Chapitre 25

L'amour se passe de cadeaux, mais pas de présence.
- Félix Leclerc -

⚠️🔞 Ce chapitre se finit par une note sensuelle et terriblement romantique.

Loïs

Assis par terre, le regard vif, j'examinai attentivement ce sapin. J'avais été le chercher tôt ce matin, désireux de faire de cette journée, un moment magique. Eliott ne s'était pas attendu à ce que je débarque chez lui les mains pleines. Son sourire étincelant à la vue de mon cadeau spécial avait valu le coût du transport.

— Je pense qu'il est inutile d'en mettre plus, mio tesoro, intervint Eliott en s'affalant sur le canapé.

Je lui jetai un regard en coin. Ses cheveux blond vénitien était en bataille et ses joues viraient au rouge, lui donnant un aspect vraiment mignon. Une parfaite image de petit lutin lubrique. Existait-il des costumes de lutins sexys ?

Eliott tourna la tête vers moi et haussa un sourcil, ce qui me fit sortir de mes pensées.

— On a acheté toutes ces boules, c'est pour les mettre, décidai-je en me relevant.

Il ne restait que deux malheureuses petites sphères dorées. Tout ce que nous avions acheté ce matin dans les magasins de décoration étaient à présent pendu aux branches du résineux. Il brillait de mille feux, déployant sa lumière dorée et rouge.

J'adorais la symétrie, mais pour ces deux dernières boules, je m'abstins de trop réfléchir et les plaçais au pif.

— Il est vraiment magnifique, murmura Eliott.

— Tout comme toi, dis-je ne le rejoignant sur le canapé.

Il passa immédiatement ses bras autour de mon cou et m'embrassa.

Nous étions le 20 décembre et j'avais décrété que je passerai Noël avec Eliott et non avec ma mère, Livia, et mes grands-parents, Fernand et Cécilia. Je ne voulais pas qu'il soit seul et il n'était pas envisageable pour moi de l'amener au repas du réveillon. J'aurais aimé, seulement, je ne voulais pas mettre ma mère mal à l'aise.

Elle acceptait mon homosexualité, cependant, cela avait bouleversé sa vie, de manière si dramatique que la culpabilité me rongeait tous les jours. Elle ne méritait pas de devoir supporter la présence d'un petit-ami pendant les fêtes, encore moins si c'était Eliott...

— Je suis content de passer Noël avec toi, souffla Eliott contre mes lèvres.

— Moi aussi. D'ailleurs, nous devons convenir du repas ! m'enthousiasmai-je.

Je chassais mes sombres pensées pour me concentrer sur le positif.

— Qu'est-ce que tu aimerais manger ?

— Tu vas cuisiner ? ricana-t-il.

Cucino molto bene. (Je cuisine très bien).

— Vraiment ? Je n'ai toujours pas goûté tes fameuses lasagnes, mais... ouais tes pâtes à la bolo sont pas mal.

— Pas mal ? m'indignai-je en lui pinçant les côtes.

Eliott éclata de rire en secouant tout son corps.

— Ok, ok, elles... étaient... succulentes, haleta-t-il entre deux rires.

— Je préfère ça.

— Ok, le cuisto, alors... j'aimerais manger un filet en croute, farci aux girolles et au foie gras.

Mes yeux s'écarquillèrent de surprise.

— Je me débrouille pas mal, mais ton truc à l'air tout droit sorti d'un traiteur quatre étoiles.

— Ouep, possible, me sourit Eliott.

— Quelque chose de plus abordable ? À moins que tu ne veuilles absolument ça et on peut commander alors.

— Fais ce que tu veux, mio tesoro, je suis sûr que ce sera parfait.

Le visage éclairé par la joie, il posa ses mains sur mes joues et m'embrassa doucement. Mon cœur sursauta dans ma poitrine. Il me faisait cet effet à chaque fois. Et quand il utilisait ce nouveau surnom, avec cet accent... J'avais l'impression de savoir voler. À chaque petit regard, petit mot tendre ou à chaque fois qu'il me touchait. Eliott me rendait complètement dingue.

Et ça me tuait de devoir lui mentir chaque jour. Je faisais des efforts incommensurables pour cacher ce qui lui ferait tant de mal, pour éviter des sujets sensibles, cependant, Eliott n'était pas stupide. Il commençait à se douter de quelque chose. Je le voyais à ses sourcils froncés et à ses expressions analytiques.

Pas toutes les vérités n'étaient bonnes à dire, mais où était la limite ? Comment différencier un mensonge, d'un acte d'altruisme ?

Cette pensée m'amena à l'autre secret que je cachais. Et j'avais un coup de fil à passer. Je me séparai d'Eliott, le cœur plus lourd et pas d'une bonne façon. Son sourire resta accroché sur ses lèvres tandis qu'il récupérait un balai pour faire disparaitre les aiguilles échouées au sol.

