Chapitre 13

Endou arriva chez lui après avoir passé une excellente journée en compagnie de Kidou et Gouenji, l'horloge annonçait presque 22h, c'est dire qu'il avait pris son temps pour rentrer. Sa mère lui avait envoyé plusieurs messages pour savoir quand il allait rentrer, si tout se passait bien, s'il avait dîné, bref maman poule en action encore une fois. Il retira ses chaussures et s'annonça dans l'entrée, entendant la télévision fonctionner dans le salon. Ses parents étaient certainement en train de regarder un film ou une série, comme ils en avaient l'habitude. Endou passa sa tête par l'embrasure de la porte et son père se tourna vers lui.

– Ta journée c'est bien passé ?

– Oui ! Elle était vraiment géniale !

– Tant mieux alors.

Il lui fit un petit clin d'œil, ayant compris avec qui il avait passé cette journée. Endou afficha un immense sourire en hochant la tête, et sa mère posa la question fatidique :

– Avec qui tu étais ?

Elle ne pouvait vraiment pas le laisser en paix là dessus, même s'il lui avait dit qu'il ne comptait pas abandonner et ne pas l'écouter, elle s'obstinait à le protéger puissance mille. Mais il ne comptait plus lui mentir de toute façon, et elle se rendrait vite à l'évidence qu'il ne risquait rien même en fréquentant un Enfant des Ténèbres.

– Avec Kidou et Gouenji, répondit-il sans sourciller.

– Gouenji ? Qui est-ce ?

Endou vit les sourcils de sa mère se froncer, son visage se tendre et les jointures de ses doigts blanchirent quand elle serra les poings. Elle lui demandait tout en se doutant fortement de la réponse qui allait suivre.

– Un ami, répondit-il comme si c'était l'évidence même.

– Un ami de quel genre ?

– Maman, arrête un peu avec ton interrogatoire. C'est un ami au même titre que les autres, et c'était une super journée avec eux. Tu ne peux pas te contenter de ça ?

La confusion remplaça l'inquiétude, elle n'avait pas l'habitude que son enfant lui parle sur ce ton. Lui qui était si docile et gentil depuis sa naissance, qui n'avait jamais fait preuve de rébellion ou d'insolence. Encore une fois, Endou remerciait Gouenji de lui avoir fait découvrir certaines émotions, sinon il se serait une nouvelle fois écrasé face à sa mère et ses jugements.

– Je suis juste inquiète et tu sais très bien pourquoi.

Il roula des yeux, ne désirant pas entrer pour la énième fois dans cette conversation stérile et cul de sac.

-Bonne nuit, se contenta-t-il de dire avant d'escalader les escaliers pour rejoindre sa chambre. Il entendit sa mère se lever et son père protester.

– Laisse le donc tranquille, tu vois bien qu'il ne lui est rien arrivé.

– Pour cette fois !

– Chérie, si tu veux éviter que ton fils ne te déteste, laisse le respirer.

Un mutisme s'installa, il venait de couper la colère de sa mère en une seule phrase, et Endou perçut le bruit du canapé quand elle se rassit dessus. Soulagé il arriva à l'étage et posa ses affaires dans sa chambre, avant de sentir un léger haut le cœur le prendre. Il avait l'habitude maintenant, il rejoignit les toilettes pour faire face aux effets indésirables de cette journée en présence de Gouenji. Cependant, à sa grande surprise, il ne vomit pas, il se sentait tout simplement nauséeux. Il patienta plusieurs minutes pour d'avoir la certitude qu'il n'allait pas vomir, avant de retourner à sa chambre et fermer la porte.

– Alors ça...

Pourtant il n'y échappait jamais en temps normal, à chaque fois qu'il se séparait de Gouenji il allait vomir dans l'heure qui suivait. Mais là il n'avait que la sensation de nausée, la suite ne venait pas. Il quitta ses pensées quand un petit bruit se fit entendre à sa fenêtre. Ah oui ! Gouenji justement !

Il se précipita vers l'ouverture vitrée et ouvrit les battants, pour voir un Gouenji attendant sur l'arbre juste en face.

– Tu étais en train de m'oublier ou je rêve ?

– Pas du tout ! s'excusa Endou, j'étais pris en pleine réflexion ! Entre donc, tu vas te faire repérer sinon.

