Chapitre 8
Endou eu du mal à se défaire de l'étreinte de sa mère au cours de la soirée, mais il ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait eu peur qu'il ne lui arrive quelque chose après sa fugue soudaine. Le jeune homme essaya de la rassurer, certifiant que ça n'arriverait plus, mais qu'il avait eu la nécessité de sortir au vu du tournant de la conversation. Bien sûr, sa mère n'avait pas changé d'avis concernant les Enfants des Ténèbres, Endou passa donc sous silence l'amitié qu'il comptait bien débuter avec ledit Enfant des Ténèbres, il n'était pas nécessaire d'alarmer sa mère. Par contre, il sentait le contre coup monter suite à sa grande discussion avec Gouenji, il devenait urgent de se rendre aux toilettes. Il arriva à se défaire un peu de sa mère, justifiant qu'il devait vite aller au petit coin car ça devenait pressant. Heureusement elle le laissa faire et surtout, ne le suivit pas. Il aurait eu l'air malin si elle l'entendait vomir tout ce qu'il avait dans l'estomac. Ce n'était jamais un moment agréable, loin de là, mais il voyait ça comme un faible sacrifice pour atteindre son objectif. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs après tout. Il se demandait si Gouenji avait les mêmes symptômes que lui, ou s'ils divergeaient. Encore une question qu'il devait noter dans son esprit pour lui poser plus tard.
Se sentant mieux après ça, il sortit et partit prendre une douche pour se réchauffer avant d'aller au lit. Il aurait bien voulu parler avec son père aussi, en savoir plus concernant son opinion et l'ami qu'il aurait pu avoir et qui, d'après sa mère, était un Enfant des Ténèbres. Mais pour l'heure, il ne voulait pas repartir sur un sujet glissant, il attendrait donc d'être seul avec lui, au bon moment. Quand il quitta la salle de bain, il vit que sa mère était en train de préparer soigneusement son lit, les mains tremblantes, le visage pâle. Même si elle était rassurée de le voir de retour à la maison et en un seul morceau, personne n'oubliait la dispute qui avait eu lieu un peu plus tôt. Elle devait toujours être inquiète sur ce sujet là.
- Maman ?
Elle se redressa d'un bond et lui afficha un sourire qu'elle voulait sincère et calme, mais Endou voyait bien que ce n'était pas le cas. Lui-même avait servi ce sourire à tout vas au long de la semaine écoulée.
– Il ne va rien m'arriver, ne t'en fais pas.
– On ne peut jamais en être sûr. Il y a des gens dangereux partout, et tu ne maitrise pas correctement tes pouvoirs en plus.
Peut-être qu'elle était là, sa solution pour la rassurer et pour lui donner confiance. Il pouvait envisager de sincèrement apprendre la maîtrise de ses pouvoirs, afin d'être en mesure de se défendre convenablement si sa vie était menacée.
– Si ce n'est que ça, je peux retourner voir les Anciens pour qu'ils m'apprennent à m'en servir.
Le visage de sa mère changea, mais pas pour de la joie ou du soulagement comme il aurait pu le croire. Au contraire, elle semblait presque dépitée, ce qui interloqua Endou, qui ne comprenait pas pourquoi. Il aurait cru que cela lui ferait plaisir, vu qu'il avait toujours refusé de côtoyer les Anciens de son Clan.
– Tu y tiens donc tant que ça...à ce que cet Enfant reste près de toi, chuchota-t-elle.
Il ne savait pas quoi lui répondre, jamais sa mère ne pourrait comprendre ce qu'il ressentait, le lien soudain et invisible qui s'était créé à partir du moment où son antagoniste avait croisé sa route. Mais il ne pouvait pas continuer à lui mentir, elle finirait par découvrir la vérité dans tous les cas.
– Oui, répondit-il sans que sa voix ne tremble. Et rien de ce que tu pourras dire ne changera ce fait, je suis désolé. Je ne peux que te promettre d'être prudent et d'apprendre l'usage de mes capacités, mais tu ne peux pas me demander de m'éloigner.
Elle serra ses bras contre, le visage morose, au bord du gouffre. Ca lui faisait sûrement mal d'entendre ça, de voir que son fils ne voulait pas l'écouter et se mettait en danger sans raison.
- Je vois.
