Chapitre 12: Grâce à ta présence

11h34.

Les sonneries répétées de nos portables nous sortirent du sommeil. Nous avions décidé de profiter pleinement de nos vacances, restant éveillés jusqu'aux alentours de deux ou trois heures du matin, occupés à discuter, regarder des séries et faire l'amour. Nous réussissions d'ailleurs étonnamment bien à compiler ces trois activités, nous imposant ainsi en dignes représentants du « Netflix and Chill ».

Ezéquiel remua en grognant, fâché d'être réveillé et chercha à tâtons son smartphone qui trainait dans le lit. Ses mains finirent par se poser sans douceur sur mes flancs à plusieurs reprises, me laissant soupçonner qu'il en profitait pour me tripoter, étant donné le petit sourire sournois qui se dessinait sur son visage émergeant du sommeil. Il gardait ses yeux clos pour ne pas voir le soleil dont les rayons traversaient les rideaux et j'en profitais pour me rapprocher et lui voler un baiser. Il ouvrit les yeux d'un seul coup, et se jeta sur moi pour m'embrasser encore, avant que les vibrations des téléphones ne reprennent.

Il s'écarta de moi, secoua la couverture comme un beau diable, manifestement exaspéré, en sortit son téléphone en soufflant, avant de froncer les sourcils en voyant les notifications. Je m'avançai pour regarder par-dessus son épaule.

Valentin Martinez a créé un groupe.

Valentin a ajouté Ethan Collet.

Valentin a ajouté Ezéquiel Pereira.

Valentin a renommé le groupe en « L'anéantissement des puceaux »

Valentin vous a fait coucou.

Valentin :
Coucou les enfants ! Coucou Gon ! 😏

Valentin a renommé Ethan Collet en « Gon 😍 👅 💦»

Valentin a renommé Ezéquiel Pereira en « Le petit cul de l'albinos »

Le petit cul de l'albinos :
Putain tu veux quoi ?
C'est quoi ce surnom de merde encore, t'as quel âge ?

Le petit cul de l'albinos s'est renommé en « Ezéquiel »

Ezéquiel a renommé Valentin en « Sociopathe casse-couilles »

Sociopathe casse-couilles :
Oh... 😥
T'aimes pas ton petit surnom ? ☹

Ezéquiel :
Tu veux quoi ?

Sociopathe casse-couilles :
Moi j'aime bien mon surnom, je le trouve assez gentil, surtout si c'est toi qui me le donne bébé 👅

Ezéquiel :
Dépêche-toi de dire ce qui t'amène avant que je te bloque.

Sociopathe casse-couilles :
« J'ai senti un grand bouleversement dans la force.»

Gon 😍 👅 💦 :
Coucou ?
Moi c'est Ethan par contre 😊
Mais bon ça me gêne pas hein !

Sociopathe casse-couilles :
Oh mon dieu Gon, tu es arrivé 😱

Gon 😍 👅 💦 :
...oui...

Sociopathe casse-couilles :
Oui, bon bref. Je passais devant chez vous totalement par hasard.

Ezéquiel :
Evite de nous stalker si tu veux pas m'énerver sale taré.

Sociopathe casse-couilles :
Grrr... Le tigre blanc sort les dents...

Gon 😍 👅 💦 :
😂 😂 😂

Gon 😍 👅 💦 a renommé Ezéquiel en « Tigre blanc grrr 🐯»

Tigre blanc grrr 🐯 :
Mais l'encourage pas, imbécile !

Sociopathe casse-couilles :
Anyway, je suis passé devant chez vous et j'ai pas pu m'empêcher de sentir ce NEN omg. Il est presque aussi puissant que le mien... JE BANDE TELLEMENT JE SUIS EXCITE !

Tigre blanc grrr 🐯 :
🤮

Gon 😍 👅 💦 :
🙈

Sociopathe casse-couilles :
Mais d'où vous sortez ça les enfants ? C'est magnifique, cette petite chose, là !
Vous savez à quoi ça me fait penser ? A un retour aux sources 😏

Tigre blanc grrr 🐯 :
Bingo.

Sociopathe casse-couilles :
Vous y êtes retourné alors, je me trompe pas

Gon 😍 👅 💦 :
Oui, on est rentré pour voir tout le monde

Sociopathe casse-couilles :
Mais comment vous avez fait ?