Il s'écarta pour laisser le blond pénétrer sa chambre, tenant toujours fermement la peluche de Krokmou entre ses bras et avec un sac sur le dos. Endou ferma rapidement derrière lui et éteignit la lumière principale pour simplement s'éclairer avec sa lampe de chevet.

– Bon, on va devoir être discret maintenant, sinon ma mère va nous tuer, chuchota Endou.

Gouenji opina de la tête et s'assit sur le parquet, jetant des petits coups d'œil autour de lui pour observer ce nouvel environnement.

– Ta chambre est agréable, elle est dénuée de pensées et d'aura négative.

– Vraiment ? Ça me fait plaisir alors. Viens donc t'asseoir sur le lit au lieu de rester par terre.

Il lui montra l'exemple et croisa ses jambes devant lui, même s'il commençait à se faire tard il ne ressentait nullement la fatigue. Il était simplement content d'avoir réussi à faire céder le blond pour cette soirée. Gouenji accepta de le rejoindre sur le lit et posa son dos contre le mur, il avait un air apaisé et fatigué à la fois.

– Tu n'as pas eu trop mal à la tête après notre séparation tout à l'heure ?

Gouenji était retourné rapidement chez lui pour prendre quelques affaires pour la nuit, ils avaient donc été séparés presque une heure.

– Pas autant que d'habitude, je dois avouer que j'avais pris des médicaments au cas où car je craignais de traîner un mal de tête le reste de la soirée, vu qu'on est resté ensemble toute la journée. Et toi ?

– Hum, j'avais un peu peur comme toi, mais finalement j'ai juste la sensation de nausée, ça s'arrête là.

– C'est bizarre.

Tous deux avaient anticipé le pire, pour finalement se rendre compte que ça l'était moins qu'en temps normal.

– Est-ce que tu crois que c'est à cause de la durée ? proposa Endou perplexe avec lui-même.

– Du genre, plus on reste longtemps ensemble et moins on est malade ?

– Ouais, quelque chose du genre.

– Ce serait débile, souligna Gouenji.

– Alors comment tu expliques ce changement, alors que jusqu'à présent on était réglés comme des pendules avec le même intervalle de temps et la même régularité des symptômes ?

Gouenji ne put le contredire, car il n'avait pas d'explications logiques à lui apporter.

– Notre relation est vraiment paradoxale, mais c'est peut-être un signe pour nous dire que c'est la bonne voie que nous prenons ? supputa Endou qui était toujours dans la pensée positive. Continuons comme ça !

– Va savoir, je n'en sais pas assez. Et ce n'est pas les Anciens qui vont me répondre. Si ta théorie est vraie, ils ont tout intérêt qu'on ne soit pas au courant.

– Tu veux dire que les Anciens de ton Clan ne sont pas pour notre rapprochement ?

Gouenji secoua lentement la tête en soupirant, la peluche ne bougeant pas de son cœur.

– Pas du tout. Ils voudraient que je fasse comme nos prédécesseurs et que je me batte contre toi, car c'est mon destin, blablabla. Ils aiment bien répéter que je suis l'un des plus puissants de ma lignée et que c'est le moment idéal pour imposer la suprématie des ténèbres.

– Ouah, un peu radicaux tes Anciens.

– J'aimerais bien voir les tiens.

Endou posa sa tête entre ses mains, il n'avait jamais parlé avec les Anciens depuis son départ du Clan quand il était petit, mais les chances étaient grandes pour que leur réflexion soit identique.

– Dit moi, c'est pas un hasard que tu sois arrivé dans mon lycée, n'est ce pas ? demanda Endou. Je me pose la question depuis quelques jours maintenant.

Gouenji se crispa faiblement et ramena ses jambes contre lui, le regard soudainement fuyant. C'était donc bien un sujet sensible, mais pourquoi donc ?

– Tu peux me dire la vérité maintenant, je veux juste comprendre. Et puis, on a fait une promesse, nan ?

Il lui fit un sourire qui se voulait encourageant, peu importe ce qui serait dit, ça ne changerait rien entre eux.

– Tu es vraiment têtu, dit donc.

– Merci, je sais.

– C'était pas un compliment.

Endou pouffa doucement pour ne pas faire trop de bruit, pour lui ça en était un désormais. C'était avec cet entêtement qu'il avait réussi à obtenir cette amitié entre eux.

