• chapitre 25
Encore une fois, Jisung avait passé une nuit chaotique. Son esprit ne lui avait laissé aucun répit et son corps tout entier était encore bouillant des échanges de la veille qu'il avait eus avec Minho. Ce qui s'était passé ressemblait à un rêve, comme s'il s'était inventé leurs baisers et leurs caresses de toutes pièces. Pourtant, quand il touchait ses lèvres du bout des doigts, quand il glissait ses mains le long de son corps pour atteindre son entrejambe, c'était sur les traces de Minho qu'il passait. Il sentait encore son emprise sur lui, sa bouche avide sur la sienne, puis se glissant dans son cou pour le lui mordre et le lui suçoter. D'ailleurs, il lui avait laissé une belle marque violacée durant leur petit moment intime dans le bain. Et ça, Jisung savait que ce n'était pas anodin.
Minho voulait qu'il se rappelle cet échange passionné, de cette proximité et de ce feu qui animait leurs entrailles. La tâche qui colorait sa peau resterait quelques jours, il en était certain. Et il devrait s'efforcer de la dissimuler pour que personne ne se pose de questions ou ne tire des conclusions hâtives. Peut-être pas si hâtives que ça.
Jisung frissonna, il avait l'impression d'encore sentir la présence de son beau-frère à ses côtés et pourtant, il avait bel et bien passé la nuit seul. Il ne savait pas s'il était satisfait de cette information car ils s'étaient quittés sur une note un peu moins agréable que le reste de la journée. Les doutes étaient venus l'assaillir, il avait cherché à avoir des réponses au sujet de Minho et Dayoung, mais il était allé trop loin. Pourquoi avait-il tout gâché ? Pourquoi sa culpabilité s'en était mêlée alors qu'il avait passé des moments inespérés avec cet homme qu'il désirait tant ? Il s'en voulait, il n'arrivait pas à passer au-dessus de ça, alors il faisait n'importe quoi. Peut-être était-ce sa raison qui tentait de prendre le pas sur son coeur ? Ou plutôt sur ce qu'il avait dans le pantalon.
Il secoua la tête et passa une main dans ses cheveux. C'était vraiment fatigant de réfléchir autant et d'être aussi indécis. Il était attiré par Minho. Il avait envie de Minho. Et il lui offrirait absolument tout ce qu'il pouvait lui offrir.
Alors pourquoi doutait-il encore ? Dans le fond, il pouvait bien s'inquiéter pour Dayoung, il savait qu'il irait jusqu'au bout de sa bêtise. C'était mal, mais il allait le faire. De toute façon, il était déjà foutu et lutter contre ses désirs ne ferait que les attiser davantage. Il devait accepter ce qu'il ressentait, il devait accepter le fait qu'il n'était pas quelqu'un de bien et que, dans cette situation, il n'en avait que faire de la morale.
Désormais assis sur son lit, il se demanda comment la journée allait se passer. Avec les événements de la veille, son esprit était encore un peu embrouillé et son corps toujours sensible. Même si Minho et lui s'étaient quittés sur une note plus amère hier soir, il avait toujours envie d'aller vers lui. Mais qu'en serait-il de ce dernier ? Il attendait sans doute qu'il fasse le premier pas car après tout, c'était lui qui doutait, et pas Minho. Il déglutit et se leva. Il enfila un pantalon de jogging et un t-shirt large, puis se planta devant le miroir pour remettre ses cheveux en ordre. Ses cernes marqués ne passeraient pas inaperçus mais il n'avait aucun moyen de les camoufler. Avant de quitter la chambre, il attrapa son paquet de cigarettes et son briquet qu'il glissa dans une de ses poches.
L'appartement semblait paisible, aucun bruit, le calme plat. Jisung traversa le couloir, pieds nus, et arriva dans la grande pièce à vivre. Il s'y stoppa en plein milieu quand il aperçut Minho sur la terrasse. Il fumait, et ne portait pas de t-shirt. Rien qu'en l'observant, Jisung fut parcouru d'un puissant frisson. L'air l'extérieur semblait cru, le ciel blanc laissait imaginer que les températures ne devaient pas être très élevées. Son pantalon tombait sur ses hanches étroites, laissant dépasser la bande élastique de son boxer, et il trouva ce détail agréable pour il ne sut quelle raison. Le dos de son beau-frère était sculpté, comme tout le reste, et la ligne qui le creusait lui donnait envie d'y glisser son index pour la suivre. Ou bien sa langue.
