Oublions ma douleur pendant quelques instants. Le temps de vous expliquer comment je voyais ma vie.

Tout était ensoleillé, la neige luisait sur le sol. Il n'y avait plus aucune trace de pas. Les reflets orange du soleil donnaient un côté romantique en cette saison. Je voulais tellement plonger dans cette neige. Me recouvrir de celle-ci, sourire au monde entier. J'étais heureuse et personne ne m'enlevait ce sourire. Aux personnes qui m'avaient blessé autrefois, je leur renvoyaient simplement mon sourire. Ils se mettaient à rire eux aussi. Tout le monde était heureux.

Je voyais ma vie dans un pur bonheur. Les jours de fête approchaient à grands pas. Je préparais des gâteaux avec ma mère. Le genre de situation que l'on retrouve le plus souvent dans les films américains.

Avec mes amis, on se retrouvait souvent dans une petite ferme vers minuit. C'est le seul endroit et le seul moment où les pestes du lycée nous évitaient moi et mes amis. Il y avait là-bas, une odeur assez désagréable. Mais au fur et à mesure, on s'habitue à celle-ci. On y faisait souvent des piques-nique. On buvait beaucoup d'alcool, on rigolait à en ne plus respirer.

Allongée dans mon lit, regardant le plafond depuis maintenant trente minutes, j'imaginais cette vie si incroyable. "Avoir des amis" était devenu si impossible à mes yeux aujourd'hui. Peut-être qu'il y a quelques années j'aurais pu en avoir des "amis." La solitude venait encore une fois me frapper de plein fouet. Telle une gifle. Les rires des enfants jouant souvent le soir me parvenait malgré les fenêtres fermées et rideau tiré. Peut-être qu'un jour tout ça arrivera. Écouteurs aux oreilles, musique à fond et les yeux fermés, quelques larmes roulaient le long de mes joues.

J'essayai tant bien que mal de me détendre pour ne pas avoir les yeux boursouflés par les larmes de la veille. Puis une vague de chaleur venait me réchauffer. Je me sentais si légère. J'ouvris mes yeux, et vu que je flottais au-dessus de mon lit. Je n'ai pas pris peur j'étais tout simplement détendu et légère. Je vis mon corps dormir en dessous moi. Je pouvais traverser les murs, voir d'autres facettes du monde et de la vie. Tout était si beau, le coucher du soleil était exceptionnel. Les couleurs orange et rouge se reflétaient sur les toits des maisons.  Un ciel sans nuage, une température agréable. Je ne voulais pas me réveiller. Encore faut-il savoir si je rêvais. Était-ce le fruit de mon imagination ? La réalité ?

Mon corps fut d'un coup projeté en arrière et atterrit à nouveau dans mon corps. Mon corps était lourd. J'étais mal à l'aise. Comme si je n'étais pas faites pour ce monde, j'ai voulu en finir le temps d'un instant. Mais ma mère est la seule personne qui me retiennent ici. Une lueur d'espoir m'envahit le corps entier.

Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai eu envie de me battre.

De me battre pour vivre..