Pov Minho - Tome 2 - Chapitre 18

Chapitre 18 tome 2

Assis au bord du lit de l'hôtel, accoudé sur ses genoux et les mains cachant une partie de son visage, Minho observe le whisky de marque qu'il a commandé la veille auprès du room-service. Sa veste git sur un dossier de chaise, à peine repliée, et la cravate est sûrement tombée quelque part sur la moquette sombre. C'est à peine s'il a pris le temps d'ouvrir un peu sa chemise, bien trop obnubilé par ce cruel besoin qu'est l'appel de la bouteille.

Il n'a pas souhaité rester auprès des autres membres de l'équipe après cette dernière journée de travail. Voir Jisung et Hyunjin flirter devant lui, comme pour le narguer, lui paraissait tout bonnement au dessus de ses forces. Pire encore après la nuit passée à les entendre donner de la voix de manière si peu discrète. L'écho de leurs voix résonne encore au creux de ses oreilles. Le timbre de son ex amant faisant resurgir des souvenir de manière si claire qu'il s'en arracherait volontiers les tympans. Les images de leur première fois lui reviennent en tête... Et cette soirée de nouvel an à l'hôtel...

Las, sa tête se penche un peu plus, et ses mains tremblantes se collent à ses oreilles, comme si cela pouvait faire taire ces gémissements et cris étouffés qu'il n'arrive pas à s'ôter du crâne. C'est lui qui devrait provoquer ces sons. C'est lui et lui seul qui devrait être le maître d'orchestre de toute cette symphonie qui le hante.

Au lieu de vivre cette histoire, il n'en est plus que le spectateur involontaire. Il n'est plus que figurant de sa propre existence, et ce, par sa propre faute, pleine et entière. A cause de sa propre lâcheté.

Chaque parole prononcée par Jisung au matin est un coup de poing au visage. Il sait tout cela. Il sait combien il est couard et qu'il n'assume pas ce qu'il est. Pourtant, il est prêt à changer. Il est si prêt à essayer...

D'un geste fluide, l'homme se lève et cesse de lutter contre lui-même. Il se serre un verre de cet alcool bien trop fort et dont il connaît le goût par cœur, mais au moment de le prendre, il soupire et retire sa main comme si ses doigts le brûlaient.

- Putain.

Comme si se noyer dans l'alcool allait arranger la situation. Comme si s'engourdir l'esprit à grand renfort de spiritueux allait le sortir de ce bordel dont il est seul créateur. En appui sur la table, Minho laisse tomber sa tête en avant, luttant contre ce besoin de se sentir un peu en paix, et de faire venir cette quiétude qui l'évite tant qu'il ne s'est pas anesthésié les sens un minimum. D'un geste vif il s'éloigne de cette vile tentation, et arpente la chambre en faisant les cent pas. Et la voix de son amant qui revient le hanter, qui chante à ses oreilles, et qui le met dans tous ses états.

- Fait chier.

Le pas déterminé, il revient vers la table, saisit le verre à pleine main. Mais juste avant que le breuvage ne touche ses lèvres, un claquement sec venu de la chambre voisine le fige. Abaissant son bras, il tend l'oreille, aux aguets. Et ses doigts se serrent sur le récipient, à s'en blanchir les articulations. Depuis qu'ils sont là, il a bien pris le temps de savoir reconnaître Jisung retrouvant sa chambre, et en l'occurrence... Mais l'idée même qu'il ne soit pas seul lui retourne le ventre. Son cœur s'emballe et il entend son sang pulser à ses tempes.

Le verre claque sur le bois de la table, et il ne prend pas la peine d'arranger sa mise. Avant même de savoir ce qu'il fait, il est déjà dans le couloir, sa chambre se refermant en douceur. Arrivé devant la porte du jeune homme, Minho souffle, essaye de contenir ce qui ne demande qu'à exploser. Il lui faut se recomposer un visage pour ne rien laisser paraître de ce qui le ronge.

Il frappe quelques coups secs contre le panneau, bien qu'il meure d'envie de cogner à s'en faire mal aux poings. Cette attente infinie ne dure pourtant que quelques secondes. Mais c'est déjà beaucoup trop. Combien de temps faut-il pour glisser une langue au fond d'une gorge ? Une seconde ? Deux ? Si peu ! Impatient, il arme de nouveau le bras pour recommencer, mais le bruit léger qui se fait entendre le fait renoncer. Au lieu de cela, l'homme se dresse, droit et fier, mais la hargne dans le regard.

Quand Jisung apparaît cependant, il sent son assurance vaciller, mais ne la laisse pas s'essouffler. Il n'a de cesse de l'observer, de le dévorer du regard, quand bien même à cette heure il ne rêve que de l'étrangler pour oser s'adonner au sexe avec un autre que lui.

- Qu'est-ce que tu veux ?

« M'interposer dans cette sauterie qui n'a pas lieu d'être. »

- Hyunjin est là ?

Son ton est rude. Bien trop dur, mais la colère qu'il tente de contenir le consume. Son regard se perd déjà dans la chambre, à la recherche d'un signe de l'acteur sûrement déjà dévêtu.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Hyunjin est dans ta chambre, c'est ça ? Je t'ai pourtant dit de...

Il n'a pas le temps de finir de déballer son excuse que Jisung le coupe, plus qu'agacé.

