Chapitre 8.

Voilà maintenant trois jours que je n'avais plus bouger d'ici. Les heures qui ont suivi ma gueule de bois carabinée ont été affreuses. Je ne me souviens pas m'être déjà senti aussi misérable. J'avais l'estomac et la tête en vrac, comme une impression que des mains étaient à l'intérieur de mon coeur pour serrer mes organes les uns après les autres. C'est définitif, je ne boirai plus jamais. Une fois la gueule de bois terminé, c'est la grippe qui m'a frappé. Rien de mieux, ne pouvait m'arriver pendant mon voyage. Il commençait si bien. Cherry n'a cessé de me répéter que c'était à cause de nos tenues trop dénudées pour ce début d'automne. A l'avenir, je me couvrirai mieux. Heureusement pour moi, et malheureusement pour elle, Tania a été dans la même situation que moi, ce qui m'a permit de ne pas être toutes seules la moitié du temps. Nous en avons appris beaucoup l'une sur l'autre, parfois elle rentrait un peu trop dans les détails de sa vie personnelle et cela me mettait mal à l'aise. Pourtant, je restais quand même une oreille attentive, avoir de la compagnie me plaisait et apprendre à la connaître m'intéressait plus que je ne l'aurai imaginé.

Ce matin, je me sens un peu mieux, toujours faible mais beaucoup mieux. Mon FaceTime avec Laura hier soir m'a rebooté et je suis sur un petit nuage. Elle arrive dans une semaine. Je me suis mise à hurler lorsqu'elle me l'a annoncé et elle m'imitait à l'autre bout du fil. Elle me manque tellement. J'ai hâte de la revoir. Elle logera ici pendant sa semaine de vacance, je ne pouvais imaginer qu'elle aille dormir seule alors que j'avais une chambre à moi. Cherry a tout de suite accepté et Tania reve de rencontrer l'une des personnes les plus importantes à mes yeux.

Je me sors des draps et descend remplir mon estomac comme tous les matins depuis presque une semaine. Aujourd'hui, la culpabilité qui pesait sur mes épaules se fait moins lourde et mes pas sont beaucoup plus léger. Chaque jour qui passe est un jour affronté avec force et courage, m'amenant lentement vers une nouvelle vie. Une nouvelle vie, que je me dois de reconstruire malgré la douleur incessante qui comprime mon coeur. La vie continue, et moi, je dois continuer de vivre.

J'ai tenu ma promesse, chaque jours je lui ai écris un message pour qu'il sache que je pense à lui. Ce matin, encore arrivé au salon pour prendre mon petit déjeuner, je lui écris quelques mots.

Tu me manques toujours autant, ce matin je me sens beaucoup mieux. Ne va pas croire que je t'oublie, j'essaie simplement d'avancer. Je viendrai te voir bientôt. Ne t'en fais pas. Je t'aime.

J'appuie sur envoyer et à chaque message écrit mon coeur est moins serré. Comme si le fait de lui écrire me soulageait de ma peine. Je ne veux pas m'en débarrasser trop vite, cela voudrait dire qu'il ne comptait pas assez pour moi, pour que je souffre pour lui. Mais, égoïstement, je ne veux pas ressentir ça éternellement. Je veux vivre, avancer et me sentir heureuse. Parce que quoi que je fasse, qu'importe les prières que je réciterai en le couchant, il ne sera plus jamais là.

— Bonjour, Brianna.

— Bonjour, Cherry. Tania, n'est pas encore levée ?

— Oh, si. Elle avait prévu de prendre le petit déjeuner avec ses amies. Elle ne voulait pas te réveiller, on ne savait pas comment tu te sentirai ce matin. Elle sera sûrement bientôt de retour.

En me disant ses mots, elle a l'air désolée pour moi. Je ne lui en veux pas. Je me sens bien seule aussi. Tania, a d'autres amies et je ne veux pas non plus être un poids pour elle. Je ne veux pas qu'elle se sente obligé de m'appeler chaque fois qu'elle entreprend de faire quelque chose, juste parce que j'ai pris la décision de voyager toute seule.

— Ne vous en faites pas.

