Chapitre 6

Mais vous, tremblez, ne péchez pas ; réfléchissez dans le secret, faites silence.
- Psaume 4 :5 -

Lorsque je pus retourner dans ma chambre, je m'écroulai sur mon lit, le cœur en miette et l'esprit hagard. J'avais capitulé... Ils avaient gagné, j'étais encore plus faible que je ne le pensais.

La sonnerie de mon téléphone souleva mon cœur brusquement. La sensation me tira naturellement de cette tornade de pensées qui m'entraînaient toujours plus loin dans mes questionnements. Je m'empressai de retrouver l'objet et de répondre.

—    Allô ? décrochai-je, le souffle court.

—    Je voulais pas te forcer, je vais rentrer chez moi, murmura Loïs.

—    Hein ? répliquai-je, complètement confus.

—    Tu ne m'as pas répondu.

Encore un peu déboussolé par ma conversation avec mes parents et l'engrenage dans lequel j'étais prisonnier, je mis du temps à me secouer. Un raclement de gorge mal à l'aise me permit de réfléchir et poussé par la curiosité, je regardai les messages que j'aurais ainsi manqué de mon petit-ami.

Deux textos, l'un me demandant si j'avais une réponse pour ce soir et l'autre...

—    Tu es au skate park ? m'étonnai-je.

—    Oui. J'avais envie de te voir. Tu penses pouvoir me rejoindre ?

—    Mais- comment ? Je ne peux pas sortir.

La panique et l'excitation se mêlèrent étrangement. Mes parents ne me laisseraient jamais sortir, c'était certain.

—    Pas par la porte d'entrée, insinua Loïs.

—    Tu veux que je passe par ma fenêtre ! m'exclamai-je.

—    C'est comme tu veux, j'ai pas envie de te forcer à faire quoi que ce soit.

Les yeux écarquillés, je pivotai la tête en direction de cette possible échappatoire. Techniquement, je pouvais. Notre maison n'avait qu'un étage et ma chambre se situait en rez-de-chaussée, donc aucun risque de faire une mauvaise chute. Oh mon Dieu, j'y pensais vraiment.

Oui, j'y pensais parce que cela faisait naître un feu inconnu en moi, une sensation extatique que je ne vivais que très rarement. Et encore une fois, je réalisais à quel point ma vie était nulle. Je n'avais jamais été heureux. Mes amis étaient géniaux, mais ils étaient différents. Pas aussi croyants, pas aussi droits et sages.

Loïs avait la même famille que moi, du moins je le pensais. Cependant, il était clair que je m'étais trompé. Ses parents aussi religieux soient-ils, semblaient plus cools que les miens et Loïs pouvait se confondre avec les autres jeunes sans problème tandis que moi, j'étais dans une chrysalide. Je le serais sans doute toujours.

Je m'approchai rapidement de ma fenêtre pour l'ouvrir en grand. L'air d'hiver me fouetta le visage et m'aida à reprendre mes esprits.

—    Je vais venir, décidai-je.

—    Vraiment ?

—    Oui, attends-moi, j'arrive.

Sur cette affirmation, je raccrochai et mis prestement ma parka et mes baskets. Mon cœur battait frénétiquement dans ma poitrine, j'étais parcouru par des vagues d'excitation et de peur. Toutefois, j'avais envie de voir Loïs. Envie d'échapper à cette prison qu'était ma maison.

Enjambant le rebord de ma fenêtre, je m'évadai. Le skate park était au bout de la rue. En deux minutes, j'étais arrivé et Loïs m'attendait, assis sur le rebord d'un fossé. Lorsqu'il m'entendit approcher, son visage s'illumina d'un sourire éclatant.

—    Salut, souffla-t-il alors que je m'asseyais à ses côtés.

Le sol bétonné glacé me tira une grimace.

—    Ouais, c'est gelé, ricana Loïs. Approche.

Il tendit une main vers moi et je basculai sur lui, ma bouche fondant sur la sienne pour un baiser chaud.

—    Je voudrais pas que tu attrapes froid à cause de moi, insinua Loïs en me serrant plus fort.

—    Je déteste avoir le rhume, grimaçai-je en me blottissant davantage contre l'italien.

—    Tu seras toujours sexy, même avec le nez rouge qui coule.

La plaisanterie anodine explosa en moi en un feu d'artifice. Loïs venait-il de dire qu'il me trouvait sexy ? J'étais presque certain d'avoir bien entendu, pourtant, je posai la question :

—    Tu me trouves sexy ?

