Chapitre 13 : Partie 1 : Réminescence cauchemardesque

« Oui... Nous recensons une hausse de disparitions anormale comparé à ces dernières années... Le plus étrange est que nous retrouvons chaque fois, une semaine après, les personnes portées disparues, mais... Oui, c'est ça, dans un état à donner la chaire de poule... Les yeux vides. Le visage inexpressif. Comme s'ils étaient... Perdus... Et rien de ce que nous essayons ne leur arrache la moindre réaction. Joie, colère, tristesse... Toutes ces émotions semblent ne pus les habiter. Ils ressemblent ainsi à... à des robots... Tout notre soutien s'en va aux familles et aux victimes... »

« Une banque a été braqué vendredi matin, à neuf heure tapante. En effet, le célèbre groupuscule criminel avec à sa tête Balthazar. Ils auraient pris trois milliards d'euros, fusillés trente-cinq employés et le directeur de la banque s'est fait égorgé par Balthazar en personne, selon les témoins survivants de ce massacre. »

« Ce groupe commet toujours plus d'atrocités ! Et selon notre journaliste sur place, Balthazar aurait même dit ceci, la lame sous la gorge d'Alxander Vanderstreet : J'assoi ma domination sur ce monde d'insectes »

« Nous vous rappelons que Balthazar et son groupe ont des centaines de méfaits à leur actif. Des braquages et vol armé de banques, de librairies, de grandes surfaces. Des fusillades sur la grande place de Bruxelles, sur la plage de la mer du nord, dans des grandes surfaces encore une fois. Ils ont posé une bombe à l'aéroport de Bruxelles, à la Gare de Bruxelles-Midi, à la Gare d'Ottignies, à la Gare de Namur, celle de Louvain-la-Neuve et celle de Liège. »

« Les autorités soupçonnent même qu'ils soient à l'origine des disparitions »

***

5 septembre 2020

Lily trépignait devant la porte de sa classe alors qu'un malaise sans nom grandissait de plus en plus dans son ventre, jusqu'à écraser ses organes.

Elle savait pertinemment qu'elle n'était pas là par favoritisme, mais parce que ses notes correspondaient à cette année scolaire. Malgré ça, elle craignait la réaction des autres. Qu'allaient-ils dire en voyant une adolescente de quinze ans rentrer dans leur classe, alors qu'ils avaient tous entre dix-sept et dix-huit ans ?

Et par-dessus tout, un stress monstre envahissait l'esprit de Lily.

Celui de revoir Aselum.

Depuis ce jour, en juillet, elle ne l'avait plus recontacté ni revu, et l'évitait même quand il venait de lui-même. Elle ne pouvait s'empêcher de penser aux paroles de l'inconnu qui résonnaient en boucle dans sa tête.

Elle essayait de les ignorer, de les enfuir au fond d'elle, mais elle n'y arrivait pas. Elle échouait à chaque fois.

Pour la simple et bonne raison que ces mots faisaient échos dans son âme.

Ils avaient fait jaillir des tréfonds de son être des questions restées sans réponse.

Elle avait vu la survie d'Aselum comme un miracle, mais était-ce réellement ça ?

Et ce jour dans le train... Comment était-elle sortie de là ?

Pourquoi, alors que tous les garçons qui l'approchaient auparavant mourraient, était-il encore en vie ?

Et si c'était vrai ? Et s'il n'était pas ce qu'il prétendait être ? Et s'il mentait sur toute la ligne ?

Il était si attentionné, si gentil, la sortait de sa grotte quand il le fallait, souriait et riait à ses côtés...

Il était parfait ! Plus parfait que n'importe quel rêve qu'elle aurait pu faire sur un meilleur ami imaginaire !

Mais d'un autre côté... Il pouvait être grognon, faire des doigts d'honneur à tout va et esquiver tous les câlins...

Mais ça faisait partie de lui !

Lily prit sa tête entre ses deux mains, et essaya de contrôler sa respiration qui se saccadait de plus en plus. Elle ne devait pas flancher. Pas alors qu'elle allait rentrer dans une nouvelle classe. Pas alors qu'elle allait certainement devoir affronter les railleries. Elle ne devait pas penser aux paroles de cet inconnu ni à Aselum !

La porte s'ouvrit sur son professeur. L'adolescente ôta directement ses mains et tenta d'afficher un visage serein.
- Ça va, Lily ? Tu m'as l'air stressée...

La jeune femme esquissa un sourire timide.
- Je suis un peu nerveuse mais... Mais ça va.

Son enseignant hocha la tête et posa un regard rassurant sur elle, avant de se décaller afin de la laisser passer.
- Tout va bien se passer, Lily. Ne t'en fais pas.

