Chapitre 16

Midi avait sonné, Endou attendait à l'extérieur du lycée pour espérer avoir un peu de tranquillité et de calme pour la discussion à venir. Il ne savait pas encore ce qui allait se dire, mais en tout cas il fallait mettre les choses au clair et calmer la situation, avant que ça ne dérape trop. Il aurait voulu discuter avec Gouenji aussi, mais ce dernier ne lui avait pas offert la possibilité de le faire, ayant rapidement quitté la salle de classe au moment de la sonnerie. Sûrement n'avait-il pas apprécié de se faire espionner, alors même qu'il avait eu des paroles rudes à l'encontre de Natsumi. Mais il verrait ça plus tard, il ne possédait pas encore la capacité de se dédoubler, même si ce serait pratique d'être à plusieurs endroits à la fois.

– Endou, je suis là.

La voix de Natsumi le sortit de ses pensées et il tourna la tête vers elle. Tête qui avait meilleure mine depuis ce matin. Ses yeux n'étaient plus gonflés par les larmes et elle avait fait en sorte de se recoiffer pour paraître présentable. Néanmoins, il voyait bien à son comportement et ses mimiques qu'elle était quelque peu mal à l'aise, le regard fuyant, les doigts nerveusement entrelacés.

– On va s'asseoir pour discuter ? proposa Endou. Ce sera plus confortable que de rester debout à la vue de tous.

– Oui.

Ils s'éloignèrent un peu pour rejoindre un banc et se poser dessus, à chaque extrémité, comme s'il ne fallait pas qu'ils soient trop proches l'un de l'autre. Un léger silence s'imposa alors, Endou ne savait pas trop comment lancer la discussion sans la braquer, il n'était pas très doué pour traiter des sujets sensibles comme ça. Habituellement il souriait avec un ton jovial et ça passait tout seul. Peut-être devait-il agir comme il l'avait fait avec Gouenji, mais ça lui semblait moins naturel avec Natsumi, le lien était différent.

– Tu as tout entendu ? demanda alors Natsumi, brisant le silence.

– De ce matin ?

Elle hocha lentement la tête, ne le regardant pas, préférant fixer le sol.

– Oui, avoua-t-il un peu gêné. Je ne voulais pas, je te jure ! C'est Kidou qui m'a entraîné la dedans !

- Hum, peu importe. C'est fait de toute façon. Mais...j'aurais voulu que tu ne me vois pas comme ça, dans cet état pathétique.

Endou porta son regard sur elle avec un petit sourire aux lèvres.

- Honnêtement, ça avait quelque chose de sympa.

- Pardon ? Sympa ? lâcha-t-elle en le foudroyant du regard.

- Non attends ! Laisse moi m'expliquer avant de t'énerver !

Elle le regardait enfin, mais c'était presque pour le tuer sur place, il allait devoir bien se rattraper s'il ne voulait pas tout foirer.

- En temps normal tu es toujours calme, maîtresse de toi même, sans débordement. Tu contrôles bien tes émotions et c'est assez rare que tu t'emportes. Alors c'était étonnant de te voir autant en colère, à crier, te mettre dans ces états. Mais d'un autre côté je trouve que ça te donnait un air beaucoup plus humain, parce que toi aussi ça t'arrive de craquer et de vivre ces moments-là. Ce n'était pas agréable à entendre parce que je sentais bien que tu souffrais et que cette situation te faisait du mal, mais ça m'a permis de découvrir une autre facette de ta personnalité. Et ça m'a plu.

Les joues de Natsumi virèrent au rouge pâle et elle détourna le regard à toute vitesse, ne sachant plus quoi dire suite à ça. Après quelques instants de confusion elle retrouva un peu d'aplomb et se racla la gorge pour se redonner contenance face à Endou.

– J'avais une question à te poser, j'y pense depuis cette conversation, fit-elle.

– Je t'écoute !