—    Oh oui, approuva mon petit ami en hochant vigoureusement la tête.

Peu à peu, ses mains se déplacèrent dans le bas de mon dos et il se pencha en arrière jusqu'à ce que je tombe complètement sur lui.

Mon corps le recouvrait pratiquement et sa chaleur s'infiltra en moi. Malgré l'air glacial, cette proximité me donnait tout ce dont j'avais besoin.

Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme,
vers toi, mon Dieu, je m'appuie sur toi : épargne-moi la honte ; ne laisse pas triompher mon ennemi.
Pour qui espère en toi, pas de honte, mais honte et déception pour qui trahit.
- Psaume 24 : 1-3 –

Était-ce trahir que d'éprouver autant d'amour et d'attirance envers Loïs ? Selon Père Vincent, mes parents, la Bible, c'était une offense, une injure, un péché. Mais qu'y pouvais-je ? C'était bien trop fort, trop puissant. Ce sentiment grandissait en moi et ne semblait pas vouloir s'arrêter.

Il me comblait de joie et n'était-ce pas le souhait du Seigneur ? Je me souvenais des paroles du curé Emmanuel, qui disait souvent que le Seigneur ne nous demandait qu'une seule chose : choisir la vie. La question, pour tout chrétien, était donc de savoir ce qui le rendait véritablement vivant.

Loïs me rendait vivant.

—    Tu me trouves pas sexy, toi ? demanda Loïs, un petit sourire aux lèvres.

—    Si, chuchotai-je.

—    C'est bon à savoir.

Sa bouche revint sur la mienne, conquérante. Comme à chaque fois qu'il prenait l'initiative, je ne faisais que suivre le mouvement, appréciant l'instant. J'avais encore du mal à venir vers lui. Une peur constante me bloquait et je ne parvenais pas à faire face. Être avec Loïs était source de paix et d'amour, mais cela provoquait également un perpétuel stress. Un nœud dans mon estomac qui ne faisait que grossir.

Les jambes de Loïs s'écartèrent subtilement et sans m'en rendre compte, je m'insinuais entre elles pour finir couché sur lui. Sa tête toucha le béton et il rompit le baiser.

—    Eliott, murmura-t-il.

—    Oui ?

Son regard noir me détailla, emplit de sérieux lorsque tout à coup il se redressa, m'obligeant à me mettre à genoux entre ses jambes.

—    Viens plus près, commanda-t-il ensuite en m'agrippant.

—    J'étais déjà très près de toi, là, plaisantai-je.

Grâce à des gestes assurés et rapides, il me guida et je me retrouvai alors assis sur lui à califourchon. La gêne me fit gigoter, mais sa prise autour de ma taille me stabilisa.

—    Est-ce que ça va ?

—    Oui, répondis-je, rougissant.

Un groupe de jeunes plus loin rigolait et faisait du skate sans se préoccuper de nous. Je les entendais, mais toute ma concentration était ciblée sur Loïs et son merveilleux visage. Le soleil, haut dans le ciel, nous surplombait et diffusait une lueur éclatante sur nous, marquant ainsi l'ombre des pommettes de mon petit-ami. J'observais l'effet avec un sentiment incroyable au creux du ventre. Il était si beau.

Des traits de jeune homme, ciselés et typés très méditerranéen. Son teint halé, sa mâchoire carrée, ses cheveux noirs, tout me rappelait ses origines italiennes, son assurance et sa prestance naturelle.

Loïs m'impressionnait.

—    Tu as demandé ? dit-il, la mine sérieuse.

—    Oui.

—    Et ?

—    C'est ok.

Un immense sourire étira ses lèvres.

—    Je suis tellement content ! Alors ça s'est bien passé ?

—    Pas vraiment, chuchotai-je.

Loïs fronça les sourcils et me poussa à lui raconter. Au premier abord, je refusai d'entrer dans les détails, mais une petite voix me souffla que j'avais besoin de Loïs, que je ne devais pas le laisser s'éloigner. J'avais peut-être capitulé face à mes géniteurs, mais je ne voulais pas me mentir à moi-même, ni à mon petit-ami. J'étais homosexuel et si mes parents ne pouvaient le concevoir, moi je ne pouvais le nier.

Loïs était ma bouée de sauvetage ; sans lui, je glisserai à nouveau dans le mensonge, enchaîné.

Avec nervosité et la boule au ventre, j'expliquai alors ce qui s'était passé, la mise en garde de mes parents.