- Mais fous-moi la paix en fait, tu te prends pour qui ? Hyunjin n'est pas là et même s'il l'était, ça ne te regarde pas. Ce qu'il fait de son cul ne te concerne absolument pas.

Les voilà revenus à la conversation de ce matin, ce qui ne fait que renforcer la tension de Minho. L'une de ses mains vient appuyer sur la porte afin de l'ouvrir davantage et il fait mine de vouloir entrer malgré les refus de son ex amant. Il veut entrer. Il doit entrer. Parce que trouver Hyunjin ici, ce serait confirmer de visu ce qu'il sait déjà. Cela ne ferait que lui montrer ce qui est, et détruire le peu d'estime qui lui reste encore.

- Bien sûr que si. Laisse-moi entrer.

Jisung s'interpose entre lui et la pièce tout en riant. La tension entre eux se décuple alors que l'homme sent tous ses muscles se crisper et son regard se fait acéré alors qu'il regarde de nouveau le jeune homme, qui le lui rend bien.

- Tu vas juste dégager, retourner dans ta chambre et t'occuper de tes problèmes.

- Ce sont mes problèmes !

Oui, ce sont les siens. Les siens Que ce soit Jisung, que ce soit Hyunjin, ils sont ses problèmes. Ils sont ce qui le ronge, ils sont ce qui le détruit à petit feu, ce qui lui broie les tripes. Ils sont ses problèmes.

- Il n'est pas là. Tu n'as qu'à descendre vérifier au bar.

Et merde. Les cris étouffés de Jisung lui reviennent aux oreilles, ces sons plein de plaisir, ces gémissements si érotiques qui ne devraient être destinés qu'à lui et à lui seul. C'est à le rendre fou. Plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu, il parvient à pousser la porte et à s'avancer pour pénétrer la pièce. Il ne fait plus attention au monteur qui se retrouve obligé de le laisser passer, et du regard inspecte la chambre.

- Il est où ?

Où est donc son acteur ? Où est donc Hyunjin ? La main qui agrippe son bras est pleine de force et de colère, et il se retourne alors sur un Jisung plein de rage et qui lui crache sa haine au visage sans retenue.

- T'es taré ? Tu crois que les gens doivent t'obéir ?

D'un mouvement de bras, il se défait de sa poigne. Rien que son toucher est une brûlure vive qui lui transperce la peau. Comment ne pas se rappeler ces gestes doux qu'ils avaient l'un envers l'autre ? Comment ne pas penser à ces caresses qu'ils s'offraient, pleines de tendresses et teintées du désespoir d'un futur vain ?

- Lâche-moi !

- Tu es dans ma chambre ! Ma putain de chambre, tout ça parce que t'es un putain de parano ! Et même si Hyunjin était là, c'est notre vie, sûrement pas la tienne. T'as déjà gâché une partie de la mienne, tu veux quoi de plus ?

Sa voix est forte. Ses paroles sont blessantes, et pourtant vraies. Cependant Minho reste de marbre. Il sait déjà tout cela. Il se le répète chaque heure de chaque jour, plus encore depuis qu'ils sont condamnés à se côtoyer sans pouvoir se toucher, sans pouvoir échanger paisiblement, sans pouvoir parler. Sa mâchoire ne demande qu'à se serrer mais il se retient encore. Il avance à la rencontre de Jisung, se redresse encore, il veut le dominer. Il veut se sentir lui. Il ne veut pas se montrer tel qu'il se sent réellement.

- Ce que Hyunjin fait, avec toi, ou avec n'importe qui d'autre, ça me regarde. Je n'ai aucune envie de voir un article sortir de nulle part qui déglinguera tous les sacrifices qu'il a faits juste parce qu'il aura tiré son coup.

Ce n'est pas foncièrement faux. C'est même très vrai. Mais en l'occurrence cela ne lui sert que d'excuse afin d'échanger des mots avec celui qu'il aime toujours. Même s'ils sont douloureux et plein de rancoeur.

- C'est ta propre peur ça !

Le coup de Jisung n'est pas extrêmement fort, mais il est suffisant pour le faire reculer d'un pas ou deux. Toutefois ses mots l'atteignent même s'il le sait là aussi. Sa voix est plus basse lorsqu'il lui répond.

- Tu n'en sais absolument rien.

- Si. T'as juste la trouille qu'on sache, un jour, que t'aimes la bite. T'as juste peur de tout perdre, t'as pas changé en cinq ans, t'es toujours le même homme qui fait passer son empire avant ses propres désirs. T'as pas évolué, t'es juste un putain d'esclave de la société qui a absolument aucune idée de ce que c'est de profiter de la vie.

Ses mots atteignent leur cible et la colère redouble. C'est douloureux. Cruellement douloureux de se retrouver de nouveau face à ses défauts, exposé, vulnérable et mis à nu. Il ne sait pas lâcher le jeune homme du regard. Il n'a même pas besoin de se demander ce qu'il pense tant ce dernier est comme un livre ouvert. Il le hait comme lui même se hait. Comme il aimerait le pousser dans ses retranchements, voir jusqu'où il est susceptible d'aller... Jusqu'où sa haine de lui pourrait le conduire ? Et pourtant, il ne peut pas. Il n'en peut plus d'entendre ses quatre vérités, d'entendre comme il est faible et petit. Il joue de la différence de hauteur qu'il y a entre eux pour le surplomber alors qu'il se rapproche de lui. La voix basse, terriblement basse, il ne murmure qu'un mot.