– Je te détestais avant même de te connaître, lâcha alors Gouenji. Depuis que je suis petit, les Anciens n'ont jamais cessé de me casser les oreilles avec ton existence, qu'il fallait que je t'affronte pour faire prospérer notre Clan et permettre aux Ténèbres de s'émanciper de cette spirale de haine. Je voyais les gens autour de moi souffrir d'être venu au monde dans ce Clan, regretter, vouloir même mourir tant la vie était difficile pour eux.

Endou déglutit, ce qu'il lui disait faisait écho à l'histoire de son père qui avait perdu un ami suite à un suicide.

– Je pensais que te vaincre serait l'option de facilité et que l'on arrêterait de m'emmerder avec ces histoires. Tout le monde pronait ma force, donc j'étais sûr de te vaincre si je venais à croiser ta route, il ne m'est jamais venu à l'esprit que je puisse perdre. On me rabachait encore et encore que toi, tu vivais la belle vie, que ce n'était pas juste, qu'il fallait équilibrer les choses.

– Un véritable lavage de cerveau.

Endou se rendit compte de ce qu'il venait de dire et posa ses mains sur sa bouche, effaré par ces propos.

– Désolé ! Ce n'est pas ce que-

– C'est rien, coupa Gouenji, tu as totalement raison de toute façon. C'est exactement ce qu'ils faisaient. Et ma mère n'était plus là pour me protéger d'eux et de leur parole. Plus ça allait et plus je m'enfonçais dans cette rage envers une personne que je ne connaissais même pas.

– Pourtant, la première fois que l'on s'est vu, tu ne semblais pas me détester. Il y a quelque chose qui a changé entre-temps ?

– On peut dire ça, oui. Un jour j'ai fais un drôle de rêve, je ne me souviens pas clairement de ce qu'il se passait dedans, mais une personne m'a parlé. Et quand je me suis réveillé, j'étais bien plus calme et moins enragé.

Un rêve ? Est-ce qu'il était de la même trempe que celui qu'Endou avait fait juste avant de faire sa rencontre ? Quelque chose de tellement vrai et réaliste qu'il arrive à vous impacter après votre réveil.

– Tu ne te souviens de vraiment rien ?

– Quasiment rien, je ne sais même plus ce que la personne du rêve m'a dit, ni à quoi elle ressemblait. Mais à partir de ce moment-là j'ai commencé à m'éloigner des Anciens et à voir le monde par mes propres yeux. Bien sûr, j'en ai beaucoup souffert, car la réalité était tout aussi cruelle que celle décrite au cours de ma vie. Néanmoins, j'ai compris que personne n'était responsable du malheur que je vivais, même pas toi. Tout comme moi, tu n'as rien demandé à personne, et ce n'était pas juste de rejeter ma haine gratuitement sur toi, sans te connaître.

Endou trouvait ça très mature, Gouenji était fort et avait eu des pensées très adultes alors même qu'il avait vécu une vie difficile où il aurait été facile de totalement sombrer dans la rage et le désir de tuer.

– Les Anciens, en voyant que je n'écoutais plus autant qu'avant, on décidé de m'envoyer directement à ta rencontre. Ils espéraient certainement que ça provoque un déclic en moi et réveille la rage qu'ils avaient instaurée depuis des années. Je n'ai pas refusé, car c'était une occasion d'enfin te voir, mais en même temps j'avais peur.

– Peur de moi ? plaisanta Endou.

Gouenji le fusilla du regard et Endou se fit tout petit, il aurait mieux fait de se taire cette fois.

– Peur de ce que tu pourrais faire naître en moi, que je ne puisse plus rien contrôler, que je cède à la tentation de te faire du mal. Bref, l'inconnu total, j'étais terrifié de ce qui m'attendait. Et j'avais un peu raison en un sens.

Endou sourit et se tourna vers lui, nullement vexé par tout ce qu'il venait d'entendre. Il était juste heureux que Gouenji puisse lui parler à cœur ouvert de la sorte, il se sentait comme un confident.

– Merci de m'avoir dit la vérité, je comprends mieux maintenant. Mais je t'admire vraiment tu sais !

– Hein ? Et pourquoi ça ?

– Parce que tu as réussi à rester fidèle à toi-même et à te retrouver, alors même que tu étais seul contre tous, que tu souffrais et que personne ne te soutenait. Tu es bien plus fort que moi, dans tous les sens du terme, et ça me conforte dans le fait que tu es vraiment une bonne personne.

– Arrête de me dire ça.