Bon, ce n'était pas le moment de divaguer. Il prit son courage à deux mains et atteignit la porte fenêtre pour l'ouvrir. Minho ne bougea pas, exceptée sa main qui tirait sur sa cigarette. C'était le moment de lui balancer tout ce qu'il avait sur le cœur, de lui prouver qu'il savait ce qu'il voulait.
Jisung se positionna à côté de lui et sortit une roulée qu'il cala entre ses lèvres. D'un geste presque nonchalant et sans même lui jeter ne serait-ce qu'un regard, Minho lui proposa son briquet. Il l'attrapa pour ne pas avoir à refuser et alluma sa cigarette en la protégeant du vent à l'aide de sa main libre. Une fois cela fait, il redonna à Minho son bien et prit une grande inspiration de tabac. À la première bouffée, un soupir de soulagement lui échappa. Il savait qu'il s'abîmait les poumons et pourtant, il avait l'impression que tous ses problèmes se dissipaient dans les airs.
— Bien dormi ? demanda Minho d'une voix plus rauque qu'à l'accoutumée.
Jisung ferma les yeux un court instant, essayant de ne pas se liquéfier sur place.
— Pas vraiment. Et vous ?
Du coin de l'œil, il le vit hausser les épaules.
— Ni bien, ni mal.
Un silence s'installa, seulement brisé par l'agitation routière plus bas. Jisung tira une nouvelle fois sur sa cigarette avant d'humidifier ses lèvres. S'il voulait vider son sac et se rattraper par rapport à hier, c'était maintenant. Il ne supporterait pas de rester une minute de plus à côté de Minho dans cette ambiance glaciale.
— J'ai beaucoup aimé… commença-t-il alors que sa voix tremblait.
— Aimé ? Quoi donc ?
Son cœur se débattait dans sa cage thoracique et il avait l'impression de suffoquer. Mettre des mots sur ce qu'il avait ressenti, sur le plaisir que Minho lui avait procuré, n'était pas chose aisée. Mais il devait le faire, une bonne fois pour toutes.
— Ce que nous avons fait hier.
Cette fois, Minho pivota légèrement vers lui et il sentit son regard l'analyser de bas en haut, puis la fumée atteignit son visage.
— Et donc ?
— Je… je sais ce que je veux. J'ai bien réfléchi, toute la nuit même, et peu importe que vous soyez marié, qui plus est à ma demi-soeur, je vous veux.
Jisung tourna la tête vers l'homme à ses côtés et il ne put que constater le petit rictus qui étirait ses lèvres.
— Ça change, pour quelqu'un qui était confus…
— En fait, ça a toujours été clair. Seulement, j'ai tendance à trop penser aux autres avant de penser à moi.
Minho écrasa sa cigarette.
— Trop penser aux autres peut nous éloigner de nos propres désirs ou objectifs. Parfois, on fait des choses stupides pour les autres, pour ne pas les froisser ou les décevoir. On finit par s'oublier, par jouer un rôle pour se fondre dans la masse et ne pas outrer les petits gens bien pensants.
— C'est votre cas ? demanda Jisung de but en blanc.
Minho se contenta de hausser un sourcil, toujours en arborant ce même sourire.
— Peut-être bien.
— Parce que vous aimez les hommes ?
Il ne répondit pas, mais les traits de son visage se transformèrent légèrement, de telle manière à ce que Jisung comprenne qu'il avait visé juste. De ce fait, il avait peut-être enfin la réponse à ses questions, à savoir pourquoi il avait épousé Dayoung. Cependant, il n'allait pas se risquer à lui demander confirmation, il ne voulait pas le froisser comme ça avait été le cas la veille.