Elle joignit ses deux mains, le regard soudainement triste.

– Est-ce que ce qu'il a dit ce matin était vrai ? Est-ce que, si tu devais choisir entre lui et moi, ce serait lui ?

Sa voix tremblait, Endou avait redouté cette question, parce qu'il savait que la réponse ne ferait qu'apporter un lot de douleur supplémentaire à Natsumi. Mais il ne pouvait pas non plus se résoudre à mentir, ce ne serait pas la bonne solution.

– Je suis désolé, fut la seule chose qu'il prononça.

Natsumi secoua doucement sa tête, remuant ainsi ses petites boucles claires autour de son visage atterré et dépité.

– Pourquoi ? Pourquoi alors que tu le connais depuis deux semaines à peine ? Pourquoi est-ce lui qui passe en priorité ?

– Je suis incapable de te donner une explication que tu considèrerais comme valable, avoua Endou. C'est juste...comme ça.

A cause du lien invisible et inné qu'il existait entre eux, quelque chose de plus fort que tout ce qui puisse exister autour d'eux. Ca ne pouvait pas être défini ni expliqué clairement, car ça sortait du cadre de toute logique. C'était ainsi, et ils ne pouvaient que l'accepter, ou le rejeter.

– Je tiens beaucoup à toi, Natsumi, reprit Endou. Je n'ai pas envie de devoir faire un choix, ce serait cruel et douloureux. J'aimerais pouvoir conserver tous les liens que je possède sans en briser un. C'est certainement égoïste et utopique de ma part, mais je voudrais sincèrement que tu oublies tes peurs et tes craintes. Gouenji n'est pas quelqu'un de mauvais, il lui est juste arrivé des mauvaises choses dans la vie. Notre société le dépeint comme le chaos, mais moi je vois ce qu'il en est vraiment. Et Kidou aussi. Tu sais très bien qu'il ne serait pas ami avec lui s'il était foncièrement mauvais, il a le flair pour ça.

Natsumi restait silencieuse, regard braqué vers le sol, lèvres tremblantes à cause de l'émotion. Endou avait la sensation qu'elle était à deux doigts de pleurer, mais il ne sentait pas légitime à la réconforter, vu que tout était en partie de sa faute.

- Je ne peux pas faire marche arrière, Natsumi. Je ne peux pas renier ce lien.

Surtout pas après avoir promis à Gouenji de lui offrir le bonheur et de rester son ami pour la vie. Il serait la pire des ordures à proposer un espoir pour ensuite le laisser sombrer dans les ténèbres de nouveau. Natsumi était importante pour lui et désormais il savait à peu près mettre des mots sur ce qu'il ressentait, mais à ses yeux ce sentiment ne valait pas la peine de briser Gouenji. Pas alors qu'il avait tant souffert et pleuré devant lui.

- Je vois, marmonna-t-elle. Mais moi je ne pense pas pouvoir changer mon avis sur lui.

- Tu n'as même pas essayé.

Elle se crispa et serra ses poings sur ses genoux. Ca ne lui ressemblait pas de se comporter ainsi, la peur pouvait changer les gens de manière radicale. Endou le voyait parfaitement bien aujourd'hui.

- La suite dépend de toi, Natsumi. Soit tu restes sur la défensive à avoir peur d'un inconnu dont tu ne sais rien, tout en me perdant, soit tu essayes de changer les choses et d'aller contre cette crainte irrationnelle qui existe juste à cause de notre société, et dans ce cas je resterais dans ta vie.

Il se leva du banc à la fin et la regarda avec un petit sourire encourageant. Il avait conscience de la dureté de ces propos, jamais il n'aurait été capable de les dire il y a trois semaines de ça. Au grand jamais ça ne lui aurait ne serait-ce qu'effleuré l'esprit. Mais aujourd'hui il était différent, complet, capable de se gérer lui même et de faire face à des situations complexe avec maturité, voire même froideur.