- Arrête.

- Non, je veux que tu te le graves dans le crâne ! T'es qu'un lâche, Minho. Un putain de lâche incapable d'être honnête avec lui-même, alors tu viens ruiner la vie des autres pour combler ton vide. Tu fais peur à voir.

Ces mots le transpercent littéralement. Il sait tout ça, il sait ! Il résiste à l'envie de boucher ses oreilles, de se recroqueviller dans un coin pour mieux descendre une bouteille à même le goulot. D'un geste du bras, il envoie promener toutes ces paroles affreuses qui ne font que le tuer à petit feu et sans le vouloir, il perd un peu de ce contrôle qu'il tente de maintenir.

- Arrête ça putain !

Il est surpris lorsque Jisung le saisit par la chemise et qu'il sent le mur heurter violemment son dos après avoir vu la pièce tourner autour d'eux. L'impact lui coupe le souffle, mais son regard reste accroché à celui du plus jeune. Peut-il le piquer davantage ? Peut-il réussir à le faire sortir totalement de ses gonds ? Jusqu'où Jisung pourrait aller dans cet état ? Si proche... Il est si proche de lui. Ses lèvres l'appellent, provoquent en lui un désir fou de possession. Et ces yeux... Ces yeux qu'il rêve de voir brûler d'envie et de désir, ces yeux qui ne cessent de le hanter quand il repense à ce qu'ils ont vécu. Ces yeux dans lesquels il pourrait se perdre lorsqu'ils se haussent sous le plaisir. Leurs souffles se mêlent et la respiration de Minho se fait erratique. Si proches. Sa chaleur le brûle, il ne demande qu'à la ressentir plus encore. Cinq ans, cinq ans qu'il lui manque à en crever, et les voilà qui se touchent enfin même si c'est pour en venir presque aux mains.

Ce n'est qu'après un silence pourtant si bruyant de non-dits, qu'il se décide à terminer sa tirade dans la plus pure mauvaise foi du monde.

- Tu n'as vraiment aucune idée de ce que tu racontes.

- Oh, je sais exactement ce que je dis. Et tu sais quoi ? Ça te tue que j'aie raison. Tes relations factices, ton image de mec parfait, ça t'aide à dormir la nuit ?

Il veut piquer. Il veut faire mal lui aussi.

- Moi au moins, je ne m'envoie pas en l'air pour combler un manque.

Il sait qu'il a touché juste. Il sait que toute cette haine n'est pas sans raison. Il sait.

- Ferme ta gueule.

Qu'à cela ne tienne. Il hausse le sourcil, un petit air de défi au visage.

- Fais moi taire.

Silence. Ils se toisent l'un l'autre. Et finalement, Jisung l'attire à lui tout en venant à sa rencontre. Leurs lèvres s'écrasent les unes contre les autres, avec violence, dévorantes. Si le geste surprend Minho qui s'attendait à tout sauf à ça, il se laisse finalement aller. Cinq ans. Cinq ans qu'il ne rêve que de ça. Cinq ans qu'il attend de pouvoir réparer leur histoire, cinq années à penser à son amant et à ses lèvres, à ses baisers, à son corps. Cinq ans qu'il ne saura sûrement jamais rattraper en si peu de temps. Mais pour l'heure, il saute sur l'occasion et s'abandonne. Il n'y a rien de tendre. C'est plein d'envie, de frustration, tant de frustration ! Et cette colère qu'il sent entre eux, qui les ronge au point où le baiser se fait presque violent. Il en a envie, tellement envie. Ses mains se lèvent jusqu'à ce que ses doigts s'accrochent au tissu de son t-shirt. Qu'il le maintienne, qu'il ne le laisse pas s'échapper. Et comme si le geste avait donné le feu vert au plus jeune, celui-ci prend d'autant plus les devants. Leurs langues se mêlent et s'emmêlent, dansent sauvagement. Le mur dans son dos le bloque, et tout ce qu'il peut faire c'est subir. Subir les souvenir qui affluent, et toutes les sensations qui lui reviennent. Tout, comme s'ils n'avaient jamais cessé d'exister l'un pour l'autre. Comme si ces cinq années de douleur ne l'avaient pas détruit.

Il accueille la brutalité avec laquelle Jisung se lâche, il la lui rend de la même façon. Parce que c'est ce qu'il ressent au fond de lui, en lui, ça rampe sous sa peau, il a un besoin vital de ressentir celui qu'il a tant regretté. Ce corps qui frotte contre le sien ne fait que faire naître mille frissons. Il veut plus, encore plus. Il veut le sentir vraiment, il veut le faire sien à nouveau et qu'il sente Ô combien il lui a manqué. Manqué à crever. Manqué au point qu'il ne cherche qu'à s'oublier dès qu'il a un moment en tête à tête avec lui même. Parce qu'il ne se supporte pas. Sauf là. Parce qu'il est désiré. Parce qu'il est lui-même.

