Chapitre 4.

      Je suis pétrifiée devant ce que Tania vient de me dire et je ne sais plus ou me mettre. Je prendrai mes jambes à mon cou et je fuirai me réfugier loin d'elle si je le pouvais. Nous habitons dans la même maison et elle est là seule personne que je connais ici, ce n'est pas le moment de mentir et de perdre ma future amie.

— Oui, je sais il est beau.

— Non, c'est un putain de dieu grec tout droit sorti d'un film. Le mot beau n'est pas assez fort pour le décrire. Si j'avais eu un petit ami comme ça, je l'aurai crié sur tous les toits. Tu devrais faire pareil, me dit-elle tout excitée en gesticulant dans tous les sens.

Elle a l'air choqué que je ne dise pas que j'ai un petit ami et elle a bien raison. Avant, j'adorai le dire à chaque personne que je croisais dans la rue que James partageait mon lit. Ça le faisait rire et moi ça me rassurait de le voir me laisser faire. De cette façon, je me disais que personne n'allait me le voler parce que tout le monde saurait qu'il etait à moi. Puis, le destin lui n'en avait rien a faire que James m'appartiennes. Il lui appartenait aussi et il ne s'est pas gêné de me le faire savoir.

Mes yeux commencent à me piquer et mon coeur menace de sortir de ma poitrine, mes jambes tremblent et ne tiennent plus mon corps, j'ai de la chance d'être assise sur une chaise, mes bras sont lourds et pendant une minute je pense que je vais m'effondrer. Tania me parle mais je n'entend rien de ce qu'elle me dit, ses paroles ne sont que des brouhaha sans fins qui n'arrivent pas à parvenir jusqu'à mes oreilles, jusqu'à ce qu'elle insiste, cette fois ci plus fort tout en tenant ma main dans la sienne.

— Brianna, tout va bien ? Oh oh.

— Désolée, lui dis-je.

      Je souffle un bon coup et j'essaie de reprendre mes esprits. J'aimerai éviter ce sujet, mais comment faire ? Je suis coincée. Je suis obligée de lui dire la vérité sur James, et pourquoi je n'ai pas parlé de lui et de sa beauté tout droit sortie d'une autre dimension.

— Il.... James...

J'essaie tant bien que mal de faire sortir les mots de ma bouche, mais je n'y arrive pas.

— Oui, dis moi.

— Il... il est mort, Tania. Mort.

Quand ces mots sortent c'est comme si ils avaient écorchés ma gorge et qu'elle était en sang, ouverte de chaque côté. J'avais peur de me briser complément lorsque je les prononcerais, mais rien de tout cela ne se passe. Pour le moment, je vois simplement la tête de Tania, et vu la tronche qu'elle est en train de tirer je vois qu'elle ne sait plus où se mettre, mais ce n'est pas de sa faute, elle ne s'attendait pas à une telle réponse de ma part, moi non plus d'ailleurs.

Pourquoi m'as-tu laisser toute seule ici ?
J'avais tellement besoin de toi.

— Je suis désolée, terriblement désolée. Je n'aurai pas parler de lui de cette manière si j'avais su une seule seconde ce qu'il lui était arrivé. Ne m'en veux pas.

— Tu n'étais pas au courant, ce n'est pas de ta faute. Je n'en ai pas parlé, parce que c'est tout frais. Lorsque je suis arrivée hier, je venais tout juste de lui dire au revoir.

— Co... comment ça ? Je ne comprends pas trop, demande t-elle perplexe.

Je pensais ne pas être prête à en parler, mais c'est comme si les mots qui sortaient de ma bouche me libérait de ma souffrance intérieur. Tania, ne le connaissait pas, je peux donc lui parler de lui sans crainte, cela ne lui causera pas de peine, tandis que la mienne s'en ira un peu dans les airs le rejoignant lui, au dessus des nuages.

— James a eu un accident de voiture, il est mort sur le coup. Le choc a été tellement violent qu'il n'a pas survécu. En suite, je t'épargne tout le tralala, ils l'ont préparés, ils l'ont amenés à l'église et nous l'avons enterré. Nous avions prévu de venir à Paris pendant douze semaines pour visiter tous les alentours ensembles et se couper un peu de notre vie à Londres. Puis, il est parti. J'ai décidé de partir quand même. Je ne voulais pas rester là bas, c'était trop dur. Lorsqu'il était à l'église je pouvais le veiller toutes les nuits et c'était comme si il était toujours avec moi, mais une fois l'enterrement passé, je ne le verrai plus tu comprends ? James a fait partie de ma vie pendant de longues années, c'est mon amour du collège.