Tigre blanc grrr 🐯 :
T'occupes, on se débrouille. Ça fait combien de temps que tu nous stalkes ?

Sociopathe casse-couilles :
Oh si tu savais...

Tigre blanc grrr 🐯 :
Et d'ailleurs, comment tu nous as suivi jusqu'ici, dans cette vie-là, je veux dire ?

Sociopathe casse-couilles :
Les mystères sont de miiiiiise 😏

Tigre blanc grrr 🐯 :
J'ai jamais rencontré un gars aussi chiant, bordel.

Gon 😍 👅 💦 :
Bon, tu peux nous dire ce qu'on peut faire pour toi ?

Sociopathe casse-couilles :
Ah oui ! Je vais vous tuer 😊

Gon 😍 👅 💦 :
...
C'est... courtois de nous prévenir ?

Tigre blanc grrr 🐯 :
MDR ! On avait fini le combat à égalité la dernière fois je te rappelle

Sociopathe casse-couilles :
Oui, qu'est-ce que c'était bon... Ta rage, c'était... Tu étais magnifique...

Tigre blanc grrr 🐯 :
🤮
Bref, ce que je veux dire c'est que si je t'ai ratatiné tout seul, tu vas pas faire long feu contre nous deux

Sociopathe casse-couilles :
J'aimerais tellement que vous puissiez me tuer... Mais c'est impossible...
Est-ce qu'une fois morts, vous me laisserez faire des choses à vos cadavres ?

Gon 😍 👅 💦 :
Heu... Non ?

Tigre blanc grrr 🐯 :
Mais de base on va pas mourir en fait

Sociopathe casse-couilles :
Bref, on va se battre et je vais vous tuer. Mais comme je suis d'humeur clémente, je vous laisse choisir le lieu du combat

Gon 😍 👅 💦 :
Attends, tu veux pas aller boire un verre d'abord ?

Tigre blanc grrr 🐯 :
Pardon ?
J'ai bien lu, là ?

Sociopathe casse-couilles :
Oh Gon... Tu sais pas à quel point ce que tu me proposes est alléchant.
J'ai envie de te...
Bref, c'est trop violent pour vos petites oreilles. 
...
Vous voulez voir mon érection ?
Eh... Je suis là hein !

Tigre blanc grrr 🐯 :
WTF...

Gon 😍 👅 💦 :
Désolé, Hisoka, Ezéquiel était en train de me frapper, je pouvais plus répondre.
Bref, je voulais dire : aller boire un verre tous les trois.
Et c'est gentil mais j'ai jamais été très dick pic.

Tigre blanc grrr 🐯 :
Je croyais que tu voulais plus faire d'orgie
Et franchement avec ce type je suis pas chaud.
Il doit traîner de ces IST en plus :o
Sans déconner, je suis sûr que ses virus sont méga agressifs...

Sociopathe casse-couilles :
Plus ?
Vous avez fait une orgie ???!
Et j'étais pas invité 😭

Tigre blanc grrr 🐯 :
On a dit une orgie, pas un génocide.

Gon 😍 👅 💦 :
Mais je veux pas faire d'orgie ! C'est juste pour qu'on discute ! T'as l'air d'en connaître un rayon sur les vies antérieures

Sociopathe casse-couilles :
Ah ! ça ! Oui oui, on peut en parler avant votre décès ouais

Gon 😍 👅 💦 :
Cool !

Tigre blanc grrr 🐯 :
Pfff...

Sociopathe casse-couilles :
Après-demain ça vous va ?

Tigre blanc grrr 🐯 :
On peut pas faire ça plus tard encore ?

Gon 😍 👅 💦 :
Après-demain, c'est parfait ! On verra où on se retrouve ok ?

Sociopathe casse-couilles :
J'ai hâte de revoir vos petits culs !

Tigre blanc grrr 🐯 :
... Je vais te niquer...

Sociopathe casse-couilles :
Mmmh...

Gon 😍 👅 💦 :
Ouais, bon, bisous !