Un gémissement s'échappe de sa gorge quand il sent la jambe du plus jeune se placer entre les siennes. La pause n'est que de courte durée, déjà ils se retrouvent alors que leurs mains se font filantes. Les siennes passent sous le t-shirt de Jisung, du bout des doigts comme à pleine main, il caresse et pétrit la peau miel de son amant retrouvé. Il redécouvre les creux, les muscles, s'étonne parfois de ne pas reconnaître une partie de lui. Et il reprend le dessus. Ses mains glissent jusqu'aux fesses du plus jeune, il les presse et en retrouve la rondeur avec une envie décuplée.

Mais le geste semble gêner le monteur qui s'écarte aussitôt, mettant fin à ce baiser avant de lui attraper la mâchoire. Minho, le souffle court, observe alors le jeune homme, attendant de savoir ce qu'il va lui dire.

- C'est moi qui commande.

Le murmure fait naître la chair de poule au long de l'échine du plus vieux qui accueille volontiers les lèvres de Jisung qui reviennent dévorer les siennes. Un profond soupir lui échappe, bienheureux de retrouver son contact. Et il se laisse aller de plus belle, son corps se mouvant malgré lui contre son amant, gémissant parfois au contact de ce genoux qui vient parfois trouver son intimité au travers les tissus qui sont maintenant de trop.

- Je te déteste tellement, putain.

Il a mis fin au contact, mais il reste si proche que leurs souffles s'entremêlent, et que l'homme se contente de quelques mots en guise de réponse.

- Je sais.

Déjà le jeune l'attire de nouveau à lui en le tirant par le col de sa chemise. Oh il sait à quel point il le déteste. Il se déteste de la même façon, sans doutes même plus encore. Il se hait à un point qu'il n'est même pas possible d'imaginer. Comment ne pas se détester quand on a détruit ce qui nous rendait le plus heureux ? Comment vivre sans douleur quand ce que l'on aime le plus part loin ? Part et disparaît, quand on se retrouve seul par sa propre faute ?

Jisung le lâche enfin, et ouvre sa chemise à gestes précipités, sans toutefois interrompre leur baiser qui n'a pas perdu de son intensité. Au contraire. L'idée même que le jeune déboutonne son vêtement l'enflamme et il met à bas le peu de retenue qu'il pouvait encore conserver.

La sensation de ses doigts chauds sur son torse fait naître de nouveaux frissons au point qu'il doit se retenir de ne pas arracher lui-même ce qu'il reste de boutons afin de retirer tout ce qui peut se mettre en travers du contact de leurs peaux. Mais il n'en a guère le temps, les doigts fermes du plus jeune viennent se saisir de ses mèches de cheveux pour lui faire pencher la tête et il offre alors son cou à son amant qui semble se délecter de la situation. Et lui ? Lui ne peut que se soumettre à cette torture qui ne fait que faire gonfler cette envie, ce besoin de l'avoir et de le retrouver. Chaque morsure lui arrache une plainte, gémissement de bonheur, chaque baiser, chaque effleurement le fait soupirer de désir.

Et soudain plus rien. Le vide. Minho rouvre à demi les paupières afin d'observer le plus jeune. Il lui semble impossible de calmer sa respiration saccadée, les tremblements léger qui le saisissent. En a-t-il terminé ? Va-t-il le laisser ainsi ? L'abandonner comme lui l'a abandonné ? Va-t-il le chasser ? Il n'a pas le temps de s'interroger plus que cela, de s'en faire davantage.

- Putain de merde !

Le mouvement est rude, mais l'homme se laisse faire sans trop comprendre alors que Jisung l'attire jusqu'à le pousser sur le lit. Il n'a cependant par le temps de réfléchir davantage que le jeune le chevauche alors, et dans un craquement, les boutons de sa chemise se retrouvent expulsés au travers la pièce. A sa merci, le plus vieux laisse son amant le contempler, retrouver ses repères mais ce dernier ne semble pas disposé à une accalmie et s'attaque déjà à son buste offert. La sensation de ses lèvres contre lui est si douce ! Il se cambre pour s'offrir davantage encore, et la langue chaude du jeune homme sur son ventre lui arrache un gémissement. Il a envie de plus. Il a besoin de plus que ça. Il sent son sexe pulser sous ses tissus et il lui devient difficile de se contenir. Le jeune retrouve le chemin de ses lèvres et il lui répond sans tarder, avec une soif identique à la sienne.

Tout naturellement, il écarte ses jambes à l'invitation de Jisung qui se faufile entre elles. Leurs corps ondulent l'un contre l'autre, mais ce n'est pas suffisant. Il a un besoin crucial de le sentir, de le sentir entièrement. Alors tandis qu'ils s'embrassent de nouveau, ses mains viennent se saisir de la ceinture de son partenaire. Dans des mouvements hâtifs, il cherche à la déboucler afin de s'en débarrasser. Le geste met fin à leur baiser, et les lèvres qui se frôlent, leurs souffles entremêlés, le jeune homme l'interroge sur ce qu'il est en train de faire.

- Tu veux quelque chose peut-être ?

Minho le fixe. Il veut quelque chose en effet. Il veut quelqu'un plus que tout.

- Toi.