– A plus tard, Natsumi.

Il la salua et s'éloigna pour retourner dans l'enceinte du lycée, laissant derrière lui la jeune femme qui ne savait quoi dire. Il ne vit pas des larmes silencieuses rouler sur ses joues, tandis que ses yeux le suivaient jusqu'à disparaître de son champ de vision.

- Alors ? Ca c'est bien passé ?

Endou avait retrouvé Kidou au réfectoire, qui n'avait pas perdu de temps pour s'enquérir de la situation avec Natsumi. Endou lui fit un bref résumé de la conversation, qui n'avait pas été très constructive finalement. Mais au moins il avait réussi à mettre les points sur les i et la prévenir des conséquences si elle continuait à s'enchainer à la peur.

- Où est Gouenji d'ailleurs ? Il n'est pas avec toi ?

Kidou secoua négativement la tête en terminant son dessert.

- Non, il a disparu avant même que l'on atteigne le réfectoire. Je pense que cette conversation l'a pas mal bousculé aussi. Natsumi n'a pas eu des paroles très douces à son égard. Et même s'il dira sûrement qu'il est habitué, ça fait toujours mal.

Endou opina de la tête, entièrement d'accord. Il devait le retrouver et voir l'état dans lequel il se trouvait. Hors de question que ses efforts tombent à l'eau. Il avala à toute vitesse son déjeuner pour partir le plus rapidement possible à la recherche de son ami. Kidou le laissa s'en charger seul, conscient qu'il ne serait sûrement pas d'une grande utilité à ce moment-là.

Endou ne chercha pas très longtemps avant de tomber sur Gouenji, ce dernier s'était isolé dans un coin du lycée, seul, là où personne ne venait vraiment mettre les pieds. Prostré dans un coin, la tête entre les genoux, la lueur de son cœur vacillant dangereusement, pas besoin de lire les pensées pour voir qu'il n'allait pas bien du tout.

- Gouenji ! Tu étais donc là !

Il prit le ton le plus jovial qu'il pouvait tout en réduisant la distance entre eux et s'asseoir face à lui, comme si tout était normal. Le blond redressa à peine la tête, ne prenant pas l'énergie pour le regarder.

- Pour une fois, laisse-moi tranquille.

- Tu sais bien que ce n'est pas possible.

- Putain Endou, tu peux pas me foutre la paix au moins pour aujourd'hui ? vociféra Gouenji en relevanr la tete et lui lançant un regard noir comme la nuit. J'ai pas envie de ton sourire à deux balles qui pense pouvoir tout changer ! Je veux juste être tout seul !

Endou sentit une énergie sombre se répandre dans l'air, lui donner la nausée et le mettre mal à l'aise. Il était en train de tenter de le faire fuir avec son pouvoir, mais Endou n'était pas têtu pour rien, il comptait bien lui prouver une nouvelle fois que ce n'était pas la bonne solution de fuir et se cacher.

- Désolé, je ne pensais pas que tu avais été autant blessé par ce qui est arrivé ce matin. J'aurais dû intervenir et vous séparer.

Il s'en voulait de ne pas avoir écouté son instinct et de s'être laissé tenter par Kidou de simplement espionner la conversation. Le mal était fait, rien ne le changerait, il ne pouvait que réparer ses erreurs.

- J'espérais naïvement que ça pourrait bien se passer, comme avec Kidou. D'habitude c'est une fille calme, gentille et intelligente qui réfléchit avant de parler. Je ne pensais pas qu'elle serait capable de dire des choses aussi terribles.

- Tout le monde en est capable, siffla Gouenji dont la colère se dissimulait de moins en moins. C'est juste de l'idiotie de croire le contraire.

Une attaque gratuite à son égard, mais il ne pouvait pas se défendre.

- J'ai parlé avec elle tout à l'heure, je l'ai mise en garde. Si elle tient à garder notre amitié intacte, elle devrait ne plus s'approcher de toi.

