Entrelacés comme deux rosiers.

Chuuya était un homme agacé, ou plutôt très embêté par une chose. Une chose qui se reliait à une personne. Et cette personne n'était autre que Dazai Osamu, alias son ancien partenaire. Ils avaient travaillé ensemble durant quelques années mais suite à un triste incident le brun avait quitté la mafia portuaire. Chuuya ne voulait pas ça. Il refusait qu'il s'en aille comme ça, sans rien lui dire de plus. Il le détestait depuis ça. Enfin, il se détestait de le désirer encore autant qu'avant en réalité. Il se sentait tellement impuissant devant lui, toujours à essayer de cacher ce qu'il ressentait au fond. Il était vraiment très ennuyé par son propre comportement avant celui de Dazai. Du coup, il participait toujours aux assauts dirigés envers l'agence des détectives armés. Ils lui avaient volé son partenaire après tout, il était normal pour lui de vouloir se venger.

Puis, vint ce jour. Il faisait beau, les oiseaux chantaient gaiement, le ciel était dégagé et une légère brise soufflait. Le brouhaha de Yokohama ne lui montait plus à la tête, il s'était habitué aux cris des habitants à présent. Lui, Akutagawa et d'autres se préparaient pour attaquer l'agence depuis quelques jours et aujourd'hui était le bon. Le plan était simple : Chuuya devait distraire les menaces les plus grandes pour qu'Akutagawa et les autres s'occupent des plus faibles. L'envie de tout foutre en l'air devenait de plus en plus insupportable pour le rouquin, voir le brun dans tout ses états aussi. Il aimait par-dessus tout le regarder quand il était pris au dépourvu, vulnérable ou encore attristé. C'était pour lui un moyen d'extérioriser sa haine profonde envers cet homme.

Mais malgré tout, Chuuya ne pouvait le nier : il aimait profondément Dazai.

Pas comme un ami, ni même un partenaire de travail et encore moins en tant que "frère"; il l'aimait comme un amant. Ils se disputaient souvent à l'époque, on aurait donc pu penser qu'ils étaient un peu comme un grand et un petit frère. Mais non. En vérité l'orange mourrait d'envie d'embrasser ses lèvres, de toucher son bassin et ses hanches, de danser avec lui une valse, de dormir à ses côtés ou de manger à un restaurant à ses côtés. Il désirait faire toutes ces choses simplistes de la vie de couple avec Dazai, mais il ne pouvait pas. Il y avait tellement penser qu'il avait même fait une liste des raisons pour lesquelles il ne pourrait jamais sortir avec le brun.

Raison numéro une : Ils étaient deux hommes. Et il était bien connu que deux hommes ne pouvaient pas développer ce genre de relations (en tout cas pour Chuuya).

Raison numéro deux : Ses sentiments n'étaient sûrement pas réciproques.

Raison numéro trois : Il ne savait pas ce qu'il voulait et était indécis à un point de non retour.

Et enfin raison numéro quatre : Ce fameux "Atsushi"... (avait-il vraiment besoin de s'expliquer ?)

Il soupira longuement sous le regard interrogatif d'Akutagawa et Gin, cette journée allait définitivement le tuer. Ce que la vie pouvait être cruelle parfois... Il se dépêcha donc de retourner à la tête de la troupe, s'assurant bien que tout le monde le suivait. L'assaut était prévu pour 15 heures et il était 14 heures 30, donc, Chuuya avait prévu ces 30 dernières minutes à fumer sous le vent frais. Seulement, le ciel s'était un peu chargé et il n'avait pas réussi à allumer sa cigarette. Alors le voilà maintenant à diriger son équipe vers le centre de la ville afin de réussir dans la perfection leur attaque. Il se chargerait donc seul de Dazai, à son plus grand bonheur, et les autres suivraient les ordres du brun aux mèches blanches pour le reste de l'agence.

Il avait hâte, vraiment hâte. Hâte de chercher des noises à l'homme, hâte de revoir son visage et hâte de réécouter sa voix. Sa figure s'adoucit à force d'y penser et cela lui donnait un air terriblement stupide. Mais avant même qu'on lui demande pourquoi il avait cette drôle d'attitude aujourd'hui, ils furent arrivés devant le grand bâtiment. Alors, aussi vite que possible, ils se séparèrent. Akutagawa rentra dans le bâtiment aux côtés de sa sœur et du reste de l'escouade tandis que le rouquin, lui, partait à la recherche du suicidaire.

Il survola tous les toits possibles, s'apprêtant à s'arrêter au moindre homme étrange se trouvant sur le bord d'un immeuble qu'il verrait. Mais finalement il ne trouva rien. Donc, il se mit à chercher dans n'importe quels autres endroits possibles et imaginables qu'un homme comme Dazai pourrait visiter. Au bout de plusieurs minutes, il ne trouvait toujours pas sa trace, alors, il se gratta la tête en signe d'agacement. Ses cheveux roux s'emmêlaient entre eux pendant que la fumée grisâtre s'échappait d'entre ses lèvres. Il en avait plus que marre de jouer à cache cache avec cet idiot, il fallait l'avouer. Mais alors qu'il pensait ça, il entendit la voix singulière de Dazai. Elle ne venait pas de très loin, peut-être à l'autre bout du parc ? A peine avait-il eu le temps d'y penser que Chuuya s'était déjà lancé à sa poursuite. Il courait à grande enjambées et lorsqu'il aperçut au loin la tête du brun il accéléra la cadence.

Dazai était en train de jouer avec un chaton roux quand il entendit le cris si spécial de Chuuya. Il s'attendait à ce qu'il vienne en courant vers lui pour essayer de le frapper mais il n'en fut rien. L'orangé était déjà dans les airs, prêt à donner un coup de pied dans le dos de son ex partenaire. Mais bien évidemment, le brun ne se laissait pas faire aussi facilement. Il rattrapa sa cheville et le posa doucement au sol alors que Chuuya le dévisageait.