Sait-il Ô combien ce simple mot est lourd de sens ? Combien il en a besoin ? Besoin de lui ? Combien il en a eu besoin toutes ces années passées ? Il laisse son amant l'observer, lui et cette situation dans laquelle ils se trouvent alors qu'il suspend ses gestes un instant. Jisung est-il en train de douter ? Non. Au plus grand bonheur de l'homme qui reprend ses mouvements et parvient à ouvrir la boucle dans un cliquetis sonore. L'espace d'un instant, il reprend contenance, il reprend confiance en lui et en le rapport qu'ils ont l'un envers l'autre. Prendre l'ascendant lui paraît tellement naturel... Il se redresse pour approfondir ce baiser qu'ils s'offrent, désireux de faire parler tous ces sentiments enfouis en lui, qu'il a tenté de masquer. Cela ne semble pas du goût du plus jeune qui le replaque au lit d'une main. Ils ne se séparent pas cependant et poursuivent leur redécouvertes à pleines mains. Ji vient alors saisir le bouton qui ferme son pantalon afin de l'ouvrir pour s'y glisser, et ces doigts portés à sa longueur à travers le tissu lui font soudain pousser un gémissement profond. Point de tendresse, mais tant d'envie, de désir refoulé... Toutes ces sensations qui affluent alors viennent réchauffer son ventre. Il tremble d'envie, d'excitation, allant et venant contre la main du jeune qui s'active à lui faire plaisir, ses hanches se balançant sans la moindre once de pudeur. Il veut plus. Tellement plus ! Ses doigts viennent saisir le haut de Jisung, peut-il se permettre de le lui ôter ? Sa confiance vacille légèrement.

- Jisung...

La voix de Minho est piteuse, il geint presque et commence à soulever le tissu qui recouvre encore son amant.

- Tais-toi. Tu m'as demandé de te faire taire, alors arrête de parler maintenant.

Et il revient du plus belle au sexe de l'homme qui ne demande qu'à être libéré de toutes ces couches d'étoffe, à être libéré de cette tension qui l'habite.

Le coup de rein involontaire de Jisung le fait gémir encore davantage. Il crève d'envie, de prendre, d'être pris, peu importe du moment qu'il peut sentir son amant, qu'ils peuvent renouer ainsi et se laisser aller. Il y a tant à réparer qu'il ne suffira probablement pas d'une fois. Il l'aime. A en crever. Son absence le tuait à petit feu et la distance qu'il y a désormais entre eux n'arrange rien, c'est même pire. Et maintenant qu'ils sont là, si proches, au bord du gouffre... Le jeune se redresse, et le regard qu'il lui lance déstabilise Minho l'espace d'un instant. Il a tant de choses à lui dire... Mais déjà il se redresse afin d'ôter ce maudit T-shirt qui empêche le contact de leur peau l'une contre l'autre.

Ce qu'il voit cela dit, le bloque soudainement. Jisung est totalement différent de celui qu'il a laissé s'échapper il y a cinq ans. Cette musculature dessinée qui se dévoile le laisse béat d'admiration. Et ce tatouage énorme qui occupe une grande partie de ses pectoraux... Le pêché, le vice qui vient tenter l'innocent.. Il se retient de serrer les dents et lorsqu'il remonte son regard sur son amant, il se hâte à son tour de se dévêtir. L'urgence est là, plus que présente, il faut absolument qu'ils se laissent aller à ces retrouvailles. Une fois nu, l'homme tente de réaligner un peu ses esprits, et malgré son souffle erratique, il lui faut maintenant prendre des précautions...

- T'as des capotes ?

Pitié qu'il en ait... Sans quoi il ne donne pas cher de lui-même. En appui sur ses coudes, il observe le jeune se rendre à la commode avant de revenir auprès de lui. Et durant tout ce temps, il n'a de cesse de le regarder. Le regarder réellement. Il se mord la lèvre, laisse son regard vaguer de bas en haut, découvrant le nouvel homme qu'il est maintenant.

- Qu'est-ce que t'as ?

- Tu... tu es...

Différent.

- Différent, oui. Tu ne l'avais pas encore compris ?

Bien sûr. Pourquoi serait-il resté celui qu'il était lorsqu'ils se sont trouvés séparés ? Il a abandonné un jeune homme perdu, pour retrouver un homme sûr de lui. Ce dernier le saisit aux chevilles pour l'attirer plus avant sur le bord du lit. Et soudain Minho se sent petit. Son égo n'est plus. Si c'est la seule façon de retrouver celui qui lui manque tant, alors il le laissera prendre les rênes.

- Je vais te baiser.

Les paroles sont crues. Tellement attendues aussi. Qu'il fasse. Depuis le temps qu'il en crève d'envie. Depuis le temps qu'il en a besoin.. Qu'il prenne, qu'il s'impose. L'idée même ne fait que l'exciter davantage, et il anticipe d'ores et déjà le plaisir à venir, et quand Jisung enduit ses doigts de lubrifiant, il sent son coeur faire un bond. L'idée de le laisser s'occuper de lui est tout bonnement vertigineuse. C'est une soumission teintée de défi, un abandon lucide. Et lorsqu'il accueille le premier doigt de son amant, la sensation le fait rouler des yeux et il soupire de bien-être. Rapidement, il en accueille aisément un second. Sous le plaisir, il mord sa lèvre, sa tête retombant en arrière. Minho s'abandonne totalement. Il oublie toute pudeur, il omet des conserver la moindre once de réserve. Les soupirs deviennent gémissements, cris parfois alors que les doigts du jeune homme appuient sur sa prostate à leur passage. Les siens sont crispés dans les draps sous lui, à tenter de l'ancrer un minimum dans la réalité.

