Chapitre 17

Endou passa l'après-midi à l'infirmerie pour reprendre petit à petit de l'énergie, jusqu'à être capable de se lever et marcher normalement. Ca avait été une sensation effrayante de sentir ses forces se faire drainer en quelques secondes à peine, et se retrouver alitée sans pouvoir se mouvoir correctement. Il devrait utiliser son pouvoir avec parcimonie à l'avenir, condenser des émotions et leur donner vie représentait une quantité colossale d'énergie. Il devrait peut-être se faire une liste des capacités qu'il avait en sa possession, l'énergie requise, si cela était dangereux ou pas, pour avoir son propre carnet.

L'infirmière vint le voir en fin de journée pour s'assurer que tout allait bien et lui permettre de retourner chez lui, son état n'avait pas l'air de la préoccuper plus que ça. Ça arrangeait le jeune homme, qui ne voulait pas qu'elle prévienne sa mère. Il pu donc quitter les lieux sans provoquer de remous et prendre le chemin jusqu'à chez lui. Ce ne serait pas ce soir qu'il ferait un entraînement avec Kidou et Gouenji, le risque qu'il s'effondre une seconde fois était trop grand. Néanmoins, il n'oubliait pas cette idée, ce n'était que partie remise à une prochaine fois.

Suite à cette mésaventure, Endou se plongea encore plus profondément dans la lecture des carnets, ne voyant plus passer les semaines et allant chaque weekend faire des échanges pour en découvrir de plus en plus. Il devait essuyer à chaque fois les regards intrigués, les sourires acides des Anciens, les murmures sur son passage qui oscillaient entre admiration et jugement profonds. Fort heureusement, il se contentait de passer en coup de vent. Il déposait les carnets pour en prendre d'autres, afin de parfaire sa culture et ses connaissances sur les ancêtres. Mais il ne se dépêtrait pas de cette sensation poisseuse et gluante qui le recouvrait dès qu'il mettait les pieds dans le bâtiment de la lumière. C'était comme se trouver en plein milieu d'un nid de couleuvres, toutes prêtes à lui sauter à la gorge pour le mordre. Pourtant, ça aurait dû être un lieu d'apaisement, comme une seconde maison, mais loin de là cette idée. Il s'y rendait uniquement parce qu'il n'avait pas d'autres choix. Ça ne lui faisait pas plaisir, et inquiétait ses parents dès qu'il y mettait un petit orteil. Ils avaient toujours peur que quelque chose ne lui arrive, que les Anciens tentent de l'approcher pour l'arracher à son foyer et lui embrouiller les idées. Pourtant,jusqu'à présent, aucun d'eux n'avait tenté une quelconque approche. Ils se contentaient de rester en retrait, lui adresser des salutations quand il passait avec un sourire coulant et mielleux qui faisait froid dans le dos. Mais au moins il s'améliorait de plus en plus et découvrait des facettes de son pouvoir qu'il n'aurait jamais soupçonné. Il était capable de générer des attaques lumineuses, de souffler du bonheur sur les gens sous forme de spores blanches, lire plus aisément le cœur des personnes autour de lui, et tant d'autres choses. Il était aussi capable désormais de percevoir les vibrations des émotions, de détecter rapidement l'humeur des gens sans même les regarder, et c'était fort pratique, surtout avec Gouenji qui n'était pas du genre expressif et qui gardait bien des pensées pour lui.

Et justement, il avait réussi à convaincre Kidou et Gouenji de le sponsoriser lors d'entraînements, même si le blond était réticent à l'idée, craignant de lui faire du mal une nouvelle fois. Mais à force d'insister et lui tenir la jambe, il avait cédé, arguant que devenir plus fort le rendrait moins sensible aux assauts des ténèbres et qu'il serait bien plus résistant. Devant cet argument, Gouenji avait fini par ployer l'échine et accepter de l'aider, tout en veillant à ce que ça ne parte pas trop loin et qu'Endou ne présume pas de ses forces. Au fur et à mesure, Endou progressait, petit pas par petit pas. Il était loin d'atteindre le niveau de Gouenji, ou même celui de Kidou qui maîtrisait très bien le vent et lui en faisait baver, mais au moins il possédait désormais des bases. Et, en plus de la maîtrise de la lumière, Gouenji tenait fermement à le former sur le combat au corps à corps. C'était un pré-requis indispensable disait-il, que ça lui servirait toujours dans la vie de savoir se défendre un peu avec ses poings. Endou était loin d'avoir la carrure pour se battre ainsi, il n'atteindrait certainement jamais le niveau de son ami. Ce dernier se mouvait avec une agilité terrifiante, alliant vitesse et précision pour le mettre à terre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Endou mordait la poussière très régulièrement et se retrouvait avec des bleus, des égratignures et des contusions légères. A chaque fois c'était la croix et la bannière pour rassurer sa mère et lui faire comprendre qu'il ne faisait que s'entraîner pour se renforcer et être moins faible. Elle se contenait à chaque fois de râler et lui faire la morale, avec difficulté. Par contre, il ne se privait pas pour tout raconter à son père, des étoiles plein les yeux. Que ce soit les progrès, les nombreuses défaites, les victoires, les bons moments passés, il n'oubliait rien dans les récits. Tout dans sa vie lui souriait en ce moment, et il ne pouvait qu'espérer que ça ne changerait pas avant un bon moment.

