○▪︎ 4 ▪︎○ Ce qui reste bloqué au fond de mon coeur


○▪︎ Les rues défilent, fades et monochromes. Les passants pressés s'agglutinent devant le passage piéton noir et blanc. Le ciel est camouflé derrière un amas de nuages grisâtres. Seul le son strident des klaxons et l'odeur des pots d'échappements envahissent l'espace.

La montée interminable pour atteindre l'entrée du lycée apparait devant moi. Et malgré les minutes qui s'enchainent sur mon portable et la réponse pressante de Shoto, mon corps ne se sent pas la force de courir jusqu'à ma salle de classe.

Mon sommeil de plus en plus court et perturbé commence à peser sur mon état physique et mes yeux gonflés par les pleures nocturnes se font de plus en plus voyant. Sans parler de mon esprit tournant sans cesse en boucle qui finit de me vider de mon énergie.

Le regret m'assaille à longueur de journée et la vie ne cesse de me rappeler que j'ai fait la plus grosse connerie du siècle en me mettant sous le nez ce que je n'ai pas su saisir.

Pourquoi ai-je dis non ?

A cette question, je ne trouves pas de réponse. Seul des excuses plus absurdes les unes que les autres essayent tant bien que mal de ne pas me faire culpabiliser. Mais ce jour où j'ai tout foiré reste gravé dans mon esprit et rien ne peux changer cela.

Parce que j'ai tout simplement rejeté l'homme de ma vie.

Et pourtant, tous les efforts incommensurables que je lui avais égoïstement exigé de faire, il les a réalisé. Tout son être brulait d'amour pour moi, un simple coup d'œil était suffisant pour le voir. J'avais enfin à porté de main ce que j'ai toujours espéré en silence depuis tant d'années.

Et moi, j'ai dit non.

Je n'arrive pas à déterminer quelle folie a saturé mon cerveau à ce moment là pour que je brise nos cœurs ainsi. Parce que, il ne faut pas se mentir, son état était tout aussi déplorable que le mien. Et c'est un nombre incalculable de fois que j'ai voulu aller me blottir dans ses bras pour me confondre en excuses mais mon corps a toujours refusé de s'exécuter.

N'ayant pas été assez réactif, quelqu'un d'autre a recollé les petits morceaux de son cœur à ma place. Et malgré toute l'affection que je peux avoir pour cette personne, mon cœur toujours en miettes ne peut s'empêcher de me faire ressentir de la haine envers celui qui a réussit à avoir ce que je n'aurais jamais.

Et je me trouve horrible de penser tout cela alors que c'est par ma faute que mon Katchan s'est éteint. Je devrais plutôt me réjouir de le voir s'illuminer à nouveau mais la jalousie est plus forte que ma gentillesse. Car c'est à mes cotés que je veux le voir sourir ainsi et surtout pas les lèvres d'un autre que je veux le voir goûter.

Alors pourquoi ? Pourquoi ai-je dit non ?

- Zuku... Izuku !

La voix de Tenya parvient enfin à traverser le brouillard de mes pensées et c'est les yeux inquiets de mes camarades qui m'accueillent dans ce retour à la réalité.

- Pardon, j'étais perdu dans mes pensées

- Oui, on a vu cela, intervient Ochako. Cela fait bien 5 min qu'on t'appelle pour aller manger

- Ha, c'est déjà l'heure ? J'ai pas vu le temps passer. Allez-y sans moi, j'ai pas très faim. Je vais aller me prendre un truc au distributeur

- Tu ne manges pas beaucoup en ce moment. Tu nous inquiètes un peu tu sais

- Ça va aller ne vous en faite pas

Je tente un sourire pour appuyer mes dires et paraître plus réconfortant. Mais au vu de leurs regards, cela n'a pas l'air d'être très efficace. Il me laisse malgré tout ne pas les suivre au self. A la place, je vais me réfugier sur le toit. Mon lieu favori depuis le début des évènements. Plein de nostalgie et de solitude.

Et de là haut, je peux ainsi le voir en contre bas, même si c'est dans les bras d'un autre.

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La chaleur accablante me rend aussi mou qu'une limace. Déjà les vacances d'été, le temps file et pourtant j'ai l'impression de vivre des journées interminables. 

Le fait de ne pas le voir, les voir, me fait autant de bien que de mal. Je peux respirer un peu sans avoir la vision de leur amour grandissant mais en contrepartie, je ne peux m'empêcher de l'imaginer, cette vision et forcément, elle est bien extrapolée.

Pendant que je suis toujours là à me morfondre sur mes erreurs malgré les 3 mois qui se sont écoulés, eux doivent profiter de journées en amoureux sous le soleil chaleureux. 

