Chapitre 2 : Partie 2 : Impressions
13 Décembre 2011
L'enseignante, souriante, passait dans les bancs de ses élèves afin de les aider à écrire leurs cartes de vœux pour leurs parents.
Lily, pour sa part, assise près de Sophia, se concentrait de toutes ses forces pour se dessiner elle, tenant la main de son amie, avec ses parents et un beau sapin de Noël derrière. Elle y mettait le plus de couleurs possible parce qu'elle voulait plein de lumières et plein de sourires.
Sophia, de son côté, dessinait plein de cadeaux et de confiseries, les yeux remplis d'étoiles. Une fois qu'elle eût fini la moitié, elle tapota deux fois l'épaule de sa voisine pour attirer son attention, puis lui montra son dessin avec fierté.
— Là, tu vois, c'est le cadeau de maman ! Dedans, il y a une barbie danseuse ! Et ça, tu vois, c'est le cadeau de papa, avec un chiot dedans pour moi toute seule ! Et là, là, tu vois ? C'est le cadeau de ma mamie ! C'est une barbie princesse et un barbie prince ! Et même que les deux, ils vont être une maman et un papa ! Je suis sûre que j'ai les meilleurs cadeaux ! Toi, ça sera quoi ?
Lily cligna des yeux, complètement perdue après le débit de paroles de son amie. Comment pourrait-elle savoir ce qu'elle aura alors que le but des cadeaux était que ça soit une surprise ? Elle tourna sa tête vers son dessin, mâchouilla un peu le bout de son crayon bleu, puis regarda Sophia.
— Je ne sais pas... Mais je voudrais aussi un chiot ou un chaton. Et pas de Barbies... Mais des playmobils chevaliers, dragons et dinosaures ! Mais je veux surtout passer un beau Noël avec le sapin, papa et maman !
Sophia regarda son amie comme s'il s'agissait d'une extraterrestre puis haussa les épaules. Et alors qu'elle continuait son dessin, elle marmonna.
— Les Barbies, c'est le meilleur des cadeaux. On s'en fout des chevaliers, des dragons et des dinosaures.
Lily la regarde un instant avant de se concentrer à nouveau sur son dessin.
Sa maman avait raison, tout le monde n'aimait pas les mêmes choses.
Une fois qu'elle eût fini son dessin, la jeune fille de six ans essaya d'écrire « Joyeux Noël » avec la langue tirée dû à l'effort de concentration que ça lui demandait. Et peu de temps après, son enseignante passa, un petit sourire aux lèvres ;
— Tu as oublié le « x » et les deux points sur le « e » ma chérie, mais sinon c'est très bien ! Et ton dessin est très beau, bravo !
Elle passa ensuite sa tête au-dessus du travail de Sophia et hocha la tête.
— C'est parfait ma chérie, il n'y a aucune faute ! Et tous les bonbons que tu as dessiné me donnent envie... Tu crois que je peux en manger ?
La voisine de Lily secoua la tête alors qu'un sourire persistait sur ses lèvres.
— Les bonbons, c'est pour ma maman !
L'enseignante posa sa main sur la tête de la petite.
— Et bien, ta maman, elle en a bien de la chance !
Sophia avait le visage illuminé de bonheur, et une fois la professeur partie, elle s'extasia auprès de Lily comme quoi c'était vraiment elle qui avait le meilleur des dessins. Et la petite Aphos hochait la tête, et appuyait ses dires en lui disant qu'en effet, ses cookies donnaient très envie.
Elle signa sa carte de vœux puis leva sa main afin de demander d'aller aux toilettes, ce que son enseignante lui accorda. Sophia la suivit, ayant aussi une envie pressante. Elles rirent un peu durant le trajet aller et retour, se souriant, complices.
Une fois qu'elles furent revenues, Lily vit que son « Lili Afosse » s'était transformé en « Lily Aphos ». La jeune fille fit un petit sourire. Ça devait être la madame qui était passée derrière, elle était gentille.