Le seul point qu'il pouvait qualifier de négatif n'était autre que Natsumi, qui n'était pas revenu le voir depuis la conversation qu'ils avaient eu. Elle faisait tout pour l'éviter, alors même que les autres membres de son équipe s'étaient fait à l'idée que Gouenji était dans le cercle proche désormais. Ils n'aimaient pas tous ça, mais aucun ne disait quoi que ce soit, acceptant juste la décision de leur ami et capitaine. Endou aurait voulu que Natsumi ait la même mentalité, malheureusement ce n'était pas le cas, et il la perdait chaque jour qui passait. Ca lui faisait mal, il aurait tant voulu qu'elle puisse passer outre et que tout revienne à la normale, mais c'était certainement trop en demander. Il avait beau essayer de ne plus y penser, ça ne faisait que broyer son cœur légèrement chaque jour, sans remède possible.

Un soupir lui échappa alors qu'il venait de se prendre une énième raclée et que son dos caressait le sol bien familier à présent.

– Endou, tu es dans les nuages ou quoi ?

La tête de Gouenji apparut dans son champ de vision, dubitatif concernant la performance pitoyable qu'il venait de voir. Endou esquissa un faible sourire, au moins la lueur dans le cœur de son ami était plus forte désormais et se battait avec plus de vigueur. C'était cette évolution qui lui permettait d'oublier temporairement sa propre douleur, et de tenir bon.

– Désolé, je crois que j'avais la tête un peu ailleurs !

Endou se redressa, le corps fourbu à cause des coups reçus. Il allait encore avoir des courbatures carabinées le lendemain.

– On peut arrêter là si tu n'as pas la tête à ça, Kidou est déjà partit après tout.

– Je crois que c'est une bonne idée, je ne peux plus encaisser aucun coup de ta part aujourd'hui !

Il s'étira du mieux qu'il pouvait, mais il sentait le regard du blond peser sur lui, interrogateur, suspicieux.

– Tu comptes rester comme ça longtemps, Endou ?

– De quoi tu parles ?

– Ne joue pas à ce jeu-là avec moi, tu sais très bien que tu vas perdre.

Endou grimaça, il ne pouvait rien lui cacher, même si parfois il le voudrait très fort.

– C'est à cause de Natsumi, n'est ce pas ? Elle ne te parle toujours pas.

– Elle m'évite, comme si elle ne voulait plus rien avoir à faire avec moi.

Il soupira une deuxième fois, le cœur soudainement lourd. Il n'en avait parlé à personne jusqu'à présent, de ce sentiment qui pesait en lui et le rongeait au fur et à mesure du temps qui s'écoulait.

– Je pensais vraiment qu'elle ferait un effort, mais je me suis trompé.

– Elle a peut-être besoin de temps pour digérer la situation et se reprendre.

– Tu crois ? Ça fait presque deux mois que ça dure maintenant. C'est long deux mois !

– Pour toi c'est long, pas forcément pour elle. Elle a sûrement la sensation de s'être pris un rateau après votre conversation.

– Un rateau ? Mais on n'a même pas parlé de ce sujet là.

Gouenji roula des yeux devant la naïveté de son ami.

– Tu lui as dit qu'elle ne serait pas ton premier choix si tu devais choisir entre elle et moi, et tu l'as presque menacé de la sortir de ta vie si elle ne changeait pas.

- J'aurais dû mentir alors ?

– Non, je ne dis pas ça. Je souligne le fait que ce sont des paroles qui lui ont fait du mal, elle souffre tout autant que toi à l'heure actuelle.

Endou ne dit rien et croisa ses bras devant lui.

– Je ne pensais pas que tu prendrais autant sa défense, vu comment elle a été avec toi.

– Ça fait sûrement partie de ma malédiction, même si les gens sont horribles avec moi, je reste celui qui les comprends le mieux, car je vois les ténèbres de leur cœur. Même si elle a été rude avec moi, je ne peux pas m'empêcher de savoir ce qu'elle ressent, de le comprendre, et même de compatir à sa situation. C'est facile de juger une personne à ses actions, mais on ne sait pas comment on aurait fait à sa place.

Il souffla doucement et plongea son regard si sombre dans celui d'Endou, qui déglutit légèrement.