Le vide est grand lorsque Jisung cesse ses attentions, et l'homme observe son amant, le moindre de ses gestes. Il attend ce moment avec tellement d'impatience qu'il sent sa respiration s'emballer de plus belle. Il se laisse faire de nouveau, laisse le jeune mener la danse. Mais ce dernier commence à prendre trop de temps, quand lui s'impatiente. Ses hanches se basculent doucement pour signifier qu'il est prêt, plus que prêt à le sentir s'immiscer, mais son amant ne semble pas de cet avis et reste là, si proche... Le grognement de Jisung lui fait ouvrir les paupières qu'il venait de fermer, et il ne manque pas se perdre dans l'intensité du regard que le jeune lui offre.

- Si impatient...

Minho ne manque pas l'ironie de l'instant. Comme si tout s'était inversé. Il se souvient de leur première fois comme si c'était hier, et il se rappelle clairement s'être amusé de l'impatience dont faisait montre le jeune homme à l'époque. Il n'en est plus là. Il a besoin de lui. Il a besoin de le sentir.

- Fais-le.

« Oh oui, fais le, prend, dévore. Ne me ménage pas. » Enfin il le prend. La pression, la brûlure, cette sensation de plénitude qui le saisit lui arrache un cri rauque alors que sa tête se renverse. Le plaisir est si grand qu'il tremble tout son saoul. Il sent chaque centimètre qui le pénètre, chaque pulsation qui le traverse, et son souffle se brise dans un gémissement. C'est si bon. Il ne dit rien quand son partenaire se fige un instant, mais lui ne peut attendre davantage. Il remue déjà, désireux d'en ressentir plus encore, et Jisung entame alors de longs mouvements, profonds, qui arrachent de longs soupirs langoureux à Minho qui se cambre pour en obtenir plus encore. Chaque fois qu'il s'enfonce en lui, c'est une explosion de plaisir au creux de ses entrailles, chaque fois qu'il fait mine de se retirer c'est un supplice délicieux. Les reins de Jisung claquent contre les siens avec une régularité presque douloureuse de perfection. Minho, la bouche entrouverte, halète, les doigts agrippés aux draps. Il veut parler, dire à quel point c'est bon, combien il l'aime, mais tout se résume en sons incohérents, en gémissements et soupirs noyés dans la moiteur de leurs corps.

- Putain, t'es...

La voix de Jisung lui rappelle alors où il est, ce qui ne fait que renforcer ce plaisir qu'il sent monter au creux de ses reins. Il croyait ne plus avoir droit à ça, que c'était terminé, qu'il ne saurait plus ce qu'est le plaisir de s'abandonner dans les bras d'un autre. Il n'est pas seul en compagnie de lui-même cette fois, non il est avec celui qui lui a fait découvrir des sentiments si extrêmes qu'il aurait pu crever sur place de le voir s'en aller loin de lui. Cette fois, il n'est plus là, pour un plaisir solitaire, à pleurer sous la douche toutes les larmes de son corps. A pleurer ce qu'il a perdu par sa faute. Seul avec ses regrets. Non, cette fois il est avec Jisung, et ce dernier joue des dents au creux de son cou tout en lui offrant cette part de bonheur qui lui manquait tant. Les sensations sont si divines qu'il finit par accrocher les bras forts de son compagnon afin de s'y agripper.

Toujours plus vite, toujours plus fort, brusque, presque violent dans ses gestes, le jeune ne le ménage pas un instant, au point que Minho ne sait plus retenir ses éclats de voix. Plus fort. Plus fort et plus loin. A mesure que son plaisir grandit, son dos se cambre, tous ses muscles se tendent, ses membres tremblent.

- Tu peux encore parler, là ?

S'il ouvre les yeux, c'est pour les refermer aussitôt, non sans faire mine de lever les yeux au ciel.

- Toi ferme-la, et continue.

« Oh oui, continue, poursuit, ne t'arrête pas ! » Sentant la main de Jisung s'enrouler autour de son membre délaissé, Minho ne peut empêcher un gémissement plus fort de s'échapper de sa gorge. Un gémissement rauque, un cri étouffé. Si bon... Si bon ! Et il se met à se mouvoir au rythme imposé, la respiration saccadée, courte, bien trop courte. La chaleur enfle au creux de son ventre, chaque muscle tendu semble menacer de rompre, il est si proche... Si proche ! Il ne respire plus, il tente de se contenir, tout menace d'exploser, et les mâchoires serrées, il ne sait retenir ses cris, et là, une sensation si intense que tout son corps se tend comme un arc. Une décharge électrique qui le saisit, qui le parcourt dans son entièreté sans qu'il sache la refréner.

Et plus rien.

C'est un cri de frustration qui répond à la perte subite de ce plaisir qui ne demandait qu'à jaillir, mais sans qu'il l'ait vu venir, le voilà sur le ventre.

- Je te finis en levrette.

