I - Jonathan Smith


Je n'étais pas Jonathan Smith.
Je n'étais pas avec lui non plus.
Mais j'étais là, à observer, admirer et pleurer avec lui.

Une plage de sable fin, difficile à dire si nous étions en été ou en hiver, les couleurs étaient froides, l'air ambiant lourd, j'avais chaud mais je frissonnais, Jonathan tremblait aussi.
Ses traits étaient durs, tirés par les années, il avait une cinquantaine d'années, ses cheveux blonds devenaient grisonnants, ses yeux bruns fatigués par le temps.
On était là et on attendait.
Le vent était fort, je n'étais pas réellement, donc je ne le subissais pas mais Jonathan avait du mal a avancer sur la plage, il faisait sa route le long des vagues, laissant ses pieds nus se faire chatouiller par l'eau froide.
Je ne pouvais pas toucher l'eau, mais elle avait l'air froide.
C'était le matin.
Le soleil allait se lever, il n'était pas encore là lui non plus mais on voyait le ciel se dégrader doucement sur l'horizon.

Et Jonathan attendait.
Au bout d'un moment il s'est arrêté.
C'était comme une alcôve naturelle dans la falaise, une petite grotte pour se protéger du vent. On est resté assis ici quelques heures.
Je pouvais pas communiquer avec Jonathan mais il semblait comprendre qu'il n'était pas seul. Il s'est mis à pleurer et à espérer qu'elle revienne vite.
Ses yeux sondaient la mer, l'espoir d'un bateau, d'un navire, d'un radeau, de quelque chose.
A ce moment là je comprenais pas ce qu'il cherchait, je suis pas sur d'avoir compris encore. Mais même si je n'étais pas lui, je ressentais comme lui et je me suis mis à pleurer.
Il parlait de sa vie avant, de sa joie, son bonheur, il parlait de personne par contre. Il était seul dans ces récits, c'était un marin qui voyageait toujours.

Il disait être coincé sur la terre ferme.
Puis il sécha ses larmes, la peine était encore présente mais la crise était passée. Jonathan soupirait et tremblait toujours et l'ambiance devint légère. J'ai senti une fraicheur nouvelle, Jonathan était décidé.

Et il avançait vers la mer.
Il disait la rejoindre, il parlait seul. Jamais il ne m'a mentionné, regardé, écouté même, son discours était pour lui ou pour les vagues cognant contre la falaise. Il avait besoin de libérer ce poids sur ses épaules et petit à petit je me suis senti plus léger aussi.
Ses pieds nus le guidaient vers les vagues. Le froid ne le gênait pas, des larmes perlaient sur ses joues comme sur les miennes. C'était un soulagement sans que je sache pourquoi.
Et il s'enfonçait dans l'eau entièrement, sans se retourner.

Et Jonathan a enfin rejoint la mer.
Celle qu'il a parcourue pendant des années.
Celle qu'il a aimée.
Celle qu'il avait dû quitter.

Je sais pas si c'est la mer qu'il cherchait, si c'était elle qu'il cherchait et dont il attendait le retour. Je pense pas.
Mais je pense pas que ce soit quelqu'un non plus.
Je pense qu'il cherchait plus une sensation ou émotion.
Ne faisant qu'un avec l'écume, je me suis senti flotter et j'ai disparu dans le vent.


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Merci d'avoir lu jusqu'ici, ce rêve éveillé date du 16 mai alors que je prenais une douche, j'en ai conclu que c'était le bruit de l'eau qui m'avait emmené là.

J'ai essayé de lui donner une forme plus ou moins correcte malgré tout .
En espérant que ça vous a plu !

- Jaja.

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