Je me levai pour rejoindre la table du salon où j'avais laissé mes affaires et pris mon téléphone. Mes yeux glissèrent sur Eliott qui contemplait le sapin illuminé sans me prêter attention. Pour autant, je me sentis contraint de m'isoler dans sa chambre pour la conversation.

J'aurais préféré attendre d'être seul ou chez moi, mais étant donné que je passais chaque jour de mes vacances avec Eliott, cela risquait d'arriver trop tard.

Une fois isolé, je composai le numéro.

Allô ?

— Salut, Marlène.

Loïs, vous allez bien ? Vous avez eu mon email ?

— Oui, c'est pour ça que j'appelle.

J'ai de nouvelles informations très intéressantes. J'ai réussi à retrouver son ancienne affectation, où il a exercé durant dix ans.

— Et en quoi est-ce intéressant pour nous ? demandai-je en m'asseyant sur le rebord du lit.

Parce qu'il y a déjà eu des plaintes contre lui dans la ville où il faisait son office. Deux jeunes garçons l'ont accusé de les avoir enfermés pour procéder à un exorcisme non désiré.

Cette annonce comprima ma poitrine et m'obligea à inspirer profondément pour calmer mes nerfs. Cela faisait près de trois ans que je cherchais des preuves dans le but de monter un dossier contre le Père Vincent.

Un combat que j'avais choisi de mener pour deux raisons ; parce qu'il était en partie responsable de ma séparation avec Eliott et des stigmates qu'il portait depuis, et parce que j'avais été à deux doigts de vivre la même chose.

Ses agissements étaient ignobles, j'avais décidé que ce n'était plus possible. J'avais alors dirigé ma colère contre lui plutôt que contre mon amoureux perdu.

Cet homme ne pouvait plus exercer, il ne pouvait plus être une menace pour tous ceux qui étaient différents.

— Est-ce qu'on a leur nom ? demandai-je.

Oui, je t'ai envoyé par mail ce que j'ai trouvé, tu as leur numéro également.

C'était une merveilleuse nouvelle. Je pourrais peut-être récupérer leur témoignage pour approfondir mes accusations. Pour le moment, Marlène, détective privé, se contentait de recueillir tous ce qui avait un rapport entre le Père Vincent et des actes de thérapie de conversion. Ses talents m'étaient précieux.

Si tu parviens à obtenir leur histoire, tu auras un véritable dossier.

Je grimaçai à ces mots.

Jusqu'ici, il était évident que je n'avais rien de concret. Le témoignage d'une adolescente ayant subi les mêmes sévices qu'Eliott, peu de temps après son départ et quelques semaines avant qu'on ne me menace d'en faire autant sur moi.

Cette courageuse jeune fille était allé voir la police pour raconter ce qui lui était arrivé. Mais sans preuve formelle, ce n'était que des mots. Une plainte avait été engagée, les policiers avaient posé quelques questions à Père Vincent, mais c'était un prêtre. Un homme de Dieu. Personne ne croyait en sa culpabilité.

Je trouvais ça si injuste et écœurant. M'embarquer dans cette histoire pouvait paraître dingue et irréaliste, mais j'en avais besoin. Après tout, Eliott m'avait quitté à cause de ces traitements infâmes, à cause de cet homme du diable qui l'avait traumatisé au point qu'il ne puisse plus supporter de vivre dans cette ville, près de ce prêtre. Il devait payer.

— Je vais faire mon possible pour récupérer un témoignage, assurai-je.

Marlène me conseilla de me tourner vers un avocat pour être au fait des poursuites éventuellement possible dans un tel cas. Elle m'avait fait comprendre qu'avec plusieurs témoignages sur la même personne, le dossier deviendrait crédible, si les personnes étaient sans reproches.

J'avais donc consacré ces dernières années à faire des recherches, à construire un vrai dossier d'accusation. Pour être pris au sérieux, pour être enfin entendu.

Lire ou écouter ces témoignages m'avaient anéanti, je les associais toujours à ce qu'Eliott avait subi. J'avais toujours soupçonné qu'il me cachait une bonne partie de ce qui s'était vraiment passé dans cette église, mais cela avait été tout de même douloureux de me rendre compte qu'il avait gardé le silence sur tant de choses horribles. Cela me broyait le cœur d'imaginer Eliott dans ces situations.

Selon Marlène, avoir l'histoire d'Eliott était important.

Lorsqu'elle raccrocha, je restai à méditer. J'y avais pensé plusieurs fois, notamment pour pouvoir revenir dans sa vie. Cependant, je redoutais sa réaction. Mon but n'était pas de le faire souffrir en déterrant de vieux traumatismes.