— Je peux te dire quelque chose ? Ne m'en veut pas, mais j'ai essayé de creuser du côté de Tania, pour en savoir plus à ton sujet.

Bien évidemment, vu la tête qu'elle est en train de faire, je suppose qu'elle me parlera forcément de lui.

— Je veux pas parler de ce qui te fera de la peine, me dit-elle. Je sais combien ça peut être dur. Je voulais simplement te dire que je te comprends et que si tu avais envie de discuter de quoi que ce soit avec moi, je te tendrai mon oreille.

- Merci, est le seul mot qui sort de ma bouche.

Parler de lui avec Tania, n'a pas été bien difficile. Mais parler de ce que je ressens, du manque, de la douleur. Je n'y suis pas encore prête. Il y a simplement une chose que je voudrai savoir, et là seule personne qui est capable de répondre à cette question se trouve en face de moi.

— Quand est ce que ça s'arrêtera ?

— Quand tu décideras que la douleur que tu ressens, n'est rien à côté du bonheur que tu as ressenti lorsque tu étais à ses côtés. Tu es forte et courageuse personne ne se serait comporter comme toi, face à cette situation. Moi, je devais être forte pour ma fille, mais toi, tu avais tout le temps de t'apitoyer sur ton sort et tu ne l'as pas fait. C'est ce qui fait ta force Brianna et il ne faut jamais que tu oublies ça. Toi, tu as encore la chance d'être vivante.

— Pourtant, tout ce que je fais me rend coupable. Je me sens coupable de continuer à vivre alors que lui ne le peut plus. Vous comprenez, je le connais depuis toujours. Je n'avais jamais été séparé de lui aussi longtemps. Comment je pourrai refaire ma vie, sans avoir l'impression de le trahir ?

Mes mots sont des confessions et des supplications à la fois. Je lui prie de répondre convenablement à mes questions espérant que ses réponses m'apporteront ce dont j'ai besoin.

— Rien ne pourra jamais te le ramener, mais toi, tu es ici. En bonne santé et pleine de vie. Tu ne le trahis pas, tu honores simplement sa mémoire en étant heureuse. Que cela soit seule ou avec quelqu'un d'autre, pour t'accompagner. Il aura toujours sa place avec toi et rien ni personne ne pourra le remplacer, mais tu es encore jeune, tu as la vie devant toi et tu as le coeur assez grand pour donner ton amour à d'autres personnes. Parce que même, lorsqu'on pense qu'on ne peut plus rien donner, on trouve toujours quelque chose au fond de nous à partager. Et toi, ma petite, continue t-elle, tu as toute la vie pour apprendre à aimer quelqu'un d'autre, mais surtout, tu as toute la vie pour apprendre à être heureuse. Pour moi, il était déjà trop tard. Toi, tu n'es qu'à l'aube de ta vie.

Je me lève sans dire un mot pour la serrer fort dans mes bras. J'aurai aimé avoir une mère comme elle, une mère aimante et de bons conseils pour m'aider à affronter comme aujourd'hui, les étapes dures de la vie.

— Merci, je lui répond simplement, parce que c'est le seul mot que je peux lui dire pour lui montrer toute la gratitude que j'éprouve à son égard.

Je quitte peu après notre discussion le salon pour aller prendre une rapide douche et sortir dans les rues accompagnée de mon appareil photo. Tout ce qui se présente à moi, finit sur mon écran. Je ne loupe rien, ni personne. Je capture des tonnes et des tonnes de moments pour avoir la possibilité de choisir le parfait cliché. Des hommes, des femmes, des enfants. Tout y passent et ils sont tous plus beaux les uns que les autres.

Je continue de marcher jusqu'à trouver un petit bar pour aller me rafraîchir. Je commande une bouteille d'eau et reprend mon appareil dans les mains. Je continue d'appuyer sur le bouton de mon appareil, jusqu'à ce que l'écran devienne complètement noir. Je regarde et pourtant il n'y a aucun problème. Quand je lève les yeux, je me rends compte qu'il n'était pas noir parce qu'il ne fonctionnait plus, mais parce qu'il se tenait devant moi, empêchant mon appareil de voir d'autres couleurs que celle de ses habits noirs. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top