" Debout ! Rendez vous dans quinze minutes à la salle du petit déjeuner. Faîtes votre possible pour être à l'heure ! "

La voix retentit brutalement dans ma chambre.
Je sursaute et ouvre grand les yeux.Je suis trempée de sueur, un horrible cauchemars avait envahit mon sommeil. Une silhouette noire décimait un à un mes amis et ma famille. Et j'étais témoin de chaque exécution.

Ensuite, elle se retournait vers moi et je voyais pour la première fois son visage.Un crâne décharné grouillant de vers qui prononçait une phrase en boucle :

" Tu payes la traîtrise de ton père. "

Quelle traîtrise ? De quoi parlait-il ?

J'ai beau réfléchir,je ne comprends pas. Mon père est mort il y a si longtemps...

Je n'ai pas le temps de m'appesantir sur ces réflexions, je dois m'habiller rapidement pour me rendre ensuite à la salle de petit déjeuner.
En peu de temps, je fais ma toilette puis revêt une robe simple noire un peu large. Elle ne me met pas forcément en valeur, mais peut-être qu'ainsi je pourrais plus facilement me fondre dans la masse. Peut-être qu'ainsi on me remarquera moins.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir puis je sors de ma chambre. Dans le couloir, mes camarades, hébétés, attendent que quelqu'un leur montre le chemin. Même si j'ai tenu ce rôle hier soir, aujourd'hui je m'efface et vais rejoindre Titouan. Il est adossé à la chambranle de sa porte de chambre et affiche un air blasé. Je sais qu'il ne se confiera pas tant que nous ne sommes pas seuls, alors je ne lui pose aucune question.

Nous échangeons quelques regards puis je reporte mon attention sur un grand brun qui vient de prendre la parole :

« Bon, il faut bien que l'on bouge si l'on veut ne pas être trop en retard. Nous sommes arrivés par ce côté là hier soir. Je propose que l'on aille par là, de toute manière nous finirons bien par trouver quelqu'un qui nous indiquera le chemin. Cela vous va ? »

Personne ne le contredis et nous nous mettons doucement en marche à sa suite. Ce garçon a beaucoup de charisme et s'est immédiatement imposé comme le chef du groupe. Il m'impressionne. Je ne sais pas si il se rend compte lui même du respect que les autres lui manifestent désormais. Il est de dos, marche en tête et nous guide à travers le dédale de couloirs. Nous ne savons pas où nous allons, nous n'avons toujours pas trouvé quelqu'un.

Tout d'un coup, nous nous retrouvons face à deux grandes portes ouvertes qui permettent d'accéder à une immense salle. Au premier coup d'œil, nous savons que nous sommes arrivés à destination. Une grande table avec vingt-six places assises trône au milieu de la pièce, et tout autour un buffet nous propose tout ce qu'il est possible de manger au petit déjeuner. Salé, sucré, fruits, viennoiseries, tout y est.Nous entrons, émerveillés.

Agnès Pileps, la femme qui nous a accueilli hier nous attend, assise sur un fauteuil dans un coin de la salle. Je prends le temps de la détailler. Ses cheveux sont longs et châtains. Son visage, très finement ciselé, comporte de grands yeux noirs et une bouche pulpeuse. Son corps est tout aussi fin et ses jambes paraissent interminable. Elle dégage une sensation de grâce et de raffinement. C'est une femme sur laquelle on se retourne lorsqu'on la croise dans la rue. Elle marque les esprits, ne passe pas inaperçue. Bizarrement, je n'ai pas envie d'accorder ma confiance à cette jeune et jolie personne. Elle me paraît fausse, presque malsaine. C'est avec méfiance que je m'approche d'elle en compagnie de mes vingt-six coéquipiers.

Dès qu'Agnès sent qu'elle a toute notre attention, elle commence un discours :

« Chers sélectionnés, je vous souhaite officiellement la bienvenue dans cette aventure. Même si vous êtes arrivés hier, c'est aujourd'hui qu'elle va véritablement commencer. Vous avez d'ores et déjà fait la connaissance de vos nouveaux compagnons d'aventure,qui seront aussi vos nouveaux amis et votre nouvelle famille. Comme je vous l'ai déjà dit, vous allez passer six mois ici. Six longs mois où vous allez apprendre à combattre, à survivre, à vous débrouiller dans la nature et surtout à compter les uns sur les autres et à vous organiser pour créer un groupe fort qui sera prêt à tout dans l'expédition qui s'annonce, dit elle sur un ton qui se veut très persuasif. Pour cela, de nombreux cours vont vous être dispensés, et ce la plupart du temps en petit groupe. Dès le début,un coéquipier vous sera attribué. Vous allez suivre tout vos cours ensemble, pour devenir de véritables alliés.
Tout cela vous sera plus amplement détaillé dans quelques heures, lors de la première rencontre avec vos professeurs, finit-elle en se raidissant.
Mon rôle est de vous parler de tout les « à côtés », annonce-t-elle beaucoup plus froidement. Vous devrez vous levez tous les matins à 8 heures, sauf indication contraire,puis être présent une demi-heure plus tard ici-même pour le petit-déjeuner. Vous suivrez ensuite tous vos cours du matin,déjeunerez, et continuerez avec les cours de l'après midi. Ces derniers cessent à 16 heures. Vous avez ensuite quatre heures,jusqu'au dîner, pour faire toutes les activités que vous souhaitez.Évidemment, il est préférable de vous adonner à des passes-temps utiles. Après le dîner, vous faîtes ce que vous souhaitez mais vous devez être dans vos chambres à 22h30, l'heure du couvre feux.Aucun écart ne sera toléré à ce sujet ! assène-t-elle. Pour le moment, bon appétit et rendez vous dans une heure, devant vos chambres en tenue de sport. »

Elle a à peine fini de parler qu'elle tourne les talons et sort de la pièce par une porte dérobée. Nous restons quelques secondes, ahuris. Elle a débité tous son discours en à peine cinq minutes ! Et à vrai dire, je n'ai pas tout assimilé...