– Elle t'aime, Endou, même moi je suis capable de le voir.

– Mais...

– Et toi, qu'est ce que tu ressens ?

Endou ne dit rien, que ressentait-il ? Il n'y avait jamais pensé sérieusement, trop focalisé sur Gouenji et leur relation. Trop focalisé à essayer de le rendre heureux et le sortir du bourbier sombre dans lequel il vivait depuis des années.

– Je-je ne sais pas, marmonna-t-il.

– Menteur, tu es juste dans le déni. Ça te fait mal la situation actuelle ?

– Bien sûr ! Elle m'ignore et ne s'approche plus de moi !

– Et tu crois que tu souffrirais autant si c'était une autre personne que Natsumi qui agissait ainsi ?

– Bien sur que-

Il se stoppa net dans sa phrase, les yeux écarquillés. Non, bien sûr que non. Il s'était éloigné de certains de ses amis car ils ne partageaient pas son affection pour Gouenji, et ça ne le troublait pas plus que ça. Il était juste un peu triste tout au plus, se disant que les choses finiraient par s'arranger à un moment ou un autre. Alors pourquoi était-ce si différent avec Natsumi ? Pourquoi son cœur palpitait-il avec autant de douleur ? Pourquoi la cherchait-il du regard à chaque entraînement de foot en espérant la voir sourire et lui apporter une gourde d'eau ?

– Réponds à ma question, Endou. Est-ce que tu l'aimes ?

– Je...mais je ne peux pas, se défendit Endou. Elle ne t'aime pas du tout !

– Et alors ? Moi non plus je ne l'aime pas particulièrement.

– Je ne peux pas me couper en deux et être en même temps avec toi et elle !

– Qui a dit que c'était nécessaire ? Je peux toujours rester avec Kidou, ou même seul, ce ne serait pas une grande nouveauté pour moi, et parfois ça fait du bien un peu de calme.

Endou sentit des larmes rouler sur ses joues, sans même qu'il ne s'en rende compte. Pourquoi avait-il autant de mal ?

– Je ne vais pas me sentir abandonné, si c'est ce qui te fait peur, fit Gouenji. Tu as le droit de vivre ta propre vie, sans te soucier tout le temps de moi.

– Mais j'ai fait une promesse !

– La promesse d'être mon ami et me rendre heureux, c'est vrai. Mais tu ne brises en rien cette promesse si tu penses à ton propre bonheur aussi. C'est aussi à moi de faire la part des choses et de travailler sur ma confiance en vous. Je ne veux pas que notre relation soit un fardeau pour toi, tu dois te sentir libre et faire ce que tu veux, sans forcément penser à moi derrière. Si tu as envie de courir voir Natsumi pour lui dire ce que tu ressens, tu as le droit. Ca ne fait que me culpabiliser de te voir agir ainsi tu sais, à te restreindre à cause de moi.

– Ce n'est pas du tout ce que je veux ! assura Endou paniqué.

– Je sais, ne t'en fais pas. Raison de plus pour arrêter et suivre ton cœur. Oublie moi pendant un instant, et écoute toi.

Endou se sentait tiraillé, il ne savait pas s'il voulait faire ça, s'il pouvait faire ça. Il avait peur de le perdre s'il se détournait de lui un seul instant, comme si les ténèbres allaient l'engloutir en un instant.

– Tu as illuminé ma route et ma vie, reprit Gouenji calmement. Tu as fait naître la lumière dans mon cœur alors que je pensais en être dépourvu, que je n'aurais jamais le droit de le partager et que j'étais voué à souffrir toute ma vie. Au début, c'était une braise fragile, que la moindre brise pouvait éteindre, que la moindre émotion pouvait étouffer. Mais malgré les difficultés tu t'es accroché, tu n'as jamais cessé de l'attiser et la faire vivre de plus en plus. Et maintenant, je le sens, que je peux la tenir en moi sans qu'elle ne vacille. Je ne dis pas que tout est terminé, je suis certainement encore fragile, avec bien des faiblesses, mais tu peux bien t'absenter un moment sans que je ne m'effondre.

– Gouenji...

Il sentait l'émotion lui nouer la gorge, incapable de formuler des mots.

– Tu as le droit de partir Endou, le temps que tu n'oublies pas de revenir.

A ce moment-là, le visage du blond se fendit d'un sourire, un vrai, comme Endou n'en avait jamais vu jusqu'à présent. Il était sincère, honnête, même s'il pouvait sentir sa légère fébrilité dans le fond. Il avait toujours cette crainte au fond du cœur de se retrouver seul et de perdre cette lumière, et pourtant il était en train de l'encourager et le soutenir. Endou comprit alors qu'il n'avait pas le droit de marcher sur cet effort, qu'il devait lui faire confiance aussi, croire en sa nouvelle force.