Sociopathe casse-couilles :
Salut bébé 😉

Ezéquiel me lança un regard noir en reposant son téléphone sur la couverture. J'allais me prendre un savon pour avoir invité Hisoka sans le concerter. Je le sentais venir de très loin. Je me taisais en me pinçant les lèvres, attendant que le couperet ne tombe. Le silence lourd et particulièrement glaçant qui régnait dans la pièce me faisait jouer avec mes lèvres avec angoisse. Ezéquiel avait un don pour créer ce genre d'ambiances.

-Pourquoi tu fais ça ?!

-Mais on a besoin d'aide ! Il a réussi à choisir sa vie pour nous suivre ! Si on a besoin de quelqu'un, c'est bien lui !

-Mais il a l'intention de nous assassiner Ethan ! Et toi tu l'invites à boire un coup !

-Non, il veut se battre à mort. Il ne fera rien dans ce contexte, c'est évident.

-Tu aimes vraiment le danger, toi, hein. Tu sais qu'on sera obligé d'utiliser le Nen, n'est-ce pas ?

-Oui...

-En ne sachant pas l'incidence que ça a sur notre corps ni sur notre réalité ?

-Mais on a pas tellement le choix, il voudra se battre avec nous, de toute manière. Et puis, on a les armes, on est plus seuls, maintenant.

-Même, je cautionne pas. En plus, je sens que ça te plait et ça m'énerve.

Je baissai honteusement la tête. Je ne pouvais pas cacher l'excitation que je ressentais à l'idée de me mettre en danger. J'avais envie de me battre avec Hisoka, de me mesurer à lui. Et je sentais, comme lui, que c'était le bon moment.

Ezéquiel avait détourné le regard pour observer la couverture avec des yeux vides. Il avait l'air assez triste de ma réaction, comme si ça remuait de vieux démons en lui. Je culpabilisais immédiatement et entreprenais de caresser son visage et ses cheveux. Il sembla apprécier et se laissa tomber dans mes bras.

Nous restions ainsi un long moment, tandis que je m'enivrais de son odeur contre ma peau, de ses cheveux chatouillant mon nez. Il était d'une douceur sans pareille. Sa peau, ses cheveux, j'avais besoin de les toucher en permanence tant la sensation qu'ils me procuraient était agréable.

Il finit par se redresser pour planter ses yeux dans les miens, caressant mon visage du bout des doigts. Il était tout proche de moi, à me regardait comme s'il voyait mon âme, me fixant intensément de ses grandes prunelles bleutées. Et en réponse à son regard, mon corps entier frémissait.

-Te mets pas en danger inutilement. Je t'aime et je veux te protéger... J'ai besoin de toi.

Je manquai de défaillir. Heureusement que j'étais déjà allongé, sinon, je serais probablement tombé. Il tenait mes mains, les embrassant tendrement en les caressant du bout des doigts, alors que je commençais à brûler de désir, le regardant faire, la bouche entrouverte. Le chemin de ses baisers continua jusqu'à mes poignets. Ses lèvres délicates me provoquaient d'intenses frissons, alors qu'il continuait de me fixer de son regard foudroyant. C'était simple, je n'avais jamais rien vu d'aussi sexy.

Il finit par remarquer l'effet qu'il me procurait et s'arrêta tout net, sa bouche fendue dans un irrésistible sourire. Je me mordais les lèvres en le regardant, bouillonnant d'envie.

-J'ai même plus d'effort à faire pour te donner envie d...mmh...

Je l'avais embrassé avant qu'il puisse terminer sa phrase, tenant son visage dans mes mains alors que je lui grimpais dessus à califourchon, scellant ainsi la promesse d'une matinée d'amour.

La journée se passait agréablement. Après une balade sur les quais de Seine, nous étions rentrés pour jouer à un jeu vidéo. Nous discutions de tout et de rien, n'abordant plus le sujet du rendez-vous avec Hisoka, à cause de notre désaccord sur la question.

-Au fait, tu me parles jamais de ta famille, lançai-je sans vraiment réfléchir.

-Ça t'intéresse ?

-Bah oui !

-Ah bon... J'ai pas grand-chose à dire dessus. Je suis fils unique, mes parents se sont séparés quand j'étais enfant et j'ai toujours vécu avec ma mère. Je vois mon père de temps en temps.

-Elle est comment ta mère ?

-Folle. On s'entend bien, du coup.

-Je pourrais la rencontrer ?