—    « Rien n'est vrai dans leur bouche, ils sont remplis de malveillance ; leur gosier est un sépulcre béant, et leur langue, un piège. (Psaume 5-10) », récita Loïs. Tu le sais, n'est-ce pas ? Qu'ils ont tort !

—    Peut-être, mais... J'ai- j'ai menti, j'avais trop peur de ce qu'ils seraient capables de faire, avouai-je.

Loïs me serra dans ses bras et caressa mes cheveux tendrement pendant un moment.

—    Tu as eu raison, Eliott. C'était la meilleure chose à faire pour te protéger. Mais ça ne change pas qui tu es, ou ce que nous sommes l'un l'autre. Nous apprendrons à mentir pour vivre heureux, murmura-t-il en déposant un baiser sur mes lèvres.

Je hochai la tête, tout en luttant péniblement pour retenir les larmes qui brûlaient mes yeux.

—    Et si jamais ça ne va pas chez toi, tu peux venir à la maison, proposa-t-il doucement.

—    Comment ça ?

—    J'ai... discuté avec mes parents et-

—    Tu as fait quoi ? m'étonnai-je, le cœur dans la gorge.

—    Je n'ai pas parlé de notre relation, s'empressa-t-il de me rassurer en me retenant alors que je voulais me décrocher de lui.

Mon regard effrayé rencontra le sien et une fois encore il m'hypnotisa de ses prunelles onyx.

—    J'ai juste dit qu'on était amis. Ils le savent déjà de toute façon. J'ai simplement demandé si tu pouvais dormir à la maison de temps en temps. Et ils ont accepté.

—    Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu racontes ? Tu sais très bien que c'est impossible !

—    Tu pourrais dire que tu dors chez Arnaud.

Ce fut à cet instant précis que je compris à quel point Loïs était loin de connaître la vérité. Ma vérité. Sur ma vie, sur mes parents. Il ne comprenait toujours pas.

Ce n'était pas faute d'avoir parlé mainte fois des règles sévères et des limites imposées par mes géniteurs. Malgré mon âge, je n'avais pas l'autorisation de sortir dormir chez des amis sans que mes parents ne parlent expressément aux parents de l'ami en question.

L'expression de Loïs était pleine d'espoir, de compassion et de bienveillance, je n'eus pas la force de lui expliquer une fois encore que mes parents n'étaient pas les siens. J'étais fatigué. Mais ses paroles me revinrent en mémoire ; il avait dit que pour se protéger et vivre notre histoire, il fallait mentir. J'étais bien d'accord avec ça, alors je passai outre le côté dingue de sa proposition et hochai la tête en le remerciant.

Il m'adressa un mince sourire puis se coula à moi pour m'étreindre.

*

Le soir, à la soirée chez Arnaud, l'ambiance était détendue et joviale.

Mon père m'avait déposé, s'était entretenu avec Eline, la maman de mon meilleur ami, s'assurant ainsi qu'il n'y aurait pas d'alcool et que je pouvais bien dormir chez Arnaud seulement si nous n'étions que nous deux. Eline confirma et rassura mon paternel, qui me laissa donc, non sans réitérer les règles. Pourquoi diable mes parents ne s'inquiétaient pas de me voir dormir avec Arnaud, c'était un mystère. Peut-être se focalisaient-il uniquement sur Loïs. Et ils avaient bien raison.

La nuit était avancée et les bières grandement consommées. La maman d'Arnaud était cool, elle comprenait l'angoisse de mes parents et de ma situation, mais savait également se montrer souple. Considérant que nous étions à l'abri sous son toit, elle nous autorisait à boire des bières tant que c'était raisonnable. Elle ne nous surveillait pas non plus, se terrant tranquillement dans sa chambre, ce qui nous laissait la maison pour nous.

D'un point de vue externe, son comportement pourrait être jugé d'inadmissible et d'incorrect envers les parents qui faisait confiance... mais, il n'était jamais rien arrivé à aucun d'entre nous et deux bières n'allaient pas nous tuer.

Nous jouâmes aux jeux vidéo à tour de rôles, au jeu de fléchettes installé pour l'occasion et au baby-foot sur la terrasse. Les plus courageux faisaient un foot dans le jardin sans se préoccuper du froid glacial de ce mois de décembre. Loïs faisait partie de ces fous. Assis sur une chaise de la terrasse, je le regardai, admiratif, alors qu'il s'amusait avec le ballon, aux dépens de ses adversaires.

—    Si tu continues à le mater comme ça, tu risques de prendre feu.