– Je reviendrai toujours ! C'est une promesse !

Gouenji hocha doucement la tête, satisfait de cette réponse.

– File, maintenant.

– Oui !

Endou tourna les talons, les joues encore trempées par les larmes, le corps endolori par son entraînement. Mais rien de tout ça n'existait plus. Il se mit à courir en direction de la maison de Natsumi, il savait où elle habitait et il ne serait pas capable d'attendre le lendemain pour dire ce qu'il avait sur le cœur. C'était maintenant ou jamais !

Il arriva devant le grand portail de la famille Raimon à bout de souffle, les jambes tremblantes à cause de l'effort et la respiration rapide. Il posa ses mains sur ses genoux pour reprendre un rythme cardiaque à peu près calme, avant de se redresser et presser la sonnette mise à disposition.

Il y eut un petit moment d'attente, avant qu'une voix masculine ne décroche.

– Majordome de la famille Raimon, que puis je pour vous ?

– Je voudrais parler à Natsumi s'il vous plaît ! C'est très important !

– Qui dois-je annoncer ?

– Endou Mamoru !

– Veuillez patienter je vous prie.

Le calme tomba, et Endou pensa alors qu'elle pourrait simplement refuser de lui parler. Il serait alors comme un idiot sans savoir quoi faire. La voix du majordome résonna de nouveau dans le combiné.

– Je suis navré monsieur, mais elle ne désire pas répondre à votre appel.

Il se mordit la lèvre, c'était prévisible, mais il ne pouvait pas simplement raccrocher et partir. Pas maintenant qu'il était bien décidé à avancer et dire les choses.

– Est-ce que vous pouvez lui passer un message alors ?

– Dites toujours.

Endou prit une grande inspiration et ferma les yeux, était-il vraiment prêt pour ce qu'il allait dire ? Serait-ce vraiment réel ?

Non, il ne pouvait pas laisser place au doute, il était décidé à avancer et trouver son propre bonheur. Il ne voulait pas que Natsumi continue de l'ignorer. Il devait lui dire la vérité, et si ça ne menait à rien tant pis, mais au moins il aurait eu le courage d'aller jusqu'au bout.

– Je t'aime.

Il sentit une bouffée de chaleur le traverser alors même qu'il prononçait ces deux mots d'une simplicité étonnante. Il était léger, comme flottant sur un nuage. Ca avait été si facile de le dire, alors même que tout ce temps il se voilait la face sur ses émotions.

Le silence régnait de l'autre côté de l'appel, puis on raccrocha brutalement. Bon, peut-être qu'elle n'aurait jamais le message finalement...devrait-il lui redire au lycée le lendemain pour être sûr qu'elle le sache ?

– Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à rentrer.

Il était déçu de ne pas avoir pu lui parler directement, mais ce n'était pas étonnant. Il avait été rude en lui parlant la dernière fois, il ne méritait peut-être pas sa douceur et sa gentillesse.

Il tourna les talons pour repartir, quand le portail grinça et s'ébranla. Surpris, il vit que le mécanisme d'ouverture venait de se déclencher, lui offrant petit à petit l'accès à la cour et au chemin blanc. Au bout de ce chemin, une silhouette qui le fixait avec intensité, qu'il reconnut en un instant.

– Natsumi...

Le portail termina de s'ouvrir et il s'engouffra dans le passage sans hésiter un instant, marchant rapidement pour rejoindre la jeune fille qui l'attendait plus loin. Elle pleurait, mais pour cette fois il sentait que ce n'était pas de la peine.

– Tu n'es vraiment qu'un idiot ! lui balança-t-elle. Comment est-ce que tu oses débarquer ici et me dire ça, après tout ce que tu m'as dit la dernière fois !

– Désolé, je sais que ça t'a fait du mal. Mais je voulais aussi que tu comprennes ma position. Même si je n'ai pas réussi à le formuler correctement...

Elle se frotta le visage pour essayer de calmer ses larmes, mais son effort semblait vain.

– Tu es un crétin, Endou Mamoru ! hoqueta-t-elle.

– Je sais, sourit-il comme si elle venait de le complimenter. Alors, est-ce que tu veux bien pardonner ce crétin ?

– Ce serait plutôt à moi de dire ça, souffla-t-elle, c'est moi la fautive dans l'histoire.

– Alors, je te pardonne, Natsumi.

Elle le regarda dans les yeux, incapable de se calmer. Sans réfléchir elle se précipita vers lui, dans ses bras, pleurant toutes les larmes de son corps en même temps. Endou sourit de plus belle et la serra doucement contre lui, appréciant ce contact doux et chaud. Son cœur tambourinait dans sa poitrine alors que le bonheur venait y éclore, laissant libre cour à son amour de s'exprimer enfin.

– Je te pardonne aussi, Mamoru.

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