- Mais je n'en ai rien à faire de ça ! Elle peut bien rester à distance que je m'en fous !

Le mal était déjà fait, Natsumi avait été trop loin en venant directement le confronter.

– Si je t'écoute et que je pars, tu vas juste te morfondre encore un peu plus, t'enfoncer dans la noirceur et les sentiments qui te rongent. Même si ça doit te mettre en colère et que tu m'en veux par la suite, je ne peux pas faire ça.

Malgré la pression de l'air qui se faisait lourde, son corps qui hurlait de partir et son envie de vomir qui s'intensifiait à chaque seconde, il ne bougea pas.

– Putain mais tu me fais chier, Endou !

Gouenji prit sa tête entre ses mains, des bandes noires commençaient lentement à se former autour de lui et à l'encadrer, faisant craindre à Endou le pire. Son ami était en colère, blessé, incapable d'être ramené à la raison par un simple discours. Que pouvait-il faire pour le calmer alors même que son état empirait ? Il ne tiendrait pas longtemps dans cet environnement, il avait des limites lui aussi.

Une idée traversa alors son esprit, c'était peut-être sa seule chance de réussir à le calmer de manière pacifique. Il joignit ses deux mains en coupe face à lui et ferma les yeux, alors que les ténèbres de Gouenji gonflaient de plus en plus. Il fit abstraction de tout ça et se concentra sur la lumière en lui, sur ce qu'il voulait transmettre à son ami : le calme, la paix. Ces émotions douces et chaudes, il les rassembla en un seul point, au creux de ses mains, et leur donna vie. Doucement, une petite boule se forma, comme un cocon fragile capable de se briser à chaque instant. Elle dégageait une réconfortante chaleur et des volutes de fumées dorées semblaient s'en échapper pour prendre possession de leur entourage et inhiber les ténèbres qui se développaient.

Endou ouvrit ses yeux et fixa la sphère qu'il avait créée, de ses propres pouvoirs, pour son ami. Un peu fébrile de cette première expérience, il leva ses bras et la lança doucement vers Gouenji. Elle flotta comme un ballon porté par le vent, s'approcha du blond qui eut un mouvement instinctif de recul face à son élément opposé, mais contre un mur il ne pouvait aller plus loin. La lumière le toucha au niveau de la poitrine et il laissa échapper un glapissement indescriptible, qu'Endou n'eut pas le loisir d'entendre jusqu'au bout. Il sentit toutes ses forces l'abandonner, sa vision se brouiller, son corps basculer vers l'avant. Il cru entendre son prénom être prononcé, mais il n'en était pas sûr. Avant même de toucher le sol, il perdit connaissance.

Il faisait sombre, et il connaissait cet endroit. Endou cligna des yeux, alors qu'il était de retour dans la grande pièce circulaire, encerclés de statue, avec un étrange mécanisme au centre qui battait avec vigueur. Il n'y avait plus repensé avec les événements, mais se retrouver ici une deuxième fois ne pouvait que lui prouver que ce n'était pas anodin. Il fit quelques pas qui résonnèrent en échos, et son regard se porta vers la statue incomplète, en cours de formation. A ce moment là, un choc le traversa et il eut un hoquet de surprise en prenant conscience de ce qu'il voyait. Là où la dernière fois il n'avait pu vraiment comprendre ce qu'il avait sous les yeux, désormais il le savait. Cette statue grise non achevée représentait en réalité Gouenji, son ami. Il recula et s'assit sur le sol à cause de la surprise, les jambes tremblantes. Pourquoi ? Que faisait-il ici ? Était-ce comme un sanctuaire pour les Enfants des Ténèbres ? Que signifiaient réellement toutes ces statues ? Et cette chose au centre de la pièce ?

– Quel est donc vraiment cet endroit...