– Pourquoi ? Tu as peur de finir par y croire ?

Il tressaillit et détourna la tête, écrasant le petit Krokmou qui serait mort étouffé s'il était un être vivant. Endou se sentit mal pour lui, dommage qu'il ne puisse pas lui faire un câlin pour lui apporter un peu de réconfort.

– Hum...

Il se leva et alla ouvrir le placard de sa chambre, sortant une grosse couette épaisse qui faisait plusieurs fois sa taille. Gouenji lui lança un regard circonspect quand Endou revint vers lui avec la couette qui débordait de partout. Puis, sans crier gare, il la laissa tomber sur lui, le plongeant dans le noir et sous un amas de plume chaude.

– Je peux savoir ce que tu fais Endou ?? s'énerva Gouenji qui essaya de sortir de cette prison de tissu.

– Chut, tu vas nous faire repérer !

Gouenji allait répliquer plus fort, mais se stoppa en sentant la couette autour de lui se faire étreindre par Endou. Ce dernier ne pouvait pas le toucher directement de peur de faire un vol plané dans la chambre, mais avec un obstacle aussi épais que cette couette il ne devrait y avoir aucun souci. Par ce câlin indirect il voulait lui transmettre son soutien, ses sentiments et sa sincérité.

– Tu peux dire et penser ce que tu veux, mais moi je trouve que tu es une personne exceptionnelle. Et je suis très heureux que tu sois arrivé dans ma vie, peu importe les raisons de bases !

Gouenji restait silencieux et ne bougeait plus d'un pouce, même si Endou avait la sensation de le sentir trembler sous la couette. Il ferma les yeux et resta dans cette position, tête contre le tissu, continuant de serrer celui qui se trouvait dessous. Honnêtement, cela lui faisait aussi du bien, il se sentait apaisé à être ainsi.

Plusieurs minutes passèrent ainsi sans que ni l'un ni l'autre ne brise ce moment, jusqu'à ce que l'on frappe à la porte. Instantanément, Gouenji se raidit et Endou se redressa, mais personne ne parla. Peut-être qu'il pouvait faire croire qu'il dormait et qu'il ne fallait pas entrer ?

– Mamoru ? Je peux entrer ?

C'était la voix de son père, il se détendit légèrement, mais resta quand même un peu anxieux. Il avait fait venir une personne en douce chez lui, sans autorisation, donc même son compréhensif de père risquait de se fâcher s'il le découvrait.

– Reste sous la couette, marmonna-t-il tout bas.

Gouenji se roula en boule sur le lit pour prendre le moins de place possible, tandis qu'Endou allait entrouvrir sa porte pour ne pas laisser trop voir l'intérieur.

– Il y a un problème papa ?

Il maudit sa voix de trembler de la sorte, mais la surprise prit vite la place de l'anxiété quand il vit son père avec un plateau, deux verres de lait et des biscuits. Que faisait-il avec ça ?

– Ne fais pas cette tête, ta mère s'est endormie sur le canapé, sourit son père. Heureusement, parce que tu n'es pas très discret mon fils.

Ah, donc il avait été grillé assez rapidement finalement. C'est vrai que la discrétion n'était pas son fort, lui qui disait toujours haut et fort ses pensées avec l'énergie du soleil.

– Tu...n'es pas fâché ? fit-il inquiet.

– Je suppose que je devrais, ce n'est pas très réglo de faire entrer quelqu'un en incognito à la maison. Mais si j'ai juste, tu avais une bonne raison, non ?

Endou était à deux doigts de pleurer, il avait littéralement un père fantastique, il n'arrivait pas à croire que sa compréhension et sa gentillesse puisse aller jusque là.

– Papa...

– Mais, si tu veux que je garde le silence auprès de ta mère, il va me falloir une petite faveur.

Il lui faisait du chantage ? Endou retirait tout ce qu'il venait de penser, son père pouvait avoir un petit côté fourbe aussi finalement.

– Et qu'est ce que tu voudrais ?

– Pas grand chose, simplement pouvoir entrer dans la chambre, si ça ne vous dérange pas bien sûr.

Endou ne s'était pas attendu à ça, mais il est vrai que son père avait déjà émis le souhait de rencontrer Gouenji. Si c'était la seule condition pour éviter que sa mère ne sache la bêtise qu'il était en train de faire, ce n'était pas grand chose.

– Bon, d'accord.