Ma tête se tourna brusquement vers cette voix bien connue, qui me tira un sourire naturel. Arnaud s'affala sur une autre chaise et au lieu de diriger son attention sur la partie de ballon, il la focalisa sur moi.

—    Je le mate pas tant que ça, réfutai-je timidement.

—    Bien sûr, oui. Dis-moi, vous... ?

—    Non !

Mes yeux écarquillés eurent un effet immédiat sur mon ami qui s'esclaffa de bon cœur.

—    Pourquoi ?

—    Comment ça pourquoi ? Parce que !

—    Allez, Eliott, mets pas ton masque de timide avec moi. Vous êtes raides dingues l'un de l'autre, ça se voit au lycée, vous vous lâchez pas, alors... vous êtes pas passés aux choses sérieuses ?

—    Non, répétai-je en croisant les bras sur mon torse, comme s'ils pouvaient me protéger de cette conversation gênante.

—    Je réitère donc ma question, pourquoi ? Tu n'en as pas envie ?

Mon cerveau n'eut pas ma permission, mais il envisagea la chose quand même. Il imagina Loïs et moi en train de... et je ne ressentais qu'une panique extrême. Mon cœur s'emballa et je me mordis la lèvre très fort pour refouler cette émotion.

—    J'en sais rien, Arnaud, chuchotai-je.

—    Si tu en as envie, tu devrais essayer de ne pas te poser trop de questions. Loïs est fou de toi, ça se passera forcément bien.

—    C'est pas comme si on pouvait faire ça chez lui ou chez moi, ou même au lycée, grimaçai-je.

Des exclamations interrompirent notre conversation et Arnaud n'eut pas le temps de me répondre. Le match était terminé et Loïs nous rejoignit, il m'embrassa fougueusement, ses bras autour de mon cou.

—    T'es glacé ! m'écriai-je en m'écartant.

—    Et alors ? Réchauffe-moi, proposa-t-il dans un sourire charmeur.

—    Oh ! J'ai entendu mon nom plus loin, intervint subtilement Arnaud en s'éclipsant.

Il me fit les gros yeux en passant derrière mon petit ami et s'employa à imiter un geste très suggestif, que j'ignorais complètement.

—    Commençons par rentrer, dis-je alors à Loïs.

—    Bonne idée.

Il prit ma main et nous dirigea vers l'intérieur jusqu'à nous installer sur l'un des fauteuils, moi sur ses genoux. Cette position me troubla, j'en fus gêné, mais tandis que je tentai de me dérober pour trouver une place ailleurs, ou même sur l'accoudoir, il m'agrippa la taille.

—    Reste-là, s'il te plaît.

Devant sa moue suppliante et ses yeux brillants, je cédais. Je gigotai donc pour trouver une position confortable et mes bras furent naturellement drapés autour de son cou alors qu'il me maintenait par la taille.

C'était assez courant que l'on soit aussi proche, mais cette fois-ci quelque chose était différent. Mon cœur palpitait d'excitation et mon corps réagissait en frissonnant. Dans mon pantalon aussi, il se passa quelque chose, ce qui me fit monter le rouge aux joues. Apparemment, la discussion avec Arnaud avait allumé une petite étincelle en moi. Loïs m'observa, le sourire gravé sur les lèvres.

—    Baciami, chuchota-t-il. (Embrasse-moi)

Inutile de traducteur, je comprenais cette demande pour l'avoir entendu un millier de fois. Ces mots avaient une grande signification pour moi. Connaissant ma timidité, Loïs me poussait à me sentir à l'aise avec lui, à oser faire les premiers gestes tendres, à me sentir plus léger et spontané. Ainsi, il me quémandait souvent de l'embrasser, et cela me donnait l'impression d'être entreprenant. Grâce à son obstination, je pouvais envisager qu'un jour, enfin, je prendrais l'initiative tout seul, comme un grand garçon !

Me penchant naturellement sur lui, je posai mes lèvres sur les siennes et initiai un baiser profond, jouant avec sa langue comme j'adorais le faire. Il poussa un gémissement et sa prise sur moi se raffermit pour me rapprocher. Notre baiser dura, si longtemps que nous dûmes à plusieurs reprises nous séparer le temps d'inspirer à grandes goulées avant de replonger dans notre tourbillon langoureux.

Ma peau se couvrait de frissons, qui parcouraient mon épiderme et se nichaient dans mon bas ventre. Je sentais mon sexe se gorger de sang et en retour, je percevais très clairement l'excitation de Loïs, puisque j'étais assis dessus.