Elle avait eu l'air de vouloir dire autre chose, mais se ravisa, se contentant de ces deux mots simples et abattus. On ne lui laissait pas le choix, elle le savait et le constatait.
- Je vais te laisser dormir, tu as école demain.
Elle quitta la chambre sans un mot de plus et ferma la porte derrière elle, laissant Endou à ses pensées. En temps normal il aurait regretté ces propos, aurait tout fait pour réconforter sa mère et lui redonner le sourire, mais pas aujourd'hui. Il avait été honnête, sincère. Sincère avec elle et avec lui même.
C'est donc sans remords qu'il rejoignit son lit et trouva le sommeil en peu de temps, exténué par tout ce qui était arrivé au cours de ce weekend, et tout ce qu'il avait appris.
Le lendemain matin, c'est avec bonne humeur qu'il se leva et prépara son sac. C'était la première fois depuis une semaine qu'il se réveillait frais comme un gardon et en forme olympique. Il sauta dans ses affaires, descendit à la cuisine et ne trouva personne, si ce n'est un petit mot disant que le boulot avait commencé plus tôt pour ses parents aujourd'hui. Il ne s'en formalisa pas, mangea le petit-déjeuner laissé par sa mère, et disparut de la maison pour se diriger vers le lycée. Il lui restait cependant une inconnue dans son équation de nouvelle amitié avec Gouenji, comment allait-il faire pour la concilier avec ses amis actuels ? Il était presque sûr que personne n'aurait envie de fréquenter un Enfant des Ténèbres, surtout vu ce qu'ils avaient vécu durant le weekend.
Il s'arrêta alors, pensant à quelque chose. Comment se faisait-il qu'il n'ait pas été si traumatisé que ça par la scène ? Il avait vu un homme mort, dans son sang, et un autre avait tenté de le tuer. Pourtant, pas une seule fois il n'en avait fait des cauchemars, pas une seule fois il n'y avait pensé. Etait-ce parce qu'il s'était plongé immédiatement dans la lecture pour trouver des réponses sur Gouenji ?
- Tu bloques le passage, pousse toi un peu.
- Hum ?
Il tourna la tête, tomba nez à nez avec celui qui occupait un peu trop ses pensées depuis une semaine, et sourit de manière instinctive, sans réfléchir.
- Désolé, j'étais dans mes pensées !
- Je ne l'aurais jamais deviné dit donc.
- Ça ne t'arrive jamais de te perdre dans ta tête comme ça ? demanda Endou en se remettant à marcher.
- Pas en plein milieu de la route, non. C'est toi qui est juste bizarre.
Le brun rigola doucement, heureux au fond de lui d'arriver à avoir une discussion banale comme ça avec Gouenji, même si son estomac allait lui faire regretter dans peu de temps.
- Dit, tu as quoi comme symptôme quand tu me fréquentes ? Demanda-t-il, curieux de connaître la réponse.
- Ouah, c'est vraiment tout ce que tu veux savoir ? fit le blond en arquant les sourcils.
- Il y a plein de choses que je voudrais savoir, mais je me dis que ça viendra au fur et à mesure. Et donc ?
Gouenji laissa échapper un bref soupir en secouant la tête, comme s'il était déjà fatigué d'avoir accepté la proposition d'Endou la veille.
- J'ai droit à des migraines carabinés pendant une bonne demi-heure, du genre dans le noir sur un lit sans bouger. Autant te dire qu'il ne faut pas m'adresser la parole pendant cette courte période.
Ca ne devait pas être agréable non plus, surtout si ça durait 30 minutes, ça pouvait être très long quand la douleur était vive. Et pourtant, il était là, et lui avait serré le bout de bois la veille pour tenter de se rapprocher.
- Finalement, on aime peut-être juste souffrir, lâcha Endou. Ça s'appelle comment déjà ce genre de pratique...
Gouenji lui lança un regard interloqué, il ne s'attendait clairement pas à une telle remarque, et un très léger rire lui échappa. Ca ne dura qu'un bref instant, comme une note de musique sur un piano, mais cette seconde chose vint le surprendre un peu plus.
- Tu vois, moi aussi j'ai une influence sur toi, sourit Endou.
Gouenji ne dit rien et reporta son attention droit devant lui, il semblait confus. Endou trouvait ça triste, de n'avoir jamais eu la possibilité de rire ou de s'amuser. Mais il était là à présent, et ça changeait tout ! Il ne se laisserait plus vaincre par les Ténèbres, et sa Lumière submergerait le blond.
Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent au niveau du portail d'entrée qui menait vers l'établissement scolaire, et Endou était un peu anxieux de se retrouver de nouveau face à ses amis. C'était à cause de lui qu'ils avaient été blessés après tout, et allait-il être jugé pour son choix de vouloir côtoyer Gouenji ? Il se doutait bien que oui, en plus maintenant ils savaient tous qui il était. Il ne voulait pas que ça se passe mal et que le blond se fasse juger. Mais après c'était lui qui était venu les sauver, donc peut-être que ça irait mieux ?
Il se prit alors un coup sur la tête et lâcha un petit cri de douleur en posant ses mains à l'endroit du choc.
– Mais tu fais quoi là !
Gouenji avait sorti un livre de son sac, pour venir le frapper avec, l'air très sérieux, comme s'il n'avait rien fait de mal.
– Je fais taire tes pensées. Tu me fatigues à être anxieux. Je croyais que tu devais me donner plein de Lumière et que tu pourrais facilement contrer mes Ténèbres.
Endou frémit légèrement, il avait encore fini par se perdre dans ses pensées tortueuses, et Gouenji pouvait aisément le sentir.
– Bien sûr ! J'étais juste en train de réfléchir un peu !
– Laisse tomber, le mensonge ne fonctionne pas contre moi. Ça empeste les Ténèbres quand une personne ment.
– Tu es insupportable.
– C'est toi qui a voulu forcer pour être mon ami, assume.
Endou lui tira la langue, avant d'éclater de rire en se massant la tête. Il avait raison, ce n'était pas le moment de se morfondre. Il devait agir comme d'habitude, être naturel, et tout irait bien. Car c'est ainsi que sa vie s'était toujours déroulée.
– Endou ! Te voilà !
Le brun tourna la tête et vit Kidou arriver vers lui, le pas rapide. C'est vrai qu'il ne lui avait pas donné de nouvelles après son départ la veille. C'était un peu grâce à lui que tout s'était enchaîné et qu'Endou avait trouvé des réponses. Son ami se stoppa quelque peu en voyant Gouenji à ses côtés, le visage troublé, sourcils froncés. Pas étonnant qu'il se pose des questions, ils avaient lu ensemble que les destins des deux Enfants étaient de se battre après tout.
– Je crois que j'ai manqué un épisode, non ?
– Euh, je t'expliquerais ! sourit Endou. Mais à partir de maintenant nous sommes amis !
Kidou avait le visage du gars sceptique au possible, Endou sentait facilement qu'il se demandait si c'était vraiment une bonne idée. Il serait difficile de lui faire comprendre la situation, mais il fallait essayer.
– Je te raconterai pendant la pause, promis.
– Tu es vraiment sûr de toi, Endou ?
Le ton de Kidou était empreint de crainte, d'hésitation, et Endou pouvait presque sentir Gouenji se tendre sans même le regarder. Pour lui, ça devait être une situation bien désagréable, de se faire juger à cause de ce qu'il était de naissance. Mais il n'en laissait rien transparaître, le visage fermé et froid, comme si ça lui passait au-dessus. Cependant, Endou savait désormais que c'était faux, qu'il revêtait un masque pour se protéger, et qu'il souffrait à l'intérieur de lui.
– Bien sûr, dois-je te rappeler que c'est grâce à lui que je suis vivant ? Et nos amis aussi. Sans son intervention, on serait sûrement tous mort dans ton salon.
Il l'avait dit sur un ton plus dur qu'il ne l'aurait voulu, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être énervé contre cette situation, de constater le manque de gratitude de son ami. Gouenji avait sauvé tout le monde, et il ne se prenait que méfiance et crainte en retour. Sa vie se résumait-elle à ça ?
– On y va.
Par réflexe il tendit le bras vers celui du blond, voulant le saisir par la manche pour l'entraîner avec lui, mais cette force étrange le repoussa avant qu'il ne puisse le faire. Mince ! C'est vrai ! Il avait l'air fin dit donc. Mais Gouenji comprit vite où il voulait en venir et tourna les talons pour s'éloigner de Kidou. Ce dernier ne dit rien, réfléchissant aux propos de son ami, confus.