Puis nous reprenons nos esprits, et nous allons nous servir de quoi manger. Pour ma part, je choisis de prendre un petit déjeuner salé avec du bacon, des œufs, des pommes de terres et du pain. Titouan préfère prendre des viennoiseries et des fruits. Nous déjeunons dans le silence, en nous observant les uns et les autres. Un climat de méfiance règne. Pourtant à un moment, le garçon qui nous a guidé ce matin se décide à prendre la parole :

« Bon bah... Bonjour à tous. Nous allons rester ensemble de long mois alors je pense que l'on pourrai tau moins essayer de se rapprocher. Je me présente, moi c'est Amory.J'habite à l'extrémité Nord-Est de Vaissia. J'ai dû quitter mes parents et ma petite sœur. Pour elle, je n'ai pas pleuré, je veux qu'elle soit fière de moi plus tard en repensant à moi. Et vous ? Qui êtes vous ? Quelle est votre histoire ? »

 Nous sommes tous touchés qu'il ait eu le courage de commencer à parler,mais c'est difficile pour nous d'en faire autant.
Après plusieurs minutes, une grande jeune fille blonde au visage parsemé de taches de rousseurs se décide à prendre la suite d'Amory :

« Bonjour à tous, bonjour Amory. Je m'appelle Solène, je viens du Sud de Vaissia. Moi je n'ai plus que mon père et mon frère jumeau, à rendre fier. Je n'ai jamais été très proche de ma famille biologique alors j'espère en trouver une ici, parmi vous. Je sais que ce n'est pas facile de vous présenter comme nous l'a demandé Amory, donc prenez votre temps et faîtes le à votre rythme. J'ai hâte de vous connaître, fini-t-elle sur un ton chaleureux

-Euh... Salut... enchaîne une brune aux yeux verts en amande. Moi c'est Marie. Je suis plutôt de nature timide alors c'est dur pour moi de présenter. Je viens de La Capitale, dit-elle tandis que des liens se font dans ma tête, elle était dans mon mini-bus.J'aimerais bien créer des liens avec vous pour avoir de nouveau amis et que cette aventure, si c'est la dernière, soit extraordinaire. »

Nous méditons tous sur les dernières paroles de Marie. Elle l'a dit. Cette expédition sera sans doute la dernière. Notre mort est proche. L'idée était déjà terrifiante,mais maintenant que nous avons mis des mots dessus c'est encore pire.

J'admire toute ces personnes qui se présentent. Certes, j'aimerais créer des liens avec eux mais je ne me sens pas encore prête à me dévoiler. Peut-être que c'est parce que je ne réalise pas encore totalement... Ou peut-être que c'est parce que j'ai peur.C'est vrai, j'ai peur. J'ai peur de ce qui va nous arriver et je veux retarder le moment de partir au maximum.

Nous continuons de manger dans le silence. Désormais, la méfiance commence à s'éloigner. Certains lancent des petits sourires aux autres en espérant qu'une conversation s'amorce. Mais rien ne vient. Nous ne sommes pas encore prêts.

Titouan me regarde droit dans les yeux. J'y lis du courage et de la détermination. Lorsqu'il se redresse et qu'il regarde tout le monde avant de s'adresser à eux,je ne suis pas étonnée.

« Bonjour, je suis Titouan.Je viens de La Capitale également. Je n'ai eu personne à quitter,si ce n'est mes amis, je suis orphelin, continue-t-il alors que les autre produisent un son désolé. Heureusement, j'ai de la chance dans mon malheur. Une de mes amies est sélectionnée également,annonce-t-il en me regardant. Je ne vous la présente pas, elle le fera elle-même quand elle en aura envie. Je ne suis pas seul, mais j'espère que nous allons tous devenir amis et vivre ensemble une belle aventure. Maintenant, je pense que nous devons nous dépêcher à aller nous changer, nous n'avons plus qu'une demi-heure et vu nos capacités de repérage dans ce bâtiment, cela risque d'être peu,finit-il en riant. »

Titouan a réussi à mettre dans la bonne humeur dans le groupe. Nous débarrassons puis nous nous dépêchons de nous rendre à nos chambre pour nous changer. J'enfile un leggins et un t-shirt de sport ainsi que des basket. Je ne me trouve pas spécialement belle, mes kilos en trop font que le tissu me boudine légèrement.

Lorsque je ressort, tout le monde est dehors. Un son de cloche retentit et une voix d'homme résonne :

« Pile à l'heure ! Tout le monde est là, c'est parfait. Nous allons commencer les choses sérieuses. »

_______________________________________________________

Hey !!

Comment allez vous ?
Ce chapitre vous a plu ?

Alors, la salle des petits déjeuners ?
Amory ?
Le discours d'Agnès ?
Les présentations ?
La voix ? A qui peut-elle appartenir ?

A bientôt pour le chapitre 5 !