Il tourna la tête de part et d'autre, comme s'il s'attendait à voir surgir Gouenji, comme la dernière fois, mais rien. Il était tout seul, sans connaître les raisons de sa présence ici. Sans même savoir comment retourner à son corps et dans la réalité. Il resta assis, sans bouger, pendant un temps qu'il ne pouvait pas comptabiliser. Le seul bruit qu'il percevait était le "boum" répétitif du mécanisme au creux de la pièce, rien d'autre. Il avait beau réfléchir, rien ne lui venait pour expliquer cet endroit. Peut-être Gouenji serait-il capable de l'éclairer, mais il ne semblait pas daigner se manifester cette fois-ci. D'ailleurs, il se demandait si sa tentative de l'aider avait réussi ou pas, il se souvenait juste de sa perte de conscience, puis son arrivée ici.

C'était oppressant de ne pas savoir quand il allait se réveiller, quitter cet endroit lugubre, et avoir des réponses à ses questions. Il était seul, isolé, sans personne à qui parler, avec des interrogations plein la tête. Et pour le moment il n'avait pas assez de cultures historiques pour comprendre l'importance de ce lieux, des statues, de ce mécanisme étrange. Il pouvait sentir que c'était important, mais telle la fumée il ne pouvait pas en saisir plus, à chaque fois les hypothèses qu'il avait s'évaporaient en silence dans son esprit.

– Je voudrais bien savoir comment sortir d'ici quand même, à un moment.

Et surtout ne pas avoir une fin de rêve aussi brutale et dramatique que la dernière fois, il se passerait sans regret de revivre la mort et la terrible douleur la précédant.

Il sentit alors des picotements se répandre partout dans son corps, lui faisant agiter les doigts machinalement pour tenter de s'en dépêtrer. Qu'est ce que c'était que ça encore ? La sensation devenait de plus en plus forte et prenante, puis soudainement il bascula en arrière, un hurlement de surprise jaillit de sa gorge et un plafond blanc remplaca la pièce sombre qu'il avait cotoyé un long moment. Le changement fut brutal et ses yeux se fermèrent par réflexe, aveuglé par la lumière qui l'agressait.

– Endou ! Tu es réveillé !

Il reconnut la voix de Kidou, empreinte de soulagement mêlée à de l'inquiétude. Il se frotta les yeux et les ouvrit doucement pour permettre à sa pupille d'accommoder correctement la luminosité.

– Je suis où là ? marmonna-t-il, la bouche pâteuse.

Il se sentait grogui, faible, comme si tout son corps avait décidé de le lâcher d'un seul coup, sans qu'il n'ait son mot à dire.

– A l'infirmerie, lui apprit Kidou. Tu as fait un malaise. Comment tu te sens ?

Les évènements revinrent petit à petit dans la mémoire d'Endou, jusqu'à ce qu'il trouve la force de se redresser sur le matelas. Oui, il se souvenait de tout. Et il savait pourquoi il avait perdu connaissance.

– Gouenji est là ?

Kidou fit un rapide mouvement du menton vers le mur opposé, Gouenji était assis sur une chaise, le plus loin possible du lit. Il détourna vivement le regard quand Endou posa le sien sur lui, mais savoir qu'il était présent réchauffait le cœur du brun. Cette fois, il n'avait pas pris la fuite.

– Maintenant, est ce que l'un de vous va enfin m'expliquer ce qui est arrivé ? Gouenji est venu me chercher en panique, et ce fut galère de ne pas attirer l'attention de tout le monde.

Endou passa une main gênée dans sa chevelure, juste après qu'il ai dit à Natsumi que tout irait bien, il faisait un malaise à cause des pouvoirs de Gouenji. Si elle venait à l'apprendre, il pouvait dire adieu à une chance d'entente entre les deux. Et il ne parlait même pas de sa mère, ce serait une catastrophe sans nom.

– C'est de ma faute, lâcha Gouenji qui ne regardait toujours pas Endou. Il a été trop longtemps exposé à mes pouvoirs et ne l'a pas supporté.