Il se décala et ouvrit la porte pour que son père entre avec son plateau et ferma la porte aussi sec, sa mère pouvait surgir à n'importe quel moment.

– Merci bien.

Son regard se posa rapidement sur la couette qui formait une boule suspecte et ça le fit légèrement rire.

– Tu peux sortir de là dessous, Gouenji, rit-il. Mon fils n'est pas très doué pour cacher des choses.

Le blond ne dit rien, mais il n'avait guère le choix de toute façon. Il retira donc la couette et se dévoila au père d'Endou, le regard ferme et froid, comme s'il se préparait au pire.

– Je vous ai amené quelque chose à boire et des biscuits, si jamais vous avez un petit creux.

Il déposa le plateau sur le bureau d'Endou et resta debout, sûrement ne voulait-il pas effrayer plus que ça le garçon qui lui faisait face.

– Bon, bah je te présente mon père, fit Endou un peu gêné. Je lui avais déjà parlé de toi c'est pour ça qu'il connaît ton nom. Mais il est très gentil je te jure ! Il n'a aucunes mauvaises intentions !

– Je sais, je le sens.

Pourtant, même s'il disait ça, il restait sur la défensive et méfiant. Endou vint s'asseoir à côté de lui pour essayer de le rassurer, mais il pouvait comprendre sa réaction. Il réagissait ainsi avec toutes les personnes qu'il rencontrait.

– Je suis ravi de faire ta connaissance, je suis le père de Mamoru, Endou Hiroshi. Il m'a beaucoup parlé de toi, donc je voulais faire ta rencontre si l'occasion se présentait.

Gouenji lança un regard glacial à Endou, qui sifflota en faisant mine de ne rien voir.

– Mon père n'est pas aussi extrême que ma mère, se défendit-il comme il pouvait. Il m'a encouragé et m'a soutenu, donc tu n'as pas à craindre quoi que ce soit de lui, je te le jure. Il ne dira rien à maman.

– Ca, tu n'en sais rien.

Il croisa ses bras et regarda le sol, clairement mal à l'aise dans cette situation.

– Mais bon, c'est moi l'intrus ici, donc je ne peux pas dire grand chose.

– Rassurez-vous, je ne vais pas vous déranger plus longtemps, assura Hiroshi, mais n'hésite pas à repasser de manière plus officielle. Ce serait un plaisir de discuter avec toi.

Il les salua et partit sans demander son reste, comme si juste voir Gouenji lui suffisait. Endou souffla légèrement, prêt à s'excuser de tout son long pour cette situation imprévue. Mais quand il se tourna vers son ami, il le découvrit en larmes, ce qui le choqua d'autant plus.

– Je...je suis désolé ! J'aurais dû te demander avant ! Je ne pensais pas que tu le prendrais aussi mal que ça...

Il s'affala de tout son long sur le lit pour présenter les excuses les plus sincères qu'il puisse effectuer. La culpabilité était en train de serrer son cœur tel un étau sans merci.

– Tu as vraiment un père formidable, Endou. Je suis jaloux.

Endou redressa la tête, c'était à cause de ça qu'il pleurait ?

– Il dégage quelque chose de doux et d'amical, un peu comme toi. Il n'avait aucun ressentiment à mon égard, aucun jugement.

Il porta ses mains à son visage, incapable d'arrêter le torrent qui dévalait ses joues.

– Ha, je ne pensais pas m'effondrer bêtement pour ça, souffla-t-il. Je suis pitoyable.

– Pas du tout, assura Endou en se redressant, tu es un humain.

Il saisit de nouveau la couette et se jeta sur le blond avec pour le serrer de toutes ses petites forces.

– Tu as le droit de pleurer, alors même si tu trouves que ça te rend lamentable, ce n'est pas grave. Il faut que ça sorte à un moment ! Tu as beaucoup souffert, tu as pris sur toi en faisant le dur, mais on est encore des adolescents toi et moi, le soutien des adultes est important pour nous. Tu n'as pas eu de figure paternelle et tu as perdu très tôt ta mère par inadvertance. Ce n'est pas grave si tu ressens de la jalousie, je m'en moque, alors tu peux pleurer comme une madeleine, ce n'est rien.

Gouenji serra la couette entre ses mains, et cette fois c'est lui qui pleura tout son saoul, alors qu'Endou ne le lâchait pas, à ses côtés pour le consoler et le soutenir de toute son âme.

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