— Mon Dieu... je suis tellement désolée qu'il te soit arrivée une chose pareille.

— Je suis désolée aussi. On avait tellement de choses à partager encore ensemble. On était à l'aube de notre vie et puis tout s'est arrêté d'un coup. Tout s'est effondré tel un château de cartes face à un courant d'air. Même si j'ai pu paraître insensible aux yeux de beaucoup de monde là bas, je me sentais obligée de partir...

— Personne n'a le droit de te juger - sa voix se veut rassurante - personne ne vit ce que tu es en train de vivre. Chacun réagit à sa façon, on ne sait pas à l'avance comment on va se comporter face à une telle situation.

— Tu es la première personne à qui j'en parle et pour je ne sais quelle raison je n'ai pas envie de m'arrêter.

— Continue, je t'écoute.

— Je savais que si j'en parlais, si j'évoquais sa perte ou même si je restais à Londres, mon monde s'effondrerait complètement et ce n'est pas ce qu'il aurait voulu. Il était tellement excité à l'idée de réaliser ce voyage que je ne me voyais pas rester là bas. On s'est toujours promis que l'on continuerait à vivre si l'un de nous venait à disparaître et je veux honorer cette promesse. Je veux qu'il puisse être fier de moi, ce voyage était son rêve et c'est à moi de le réaliser aujourd'hui, même si je suis toute seule à présent.

— Je te trouve courageuse, tu sais.

Ses yeux sont brillants après mon récit et qui serait insensible à tout ça ?

— D'autres pensent que je suis lâche .

— Permet moi de te dire que ceux sont simplement des cons. Tu me fais penser à ma mère, tu sais., me confie t-elle. Lorsque mon père nous a quitté je l'ai vu triste seulement pendant les jours où nous étions à l'église. Une fois que tout ça était fini, ma mère ne s'est plus jamais laissé être malheureuse. Lorsque je lui disais «  comment tu fais maman pour surmonter tout ça? » elle me répondait simplement que c'était ce que mon père aurait voulu. Et il n'y a rien de plus courageux que cela, honorer la mémoire d'un mort en respectant sa promesse malgré la douleur qui nous ronge. Et pour ça, tu es courageuse et honorable. Il serait très fier de toi.

Cette fois c'est bon, les larmes coulent sur mes joues à l'entente de tant de mots apaisants et réconfortants à la fois. Je ne sais pas comment une personne presque inconnue pour moi peut me faire un tel effet avec de simples mots.

— Merci, merci pour tout ce que tu m'as dis et merci de m'avoir écouté.

— Tu me raconteras plus tard vos bons moments, on a assez évoqués de choses tristes pour aujourd'hui. Viens, rentrons.

Nous réglons la note et partons en direction de mon bed&breakfast et de sa maison pour sa part. Le coeur un peu plus léger je rentre me reposer après tant d'émotions ressenti. Pendant le trajet du retour, Tania ne dit pas un mot me laissant seule avec mes sentiments refoulés, comme si elle comprenait ce dont j'avais besoin. Je lui en suis reconnaissante. Je ne cesse de penser et en même temps je me libère à chaque pas que je fais. Mon appareil en main, je la laisse marcher devant moi afin de réaliser de nouveaux clichés d'elle et de créer dans ma nouvelle vie, de nouveaux souvenirs avec de nouvelles personnes.

— On dîne ensemble ce soir ? Dans un petit restau pas loin d'ici ? C'est bon pour toi ? me demande cette belle jeune femme au teint de porcelaine.

— Parfait. Je monte me reposer un peu, la journée a été riche en émotions.

Je monte les escaliers lorsqu'elle m'arrête dans mon ascension.

— Eh, Brianna ?

— Oui ?

— Ne laisse pas les gens t'atteindre, tu es formidable.

Quand je disais qu'elle faisait partie de ces êtres exceptionnels, je ne me trompais vraiment pas.

Arrivée dans ma chambre, je regarde mon reflet dans le miroir, mes yeux sont bleus sont encore vitreux après toute cette révélation sur ma vie, et mon teint est encore plus blanc que d'ordinaire, mon chignon blond est en bataille et pend sur le côté de ma tête me laissant une allure plus que décontractée. Je souris en me voyant, parce qu'il avait raison. James me disait qu'il aimait mes lèvres par dessus tout, parce que même lorsque j'étais triste, même lorsque je paraissais éteinte mes lèvres elles, gardaient toujours leur teint éclatant, donnant à mon visage, une touche de lumière.

Elles brilleront toujours pour toi.

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