***
15 Décembre 2011
Lily regardait ses doigts se courir après alors que ses parents, sa mère à sa droite, son père à sa gauche, faisaient face au pédopsychiatre avec lequel ils avaient prit rendez-vous.
Ce dernier les observa quelques secondes de ses yeux gris avant de questionner les parents de la jeune fille, tout en remontant ses lunettes sur son nez et en affichant un sourire rassurant.
— Pouvez-vous me rappeler la raison de votre rendez-vous, monsieur Aphos ? Et si madame veut ajouter des détails, ça ne pourra que m'aider à mieux vous guider !
Le père jeta un coup d'œil vers sa fille puis plaça sa main dans son dos, dans un geste affectif. Il répondit ensuite au professionnel, un sourire mal assuré sur les lèvres.
— Eh bien... Rien qu'il y a deux jours... Lily devait faire un dessin, et entre autre noter son prénom. Elle l'avait écrit avec des fautes d'orthographe... Elle est allée au toilette, avec une amie, et quand elles sont revenues, le prénom était convenablement écrit. Lily a remercié son enseignante mais... Elle n'avait rien fait. C'est elle-même qui nous a rapporté cette anecdote. Est-ce que... Ça pourrait vouloir dire quelque chose ? Elle l'aurait écrit sans s'en rendre compte...?
Le pédopsychiatre inscrivit toutes les phrases que le papa lui donnait avant de lui répondre.
— Ça pourrait vouloir dire quelque chose, oui, mais cette anecdote là, si elle était seule, ne signifierai pas grand chose. Lily aurait pu tout simplement oublier, par manque d'attention, qu'elle l'avait corrigé avant d'aller au toilette. Une petite étourditesse, ça arrive. Mais ce n'est pas que ça, n'est-ce pas ?
L'homme secoua sa tête pour marquer qu'en effet, il n'y avait pas que ça qui les inquiétait chez Lily. Et il revint avec d'autres informations concernant sa fille.
— Elle se réveille souvent, la nuit. Et elle pense voir une silhouette derrière sa fenêtre. Sauf que... Il n'y a jamais rien quand moi ou ma femme arrivons. Et ça commence à nous inquiéter...
Le pédopsychiatre acquiesça tout en tapant sur son clavier.
— Je peux comprendre que cela vous inquiète, en effet. Est-ce que vous avez d'autres éléments à m'apporter ?
Cette fois-ci, ce fut la mère qui prit la parole. Sa voix, au contraire de son mari, tremblait, et elle ne cessait de faire des allers-retours entre sa fille et le professionnel.
— Elle a sou... souvent... Ou plu... Ou plutôt, quasiment tout... tout le temps... L'im... L'impression d'être suivie...
L'homme remit ses lunettes au-dessus de son nez avant de continuer de tout noter sur son ordinateur. Et une fois que ce fut fait, il regarda le couple, attendant de voir si c'était tout ou s'ils avaient encore d'autres informations à lui transmettre. Et ce fut le père qui répondit à cette question.
— Je ne sais pas si ça a un rapport, mais parfois, elle ne voit pas les choses de la même manière que nous... Je ne sais pas comment vous expliquer ça plus simplement alors je vais vous donner un exemple... Un jour, ma femme était partie un weekend avec une amie et le soir, elle a téléphoné pour donner des nouvelles. Elle a demandé à Lily ce qu'elle faisait... Et Lily lui a dit qu'elle lui téléphonait... Alors qu'elle aurait dû lui dire qu'elle prenait son goûter, c'était ce qu'elle faisait avant que le téléphone ne sonne. Ou parfois, elle dit que ses doigts courent en les faisant tourner dans tous les sens... Ce genre de choses... Et je pense que c'est tout...
L'homme regarda sa femme qui hocha sa tête, pour lui signifier son accord. Le professionnel acquiesça à son tour et termina de retranscrire tout.
— Merci pour ces réponses. J'aimerai maintenant savoir si Lily a vécu un traumatisme ? Ou si elle a vécu une grosse frayeur ?
Les deux parents se regardèrent durant quelques secondes avant que la mère ne réponde.
