La fille qui n'aimait pas Noël
Elle rangea en soupirant la multitude de citrouilles et de décorations qu'elle chérissait tant. Bien qu'elle les ait installés au début du mois, ça y est, Halloween était définitivement terminée. Bien qu'elle n'aimât pas particulièrement se déguiser, elle appréciait cette fête. Senteurs de l'automne, beauté des esthétiques. Elle s'y sentait bien. Des heures durant, elle aurait pu admirer les bougies se consumer et observer les courbes des faux grimoires. Un air de magie, une mélodie irréelle, un peu comme les mondes qui vivaient dans son esprit.
Tons chauds, feuilles mortes, mais sublimes. Elles volent, volent s'envolent, éparses dans le vent. Milliers d'idées se mélangeant. Millions de rêves tourbillonnants en une tornade de possibilités. Même la pluie ne saurait entraver sa créativité.
Des rires, puis le gris du ciel. Des lumières trop vives. Décembre pointait le bout de son nez. Partout, dans les boutiques et dans les médias, on vendait un bonheur obligatoire, bien spécifique à la fin de l'année. Elle ne leur en voulait pas, après tout, elle aussi, un jour, elle avait aimé Noël.
Senteurs et habitudes lointaines, des souvenirs aussi doux que mélancoliques. Adolescente, elle se souvenait avoir pensé « Noël, c'est compter les absents autour de la table. » Et quand parmi les absents, certains détenaient l'esprit des fêtes d'hiver... à leur disparition, la magie, inexorablement, s'en était allée. Sans magie, tout était devenu fade. Les guirlandes ne scintillaient plus et la crèche avait perdu de sa superbe.
Sourire, toujours. Sourire, allez bien quoiqu'il arrivât. Parce qu'à Noël, il était impoli de souffrir physiquement ou moralement. Point de larmes admises, sous peine de gâcher la fête. Vous ne voudriez pas gêner le bonheur d'autrui, n'est-ce pas ?
Sourire figé, trait épuisé. Noël semblait ne jamais vouloir se terminer. Les heures défilaient, mais toujours les infinis repas et les discussions dont on ne voulait pas. Éloignée du monde des autres, elle ne trouvait pas sa place dans ce genre d'activités. Heureusement, des amies la comprenaient, car elles aussi, à ce monde festif, elles n'appartenaient plus.
Sourire figé, elle détestait décorer pour Noël. Pour quoi faire ? Tout était trop terne. Tout lui rappelait que la date qu'elle redoutait lentement s'approchait.
Elle aimait offrir des cadeaux, voilà le seul et unique fait qui n'avait pas changé. Elle aurait tant adoré pouvoir les donner différemment. Au cours d'un repas d'une longueur habituel, avec les mêmes bruits, les mêmes conversations et les mêmes personnes. En plusieurs fois peut-être. Elle n'aimait pas cette notion de devoir se rassembler tous ensemble, « en famille ». Pour elle, ça ne voulait rien dire. Peut-être, était-ce à cause de sa définition de la famille ? Ou à cause des absents ? Probablement un peu de deux. Quoi qu'il en soit, elle détestait ça. Si elle devait réinventer Noël, la fête serait bien différente.
Parce que son Noël, ne serait pas interminable ni un supplice. Pas de bonheur obligatoire. Un jour comme les autres. Des petits repas comme les autres. Pas d'obligations. Pas de pression. Seulement ce que vous aimez. Seulement une atmosphère apaisée.
Quand l'hiver venait, elle sentait toujours son sourire s'effacer, année après année. Elle était fatiguée de Noël et de son bonheur forcé. Magie envolée, se sentir isolée. Derrière ses yeux fermés dansaient les feuilles de l'automne passé. Fragments d'idées auxquels s'accrocher, espoirs pour ne pas tomber. Courage, bientôt la nouvelle année. Courage, bientôt elle sourirait pour de vrai.
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