L'alcool dans mon sang m'aida à ne pas paniquer outre mesure, même si ma respiration commença à chanceler. J'étais heureux. Excité à l'idée de susciter du désir pour mon petit-ami. Je m'efforçais donc d'oublier mon angoisse à cette même pensée.

—    Eh, les gars ! Prenez une chambre ! nous taquina Arnaud, nous obligeant à nous séparer.

—    La tienne ? renvoya Loïs, provocateur.

—    Pourquoi pas ! Elle est au bout du couloir, Eliott connait le chemin.

Mon meilleur ami m'adressa un clin d'œil espiègle avant de s'éloigner, me laissant complètement abasourdi. Loïs ricana et plongea sa tête dans mon cou pour y embrasser la peau délicate, qui était hyper sensible, ce qu'il savait.

—    Alors ? Tu veux bien qu'on s'isole ? souffla-t-il.

—    Quoi ? Vraiment ? couinai-je, le cœur dans la gorge.

—    Comme tu veux, mais tu sais, j'ai demandé à Eline si je pouvais dormir là aussi et elle a dit oui.

Sonné par la nouvelle, je ne sus quoi répondre. Loïs m'obligea à me mettre debout. Ensuite, subtilement, il me prit la main et pour la deuxième fois de la soirée, me guida. Je le laissai faire jusqu'à ce que je doive reprendre les rennes pour l'amener dans la chambre d'Arnaud.

J'étais encore terriblement engourdi, si bien que je ne fis pas attention au matelas gonflable deux places, posé au sol au bout du lit, jusqu'à ce que Loïs m'y pousse.

Alors que je commençai à paniquer des implications de la situation, il s'installa naturellement sur le côté et me prit dans ses bras doucement. Sa bouche rejoignit la mienne et le baiser fut beaucoup plus tendre que précédemment.

—    Ne panique pas, amore. J'avais envie de me retrouver seul avec toi, c'est tout, confia-t-il entre deux baisers.

—    Alors on va dormir ensemble ? demandai-je, nerveux.

—    Oui. Enfin, si tu veux bien de moi sur ce matelas, sinon, je m'incrusterai auprès d'Arnaud.

Cette perspective me tira une grimace et un pincement au cœur. La jalousie flamboya et je me surpris à ressentir de la possessivité.

—    Jamais de la vie, assénai-je durement.

—    Hum, tu es sûr ? Je voudrais pas paraître trop collant et-

—    Tu dors pas avec lui !

—    D'accord, rigola Loïs.

—    Pourquoi tu rigoles ?

—    T'es jaloux.

Sa remarque était vraie et perspicace, toutefois, je ne comptais pas l'admettre et fis donc une moue boudeuse. La nervosité s'était fait la malle et petit à petit, l'excitation prit toute la place en moi.

J'allais dormir dans les bras de Loïs. Contre lui. Les images que cela m'évoquait animaient mon désir pour lui. Il était difficile de le cacher. Mais considérant que Loïs ne le dissimulait pas, la gêne ne s'installa pas au creux de mon ventre. Après tout, c'était naturel, non ? Ma petite voix pieuse me laissa tranquille, je considérais donc ça comme une victoire.

Plusieurs heures plus tard, tous nos amis étaient partis. Arnaud était dans son lit, endormi, épuisé par la soirée et les bières qu'il avait bues, bien plus que tout le monde. Loïs et moi avions revêtu des tenus pour dormir et étions confortablement installés l'un contre l'autre. Depuis que nous étions dans cette chambre, nous n'avions pas bougés, collés ensemble et ne cessant de nous embrasser.

Loïs n'avait rien exigé de plus. Et je n'osais pas le faire, peu sûr d'avoir le courage de vouloir faire plus. Dans l'idée, je le désirais, mais en pratique, c'était autre chose. Je préférais attendre un peu que ce désir que je découvrais pour Loïs s'approfondisse. Et puis, le lieu était peu propice à la découverte sexuelle. J'en serais mortifié si Arnaud nous surprenait !

Ainsi, nous passâmes la nuit à chuchoter, discutant de tout et de rien, à s'embrasser tendrement ou sauvagement, à se serrer et se frotter. Une nuit magique où mes sentiments me furent rendus sans un mot. Une nuit où l'excitation se mêlait à la tendresse, où la preuve de notre désir était évidente pour l'un comme pour l'autre, mais où aucun malaise ni honte ne s'en dégageait.

Une nuit incroyable où j'étais heureux.

Libre, au creux de ses bras.

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