Putain. Sans demander son reste, le voilà à genoux, la croupe offerte, sans l'attente impatiente d'en revenir aux choses sérieuses. Encore, ils sont de retour à leur première fois, mais rôle inversés. Et si cela permet de recommencer tout de zéro en repartant sur de bonnes bases, Minho s'y adonne avec plaisir. Merde, qu'il le prenne, qu'il le ruine, qu'il l'achève. Tous ses membres tremblent d'anticipation à l'idée de l'accueillir de nouveau, ce qui arrive finalement rapidement. C'est un puissant gémissement qui passe les lèvres de l'homme lorsque son amant l'attire à lui pour le pénétrer entièrement, au plus loin. Il le remplit tant et si bien qu'il ne sait plus vraiment aligner la moindre pensée cohérente. Déjà il l'incite à reprendre un rythme soutenu, il a besoin de plus. Toujours plus. Il veut le sentir, graver sa présence au fond de lui. Jisung le comprend et il l'attire de nouveau à lui, plus fort, encore et encore. Les mouvements sont secs, profonds, et savamment maîtrisés, et lui procurent tellement de sensations qu'il en mordrait la couverture sous lui. Ses ongles s'enfoncent dans le tissu des draps qu'il malmène, et le plaisir revient encore plus fort. Chacun de ses muscles se tend de nouveau, encore, et encore sous la brutalité à peine contenue de son amant. Explosion de plaisir lorsqu'il s'enfonce profondément dans ses entrailles, frissons bienheureux lorsqu'il se retire et qu'il se sent presque entraîné avec lui.

- Putain, je vais... Je vais jouir...

Il ne sait retenir un grondement rauque suite à ses mots qu'il a peiné à dire. Et tout explose en lui. Son corps se tend avant de violemment se relâcher, et chaque muscle, la moindre fibre de son être n'est plus que spasmes courts et brutaux qui lui font vriller la voix qu'il contient dans les draps sous lui. Les poings serrés, il accueille la jouissance, si intense qu'elle le laisse pantelant un instant. Et il sent Jisung le rejoindre dans son acmé, le faisant gémir à l'idée.

Libéré, il se laisse tomber avant de rouler sur le dos, éreinté, mais bien heureux. Lorsqu'il croise le regard de son amant, il imagine qu'il va le rejoindre. Qu'ils vont enfin parler et s'écouter. Qu'ils vont mettre les choses à plat et tout arranger. Tentant de reprendre son souffle Minho amorce un sourire avant de finalement froncer les sourcils. Jisung s'agite. Bien trop pour que ce soit normal. Il se redresse et s'asseoit au bord du lit, tout en l'observant se revêtir, et ramasser le désordre qu'ils ont fait sans réfléchir.

- Qu'est-ce que tu fais ?

La question est posée, mais au fond de lui, il sait déjà. Il a à peine le temps d'attraper sa chemise qu'elle lui arrive en plein visage, et alors tout s'effondre dans son esprit. Tout ça n'était rien. Tout ce qu'ils viennent de vivre, ce n'était rien de plus qu'un exutoire à une frustration bien trop lourde à porter. Jisung n'a jamais eu l'intention de réparer les choses en le baisant. Ce n'était que ça. Une baise. Une sauterie. Il s'est juste fait sauter mais sans aucun sentiments. A part la répulsion qu'il lui provoque.

- Dépêche-toi de partir.

L'homme réceptionne alors les vêtements que lui lance encore son amant, et lui se retient de secouer la tête de dépit. Pourtant il pourrait s'y noyer.

- Alors c'est ça, tu préfères encore fuir... ?

Comme il aimerait que le jeune réponde que non, qu'il sache contrôler ce qui semble le travailler. Mais il ne sait même plus le regarder. Minho ferme les yeux un instant, et il repense à ces regards si profonds qu'ils viennent pourtant d'échanger. Si intense qu'ils auraient pu tout brûler.

- Pars.

Le coeur en miettes autant qu'en déroute, ce dernier se lève pour enfiler au moins boxer et pantalon. Mais il ne peut pas s'en aller sans au moins essayer d'échanger, de comprendre et de parler. Est-ce que son partenaire l'a fait exprès ? Est-ce que c'était voulu ? Le baiser, lui faire croire que tout pouvait s'arranger pour mieux lui broyer le coeur la seconde suivante ?

- Ca t'amuse ?

- Non, Minho. Cette situation ne m'amuse pas.

- Alors tu vas enfin te décider à parler ?

« Parle putain. Dis le, crache le... Frappe, évacue ce qui t'empoisonne ! »

- Et pour dire quoi ? J'ai essayé de venir discuter en début de semaine, et tu t'es comporté comme le pire des abrutis. De toutes façons, est-ce que tu sais te comporter autrement ?

Chacune de ses paroles est un poing en pleine face. Il est là, disposé à parler, l'entente semblait parfaite, et ils se sont retrouvés et liés d'une manière qui aurait pu donner lieu à tellement de changements dans leurs vies actuelles... Mais non...

- Mais tu te rends compte de ce que tu me dis ?

Il se rapproche. D'un pas. Parce qu'ils ne peuvent pas se quitter ainsi. Parce qu'ils doivent parler. Parler, ils doivent parler. Ils sont si proches, et Minho ne quitte pas Jisung des yeux. Il perd son regard dans le sien, avec toute l'intensité qu'il peut y mettre, mais avec une pointe de douleur si énorme qu'elle transparaît bien plus qu'il le souhaiterait.

- Je te demande, pour la dernière fois, de quitter ma chambre.