Ezéquiel mit le jeu en pause pour me regarder droit dans les yeux. Il avait un air impénétrable qui m'empêchait de savoir ce qu'il pensait. J'aurais été incapable de dire s'il était heureux, en colère, triste, surpris. Son expression était impassible, mais je le connaissais assez bien pour savoir que ça devait fourmiller dans son crâne. Le silence devenait pesant, tandis qu'il me regardait toujours aussi fixement. Il commençait presque à me faire peur et je m'apprêtais à m'excuser quand il prit enfin la parole.

-Pourquoi tu veux la voir ?

-Je sais pas... C'est le genre de trucs qu'on fait quand on sort ensemble.

-Les gens font vraiment ça ? J'ai jamais présenté personne à ma mère.

-Même pas des amis ?

Il me regardait avec des yeux ronds, comme si je lui apprenais quelque chose d'incroyable. Il hocha négativement la tête, en proie à la réflexion et à la fouille de ses souvenirs.

-J'avais pas beaucoup d'amis à l'époque. Je suis plutôt solitaire à la base... C'est en montant sur Paris que je suis devenu l'apollon que tu as sous les yeux.

Il me fit un petit clin d'œil tout en s'étirant, un sourire en coin déformant son visage. Je le trouvais extrêmement prétentieux, mais je ne pouvais pas nier sa beauté unique et son charme surnaturel. Sa voix douce et ses airs faussement timides, son regard intense et calme, le petit rictus toujours niché au coin de ses lèvres lui donnant un air espiègle, et son expression générale d'indifférence totale face au monde, comme si rien ne pouvait l'impressionner, le rendait affreusement attirant. Je le regardais en m'empourprant légèrement, et, constatant que son petit manège avait eu l'effet escompté, il se détourna de moi d'un air satisfait avant de reprendre le jeu, plus concentré que jamais.

Je bavais presque devant lui, désormais incapable de le lâcher des yeux, lorsqu'il murmura solennellement, comme s'il pesait le poids de chaque mot :

-On ira voir ma mère demain, si tu veux.

-Sérieux ?

-Ouais, mais elle est tarée, je te préviens. Je sais vraiment pas comment elle va réagir en voyant que je sors avec quelqu'un, et qu'en plus, c'est un mâle.

Il avait accentué le mot mâle de manière à ce qu'il paraisse précieux. Ce ton noble en inadéquation totale avec son style m'amusa beaucoup. Je regrettais soudain de n'avoir jamais vu Guillaume de mes propres yeux. Je ne l'avais rencontré qu'à travers la vision d'Etienne, qui jugeait son attitude comme parfaitement normale.

-Un mâle ? Carrément ? dis-je en pouffant de rire.

-Un mâle alpha, même. Je t'introduirai comme ça : « Coucou maman, je te présente mon mâle alpha ». Je pense que ça va lui plaire.

Le reste de l'après-midi se déroula dans la bonne humeur. Nous venions d'éteindre le jeu, heureux d'avoir passé une journée simple et tranquille, sans vie antérieure, sans rêve, sans événements bizarres. Ce fut à cet instant que le premier fait paranormal de la journée se produisit.

J'avais parlé trop vite.

Je m'apprêtais à me lever quand mes jambes disparurent. Elles se volatilisaient sous mes yeux, sans que je comprenne immédiatement ce qu'il m'arrivait, se dispersant autour de moi dans une fumée rougeoyante. C'était le spectacle à la fois le plus beau et le plus terrifiant qu'il m'avait été donné de voir. Des petites paillettes orangées voltigeaient autour de moi, ressemblant aux braises s'échappant d'un feu dans la nuit. Puis mes jambes clignotèrent rapidement, apparaissant et disparaissant de façon irrégulière sous mon regard perdu et paniqué.

Ezéquiel remarqua aussi ce qu'il se passait, notamment à cause des braises qui se répandaient dans la pièce et observa la scène les yeux écarquillés, totalement impuissant, ouvrant et refermant la bouche plusieurs fois, autant perturbé que moi par le spectacle.

-C'était ça que faisait ma main la dernière fois ! C'est le pouvoir de Daniel, non ?

-Ça y ressemble mais... Je ne crois pas que ce soit ça.

-Ah bon ? Qu'est-ce qu'il y a de différent ?

-That thing... It's not going anywhere. 

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