Minho recommença à fixer l'horizon, ses pensées semblant errer dans un passé complexe.
— Les gens sont souvent plus enclins à accepter les apparences, dit-il finalement d'un ton détaché. Même s'ils connaissent la vérité.
Jisung se sentit submergé par un mélange d'empathie et de compréhension envers lui. Il réalisa que les choix de ce dernier avaient sans doute été dictés par une société intolérante — et peut-être même des attentes familiales.
— Je ne veux pas que vous souffriez par ma faute.
Minho pouffa de rire.
— Tu n'as pas le pouvoir de me blesser, Jisung. Ma vie est déjà bien assez compliquée.
Un silence enveloppa à nouveau la terrasse, seulement brisé par le murmure du vent. Jisung scrutait Minho, essayant de comprendre ce que ses yeux pouvaient bien vouloir dire. Il n'y parvenait que très difficilement. Cet homme était presque indéchiffrable, ses paroles toujours tournées de manière ambiguës.
— Enfin, tout ça pour vous dire que je sais ce que je veux, et que je ne vous ferai pas perdre votre temps. Et ce qui s'est passé entre nous, j'ai hâte de recommencer.
Ces paroles arrachèrent un nouveau rire à Minho et il acquiesça. En l'observant un peu plus attentivement, Jisung se rendit compte qu'il ne l'avait jamais autant vu sourire que durant ces derniers jours pendant lesquels Dayoung n'était pas là.
— J'aimerais te demander quelque chose, annonça l'homme d'un ton on ne peut plus sérieux.
— Oui ?
— J'aimerais que tu te fasses dépister pour les IST.
Jisung eut un mouvement de recul. Il eut tout d'abord envie de rire, mais il se ravisa devant le regard perçant de son beau-frère. Il ne savait pas trop comment prendre l'information, il trouvait ça même un peu étrange comme demande alors qu'il venait tout juste de s'ouvrir à lui et de lui avouer vouloir recommencer ce qu'ils avaient fait la veille.
— Si tu veux qu'on aille plus loin que les caresses d'hier, ce sera indispensable.
— D'accord, pas de souci. C'est juste que… je n'ai jamais fait ça alors…
— Je vais te prendre rendez-vous. Tu n'auras qu'à demander à un ami de t'accompagner. Ou une amie.
Minho sourit, Jisung savait qu'il faisait référence à Ryujin et il avait toujours l'impression qu'il était sceptique quant à la nature de leur relation.
— Je suis gay, jugea-t-il bon de préciser.
— J'avais parfaitement compris. Je voulais juste te taquiner un peu.
— Oh…
Il ne saisissait pas toujours les subtilités de Minho, ne parvenait pas à déchiffrer son timbre de voix ou les expressions de son visage. Cet homme pouvait parfois — même souvent — être un véritable mystère. .
— Bon, on ferait mieux de rentrer, il fait froid et j'ai envie d'un café, dit-il.
Jisung acquiesça.
— Et j'ai très envie de t'embrasser aussi.
Cette fois, il se figea et cligna des yeux à plusieurs reprises, étonné de la franchise de son beau-frère. Ces simples mots l'avaient fait rougir, mais ils étaient plaisants à entendre. L'homme tourna les talons et Jisung le suivit sans même réfléchir davantage. De toute façon, avec lui, il était incapable d'avoir les idées claires. Et surtout pas lorsqu'il était question de baisers.
Une fois de retour à l'intérieur de l'appartement, Minho posa son paquet de cigarettes et son briquet sur l'îlot central. Il sortit deux tasses et, après avoir fait quelques vérifications sur sa machine à café, lança deux espresso. Jisung s'installa sur un des tabourets et ne put s'empêcher d'encore contempler le dos de l'homme. Il était vraiment musclé. Et il se demandait ce que ça ferait de s'y accrocher tandis qu'il serait entre ses cuisses. Cette pensée le fit frissonner et il ne revint à lui que lorsque Minho glissa la tasse sous son nez. Le parfum corsé du café bien serré le réveilla un peu plus. Il but une première gorgée, mais ce fut la présence à ses côtés qui le réchauffa davantage.