L'adolescente ne savait dire si ça la rassurait ou pas, mais elle acquiesça une nouvelle fois avant de rentrer.

Tous les regards se portaient sur elle.

Le stress augmenta d'un coup dans l'organisme de la jeune femme, qui tritura nerveusement ses doigts. Son professeur, derrière elle, annonça d'un air jovial ;
- Je vous présente donc Lily Aphos, qui malgré son âge a totalement sa place avec nous !

Il se tourna ensuite vers elle, un sourire enjoué sur les lèvres.
- Tu peux aller t'asseoir près d'Aselum. Il me semble que vous êtes bons amis, non ?

Lily se figea.

Autour d'elle, les voix de ses nouveaux camarades de classe s'élevaient, des messes basses.

« Elle est amie avec ce sans-cœur ? » « J'espère qu'il ne lui fait pas de mal... » « Elle supporte son mauvais caractère ?! »

Lily serra ses dents. Elle aurait bien fusiller ces adolescents en manque d'éducation, mais sa timidité et son angoisse l'en empêchaient.

Une partie d'elle souhaitait courir rejoindre son meilleur ami qu'elle n'avait plus vu depuis un long mois.
L'autre, par contre...

Voyant le regard de son professeur vaciller, et sa bouche s'ouvrant, certainement pour lui demander qu'est-ce qui n'allait pas, Lily hocha une énième fois la tête. Et se dirigea vers Aselum, d'un pas hésitant. Arrivée à son niveau, l'adolescente ouvrit puis referma sa bouche, avant de se décider à poser sa question, en balbutiant.
- Je... Euh... Est-ce que je peux...

Lily fuyait son meilleur ami du regard. Elle avait peur. Peur de voir dans ses yeux la trahison. Ou même l'incompréhension. Elle l'avait ignoré un long mois... Et peut-être qu'il ne savait même pas pourquoi.

Cette simple perspective lui déchirait le cœur. Elle ignorait comme réagir.
- Bien sûr, répondit le jeune homme, d'une voix neutre.

Lily ravala sa salive et s'assit.

S'il répondait de cette voix... D'une tonalité si atone... Ça pouvait être à cause des racontages à son sujet que se chuchotaient les élèves... Mais ça pouvait aussi être... de sa faute...

L'adolescente baissa ses yeux vers le banc. Une enclume venait de lui tomber sur le cœur, et même d'emporter son âme vers les abysses de son être. Elle se sentait mal. Elle l'avait traité d'une façon abject durant tout le mois d'août. Est-ce qu'elle pouvait encore prétendre être sa meilleure amie ? Est-ce qu'elle avait détruit leur amitié ? La seule qu'elle n'avait jamais eu ? Celle à laquelle elle tenait plus que tout au monde ?

Est-ce que...

Est-ce qu'elle avait perdu...
- Bien bien, silence je vous prie ! Vu que j'aimerai commencer cette année en beauté, parlons de choses joyeuses ! Comme vous le savez tous, en sixième, il y a le voyage des rhétos qui durera une semaine ! Et celui de cette année se déroulera en Italie ! J'en ferais évidemment partie, lança l'enseignant avec un énorme sourire joviale avant de reprendre ; est-ce que certains savent déjà s'ils veulent venir ?

Dans la classe, une myriade de mains se leva. Lily, pour sa part, se figea.

Un voyage ? En Italie ? D'une semaine ?

Son visage devint blême.

Reprendre cette année scolaire avait déjà été une épreuve, et non des moindres. La peur ne cessait de la poursuivre, telle une ombre accrochée à sa peau. Mais elle l'avait fait. Pour apaiser l'angoisse de ses parents. Et pour se prouver à elle-même qu'elle pouvait le faire, que la terreur ne serait pas plus forte, et n'allait pas la terrasser.

Mais l'année passée avait été horrible. Entre l'attaque dans le train, l'attaque a la grande place de Bruxelles, et celle de...

Ses poings se serrèrent. Son regard se perdit dans le vague. Les nuits. L'inconnu. La silhouette.

Sans oublier la seule fois où elle avait été aussi loin de ses parents. Sans aucun moyen de communication. Sans aucun moyen d'évasion. Dans les larmes, le sang et la souffrance. Et de ça, plus ce qu'elle avait vécu ces dernières années, elle en gardait de lourdes séquelles psychologiques.

Sa respiration se fit saccadée sans même qu'elle ne le remarque. Son cœur faisait des embardées. Elle n'arrivait plus à respirer convenablement. Elle était au bord de l'évanouissement.

Une main se posa sur ses poings. Un regard coulissa vers elle. Chaud et doux.

L'angoisse s'évapora comme neige au soleil.

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