— Loïs ! cria Eliott depuis le salon.

— J'arrive, répondis-je.

Mon cœur s'alarma dans ma poitrine. Je lui mentais tous les jours un peu plus et ce mensonge prendrait une ampleur telle que j'avais peur pour la suite. Comment cacher ce que je faisais ? Comment lui en parler ? Si je lui racontais tout, je devais être prêt à lui faire du mal. L'obliger à revivre ces moments douloureux. Et surtout cela m'obligerait à lui expliquer la véritable raison de mon silence.


Eliott

Loïs était incroyable.

J'avais du mal à croire qu'il s'était donné autant de mal pour rendre les fêtes plus joyeuses pour moi. Décorer mon chez moi avec lui m'avait laissé apaisé, Loïs passait du baume sur mon cœur blessé et à chaque petit geste, je me sentais davantage réconforté. Noël reprenait ses couleurs d'origines, son odeur chaleureuse et cette ambiance de jovialité qui m'avait tant manqué.

Je réajustai une dernière fois ma chemise cintrée blanche tout en me demandant s'il fallait que je la rentre dans mon pantalon ou pas. Mon miroir me renvoyait une image très flatteuse de ma personne. J'espérais que Loïs apprécierait l'effort vestimentaire qui contrastait cruellement avec mes habituels sweats trop grands.

Je brossai de mes mains ma mèche blonde qui persistait à vouloir me caresser le front, lorsque des pas provenant de la cuisine me firent sourire à mon reflet.

Loïs était venu tôt dans l'après-midi afin de préparer le repas de ce soir. Il avait déclaré être « prêt à m'épater ». Les mains chargées de sacs de courses, il avait investi ma petite cuisine.

Par moments, j'étais parvenu à l'aider, pour éplucher des pommes de terre ou vider le chapon ; les tâches ingrates, en somme ! Mais peu importait, faire ces activités avec Loïs me comblait de joie, mon cœur débordait d'amour et de reconnaissance.

À présent, la soirée du réveillon commençait officiellement.

Un dernier regard à ma silhouette et je décidai que j'étais assez bien pour me présenter à mon petit-ami. En pénétrant dans le salon, mes yeux se posèrent immédiatement sur la table. Dressée d'une belle nappe écrue avec un chemin de table rouge, la décoration me coupa le souffle. La vaisselle était certes des plus basiques, puisque c'était la mienne, toutefois, Loïs avait acheté de quoi rendre cette table aussi festive que possible. Bougies rouges à l'odeur de cannelle, serviettes dorées pliées en forme d'étoile, petites compositions de fleurs de Noël, pommes de pins dorées, figurines en bois représentant des sapins, des cerfs ou encore de petits cadeaux.

Mes yeux brillaient d'émerveillement.

— Ça te plait ? m'interrogea Loïs.

— C'est magnifique, soufflai-je en me tournant vers lui.

À ma grande surprise, Loïs avait eu le temps de se préparer, lui aussi. Peut-être avais-je été trop obnubilé par mon désir de lui plaire lors de ma préparation pour l'entendre se servir de la salle de bain. Quoi qu'il en soit, il portait un jean noir ajusté, surmonté d'un pull bordeaux.

— Tu es magnifique aussi, me sourit-il en s'approchant pour m'embrasser. J'aime beaucoup cette chemise.

— Me-merci, balbutiai-je. Tu es très beau aussi.

Sa bouche s'étira en un sourire lumineux et il m'invita à m'assoir sur le canapé en premier lieu. Monsieur avait préparé des amuse-bouche pour l'apéro. Cela me fit rire de manière incontrôlable. Je le vis apporter des assiettes pleines de toast au saumon ou au foie gras. Il y en avait tellement qu'on aurait pu inviter l'immeuble à venir manger avec nous.

Loïs me tira la langue à ma remarque et m'ordonna de manger tandis qu'il mettait un fond de musique. Ma tête vivait un rêve éveillé, je sentais ma poitrine chauffer sous l'effet du bonheur.

La soirée se déroula avec une perfection qui me rendit fébrile. Comment pouvait-on être aussi heureux tout à coup ? Depuis que Loïs était revenu dans ma vie, j'étais sur un petit nuage, comblé au-delà de mes espérances.

Cependant, cette petite part de moi, toujours effrayée, n'arrêtait pas de me faire revenir à mon passé. Mon regard voyageait de mon plat où le chapon et les pommes de terre étaient délicieuses, à l'horloge accrochée à mon mur.

Loïs parlait beaucoup, de sujets divers et variés et ma tête était partagée. Au début, je buvais ses paroles, rigolais avec lui, partageais les moments les plus funs de ma vie à Grenoble. Mais avec l'heure qui tournait, la terreur inexplicable se forma au creux de mon ventre. Comme à chaque fois, les douze coups de minuit me terrorisaient.