– Est-ce que tu te sens mieux ? demanda alors Endou comme s'il n'avait rien écouté du tout.

– Ce n'est pas le moment de te préoccuper de ça, tu as entendu ce que je viens de dire au moins ?

– Bien sûr, et je te demande si ça va mieux. Que mon malaise en vaille au moins la peine quoi !

Il fit de son mieux pour sourire malgré l'immense fatigue qui pesait sur lui, et le manque de réponse du blond le rassura. Il devait sûrement être gêné de se sentir mieux au détriment de sa santé.

– C'était la première fois que j'utilisais vraiment mon pouvoir, alors si ça a marché c'est super.

– Ton pouvoir ? Qu'est ce que tu as fait ? questionna Kidou, curieux.

– J'ai formé une petite sphère avec du calme et de la paix, et je l'ai envoyée sur Gouenji, sourit Endou avec fierté. Et je pense que ça a pris beaucoup de mon énergie à faire ça ! Donc, je suis aussi responsable de mon malaise !

– Ne me cherche pas d'excuses, rétorqua Gouenji le regard sombre.

– Et ne cherche pas à te faire passer pour le responsable à chaque fois. Je suis persuadé que tu n'es pas seul fautif de ce qui m'est arrivé. Et puis, toi et moi, on connait les risques de rester ensemble, donc on les assume !

Gouenji tressaillit, détourna une nouvelle fois les yeux tout en se mordant la lèvre inférieure. Kidou les regardait tour à tour, incapable de se positionner vu la situation.

– Je suppose que ce genre de choses peut arriver, tout est bien qui finit bien donc il ne sert à rien de trop ressasser cette histoire.

– Vous êtes beaucoup trop calme tous les deux, siffla Gouenji, pourquoi est-ce que vous êtes ainsi ? Vous devriez être en colère, avoir peur, fuir, me maudire même ! Alors pourquoi est-ce que vous restez aussi calme comme si tout allait bien ? Ça ne va pas bien ! termina t-il en hurlant.

Kidou et Endou encaissèrent sans broncher, nullement atteint par les propos de l'Enfant des Ténèbres. Endou était presque capable de le voir, cet enfant qui se recroqueville dans un coin, apeuré, craintif de se faire abandonner suite à une bêtise.

– C'est vraiment ce que tu veux ? demanda alors Kidou. Tu voudrais vraiment que l'on réagisse comme ça ?

Le blond se raidit, serrant ses doigts fermement entre eux.

– Je ne pense pas, non, répondit Kidou à sa propre question. Je pense que tu as peur de notre sincérité, car tout le monde t'a toujours tourné le dos et craint pour ce que tu es.

Il sourit doucement, un sourire rassurant et presque protecteur.

– Tu as encore du mal à nous faire confiance, n'est ce pas ? Tu essayes de te convaincre que tout ça est vrai, mais on ne peut pas effacer ce que tu as vécu en à peine deux semaines.

Gouenji restait muré dans le silence, pris de léger tremblements à des moments irréguliers.

– Ce n'est pas grave, rajouta Kidou. Je ne t'en tiens pas rigueur de mon côté. On va continuer à travailler cette relation tous ensemble, et j'espère pour toi, qu'un jour, tu arriveras à te libérer de ce fardeau et de cette méfiance. C'est toi qui en souffre le plus après tout.

Gouenji tenta de cacher son visage derrière son bras, mais aucun des deux autres dans la pièce n'était naïf quant à ce qu'il ne voulait pas leur montrer. Mais personne n'insista, alors qu'il laissait échapper quelques larmes en silence. Au final, le plus grand blessé, ça restait lui, et Endou se sentait soutenu et compris par Kidou désormais. Il avait eu les bonnes paroles, les bons mots. Il espérait de tout cœur qu'ils auraient touchés Gouenji et que cela soignerait petit à petit la culpabilité qu'il ressentait.

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