Heureusement que j'ai une classe très soudée qui ne peut passer quelques semaines sans se voir et qui organise donc des après-midi entre copains. Je frétille d'impatience tout autant que d'appréhension de le revoir aujourd'hui alors que cela ne fait qu'une semaine que les vacances ont commencé.

Le corps déjà tout moite de transpiration, c'est fébrile que je retrouve les autres à l'entrée du parc. Il n'est pas encore arrivé. J'espère juste que c'est un retard et non une absence, je ne le vivrai pas très bien. Ochako vient murmurer à mon oreille.

- Hitoshi ne vient pas, il est en vacance en famille. Tu n'auras pas à supporter tout... ça

- Mais Katchan, il vient lui ?

- Oui, il vient. Mais tu es sur que c'est une bonne idée pour toi ? Ne pas le voir a du te faire du bien non ?

- Pas vraiment

- Tu sais, il va falloir que tu tournes la page à un moment, pour ton bien

- Je sais. Mais je ne suis pas encore prêt

Son petit sourire contrit fait résonner en moi une vague de culpabilité mais je ne peux pas me résigner à l'oublier, pas maintenant, pas tout de suite. J'aimerai au moins pouvoir me tenir près de lui même si c'est juste pour renouer une relation amicale. Peut être ainsi, je pourrai passer à autre chose plus facilement que de le voir au loin, intouchable.

Mais ce petit bout de certitude qui essayait de naître se fait balayer sans ménagement par sa silhouette se dessinant sur le chemin.

Sa chevelure cendrée étincelle sous les reflets du soleil. Sa peau basanée de bronzage paraît si douce et lisse sous la lumière chaude. Son corps tout en muscle est parfaitement souligné par ce débardeur beaucoup trop grand. Et à son petit nez recourbé, un anneau tout neuf scintille, venant donner à cette vision un aspect irréel. Puis, ses yeux. Brûlant toujours aussi ardemment d'un feu intense et ravageur. 

Quelques secondes, c'est le temps infime qu'il a suffit pour que je m'enflamme et que mon corps se mette à bouillonner face à cette vision et à l'effleurement de ses orbes contre mes iris en perditions.

Je me sens tout à coup idiot de sentir une pointe d'espoir percer mon cœur à cause d'un simple regard dans ma direction. Mais c'est plus fort que moi. Cela fait si longtemps qu'il ne m'avait pas regardé. Et sans aucune once de haine ni de colère. Juste comme ça, ses yeux dans les miens une fraction de seconde.

Ochako avait raison, c'était bien trop dangereux. Et je viens de succomber, une fois de plus. Mon esprit réenfourchant sans peine ce serpent qui se mort la queue indéfiniment. Me revoilà bercé de ces illusions qui avaient petit à petit disparu.

Je ne peux définitivement pas laisser tomber maintenant. Peut être que là, tout au fond, un petit quelque chose est encore dédié à moi. Peut être pourrais-je juste essayer de faire enfler de nouveau ce petit quelque chose pour que, comme avant, ce soit pour ma personne qu'il déborde d'amour.

Mais serai-je vraiment capable de briser le cœur d'une autre personne pour arriver à mes fins ? N'ai-je pas fait assez de mal comme ça ?

Et pourtant, si quelques battements de son cœur me sont encore destiné, je suis bien incapable de passer à coté. Je ne peux abandonner deux fois de suite.

De toute façon, il n'y a peut être juste plus rien du tout et son regard a croisé le mien par inadvertance. Mais comment en être sur ? Comment être certain que sa flamme soit éteinte pour de bon ? Vu que c'est de moi que vient le refus.

Je peux toujours essayer non ? Je n'ai rien à perdre, juste un peu plus de fierté peut être. Mais tant pis, cela en vaut le coup et puis .. La voix d'Ochako intervient dans le brouhaha de mon esprit.

- Izuku, tu marmonnes depuis 10 minutes

- Pardon, j'étais perdu dans mes pensées

- Oui, encore, comme d'habitude

Me sentant un peu coupable de ne pas vraiment être présent, j'essaye tant bien que mal de profiter de cette après midi avec mes amis. Mais rien n'y fait, mes yeux sont toujours attirés comme un aimant vers lui. Et quelques fois, c'est dans ses prunelles que je tombe comme si elles étaient déjà entrain de me fixer.

C'est ainsi que l'illusion grandit, encore et encore, jusqu'à faire exploser une nuée de papillons lorsque son sourire ne se fane pas alors que son regard se tourne vers moi.

Puis-je y croire ? ▪︎○

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