– Désolé pour ça, marmonna Endou quand ils furent un peu plus loin. Kidou est intelligent normalement !
– C'est justement parce qu'il l'est qu'il réagit comme ça.
– Mais quand même ! Il devrait être un peu reconnaissant ! Tu as sauvé tout le monde !
Ils arrivèrent à la salle de classe et Gouenji s'assit sur sa chaise, posant sa tête sur ses paumes de mains, le regard toujours aussi sombre et dénué de joie.
– Je suis habitué, ça a toujours été comme ça. Peu importe les bonnes actions que je puisse faire, les gens ne retiennent que ce que je suis. L'Enfant des Ténèbres, maudit par les dieux, qui finira par provoquer le chaos. Je pourrais sauver un pays entier que ça n'y changerait rien.
Endou se mordit la lèvre, tout était si injuste et cruel dans ce monde.
– Moi, je suis de ton côté.
Gouenji le regarda, d'un air qui n'en était pas totalement convaincu. Sûrement devait-il penser qu'Endou aussi finirait par en avoir marre, se lasser d'être malade et de supporter les Ténèbres, et finirait par partir et l'abandonner.
L'abandon, c'était un sentiment que devait connaître le blond, Endou en était assuré. Il voulait changer ça, lui offrir de l'amitié, de la joie, de l'insouciance.
– Tu verras, je vais le prouver par mes actions, sourit Endou. Et après, tu ne pourras plus en douter.
– Si tu restes trop longtemps avec moi, tu vas perdre tes amis.
– J'arriverais à les convaincre.
– Et si ce n'est pas le cas ? Qu'ils se détournent de toi ? Qu'est ce que tu feras alors ?
Endou sentait que la question était piège, il voulait savoir le choix qui serait fait s'il venait à se retrouver dans cette situation de tiraillement. Cherchait-il à anticiper un futur abandon ? Mais Endou n'avait pas besoin de réfléchir, parce que la réponse lui vint naturellement, sans hésiter.
– Je resterais avec toi. Si mes amis ne peuvent pas comprendre mes choix ou faire un effort pour te connaître, alors je continuerais sans eux.
Il vit le regard de Gouenji vaciller avant qu'il ne baisse la tête pour la cacher entre ses bras sur sa table. S'il pouvait déceler le mensonge, alors il voyait qu'Endou était sincère dans ses propos, qu'il ne mentait pas, qu'il le pensait vraiment.
– On se revoit à la pause, sourit ce dernier en entendant la cloche sonner. A tout à l'heure !
Il retourna à sa place, le visage souriant. Il était conscient d'avoir troublé Gouenji, mais c'était dans le bon sens du terme. Il voulait lui prouver que c'était fini son ère de solitude, qu'il ne serait plus seul. Il avait hâte que les cours passent, encore plus que d'habitude. Il devrait aussi parler avec Kidou, pour tenter de lui expliquer. Il était intelligent, alors Endou voulait y croire, croire au fait que Kidou serait capable de donner une chance à Gouenji et de devenir aussi son ami. Il n'y avait pas de raison que ça se passe mal, après tout les Ténèbres de Gouenji n'avait un effet que sur Endou, pas sur les autres. Et en parlant d'effet, Endou dû quitter le cours en plein milieu pour aller aux toilettes et vomir une énième fois. Il commençait presque à s'y habituer, et revint rapidement en cours, voyant du coin de l'œil que Gouenji se tenait la tête, les yeux fermés. Lui aussi devait encaisser le contre coup à l'heure actuelle.
Pourtant, à la pause du midi, ils se retrouvèrent une nouvelle fois, comme si ça n'avait aucune importance.
– Tu manges ou le midi ? demanda Endou, je ne te trouvais jamais à chaque fois.
– J'allais en extérieur, pour justement éviter de te croiser.
– C'est malin ça !
– Bien sûr, je ne suis pas un idiot.
Endou avait la sensation qu'il allait un peu mieux comparé à ce matin, ça lui faisait chaud au cœur.
– Ça te dit d'essayer la cantine alors ? Ce n'est pas si mauvais tu sais, quand on est pas difficile.
– On risque de croiser tes amis là-bas, tu sais. Et je n'apprécie pas forcément les lieux clos avec autant de monde.
– A cause de tes pouvoirs ?
Gouenji opina lentement de la tête.