__ Quel hasard ! J'étais justement en train de m'amuser avec ton sosie ! S'écria alors le détective en pointant le chaton du doigt.

__ Tu veux vraiment que je te frappe bâtard... Souffla le "sosie" énervé.

Ils avaient toujours été comme ça, à se chercher avant même d'engager une conversation. Et même si Chuuya et Dazai n'arrivaient pas à se parler gentiment ou sans se disputer, ils aimaient être en compagnie de l'autre. C'était fou : normalement les couples avaient besoin de communication, de signes linguistiques, mais eux, non. Ça empirait même les choses en réalité. Et le roux en avait peur, il avait peur de ne pas être normal, que ce qu'il ressente ne soit pas un amour comme les autres, qu'il soit juste différent. Même s'il savait qu'il l'était, car tous les humains le sont, il en avait terriblement peur lorsqu'il s'agissait d'amour.

D'un coup, le regard du mafieux s'assombrit, ce qui inquiéta malgré lui le détective. Chuuya était sur le point de pleurer, il retenait ses larmes du mieux qu'il pouvait mais le sentiment d'inconfort soudain le submergeait bien trop. Ses tristes pensées l'avaient refroidit et il se sentait impuissant au possible. Impuissant devant lui, devant son cœur qui battait fort et qui risquerait de casser sa cage thoracique s'il continuait. C'était violent. Très violent, même trop à son goût. De légères perles salées dégoulinaient discrètement sur ses joues et même si c'était très peu visible, le brun le remarqua.

__ Hey ! Chuuya qu'est-ce-qui t'arrives ? Se précipita de dire Dazai alors que le rouquin essayait de sécher ses larmes en vain.

Il ne répondit rien au brun affolé, par peur de mal faire ou que quelque chose d'important lui échappe. Mais même s'il désirait de tout son cœur s'arrêter de pleurnicher comme un enfant, il n'y parvenait pas. C'était horrible. Finalement, il s'écroula sous le poids de sa peine et de ses émotions qui étaient à leur comble. Le détective s'agenouilla en face de lui, comme pour continuer de regarder son visage larmoyant.

__ Dis-moi ce qui ne va pas... tu m'inquiète là. Lui murmura-t'il doucement, pour ne pas le brusquer ou l'offenser.

Le rouquin essaya de formuler une phrase explicative mais en vain, il n'y arrivait pas. Il bafouillait et bégayait des mots sans rapports et regardait Dazai avec des yeux suppliants.

__ Je ne peux pas t'aider si je ne comprends pas ce qui t'arrives...

Depuis quand Dazai se préoccupait de Chuuya de la sorte ? Il ne le savait pas. Peut-être que le voir comme ça le déstabilisait tellement qu'il en perdait la raison. Chuuya se calma un peu, puis, dans un élan de courage il chuchota cette phrase :

__ C'est parce que je suis amoureux...

Il ne voulait pas lui dire, mais ses sentiments l'emportaient dans cette vague d'amour sans lui demander son avis. Maintenant Chuuya était désamorcé du manège et désarmé de son sens de la logique. Il s'en fichait du futur, il voulait voir dans le présent. Il voulait voir dans ses yeux bruns des roses fleurir.

__ De qui ? Demanda Dazai.

__ De toi.

Il y eut un long silence lourd. Pesant même. Cette déclaration était une expérience totalement nouvelle pour le rouquin. Il n'avait jamais pu voir le visage du détective aussi rouge qu'à présent et bizarrement ça le réconfortait. Les joues du brun étaient cramoisies, ses yeux grands ouverts et sa bouche complètement fermée vers le bas. Il avala sa salive difficilement et osa au bout de deux minutes demander :

__ Tu es sûr ? Il y eut un autre silence entre les deux hommes, mais cette fois-ci il n'était pas aussi gênant.

__ Sûr et certain.

Dazai ne répondit pas, encore un peu déboussolé par la déclaration soudaine de son ex partenaire. Il n'y avait pas vraiment de raisons à ce que le roux le désire, vraiment aucune. Le détective avait beau essayer de chercher à comprendre, il n'y arrivait pas.

__ Pourquoi tu m'aimes ? Chuuya ne réagis pas de suite à la question du brun mais au bout de quelques instants il sursauta.

__ Parce que c'est comme ça je suppose... Souffla-t-il alors en guise de réponse au plus grand.

Les lèvres de Dazai se posèrent sur celles du mafieux, à la plus grande surprise de ce dernier. Les mains du brun attrapèrent les bras de l'autre garçon, l'empêchant de bouger. Leurs croissants de chair se rencontraient rapidement puis partaient à maintes reprises. Mais ils ne savaient pas s'arrêter. La sensation était addictive et ils finirent par s'enlacer sous les arbres d'automne. Les feuilles rouges tombaient à côté d'eux et sur leurs cheveux, qui se balançaient doucement au gré du vent.

Au final, Chuuya et Dazai étaient un peu comme deux rosiers. L'un était épineux et impénétrable, ne se comprenant pas lui-même tandis que l'autre était doux et accessible, donnant envie aux autres de venir cueillir ses roses. Ces deux arbustes étaient magnifiques pourtant, autant l'un que l'autre. Ils se désiraient plus que tout; à un tel point qu'ils ne pourraient pas se lâcher, même si un ouragan venait à souffler. Lorsqu'un des deux allait bien, l'autre allait mal. Alors ils se réconfortaient à tour de rôle. Leur relation avait beau être étrange, ils s'aimaient au final.

Chuuya et Dazai étaient comme deux rosiers entrelacés.


Entrelacés comme deux rosiers - FIN

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