudrait juste se réconcilier- avec Keylia et Cally.

- Je désire voir la directrice, se décida finalement Aria.

- Très bien, veillez patienter quelque instants.

Aria observa distraitement la salle. Elle avait l'impression que seules quelques minutes étaient passées entre sa fuite et aujourd'hui. Rien n'avait bougé. Elle ne pensais pas qu'un jour cet endroit lui manquerait, mais il y avait ce petit pincement au cœur. Après tout, l'orphelina avait abrité son enfance, tant bien que mal.

La directrice finit par arriver. 

Elle a vieilli, songea Aria.

- Que puis-je faire pour v...

Elle s'arrêta en voyant son ancienne pensionnaire. Elle lança un regard de reproche à la secrétaire, qui fit une moue d'excuse. Malgré tout, elle gardait un sourire forcé sur ses lèvres.

- Evelyne Sayura Dayle. Quel plaisir de vous revoir.

- Pour moi aussi, répondit l'espionne de la même manière hypocrite. Par contre, c'est Aria à présent.

La directrice hocha la tête de manière crispée.

- Et bien. Voilà une belle preuve qu'à présent tu vole de tes propres ailes. Entre donc, tu dois avoir pleins de choses à me raconter.

- En effet.

La secrétaire les suivis du regard jusqu'à ce qu'elles aient quittés la salle.

- Alors, qu'est-ce qui t'a poussé à nous rendre visite ?

- Rien de spécial. Je passais ici par hasard.

- Ah oui ? Si je me souvient bien, vous vous êtes enfuis d'ici. C'est étonnant que vous vouliez revenir.

- Je ne souhaite pas revenir. J'ai déjà tous ce que je souhaite. Des amis. Un but. Un chez moi. De la nourriture en quantité suffisante. Et la liberté. Je voulais simplement voir ce qui avait changé. Mais vous ne semblez pas vraiment apprécier ma présence. Alors...

- Mais non, restez. Nous sommes ravi de vous voir, même si votre venue nous prend au dépourvu. 

Aria appris pas mal de choses ce jour là. Rien n'avait vraiment changé, mais rien n'était vraiment pareil. C'était plutôt bizarre. Elle avait revu ceux qui la jugeait il y a six ans, mais avait aussi rencontré des enfants de quatre ans qui étaient arrivé dans cette enfer il y avait trois semaine. Certain de ces derniers semblait la supplier de les emmener avec elle, mais même si elle avait été majeur, ces enfants méritaient mieux qu'une organisation criminel.

Quoique. C'est quoi le mieux entre cet endroit et celui où je vis ? 

Pour elle, la réponse était toute trouvé. Mais pour eux ?

Un d'eux l'avait marqué. C'était un petit garçon de deux ans. Sa peau avait une belle couleur brune, et il l'avait regardé de ses profond yeux noir.

Pour elle, vivre dans cette organisation avait été un choix. A quel point ? Elle avait juste suivi Salem parce qu'elle n'avait nul part ou aller. Même si maintenant elle en était heureuse, était-ce réellement le meilleur des choix à l'époque ?

Elle avait mis cette question de côté, et était partit de l'orphelina à vingt heures. Elle avait de nouveau mangé dans le bar, puis pour une somme d'une certaine valeur, elle avait pu rentrer dans une boîte de nuit malgré son âge. 

Danser. Pour elle, aller en boîte seule ou avec des amis, elle ne faisait pas la différence. Elle était plutôt sociable. Pendant la soirée, elle s'était fait dragué par un gars. Elle était rentré dans son jeux et ils avaient bu quelque verres ensemble, mais ce n'était pas aller plus loin. 

A moitié bourré, elle était rentré vers deux heures du matin. Une fois dans sa chambre, elle s'était tout de suite endormie, toute habillé. Le matin suivant, elle s'était levé à huit heure, et était aller voir Cally dans sa cellule. Elle devait aller la voir et s'excuser.

Sur le chemin vers les cellules, elle repensa au rêve qu'elle avait fait la nuit dernière. Elle avait rêvé des premiers mois qu'elle avait passé ici. Elle n'accordait aucune confiance à Salem, et, de nature solitaire, était très réservé. Salem s'occupait toujours d'elle, quoi qu'il arrive, même si Aria ne lui parlait quasiment pas. Dès lors, elle l'avait vu comme un garçon enjoué, loyal et drôle. Puis, elle avait commencé à s'ouvrir aux autres, et elle avait discuté avec Karim, le meilleur ami de Salem. Elle avait compris que Salem avait eu un passé compliqué, et qu'il n'avait retrouvé sa joie de vivre que depuis qu'elle était là. Elle ne faisait toujours confiance à personne, sauf peut-être à Ban, qui l'avait accepté alors qu'elle n'avait rien. Mais après les révélation de Karim, son regard sur Salem avait évolué. Avant, elle le voyait comme un demi frère; attentionné, gentil, mais moins proche que quelqu'un qui partageais son sang, même si Aria ne savait pas vraiment ce que cela faisait. Dès lors, elle l'avait vu sous un nouveau angle, et Salem avait de gagné sa confiance.

Elle ouvrit la porte de la cellule de Cally, mais elle n'entendis rien. Alors qu'elle commençait à s'inquiéter, elle la retrouva assis sur son lit, dos à la porte. L'inquiétude d'Aria revint pourtant à son maximum lorsqu'elle remarqua les larmes sur les joues de son amie.

- Hey. Tout vas bien, d'accord ? Pourquoi est-ce que tu pleure ?

- Je... j'ai juste... juste fait un cauchemar.

Aria la prit dans ses bras.

- Tu veux me raconter ?

Cally fit non de la tête. Elles s'allongèrent sur le lit et Aria caressa les cheveux de la princesse jusqu'à ce que sa respiration se stabilise. A ce moment là, l'espionne s'aperçu que Cally s'était endormi. Elle songea un instant à partir pour la laisser se reposer, mais contre toutes attentes, Aria attrapa un livre qui trainait sur la table de nuit de la princesse, et se mit à lire. Elles restèrent comme ça jusqu'à dix heures où Cally commença à se réveiller tranquillement.

- Salut la marmotte. Bien dormis ?

La princesse marmonna un "oui" à peine audible, se retourna vers le mur, et tira la couette sur son visage pour se cacher des rayons de soleil qui parvenait à percer à travers les volets.

Prise d'envie d'embêter son amie, Aria se leva pour ouvrir les volets, faisant disparaître pour Cally toutes chances de se rendormir.

- Mais ferme ces volet, je t'en prie.

- Non, répondit Aria.

- Tu est peu sympathique aujourd'hui.

- Si tu veux. Mais viens.

- Ça ne risque pas ! Je suis la princesse de ce royaume, tu me dois le respect !

- Mais oui, c'est ça, répondit Aria en la portant jusqu'à la salle de bain comme un sac à patate.

Elle la déposa dans la douche.

- Si tu fais pas preuve de bonne volonté, j'ouvre l'eau, qui sera bien sûr froide.

- C'est d'accord, je ferais ce que tu me dis !! Laisse moi sortir maintenant !

Aria s'exécuta en riant, ce qu'il lui valu un regard noir de la part de Cally.

- Tu le regretteras.

- Tous le monde te croit, ria Aria. 

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