Comment allait-il supporter de passer une nouvelle journée en compagnie de son beau-frère sans littéralement lui sauter dessus ? Il mourait d'envie de le toucher, ou qu'il le touche. Il en avait rêvé toute la nuit, sans même dormir. Il était là, à portée de main, à moitié dénudé, et il savait à quel point lui aussi avait envie d'aller plus loin. Ce n'était qu'une question de temps, et il devait se contenter de ce qu'il avait. Minho l'attirait, et c'était réciproque. Peut-être était-il en train de jouer avec le feu et qu'il finirait par se brûler, mais il était faible face à lui.
S'il n'était qu'un vulgaire plan cul à ses yeux, ça lui était égal. Il n'avait rien à perdre à part sa virginité. Et encore, il n'y accordait plus une très grande importance. Ce n'était rien, qu'un concept abstrait que les autres utilisaient comme s'il s'agissait d'un gage de pureté ou non. Après tout, puceau ou pas, il restait la même personne, peu importe s'il avait des rapports sexuels avec Minho, ça ne changeait rien à qui il était. Tout le monde se mettait la pression, tout le monde voulait garder cette « première fois » pour la bonne personne, pour le bon moment, pour l'amour de sa vie, mais au final rien de tout ça n'était sûr. S'il couchait avec Minho, c'était avant-tout par envie, pas parce qu'il était le bon, ou l'homme de sa vie. Juste par envie, et c'était suffisant comme justification.
— Tu m'as l'air parti bien loin, s'amusa Minho.
Jisung leva les yeux vers lui et resta immobile pendant des secondes qui semblèrent durer une éternité. Leurs regards ancrés l'un dans l'autre, ils avaient l'air prêts à se sauter dessus pour se dévorer.
— Je…
— Tu ?
Jisung entrouvrit la bouche dans l'espoir de parler, mais aucun mot ne put sortir. Pourtant, il avait envie de crier à Minho toutes les choses qu'il voulait faire avec lui, toutes ces caresses qu'il avait envie de recevoir de sa part, mais aussi de lui donner. Son ventre se tordit en les imaginant très clairement et l'homme face à lui sembla saisir son trouble puisqu'il se mit à sourire.
— On dirait que quelqu'un a des idées tendancieuses en tête, plaisanta-t-il, son regard brillant d'une lueur espiègle.
Décontenancé par leur proximité soudaine, Jisung déglutit difficilement. Minho s'était penché vers lui et leurs souffles chauds se mêlaient. Son cœur s'emballa et le désir s'embrasa en lui. Il ne parvenait pas à lui résister, même avec toute la bonne volonté du monde. Les palpitations dans sa poitrine s'intensifièrent à mesure que la distance entre eux se réduisait. L'atmosphère était chargée d'une tension électrique, comme si le simple contact visuel était une promesse de quelque chose de plus intense.
Leurs lèvres finirent par se frôler, presque timidement au départ. Mais la fougue les emporta bien vite et l'échange devint passionné, sans retenue. Leurs langues se rencontrèrent sans attendre pour se caresser, laissant des bruits humides briser la quiétude de l'appartement. Jisung se laissa emporter par l'ardeur dont faisait preuve Minho, ses doigts glissant délicatement sur la peau de son cou.
Après un baiser qui parut à la fois éternel et éphémère, ils se séparèrent légèrement l'un de l'autre, mais leurs regards restaient intensément fixés. L'attraction persistait, comme un aimant invisible.
Alors qu'ils s'apprêtaient à retourner à leurs tasses de café, la sonnerie du téléphone de Minho retentit. Il jeta un rapide coup d'œil à l'écran, puis leva les yeux vers Jisung et lui dit :
— Un appel important. Je vais dans mon bureau, tu n'as qu'à faire ce que tu veux.
Jisung acquiesça, un peu déçu, mais il avait saisi le ton urgent de son beau-frère. C'était peut-être pour le travail, et dans ces cas-là ça ne pouvait pas attendre. Minho était un homme professionnel et passionné, alors il le regarda s'éloigner avec sa tasse et son portable collé à l'oreille.
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