— L'année de ses trois ans, donc il y a maintenant presque trois ans, Lily est rentrée en maternelle. Elle s'est fait un ami qui est mort durant la nuit. Le lendemain, elle s'est fait un autre ami qui est lui aussi mort. Et le surlendemain, c'était au tour de brutes qui lui avaient jetés des cailloux dessus. Elle s'est faite renvoyée et traitée de monstres...
Le pédopsychiatre hocha lentement sa tête et, comme pour toutes les réponses, il écrivit ce que la femme venait de dire. Ensuite, il releva son regard de l'ordinateur.
— Sinon, rien d'autre ?
Les deux parents secouèrent négativement la tête et le professionnel reprit.
— Donc, et arrêtez moi si je me trompe, Lily à presque six ans, elle vit avec vous deux qui êtes toujours en couple, et sauf ces drames de son enfance, il n'y a rien eu d'autres ?
Le père grommela que ces drames-là étaient largement suffisants. Et le pédopsychiatre hocha une énième fois sa tête avant de baisser son regard sur Lily et de lui faire un sourire sympa.
— Est-ce que je peux savoir ce que tu penses de tout ça, Lily ? Est-ce que tu peux me dire ce qui se passe ?
La jeune fille tourna ses doigts entre eux encore quelques fois avant de relever timidement sa tête. Elle jeta un regard à son père puis à sa mère, qui tout deux l'encouragèrent d'un sourire, et elle se lança.
— Bah... Il y a un Monstre... Sauf qu'il n'est pas sous mon lit... Il est à la fenêtre de ma chambre... Et de ma classe... Il me suit. Et c'est lui qui a mit mon nom correctement sur le dessin. C'était gentil mais... Il me fait peur...
Le pédopsychiatre acquiesça puis revint à son ordinateur pour taper ce que la jeune fille venait de dire. Il revint par après vers elle.
— Oui, ça doit faire peur d'être avec ce Monstre tout le temps... Et tu le vois, le Monstre ? Tu lui parles ?
Lily secoua sa tête, et le professionnel continua.
— Est-ce qu'il est là même quand tu manges, quand tu regardes la télé, quand tu penses à autre chose ?
Nouveau signe affirmatif de la part de l'enfant avant que d'autres questions ne suivent.
— Est-ce que ce Monstre ressemble à quelqu'un ? Est-ce que ce ne serait pas un cauchemar que tu fais toutes les nuits ?
Lily fronça se sourcils avant de secouer vivement sa tête.
— Le Monstre, il existe vraiment, même si je ne l'ai jamais vu.
***
23 Décembre 2011
Lily avait les mains et le visage plein de chocolat, tout comme Sophia. Elles venaient de faire la pâte, qu'elles avaient déjà à moitié dégusté, pour le gâteau de ce soir. Les parents de la jeune Aphos avaient invité Sophia pour le weekend avant Noël, une routine qui s'était installée l'année des quatre ans de leur petite fille.
Ils étaient trop heureux que Lily ait enfin trouvé une amie, et ils souhaitaient lui offrir le plus de souvenirs joyeux tel que celui-là.
Lily était comblée. Elle attendait que Sophia ait fini de se laver les mains pour le faire elle aussi. Soudain, alors que l'eau coulait pour rincer les doigts de son amie, la jeune fille eut des sueurs froides. Elle se retourna derechef, à la recherche d'une quelconque silhouette, mais rien, comme toujours.
Ça n'avait été qu'une impression fugace.
— Lily ?
Sophia la regardait, la tête penchée sur le côté. La jeune fille cligna des yeux puis s'approcha de son amie et lui chuchota à l'oreille.
— J'ai cru qu'il y avait le monstre...
La petite ouvrit grands ses yeux et regarda derrière l'épaule de la jeune Aphos. Mais elle ne voyait rien. Elle arbora une mine frustrée.
Elle, elle n'avait rien senti...
Ce n'était pas juste...
***
Bonsoir, voici la deuxième partie du deuxième chapitre ! Désolée pour le petit retard de publication ^^
Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Lily ? Sophia ? La rencontre avec le pédopsychiatre ?
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