Cela me ramenait irrémédiablement vers la messe de minuit, vers cette église et le visage de Père Vincent. C'était un déclencheur qui me faisait revivre mon calvaire et je n'avais toujours pas trouvé le moyen de détruire ce mécanisme.

Fatigué et en colère contre moi-même, je m'obligeai à ne plus prêter attention à l'horloge. Loïs sortit la buche au chocolat du réfrigérateur et chanta sur la musique « vive le vent » tout en coupant des parts plus que généreuses.

— Pas si gros, je n'en peux plus, rigolai-je.

— C'est jamais trop gros, me répondit Loïs avec un clin d'œil appuyé.

Sa répartie nous foudroya de rire. Sans s'en rendre compte, il trouvait toujours le bon moyen de m'extirper de mes angoisses.

Il planta sa fourchette dans la gourmandise chocolatée et gémit de contentement. Lorsque j'en fis autant, il se pencha sur moi pour dévorer ma bouche férocement. Ma main lâcha mon couvert qui se fracassa dans l'assiette et vint attraper la nuque de Loïs pour le rapprocher davantage.

— Est-ce que tu veux tes cadeaux maintenant ou demain matin ? murmura-t-il contre mes lèvres.

— Je- un peu des deux ? déglutis-je, le cœur battant à tout rompre.

— Parfait.

Loïs se releva subitement et d'un geste vif, il me remit sur mes pieds avant d'attraper l'arrière de mes cuisses et de me soulever. Surpris, un cri étrange franchit mes lèvres. Je l'entourais de mes bras et de mes jambes instinctivement, tel un koala accroché à son tronc d'arbre.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Un de tes cadeaux se trouve dans la chambre, expliqua Loïs.

— Tu m'as offert un truc coquin ? ricanai-je.

Il pénétra ainsi dans la pièce et me posa délicatement sur le lit en recouvrant mon corps du sien.

— Si tu me considère comme un truc coquin, alors oui.

Mes yeux captèrent la lueur lubrique dans le noir de ses prunelles. L'excitation prit feu dans mes veines, réveillant chaque cellule de mon corps. Loïs s'offrait à moi ce soir. Ce n'était encore jamais arrivé et j'en perdais le souffle rien qu'à imaginer ce qui allait se passer.

Loïs me sourit avant de chuchoter :

Buon Natale, amore. (Joyeux Noël, mon amour.)

Avant que je ne puisse répondre, il se pencha vers moi et m'embrassa. Mon désir était si puissant que je ne pus me retenir de lui arracher pull et pantalon. J'avais besoin de lui, de sentir son corps, sa chaleur, de goûter sa peau et me perdre en lui. C'était presque une sensation viscérale.

Une fois nos corps nus, Loïs calma l'ambiance. Il récupéra un petit sac au sol et entreprit de me masser le dos avec une foutue huile parfumée. J'aurais pu protester parce que... je voulais faire l'amour, pas être massé, néanmoins, ce contact sensuel était bien trop divin. Je gémissais de plaisir en continu jusqu'à ce que mon érection soit bien trop pénible à supporter. Ce fut à ce moment-là que j'interrompis ce massage pour passer aux choses sérieuses.

Je plaquai Loïs sur le lit et le recouvris de baisers et de coups de langue. Je traçai chaque courbe avec délectation, jouai avec chaque relief, chaque zone sensible.

Les bruits de gorges que Loïs laissait échapper me galvanisaient. Je le préparai avec soin et attention, appréciant chaque seconde. Tout mon corps vibrait au rythme de ses halètements. Et ce fut encore plus intense lorsque je me couchai sur lui, ses cuisses me laissant la place nécessaire pour me nicher dans son corps.

Les yeux dans les yeux, je lui fis l'amour pour la première fois. Et ce moment était si important si intense que mes yeux me piquèrent.

Loïs accrocha ma nuque pour m'embrasser et le temps s'arrêta. La chaleur, la sensation d'étroitesse et sa langue qui caressait la mienne, tout ceci me bouleversa. Mon esprit se déconnecta de tout le superflu pour ressentir avec précision toutes ces émotions qui m'envahissaient peu à peu. Je lui fis l'amour avec ce que j'avais dans le cœur. Ma tendresse et ma douceur, mais également cette colère qui m'empoisonnait, cette tristesse qui me noyait et toute cette peur qui me paralysait.

Je lui offris bien plus que mon corps ce soir-là, je lui offris ma force et mes faiblesses. Ma dévotion et mon adoration. Je lui offris mon âme en silence.

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Mot de l'auteure : Bonne nouvelle ! Je vais passer à trois publications par semaine : mercredi, vendredi et dimanche.

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