Cela ne donnera rien... Les épaules de l'homme s'affaissent alors qu'il pousse un soupir. Après ce qu'ils viennent de vivre, il ne se résoud pas à s'en aller ainsi.

- Pourquoi tu n'assumes pas au moins une fois ?

- Parce que toi tu assumes quelque chose peut-être ? Tu n'as jamais assumé ce qu'on a vécu, tu n''as jamais eu les couilles d'assumer ce que toi tu as toujours été. T'as préféré te cacher derrière les attentes des autres parce que t'as bien trop peur d'être le véritable toi. T'as peur que les gens te jugent et t'abandonnent.

Il sait tout ça.

- Oui, et tu sais très bien que j'ai raison.

Oh oui, il a raison, et cela se vérifie tellement souvent... Alors Minho poursuit sur sa lancée.

- Toi tu n'as rien perdu à être qui tu es vraiment ?

- Ne parle pas de ça, Minho.

- Oh si je vais en parler. Parce que tes parents ont été ravis d'apprendre que non seulement tu es gay, mais qu'en plus tu t'es fait sauter par ton beau-frère ? Eux, tu ne les as pas perdu ? Comme tu as perdu Dayoung ?

Il ne s'en veut même pas d'évoquer les pertes de son compagnon. Non, parce que s'il faut cela pour lui remettre les idées en place, il ne manquera pas utiliser ce qu'il a en sa possession.

- T'es vraiment un connard fini.

- Peut-être, mais toi tu n'es pas mieux.

- Pourquoi ? Parce que je te demande juste de te barrer de ma chambre ? J'ai plus rien à te dire, d'accord ? Je t'ai baisé, t'es content ? T'as eu ce que tu voulais ? Maintenant casse-toi, retourne dans ta vie parfaite de mec parfait, avec sa fortune à ne plus savoir quoi en faire, mais mêle-toi de ton cul parce qu'il y a du boulot !

Les paroles de Jisung laissent Minho sans voix. Il déglutit bruyamment alors qu'il sent son coeur s'effondrer dans sa poitrine. Doit-il le croire ? Doit-il vraiment réaliser qu'il ne voulait même pas de lui et qu'il l'a sauter par pure pitié ? Sans compter qu'il lui renvoie à la figure ce pourquoi ils ont dû en arriver là... Il a mal... Tellement mal... A tel point qu'il a du mal à reprendre assez contenance pour répondre. Il se sent si... Rien. Moins que rien. Une merde. Une sombre merde à qui on jette quelques miettes pour lui faire miroiter une vie qui n'existera jamais. Juste assez pour le blesser au plus profond. Sa voix est basse quand il parvient à répondre. Presque trainante.

- Tu vois, ton problème, c'est que tu baragouines beaucoup de choses, mais tu en comprends la moitié. Tu parles d'assumer, mais tu serais le premier à juger.

- Non, là tu te trompes.

Il ne compte pas le laisser gagner cette manche. C'est hors de question. Hors de question qu'il voit la faiblesse dans laquelle il se noie, alors Minho se redresse en haussant un sourcil, et se penche un peu vers lui. Lui aussi peut le blesser. Et ce ne sera pas volé.

- Tu ne t'es jamais demandé pourquoi Felix avait aussi peur de te parler de son petit ami ?

-Felix n'a rien à voir là-dedans et... Mais de quoi tu parles ?

- Il couche avec Chan. Tu connais, Chan ?

Touché. Il le voit dans le regard sombre du jeune homme. Il voit la fêlure qui s'ouvre sous chacun de ses mots. Et même si cela le blesse lui aussi, il s'estime moins floué que s'il n'avait pas cherché à répondre et à lui rendre la monnaie de sa pièce.

- Tu dis ça seulement pour me blesser.

- Non.

Après réfléxion d'une demie seconde, Minho hoche un peu la tête et peut bien lui concéder ça.

- Enfin, pas totalement.

- T'es vraiment...

- Un connard, j'ai bien compris ! J'aurais préféré ne pas l'être, mais c'est la seule manière de te faire fermer ta gueule.

Chose faite il semblerait. Alors il salue Jisung d'un mouvement de tête, et sa chemise en main, il effectue d'ores et déjà quelques pas.

- Voilà. C'est mieux. Maintenant tu m'excuseras, mais je vais repartir.

Il a voulu jouer, peut-être n'aurait-il pas dû. Tant pis pour lui. S'il était immatûre, l'homme aurait sans doutes pû lui faire la nique pour partir en beauté, mais ce serait vraiment trop gamin... Mais après une illumination soudaine, il s'arrête dans son mouvement. Quitte à être vexant, autant l'être jusqu'au bout. Puis on peut être PDG et redevenir un simple ado de temps en temps.

- Ah et au fait, tu baises vraiment bof.

Toujours pas un mot. Voilà qui est parfait. La situation grotesque arrache un pouffement de rire à Minho, et il ne se retourne pas un instant avant de sortir, laissant la porte se refermer derrière lui.

Les quelques pas qui le séparent de sa chambre sont effectués rapidement, et à mesure qu'il avance, son sourire se fane, son visage se crispe. Il ferme la porte de sa chambre dans laquelle il est rentré en trombe après avoir tapé le code, et il se laisse glisser contre le panneau, les épaules secouées de violents sanglots.

Comment peut-il avoir été aussi con ?

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