– Donc tu ressens les Ténèbres chez chaque personne autour de toi ? Ça doit être très fatiguant à vivre.
– C'est bien pour ça que je m'isole.
– Donc pas de cantine si je comprends bien.
Il y eut un petit silence, Gouenji semblait hésiter. Hésiter à lui dire quelque chose et à prendre la décision.
– On peut essayer, je voudrais vérifier quelque chose.
– Quoi donc ?
– Tu verras.
Endou fit la moue mais n'insista pas, ils partirent donc vers le réfectoire et prirent plateau et repas avant de s'installer à une table. Pour le moment, l'Enfant de la Lumière n'avait pas croisé ses amis, ce qui le soulageait pour être honnête. Faire face à Kidou ce matin avait déjà était fatiguant, il ne voulait pas en rajouter une couche avec tous les autres en même temps.
– Alors ? Qu'est ce que tu en penses ?
– Qu'il ne faut vraiment pas être difficile, en effet. Mais bon, ça reste mangeable.
Endou rigola, les cantines n'étaient jamais connues pour être délicieuses de toute façon. Mais au moins ils n'avaient pas besoin de ramener leur repas, et ils se mettaient juste les pieds sous la table.
Gouenji ne parla quasiment pas du repas, et Endou ne chercha pas à entamer la conversation. Si le blond avait du mal avec les endroits de ce genre, il ne voulait pas le fatiguer encore plus en parlant à tout bout de champ. Il attendit donc qu'ils soient de nouveau en extérieur, loin de la cohue et des brouhaha incessant.
– Ça va ? Ce n'était pas trop difficile à supporter ?
Gouenji était pensif, et mis quelques instants avant d'entendre la question d'Endou et la comprendre.
– Plus facile que je ne l'aurais cru. Je n'entendais presque rien pour être honnête.
– Mais c'est super ça dit donc ! fit Endou des étoiles dans les yeux.
Le blond resta silencieux plusieurs minutes, en proie à la réflexion. On pouvait facilement sentir qu'il ne savait pas quoi en penser, qu'il était un peu perdu et perturbé.
– Pourquoi tu fais cette tête ? Tu devrais être content que ça se soit bien passé, non ?
– Sûrement. Mais je ne pense pas que ça vienne de moi.
Endou haussa les sourcils, que voulait-il dire par là ? Au moment où il se posa cette question, sa bouche forma un "oh" de compréhension, et il se pointa du doigt.
– Tu penses que...
– Oui, je pense que c'est toi qui atténue ce que j'entends. La Lumière que tu dégages doit permettre d'affaiblir mes capacités de perception.
– Mais c'est bien ou pas ?
Vu la tête qu'il faisait, Endou ne savait pas s'il devait se réjouir ou non de cette nouvelle. Et apparemment, Gouenji était dans le même cas que lui.
– Je l'ignore. Ça me permet de respirer et de ne pas être harcelé par les pensées des gens, mais en même temps cela signifie que tu affaiblis mes pouvoirs, que tu me rends plus faible et vulnérable.
Il ferma les yeux et porta une main à son front, incapable de dire quelle réponse était la bonne. Etait-ce bien ou mal ?
– Moi, je pense que c'est bien, décréta alors Endou.
Gouenji rouvrit les yeux pour le regarder, confus, se demandant d'où lui venait cette assurance.
– Nous avons décidé de ne pas nous battre, toi et moi. Alors, qu'est ce que ça peut faire que tu te retrouves un peu plus faible à cause de moi, puisque tu n'as rien à craindre ? De toute façon, même affaiblis, je suis sûr que tu pourrais mettre une raclée à n'importe qui ! Alors, autant voir le bon côté des choses, tu souffres moins, et c'est tout ce qui compte.
– Tu ne comprends pas, souffla Gouenji qui avait un air épuisé.
– Alors, explique moi.
Mais la cloche de reprise des cours les interrompit, et Gouenji prit rapidement le chemin de la classe, laissant Endou un peu en retrait. Tantôt ils étaient proches, tantôt ils s'éloignaient. Mais Endou ne lui en voulait pas, car il savait que son ami avait beaucoup souffert, qu'il ignorait bien des choses sur lui, et que seul le temps et la persévérance permettrait de le construire et le faire avancer petit à petit vers un peu de bonheur et de joie.
– Je ne t'abandonnerai pas, jamais.
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